"Le Feu sur les Planches" [Mission Révolte]

[Flash-Back]

De ce jour-là, Billie Creach n'espérait pas qu'il en ressorte quelque chose de particulièrement extraordianire. A part le fait que le soir-même, après l'heure du couvre-feu, la Gryffondor devrait se diriger discrètement vers la la Salle sur Demande pour assister à une réunion de l'Armée, rien de vraiment exceptionnel ne le distnguait des autres jours qui se suivraient, toujours plus semblables. Elle s'était levée tôt, comme d'habitude, s'était habillée et toiletté en silence, comme d'habitude. Tandis qu'à côté d'elle les autres filles du dortoir émergeaient pour la plupart, Creach était sortie dudit dortoir sans faire de bruit, comme d'habitude. Puis elle était entrée dans la Grande Salle presque vide, où elle avait avalé son petit-déjeuner en vitesse, avant que le plus gros des élèves n'arrive, à l'écart du peu de sorciers présents dans la salle. Comme d'habitude. [HJ: ceux qui pensent à un certain Claude F. sortent ] Ensuite, pendant que les autres allaient là d'où elle venait, Billie était remontée dans son dortoir, avait relu les dernières leçons des cours qu'elle avait le matin, vérifié que sa besace contenait les bonnes fournitures, la prit sous le bras, et disparut de la Salle Commune, pour commencer un jour qu'elle semblait avoir déjà vécu. Comme d'habitude. De toute la journée, aucun grain de sable ne vint perturber sa mécanique si bien réglée. Finalement ne pas avoir de relation avec les autres élèves était une bonne chose. Ou tout du moins, ne pas avoir à modifier son emploi du temps, et par conséquent ne pas être à deux doigts d'arriver en retard à un cours, était une bonne chose. Tout allait relativement bien quand la jeune fille poussa les portes de la salle d'entraînement de l'Armée ce soir-là. Elle ne s'arrêta pas sur les habituels miroirs qui décoraient la ièce, et ne lança même pas un regard aux autres membres de l'AD, bien qu'ils aient été peu nombreux. Comme d'habitude quoi. Même après quelques temps passés dans cette pièce devenue familière, Billie n'aurait su dire les noms des autres membres de l'Armée, à part peut-être celui d'Harry Potter. Pour le reste... non, elle ne s'en moquait pas, , c'est juste que, du coin au fond de la salle qu'elle s'était approprié, on ne voyait pas tous les visages. Et la concentration n'était pas focalisée sur les autres membres, mais plus sur les sorts qu'elle s'efforçait de rendre parfaits. Elle pouvait juste dire que les adhérents étaient nombreux. Point barre. Ce soir-là, elle travaillait, aussi sérieusement qu'en cours, avec acharnement. Et énervement. Son sort lui résistait. Petit défaut par-ci, petit défaut par-là, et ces détails l'agaçaient profondément. D'un revers de main, elle essuya les petites gouttes de sueur qui perlaient sur ses tempes. Derrière elle, un rire éclata. Elle se retourna lentement, peu pressée de voir qui s'amusait pendant qu'elle trimait. Une jeune fille avait les larmes aux yeux tant elle riait. Après un sort raté qu'elle avait jeté à son partenaire, ce dernier s'était retrouvé les quatre fers en l'air, pour le plus grand bonheur de la petite blonde. Une fois le jeune homme remit sur pieds, ils recommencèrent à s'entraîner, tout en continuant de bavasser et de rire. Billie leur tourna le dos. Elle savait pertinament que ce qui la mettait de mauvaise humeur était l'absence de moments semblables. Ceux où tout semble dérisoire. Ceux où l'erreur, le faux pas, est humain. Ceux où le rire ne met pas mal à l'aise, n'humilie pas... Mais que voulez-vous? On ne se refait pas comme on dit. Billie pensait qu'à 17 ans il était impossible de faire marche arrière. Ses réflexes misanthropes étaient ancrés loin en elle, ses peurs du ridicule et des critiques gravées dans ses entrailles, sa méfiance inébranlable, et ses petites voix, tantôt plaisantes tantôt irritantes, devenues indubitablement indispensables. Pour tout résumer, si Billie Creach était un Animagus, elle choisirait sans doute d'être une souris, pour aller vite se terrer dans un trou à rat, y rester cachée et sans doute s'y laisser dépérir. En tout cas, pour vivre loin des yeux du monde.
Sa mauvaise humeur ayant redoublé, elle s'attaqua de nouveau à son sortilège. La colère empêcha toute concentration, et Creach échoua une fois de plus. Et lamentablement en plus. Le résultat ne fut absolument pas celui attendu. D'un geste rageur, Billie Creach jeta sa baguette à terre. Dans sa colère, elle ne vit pas la silhouette qui s'était avancée vers elle sans un bruit.

