"J'ai - encore ? toujours ? - faim"

Une journée des plus ordinaires. Un cours de Potions des plus ordinaires. Vous avez dit ordinaire ? Resituons plus précisément le contexte parce qu’il y a manifestement un problème de compréhension. On est jeudi. Jusque là tout va bien. On est en cours de Potions. Okay. Sam Richards assiste à ce cours. C’est précisément LÀ que ça se corse. Sam Richards à un cours de Potions, ça ne peut pas être « des plus ordinaires ». Tout simplement parce qu’avec une Sam en cours de Potions, il se passe TOUJOURS quelque chose. Qui n’a rien d’ordinaire. Comme par hasard, c’est toujours en cours de Potions que le cerveau de Sam commence à rassembler toutes les idées foireuses qui peuvent jaillir en moins d’une heure, à en faire un mix assez étrange et à sortir le tout avant la fin de la deuxième heure de cours. Et là... malgré toute la patience que l’on connaît à ce cher professeur Rogue (HUM HUM), ça ne pouvait pas durer très longtemps...

Richards !
Présente ! répondit-elle avec la même intonation.
C’est la cinquième fois que vous interrompez ce cours, je n’ai pas d’autre choix que de vous mettre...
Une retenue ?!
NON !

Ce cri venait directement du cœur – Rogue serait-il humain en fin de compte ? la réponse dans le prochain numéro de La Flèche du Centaure – et ressemblait plus à une supplication qu’à une simple réponse. Apparemment, Sam atteignait lentement son objectif : faire perdre tous ses moyens à Servichou. Après cinq longues années de dur labeur, elle touchait presque au but.

Non je vais être obligé de mettre un T à votre potion, qui de toute façon ne valait guère plus. Et qu’est-ce que ce beignet vient faire parmi vos ingrédients ?
J’avais faim.
Attention, Richards a faim, arrêtez tous de respirer !
Vous voulez notre mort ?! Vous savez pour combien de temps on en a ?
Wakefield... Retenue.
Quoi ?! Allez c’est pas juste, pourquoi lui il a droit à une retenue et pas moi ? J’ai fait pire que lui !
Richards, ça commence à bien faire. Je vous confisque toutes vos... provisions pour l’hiver jusqu’à nouvel ordre.

Et, dans un geste un peu trop théâtral pour ne pas avoir été répété ou tout du moins rêvé, il avait attrapé le sac de Sam et en avait vidé le contenu (= friandises, chocolats, bonbons, pâtisseries... et nourriture autre que les éléments précédemment cités) sur sa paillasse avant d’envoyer le tout dans sa réserve d’un coup de baguette.

_ _ _

Tu te rends compte... Il m’a même pas mis de retenue !!!
Ecoute Sam, je voulais pas te le dire pour pas te faire du mal mais... je crois que c’est fini entre vous.
Tsss... C’est pas drôle...
Ouvre les yeux Sam, votre relation était vouée à l’échec dès le départ, vous êtes bien trop différents...
Wakefield ?
Oui ?
Ta gueule.
C’est demandé avec tant de gentillesse...
J’ai faim.
Sans déconner ? J’aurais jamais pu tenir en apnée aussi longtemps.
Tu sais, j’étais sérieuse quand je disais « ta gueule ».

Le jour où Wakefield et Richards arrêteront de s’envoyer des vannes à longueur de journées, il faudra vraiment s’inquiéter sur l’état mental/physique/les-deux-à-la-fois de l’un/l’autre/les-deux-à-la-fois de nos Gryffondor préférés...

Du coup, Sam avait abandonné Nate en plein milieu de la salle commune, ce soir-là, pour entamer sa promenade mensuelle, hebdomadaire, quotidienne (et même parfois plusieurs fois par jour) jusqu’aux cuisines, afin de savourer les succulentes pâtisseries que les elfes de maison avaient probablement mises de côté exprès pour elle (ils avaient l’habitude de la voir débarquer tous les soirs, depuis le temps). Okay, disons le carrément, pour s’empiffrer d’éclairs au chocolat et autres îles flottantes jusqu’à ce qu’elle s’en lasse – et non pas jusqu’à ce que son ventre explose car il est bien connu que Sam Richards possède un estomac extensible. Seulement voilà, mauvaise surprise. Un des faux-culs de Serpentard qu’Ombrage avait engagés pour sa Brigade Inquisitoriale de on-sait-même-pas-à-quoi-ça-sert-à-part-foutre-encore-plus-la-merde-que-ce-qu’elle-n’y-est-déjà était campé devant la nature morte qui servait de porte aux cuisines. Toisant Sam du regard, il lui annonça qu’il surveillait les allées et venues des élèves sur ordre de la « Grande Inquisitrice » puisque le couvre-feu était passé. Quand Sam le traita de lèche-bottes soumis et mal léché, il n’eut étrangement pas l’air d’apprécier et l’idée d’enlever des points à notre rouquine préférée lui passa sûrement par la tête. Je dis « sûrement », parce que ce n’est pas certainement certain. En tout cas, si l’envie le démangeait, le regard assassin de Richards l’en dissuada.

Mais malgré tous les regards de tueuse, réputation de tueuse, hache de tueuse – La vérité sur la hache de Richards : numéro spécial de La Flèche du Centaure – il refusa tout de même de lui accorder l’accès aux cuisines « même pour cinq minutes ». Après l’avoir maudit pour sa soumission débile, avoir maudit Ombrage pour ses règles débiles et avoir maudit Wakefield pour le plaisir débile, elle partit en maugréant. Résultat des courses, elle était de mauvaise humeur et surtout, elle avait toujours faim. Elle ne pouvait pas aller aux cuisines, il n’y avait rien de plus que quelques Chocogrenouilles dans la salle commune et même si chez Richards la faim est plus forte que la flemme, aller jusqu’aux sous-sols de Honeydukes ne la tentait vraiment pas. Surtout qu’une autre alternative venait de germer dans son esprit...

Rogue devait probablement trainer dans les couloirs à la recherche de braveurs du couvre-feu (on se demande quel genre d’énergumène irait désobéir aux règles d’Ombrage... quoi tous ?). Au pire – au mieux ? – il la chopperait durant sa périlleuse aventure pour remplir son ventre – déjà plein – et ne pourrait pas faire autrement que de lui mettre une retenue cette fois. Tout ça pour dire, en fait, que la voie était libre. La voie jusqu’où ? Jusqu’au paradis des gourmands numéro 3 (numéro 1 : Honeydukes ; numéro 2 : les cuisines de Poudlard ; numéro 3 : les affaires de Sam Richards).

La rouquine avait donc pris le chemin des cachots côté Serpy. En sortant la phrase précédente de son contexte, on pourrait croire que Sam avait décidé, dans un pur élan de masochisme, de se jeter dans la gueule du loup la tête la première en hurlant « coucou je suis lààààà ». Ou alors, qu’elle avait décidé de mettre enfin ses menaces à exécution et d’assassiner McFairth (E). Mais plutôt que de continuer sa route jusqu’à l’entrée de la salle commune des Vert et Argent, elle s’était arrêtée plus tôt. Devant la salle de cours de Rogue. Plus exactement, sa réserve. La question était : comment forcer cette satanée porte et aller récupérer sa nourriture sans que/avant que Roguichou ne s’en aperçoive ?