T'as faim ? Tiens, mange !

J’ai faim.
Tu as toujours faim. Le cours finit dans trente secondes.
Oui mais après on va manger.
Vous pouvez y aller.
Allez, à table !
Ah non je t’ai pas dit ? Avant je voulais voir un truc dans la salle commune...
Wakefield, si on va pas manger maintenant, c’est toi que je mange !
Rho, je plaisante, s’pèce de goinfre.

Les deux adolescents sortirent de la salle de Métamorphose dans le brouhaha habituel, jouant des coudes pour ne pas se faire marcher dessus. Du moins dans le cas de Sam. Parce que Nate était plutôt celui qui marchait sur les autres. Question de taille. C’est toujours les grands qui sont avantagés dans ce monde. C’est techniquement pas juste pour les petits. Surtout les petites rousses tueuses. Vous voyez de qui je veux parler ? Je suis sûre que oui. Quand la sonnerie de 18 heures annonce la fin des cours, la plupart des élèves de Poudlard vont commencer leurs devoirs, ils ne se jettent pas sur leur dîner sans même passer par leur salle commune. Mais vous connaissez Samantha Lillie Richards... Dès qu’il s’agit de son estomac, le monde devrait s’arrêter de tourner. Et son estomac, en cet instant précis, criait famine.

FAMIIIIIINEUH

Bon d’accord, peut-être pas comme ça, mais vous avez compris l’idée. L’exagération, c’est la technique préférée de Sam pour faire comprendre qu’elle a la dalle. Elle quand elle a faim, rien d’autre n’existe. Tout ce qui compte, c’est qu’elle remplisse son ventre et l’apocalypse pourrait avoir lieu qu’elle ne réagirait pas tant que l’éclair au chocolat qu’elle avait dans les mains ne se trouverait pas au fond de son estomac.

C’est ainsi que notre rouquine préférée traîna son camarade de maison à travers longs couloirs et escaliers pour arriver le plus vite possible à la Grande Salle. Le tout se passa sans altercation majeure, à part le petit coup de gueule quotidien avec une Serpentard mécontente (« Pas maintenant Fairhead, après manger s’tu veux. Range ta baguette tu vas te faire mal »). Suivit un dîner comme tous les autres. Rien de plus exceptionnel que d’habitude...

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Allez Sam, j’en ai marre, on monte. T’as pas assez mangé ?
Honnêtement ? Non. Mais vas-y toi, j’en ai pour dix minutes. Tu survivras ?
Ça devrait aller... Allez, à toute.

Sam regarda Nate sortir de la salle avant de reconcentrer son attention sur le magnifique éclair au chocolat qui s’offrait à elle. Un énorme éclair sur lequel s’étendait une magnifique couche brillante de chocolat noir. Le chocolat. Une des plus grandes passions de Miss Richards. Le chocolat, c’était tout un mode de vie chez mam’zelle Richards. Quand tous les enfants de son âge prennent du lait ou du thé le matin, Sam boit un chocolat chaud – ou froid suivant les circonstances -. Parfum de crème glacée favori ? Le chocolat. Histoire Moldue préférée ? Charlie et la Chocolaterie. Histoire sorcière préférée ? Leny et la cravate en chocolat. Depuis toujours, le chocolat était LA drogue attitrée de Sam. Déprimée ? Rien de tel que du chocolat pour remonter le moral. Heureuse ? Faites péter le chocolat pour fêter ça ! [chocolat – Malibu] On se demandait, des fois, si elle ne voyait pas la vie en marron… Noir, blanc, au lait, n’importe quel chocolat – à condition qu’il soit de bonne qualité attention ! Faut pas exagérer non plus – lui convenait.

Seulement voilà, avant même que notre Samychou de service n’ait le temps de porter la délicieuse pâtisserie à sa bouche déjà grande ouverte, prête à accueillir l’éclair et à se délecter du goût du chocolat fondant sous sa langue, quelque chose se produisit. Le visage de Sam fut soudain recouvert d’une épaisse couche de crème fouettée. Oui oui, vous avez bien compris. Un imbécile venait d’envoyer une par de tarte à la crème dans la tête de la Gryffondor. La personne en question devait vraiment être suicidaire. Parce que là, elle venait de signer son arrêt de mort. Après un cri de la part de Sam – on ne répètera pas ce qu’elle a dit, interdit au moins de 18 ans – la jeune fille essuya tant bien que mal son visage et leva les yeux vers la source du problème...