[Fin du Flash-Back]

[petite voix n°1] Tu n'aurais jamais dû accepter cette proposition!! T'es complètement malade, ma pauvre Creach!! T'imagines si tu te fais prendre?? T'imagines les retombées? Ca va presque tuer ton père! T'y as pensé à ton père? S'il apprend ce que tu as fait, si jamais il te voit revenir à la maison avant la fin de l'année, il va te tuer!! Oh oui, évidemment, c'est bien marrant d'enfreindre le réglement, de passer outre les règles, de faire sa rebelle...

[Billie] *ton faible* Non, c'est pas marrant, je crois...

[petite voix n°1] TAIS-TOI!! Laisse-moi penser à ta place vu que t'es incapable de le faire par toi-même!!

[petite voix n°2] Calme-toi, c'est pour la bonne cause, c'est pour contrer Ombrage et ses sbires...

[petite voix n°1] C'est pas vrai??! Mais j'hallucine, vous êtes toutes les deux de vraies écervelées, ma parole!

[petite voix n°2] Arrête de crier, ça ne sert à rien! Tu vas lui filer mal au crâne, elle ne pourra pas se concentrer sur sa mission, et ça va tout faire foirer. Là ce sera de ta faute si on se fait prendre!

[petite voix n°1] Je n'ai pas d'ordres à recevoir de toi, ni de personne d'ailleurs!! Creach, il est encore temps de renoncer, barre-toi maintenant!

[petite voix n°2] Non! Elle s'est engagée, elle ira jusqu'au bout!

[Billie] En plus, c'est W...

[petite voix n°1] Et alors?? Elle est comme les autres, tu peux lui passer au-dessus! Regarde, elle se sert de toi pour accomplir cette mission!

[Billie] Elle risque autant que moi!!

[petite voix n°1] *hors d'elle* ON S'EN FOUT D'ELLE!!

Bille se prit la tête dans ses mains. Cette matinée avait été atroce. Déjà, les jours précédents celui-ci n'avaient pas été simples. "Il est encore temps, Creach" "Ne fais pas ça, tu vas le regretter, tu vas le payer très cher" "Va la voir et dis lui que tu ne peux pas, que tu as un empêchement". Toute la semaine comme ça. Des jours entiers de migraine, des heures et des heures passées à avoir l'impression que son crâne allait se fendre en deux. La première voix ne lui laissait aucun instant de répit, elle la harcelait pendant les cours, n'importe quand, n'importe où pour la dissuader de mener à bien la mission que lui avait proposée Eterna Wyrven, élève de 7ème année à Gryffondor. Oui, LA Eterna Wyrven. La seule dont Billie avait retenu le nom en sept ans d'étude à Poudlard. Elle la trouvait fascinante. Toutes ces rumeurs dans les couloirs... Ce n'étaient que des rumeurs bien sûr, rien de fondé, mais... quand même... Lorsque Eterna lui avait proposé cette mission, Billie l'avait acceptée. Pourquoi? Peut-être parce que sa première voix lui soufflait de faire le contraire. Juste pour la contrarier. Ou bien peut-être était-ce juste pour le goût du risque. Elle avait toujours respecté les règlements, jamais enfreint franchement les règles. Les quelques fois où elle s'était "écartée du droit chemin", elle avait joué sur les mots pour sortir des sentiers battus. Mais ces fois-là étaient rares. A chaque fois sa première voix la rabrouait sans ménagement, avec parfois de la violence dans ses propos. A chaque fois intimidée, Billie se rangeait. Ne pas se faire remarquer, jamais. Etre toujours bien sage, bien réglo, ne plus dépasser les limites. Et ça durait depuis des années. Un peu d'adrénaline ne pouvait que lui faire du bien. Enfin, c'est ce qu'elle croyait. Au vu des maux de tête assomants, la Gryffondor pensait à présent qu'elle aurait mieux fait de se taire. Elle aurait dû rembarrer Wyrven, lui dire non... mais c'était Wyrven. C'était elle. "Elle n'a rien d'exceptionnel" avait dit la deuxième voix. Chacun ses opinions. Billie trouvait qu'elle "en jetait". "Charisme" et "Eterna Wyrven", deux mots presque synonymes selon elle. Elle, on la voyait, on la remarquait. Elle était là et bien là, personne ne pouvait le nier. Elle n'était pas une pierre parmi les pierres du château, elle.
Billie en était à ses réflexions quand elle reprit conscience du boucan qui lui vrillait le cerveau.

