" Jusqu'en enfer. " PV

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P'têt bien que c'était une mauvaise habitude, mais elle en avait besoin. Elle était accro, sûr et certain. Et puis chaque fois qu'elle le faisait, elle se sentait mieux. Parce que ça lui rapellait des souvenirs ? Sans doute. Ses deux doigts se refermèrent sur le petit tube blanc et orange, et ses lèvres s'en saisirent dans un rictus de soulagement. Avant même qu'elle n'ait allumé sa clope, elle se sentait mieux. Ça démontrait à quelle point la dépendance n'était qu'en partie due à la nicotine. La plus part des fumeurs ne continue de le faire que pour s'accrocher à quelque chose de quotidien. Lenila faisait partit d'eux.
Sa main se glissa dans son sac avec précipitation, et elle en sortit, non pas un briquet, mais sa baguette. C'était peut-être étrange comme manière d'allumer, mais elle n'était que peu séduite par ce petit machin qui faisait du feu, et qui était de fabrication moldue. En bref, elle préfèrait rester enfoncée dans la magie jusqu'au bout. D'un habile mouvement du poignet, elle enflamma la pointe qui rougeoya. L'instant d'après, sa baguette était à nouveau dans son sac et elle tirait une bouffée de fumée en fermant les deux yeux. Autour d'elle il n'y avait rien d'autres que du vert. Des plantes. Ça puait la verdure, la nature, le calme. Et elle aimait ça. Elle aimait entendre respirer les petis arbres trafiquoté par Chourave, sentir l'odeur forte de la terre encore humide et surtout... rester seule, à attendre quelqu'un. À l'attendre, elle. Parce qu'au fond, il n'y avait que sa présence qui pouvait réellement l'apaiser. Les clopes, c'étaient qu'une couverture, un vague masque qui réussissaient vaguement à tranquiliser son manque. Et puis, sans elle, jamais elle n'aurait fumé. Alors respirer cette odeur de tabac dans l'air, ça lui rapellait Lilian. Ses yeux bleus s'ouvrirent à nouveau pour découvrir la serre complétement vide qui s'offrait à elle. Un coup d'oeil dehors lui apprit qu'il devait être aux alentours de 19h30. Elle ne tarderait sûrement pas à arriver, vu qu'elle lui avait donné rendez-vous à 19h20. Une nouvelle bouffée de fumée, tout en fixant la porte d'entrée. Depuis là où elle était, assise sur le petit muret, on pouvait observer l'ensemble du parc, et une bonne partie de la serre. Il suffisait juste de se pencher et de regarder entre les deux buissons. Lenila porta sa cigarette à sa bouche, décrochant enfin son regard de la porte. Lilian se faisait attendre, c'était insupportable. Elles ne s'étaient pas vues depuis le cours de.. métamorphose, qui s'était terminé à 15h00 ! Passer autant de temps sans sentir sa présence à côté de la sienne était intolérable. La jeune fille glissa consciensieusement une mèche derrière son oreille, ses pieds se balançant le long du petit muret. Qu'avait-elle donc encore fait pour être en retard ? Une retenue ? Sincèrement, ça ne l'aurait pas étonnée. Lilian avait le chic pour se trouver au mauvais endroit, au mauvais moment, pour faire les mauvaises choses, avec les mauvaises personnes. Mais après tout, c'était ainsi qu'elle l'aimait. Et pour l'aimer, alors ça! , elle l'aimait. Agaçée d'attendre, elle écrasa sa cigarette contre le muret et la jeta par terre, négligente. Puis, dans un bruit sourd, elle fit tomber son sac au sol et défroissa son t-shirt... vert, bien entendu. L'uniforme ? Laissez tomber. Rien ne comptait plus pour elle - except Lilian - que son apparence. Elle aurait été prête à se faire coller pour pouvoir s'habiller comme elle le voulait. Mais bien entendu, il y avait ses parents et.. sa soeur.
Elle pencha la tête en avant, ses cheveux noirs d'encre tombant devant son regard comme un rideau. Au loin, on entendait des pas précipité...

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Un sursaut et son coeur se mit à battre une véritable chamade. Ses cheveux valsèrent lorsqu'elle releva la tête, découvrant une masse qui fonçait droit sur elle juste à temps pour se protéger de ses bras. Bien entendu, c'était un geste de défense absolument inutile, non seulement parce que sa frêle carrure ne l'aurait pas empêcher de mourir écrasée, mais aussi parce que la masse en question ne lui fonçerait jamais réellement dedans. Elle tenait bien trop à elle pour prendre un risque pareil. Et elle le savait. Bref, c'était un mouvement d'une inutilité pathétique.
Et bien qu'elle en soit consciente, elle ne put s'empêcher d'afficher un sourire sur ses fines lèvres. Lilian était enfin là. Sa présence la paralysa un instant, alors qu'elle la regardait tomber à ses pieds, essouflée. Un regret stupide lui serra la coeur; elle s'en voulait de lui en avoir voulu d'être en retard. C'était complétement stupide, de toute manière elle savait qu'elle serrait toujours là pour elle. Puis soudain, alors que ses yeux se perdaient dans la contemplation de son visage, Lilian parut se rapeller de quelque chose. Juste après, un paquet était posé sur ses genoux et elle lui disait que c'était pour elle.
La curiosité l'emporta difficilement sur l'envie de se jeter dans ses bras, mais elle finit par ouvrir avec appréhension le cadeau de Lilian. Appréhension ?... Hum hum. Son coeur se remit à battre à une vitesse impossible lorsqu'elle eut fini de sortir le serre tête du paquet violet. C'était horrible. Pour une maniaque de l'apparence telle que Lenila, c'était tout simplement.. un cauchemar. Mais jamais, jamais, elle ne pourrait se résoudre à faire du mal à son aimée. Et c'est pour cela qu'elle s'efforça d'afficher un sourire tout en passant anxieusement une main sur les petits papillons vert ornant l'objet. Malgré la mocheté de celui-ci, l'émotion l'avait prise. C'était si gentil de sa part, si touchant. Lilian savait qu'elle aimait le vert; les trucs de décoration pour le corps, visage, cheveux. C'était trop, bien trop attentioné de la part d'une personne comme elle. En un mot, Lenila était tout aussi contente que si elle avait reçu un magnifique bijoux en or blanc, même si elle n'allait jamais le mettre.
D'un geste clame, d'une infinie douceur, elle le posa sur le muret à côté d'elle et reporta son regard sur Lilian. La seconde d'après, elle avait sauté à terre et s'était logée dans ses bras, l'enserrant à la taille et nichant sa tête dans son cou. Son parfum l'envahit de toute part avec une telle sauvagerie qu'elle s'en sentit toute chose, presque timide face à cette brusque arrivée de sentiment. Elle resta quelque seconde collée tout contre son corps, profitant de sa chaleur. Puis elle tourna légèrement la tête de manière à pouvoir murmurer un simple mot bien significatif, tant pour le cadeau que pour sa simple présence.

" Merci. "

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