- Pour ma p'tite puce -

[AU MEME MOMENT]

_Eryyyychouuuuneuuh!
_Mmmh?
_Allez viens, on va manger!
_Pas faim...
_Row... C'est pas avec ton croissant de ce matin que tu risque de faire une indigestion!
_J'ai pas faim je te dis!!
_Tu sais... Ce n'est pas non plus en avalant un bol de soupe que tu ne rentreras plus dans ta robe pour le...
_BON! Si tu veux! Mais je te préviens, je n'ai pas faim!
_Oui, Erynouche!

C'est ainsi qu'après une demi-heure de lutte acharnée, Eryn McFairth venait de céder. Elle savait bien qu'au fond il avait raison, mais voilà, elle n'était pas au meilleur de sa forme, et manger était bien l'une des dernière chose qu'elle avait envie de faire, surtout que, pour allez dans la grande salle, il fallait se lever, gravir une centaine de marches et affronter la cacophonie insuportable qu'il pouvait y avoir. Surtout à la table des Gryffondors... Spécimens qui semblaient avoir rayé les mots 'calme et sérieux' de leur vocabulaire. Êtres insuportable qu'Eryn ne supporté pas. Murhtag attendit que sa soeur daigne se lever, avant de se mettre en chemin

Environ dix minutes plus tard, les deux Serpentards arrivèrent devant la porte à double battants de la grande salle. Ils allaient s'y engager lorsque deux élèves, à peine plus grands qu'eux, leur coupèrent le passage, manquant au passage de leur marcher sur les pieds. Murthag s'apprêtait à leur lancer une réplique comme il en vait le secret: ce qui veut dire, pas sympas. Mais Eryn avait eut le réflexe de lui faire comprendre d'un froncement de sourcil qu'ils n'en valaient pas la peine. En fait, elle avait reconnus le garçon, et savait de quoi il était capable, et sa copine avait l'air aussi singlée que lui... Voir même plus.

_Laisse, c'est pas la peine... Primo, c'est des Gryffondors... J'pense pas qu'ils saisiront la moitié de ce que tu leur diras. Segundo, tu m'as cassé les pieds pendant deux heures pour qu'on aille manger, alors maintenant on va manger! Si c'est pour me prendre la tête avec... ça, la prochaine fois je bouge pas de mon fauteuil!

Ils entrèrent donc dans la grande salle, et se dirigèrent vers leur table. Murthag dévora tout ce qui pouvait lui passer sous la main, pendant qu'Eryn jouait avec un spaghetit avant de se décider si oui ou non elle le mangerait.

~°~

Une vingtaine de minutes plus tard, le jeune homme finissait de se lécher les doigts, il venait d'engloutir sa seconde part de tarte à la crême et observait maintenant sa soeur perplexe devant la sienne. Elle éfleura du bout de son index le nuage sucrée et le porta à ses lèvres carmin.

_Tu sais, elle ne va pas te manger...Et si ça peut te faire plaisir, après on ira faire quelques tours de parc pour être sûr que tu ne prenne aucun kilos pour le bal! Enfin, j'y vais... Tu me rejoins? J'ai un truc à faire.

Eryn releva son regard d'émeraude un sourire qui ne valait rien de bon aux lèvres. Elle allongea son bras et s'empara d'un plat de tarte qui n'avait pas encore était entamé.

_Ben manges, toi qui a si faim!
Elle fit prendre de l'élan à son projectile, qui manqua d'une main la tête de sa victime, qui avait eut l'heureuse idée de prendre ses jambes à son cou, hilare.

_RATE!

Enfin, même si la tarte avait manqué la tête de son frère, apparement elle s'était consolé... Sur la tête d'une Gryffondor! Eryn esquissa un sourire amusé, mais ce n'était pas n'importe quel fille... C'était la copine de la tête de billes! La rousse la fixait, ouuuh elle était pas contente apparement! Ben tiens, elle qui avait si faim en entrant dans la salle, elle était servit. Eryn soutint le regard de la jeune fille, puis se mit à manger sa part, comme si de rien n'était.