[Billie] Pitié... arrêtez... ce mal de crâne... je crois que je vais vomir...

La tempête sous son crâne ne s'arrêtant pas, elle s'énerva franchement. Elle dut se retenir pour laisser éclater mentalement sa colère, et ne pas crier dans le couloir. Une fois le calme revenu, elle inspira profondément, et vérifia pour la trente-six millième fois si les feux d'artifice étaient bien dans sa besace. Eterna et elle devaient faire exploser des feux d'artifice (pour certains de fabrication weasleysienne) dans un couloir du château pour "fêter la Grande Inquisitrice Dolorès Ombrage". Mais auparavant, elles devaient s'organiser, et pour cela, elles avaient choisi de se cacher dans la Salle des Trophées. "Dans la Salle des Trophées, à 12h30". Il était 12h25, et Billie attendait Eterna depuis dix minutes environ. Son déjeuner? Inexistant. Elle n'avait rien pu avaler. Trop occupée à ne pas entendre le mélodrame ininterrompu qui se jouait dans son esprit. Laissant son assiette pleine sur la table, elle était remontée à pas vifs jusque dans son dortoir, s'était quasiment noyée sous l'eau fraîche d'un des lavabos des toilettes des filles, avait envoyé bouler Mimi Geignarde (" Quelle ingratitude! Normalement on respecte ceux qui sont morts! "), et rejoint le point de rendez-vous, des lustres à l'avance, conformément à son habitude. Là, l'Enfer s'était à nouveau déchaîné dans sa tête.

[petite voix n°1] *hystérique* Mais pourquoi tu ne te barres pas tant qu'il en est encore temps?? Tu veux vraiment repartir chez toi avec "Je ne dois pas jouer avec le feu" gravé dans ta main???

Mais Billie ne voulait pas repartir. D'un elle en avait ch*** pendant une semaine avec tout ce tintouin dans son crâne, et laissait tomber maintenant la mettrait plus en rogne qu'autre chose, de deux elle voulait se prouver qu'elle n'était pas aussi lâche qu'elle le pensait. Elle ne devait pas se défiler... C'était les Serpentards qui fuyaient le danger, pas les Gryffondors. Et puis, Wyrven comptait sur elle. Elle avait besoin d'elle pour mener la mission à bien. A elle aussi elle devait prouver qu'elle n'était pas une couarde, une jeune fille apeurée fuyant le risque comme un vampire fuit le soleil. Pour une fois qu'elle pouvait valoir un petit quelque chose aux yeux de quelqu'un, elle ne pouvait pas reculer. Elle ne devait pas reculer. Bien campée sur ses jambes, la tête baissée, un rideau de cheveux sombres ne laissant apparaître qu'un oeil glacial, dur, elle attendit que Wyrven, Eterna Wyrven apparaisse dans le couloir. Et peu importait le combat de gladiateurs qui se déroulait dans l'arène de son esprit.

» Dans les filets de la révolte. [ Révolte ]
» Les "élus" ? [Présence des membres requise]
» Le feu sur les planches. [ Révolte ]
» Sur les toits. [ Révolte ]
» C'est pas une récréation ici. [ Révolte ]