[Merci ma grande sista que je nem fort]

Vous savez que c’est dangereux de contrarier une Sam affamée. Le dernier qui s’y est risqué... Bon, Nate, c’est pas un bon exemple. Mais lui, il est spécial [prends pas ça pour un compliment Wakefield ou tes chevilles vont enfler]. Donc, l’avant-dernier qui s’y est risqué, un drôle de Serpentard de septième année qui, le soir de la rentrée, prenait un plaisir fou à laisser les autres mourir de froid et – pour Sam – de faim, avait failli mourir dans d’atroces souffrances. Je dis « failli » parce que Sam n’avait pas eu l’occasion de lui arracher les yeux avec ses dents comme elle l’avait prévu. Deux Gryffondor s’étaient mis entre elle et lui pour éviter le massacre. Sinon, ça ferait longtemps que le Serpy aurait rendu son dernier souffle. Sam était comme ça, la nourriture c’est sacré, on plaisante pas avec ça.

Et voilà que maintenant, quelqu’un s’amusait à lui envoyer une part de tarte à la crème dans la figure. La personne en question ne connaissait pas la réputation de Sam Richards ? Pourtant, tout le monde la connaissait. Trente-huit. Elle avait même droit à quelques surnoms inquiétants qui la faisaient plus rire qu’autre chose. Je ne vous en cite qu’un à titre d’exemple, c’est pas la peine de tous vous les mettre, on en aurait pour la journée. Son préféré c’était Richards-la-cannibale. Celui-là, y’a pas à dire, elle l’adorait. Ce qui l’éclatait, c’est quand on le lui sortait dans un couloir alors qu’elle jetait son regard « Si tu l’ouvres j’te bouffe au goûter » à un gamin qui l’avait traitée de naine. En général, le pauvre petit lui faisait de plates excuses avant de prendre ses jambes à son cou. Ben ouais, vous croyez qu’elle la détient comment sa réputation ? Quatre arguments pour la reconnaître : trente-huit, sa couleur de cheveux, sa répartie exceptionnelle (hum) et son rapport avec la nourriture.

Bien, revenons sur la nourriture. Sam leva donc la tête, toujours pleine de crème fouettée et son regard bleu se dirigea vers l’endroit d’où provenait le gâteau blanchâtre. La table des Serpentard. C’est marrant, mais ça ne l’étonnait absolument pas. Combien vous pariez que c’était encore un coup de Fairhead. Elle n’avait pas dû apprécier que la rousse lui dise de patienter avant de faire joujou avec sa baguette magique. Ahlala, le jour où les Serpentard gagneraient en maturité, Sam détesterait le chocolat... Comprenez par là que ça n’était pas demain la vieille. M’enfin, ça lui faisait plaisir d’apprendre à se servir de son jouet et ça occupait Sam pendant son temps libre. Le seul truc, c’est qu’elle était arrivée au mauvais moment, à savoir l’heure du repas. Ça ne lui avait pas plu apparemment à la Fairhead. Mais de là à gâcher une part de tarte à la crème...

Mais voilà... Aucune trace de Miss J’emmerde-le-monde-entier-et-j’adore-ça à la table des Serp-vantards. Par contre, une autre brune était là et la regardait avec amusement, comme à peu près toutes les personnes restantes dans la Grande Salle, c’est-à-dire presque personne. Sam jeta un bref coup d’œil à la table des professeurs. Seul Rogue était présent. Il avait observé la scène avec ce drôle de rictus minable collé aux lèvres et feignait maintenant de n’avoir rien vu. Autant dire qu’il n’aiderait pas Sam. Tant mieux, elle n’avait besoin de personne pour commettre un meurtre. Elle leva le pouce vers son professeur adoré avec un grand sourire hypocrite qui disait « Merci, j’te revaudrai ça ». La petite rousse se leva lentement et s’avança vers la table – hyper crade, précisons-le – des Vert et Argent. Allez savoir pourquoi, mais le peu d’élèves restant s’empressa de s’éloigner d’elle au fur et à mesure qu’elle avançait. Eux, ils devaient connaître sa réputation.

Dis, tu sais que c’est pas beau de jouer avec la nourriture ? Je sais que chez vous, le cerveau est moins performant que dans le reste du monde mais on aurait pu au moins t’apprendre les bonnes manières. A croire que Roguy fait mal son boulot.

Elle avait envie de rire Eryn, mais comme ça ne lui était pas arrivé depuis plusieurs jours. Une envie de fou rire, mais personne avec qui le partager, et se tordre de rire tout seule... Ben ça fait légèrement stupide. Intérieurement, elle était littéralement pliée en deux, extérieurement, un léger sourire était dessiné sur ses fines lèvres couleur carmin qui lui creusait de petites fossettes que peu de personne avait eu l'occasion de voir. Continuant à jouer avec la crême qui était étalée sur sa part, elle se demandait si ou non la Gryffondor avait compris qui était à l'origine de son masque blanc. Eryn releva discrètement ses yeux verts l'élève, qui elle-même regardait Rogue, lui levant un pouce que le professeur semblait ignorer totalement. Cependant, notre petite Serpentarde était quasiment certaine que le directeur de sa maison lui avait adresser un clin d'oeil, elle en aurait mit sa main à couper.

La vert et argent finit par planter sa cuillère dans le nuage de crême, portant un petit bout jusqu'à sa bouche, elle continua aisin, l'air de rien jusqu'à ne laisser que quelques miettes de pâte dans son assiette. Au même moment, elle pouvait entendre les pas de la rousse raisoner dans la grande salle et ceux des rares élèves encore présents qui se depêcher de rejoindre la sortie. Un ou deux plus téméraires étaient restés à l'extrêmité des tables. Eryn leva les yeux au moment ou la gryffondor c'était plantée devant elle, de l'autre côté de la table, une lueure de je-m'en-foutiste au fond de ses émeraudes. Elle porta sa serviette à sa bouche, avant de répondre.

"Excuse-moi, mais je pense que tu fais erreur. Ce n'est pas moi qui me ballade la tête recouverte de crême... Rogue devrait certainement en toucher un ou deux mot à ... McGonagal. En tout cas ça te vas très bien."

Eryn enjamba le banc, fit un ou deux pas en direction des portes puis fit volte-face dans un tourbillon de cheveux d'ébène. Un sourire sarcastique au lèvre.

"D'ailleurs il t'en reste en peu...juste làààà."

Lança-t-elle collant son index en plein milieu de son nez, Eryn resta un instant à la regarder puis une fois sûre qu'elle l'avait énervé, elle reprit tranquilement son chemin.

Bon, on va faire un jeu. On va imaginer une situation et vous allez me dire comment vous auriez réagi. Supposons, par exemple, que quelqu’un, une personne que vous ne connaissez pas mais dont la couleur de la cravate vous indique que vous ne pouvez pas l’aimer, balance, par accident soit, mais balance tout de même une tarte à la crème dans la figure de l’innocente et sympathique personne que vous êtes. Comment vous réagissez ? Vous vous énervez, normal. N’importe quel être humain aurait fait comme vous, on est d’accord. Vous allez voir la personne en question. Vous, calme, gentil, innocent, vous lui demandez à votre façon quelle mouche l’a piqué pour faire ça. sachant que c’est du gâchis de nourriture et que des milliers d’enfants dans le monde crèvent la dalle. Et en plus de ça, cette personne odieuse se fout de votre gueule. Vous réagissez comment ? Vous vous énervez encore plus, normal.

Sauf que vous, vous n’êtes pas aussi petit que Samantha Richards. Et d’après une théorie scientifique que beaucoup de doctorants cherchent à démontrer ou à réfuter, le taux d’acceptation de l’énervement dépend de la taille. Car plus on est petit, moins il y a de volume dans le corps. Donc forcément, on peut beaucoup moins contenir l’énervement. Et donc on explose plus vite. Alors ne vous étonnez pas si avant la fin de la soirée vous la voyez bondir comme un chat sauvage, toutes griffes dehors et lacérer son interlocutrice avec les ongles.

Et encore, vous devriez êtres étonnés que ça ne soit pas déjà fait. Parce qu’avec la connerie que venait de lui lançait la jeune brune, Sam n’avait qu’une envie : lui faire sa fête. Elle était gonflée quand même. La Vert et Argent venait de foutre en l’air une délicieuse part de tarte qui aurait plu à n’importe quel SDF du coin. Et encore, elle osait se foutre d’elle au lieu d’assumer ses actes. Sam était explantée de voir à quel point les Serpentards pouvaient être lâches et trouillards. Toujours là pour faire les pires conneries et emmerder le monde, mais dès qu’on leur demandait de prendre leurs responsabilités, y’avait plus personne.

Sam haussa les sourcils en regarda la jeune fille se lever et faire mine de partir. Non mais si elle croyait s’en sortir avec une réplique à deux Noises et un sourire niais, elle rêvait. Mais avant que Sam n’ait le temps de virer au rouge, elle se retourna et, dans une incroyable prestation de foutage de gueule, lui fit remarquer qu’il lui restait un peu de crème sur le nez. En plus, elle n’était vraiment pas douée du cerveau. Le nez de Sam devait être la seule partie de son visage qui n’était pas recouverte de crème fouettée. La Serpentard se retourna et reprit sa marche, son écharpe pendant dans son dos se souleva au rythme de ses pas... Sam en attrapa le bout, obligeant sa détentrice à s’arrêter, et probablement à se retourner pour savoir ce qu’il se passait. Notre rouquine préférée passa alors le tissu sur son visage, essuyant toute la crème qui y était déposée et qui s’imprégnait maintenant entre les mailles de laine vertes et argents. Sam laissa alors retomber le bout d’écharpe comme s’il avait était un charbon ardent et le regarda rebondir contre le dos de la jeune fille, déposant de la crème sur ses vêtements. Vint alors se dessiner sur les lèvres de Sam ce sourire. Pas un sourire, LE sourire. Celui qui dit « je me fous de ta gueule et j’adore ça », vous savez ? Le fameux sourire de Samantha Richards.

C’est mieux là où il m’en reste encore ?

Chers élèves de Poudlard, installez-vous confortablement, prenez votre plume, de l’encre, un bout de parchemin et faites chauffer vos neurones. Je sais que là, tout de suite vous êtes en vacances, et que vous rêvez d’une petite ballade dans le parc se terminant par une belle bataille de boule de neige avec vos amis, ou bien de passer un après-midi tranquillement à Prè-Au-Lard profitant des quelques rayons de soleil qui se sont enfin décidés à percer timidement les nuages qui ont apparemment élus domicile au dessus du château. Mais malheureusement pour vous je vais vous poser une question qui sollicitera votre matière grise.

Pourquoi à votre avis, Samantha Richards, spécimen Gryffondorien, véritable estomac sur deux pattes, ici présente, en veut autant à notre jeune et jolis Serpentard préférée, également présente?

a) Parce qu’elle aurait intercepté les paroles de la jolis Serpentard en entrant dans la Grande Salle?

b) Parce qu’elle se serait éventuellement foutu de sa gueule (éventuellement XP)?

c) Parce qu’elle lui a lancé une tarte à la crème qui s’est littéralement écrasé sur sa figure?

Perdu, en fait c’était une question piège! Il fallait bien évidement cocher les trois réponses...

Eryn marchait donc en direction des portes, lorsqu’elle sentit son écharpe se resserrer peu à peu autour de son cou, elle s’arrêta net, les bras le long du corps, ses doigts légèrement relevés. Ne se doutant pas un seul instant que la Gryffondor venait de lui bousiller son écharpe préférée, la jeune fille se retourna, fixant la rouquine d‘un regard à vous en faire des frissons. Remarquant ensuite un bout de son écharpe rebondir contre sa robe, déposant au passage une grosse tâche de crème, qui au comble de son désespoir coula un peu. Les yeux de la jeune fille doublèrent de volume à une vitesse vertigineuse. Elle attrapa le bout de son écharpe, le portant jusqu’à son visage... Complètement couverte de crème fouetté, un désastre. Elle passa sa main sur la surface, enlevant une couche assez épaisse qui n’avait encore eut le temps de s’infiltrer dans la laine. Eryn releva son regard d’émeraude sur la rouquine, un sourire mauvais scotché aux lèvres, et sans que sa nouvelle ‘amie’ ait le temps de lancer la moindre réplique, ou même de cligner des yeux, elle essuya le dos de sa main couverte du nuage blanc sucrée sur la robe de la Gryffondor, en plein milieu, n’épargnant pas le bout de cravate qui dépassée du col.

« Oui c’est beaucoup mieux, mais je crains qu’il ne t’en reste encore un peu. »

Sur ce, elle lui adressa un rapide sourire bourré de méprise, légèrement hautain, un soupçon de machiavélisme et enleva son écharpe qui tenait comme elle le pouvait autour du cou de la demoiselle (pour ne pas dire l’arracher). La vert et argent fit pivoter ses talons, faisant virevolter ses cheveux et reprit son chemin en direction des grandes portes en bois, son écharpe à la main, frôlant le sol au rythme des pas agacés de la demoiselle.

Serpentard. Qu’est-ce que ce mot vous évoque ? Allez-y toutes les réponses sont permises. Vous dites : perfidie, horreur, stupidité, absence d’encéphale, lâcheté, hypocrisie, débilité, manque total d’imagination, frousse, avarice, méchanceté, infamie, erreur de la nature. Toutes ces réponses sont entièrement correctes. Un Serpentard possède tous ces traits de caractère. Et encore plus quand ce Serpentard porte le nom d’Eryn McFairth. C’était la première fois que Sam adressait la parole à cette fille mais elle en avait déjà eu quelques échos. Notamment de Nate qui lui avait raconté leur altercation sur le terrain de Quidditch. Et d’après lui, la Verte et Argent semblait totalement correspondre au profil précédemment ébauché. Vous situez le personnage.

Sam avait pris un malin plaisir à lui montrer que si elle voulait jouer à ce jeu stupide de qui peut être la plus insupportable, Sam partait largement gagnante. Rappelons aussi que dans la guerre poudlardienne qui oppose la noblesse d’esprit (Gryffondor) aux critères ci-dessus évoqués (Serpentard), Sam est armée d’une hache. Alors qu’Eryn se contente de la tarte à la crème. La supériorité physique et intellectuelle l’emportera donc forcément sur l’absence de réflexion et de force. En conséquence, McFairth n’avait aucune chance, c’était scientifiquement prouvé. Et la science, c’est fiable.

Seulement voilà, le diable incarné présentement en la personne d’Eryn McFairth n’avait pas dit son dernier mot. Elle n’avait pas encore compris que c’était perdu d’avance pour elle que de se mesurer à Sam. Mais c’est normal, l’absence d’encéphale fait partie de sa définition. Alors c’était parfaitement compréhensible qu’elle continue d’essayer malgré son échec évident.

Le sourire sadique que Sam avait arboré s’effaça à l’instant ou un machiavélisme sans nom se dessina sur les lèvres de la brune. Elle lui préparait quelque chose. Sam aurait pu la sentir venir à des kilomètres. Notre rouquine préférée laissa échapper un soupir d’ennui qui traduisait parfaitement à la fois son désir intense d’enfoncer son poing sur le nez de McFairth et son impatience quant à la capacité d’assimilation des faits de la Serpentard. La jeune brune avait enlevé le surplus de crème fouettée qui ornait désormais magnifiquement son écharpe aux couleurs horribles et regardait sa main comme si elle venait de découvrir que celle-ci était composée de cinq doigts dont un opposable aux autres... Ouah une main ! Mais avant que Sam ait pu lui en faire la remarque avec ironie, McFairth étala magistralement la mixture sur les vêtements de Richards. Honnêtement, Sam n’avait que faire de son uniforme de cours. Mais la cravate... Merde, pas la cravate ! Et puis c’était une question de principe.

Sam avait lancé un regard noir de haine à la jeune brune qui s’était affairée à enlever l’écharpe dégoutante d’autour de son cou. McFairth s’était ensuite retournée en direction de la porte qui gardait l’entrée de la grande salle. Mais c’était sans compter sur Sam. Vous vous souvenez quand j’ai dit que Sam allait de façon mathématique gagner cette bataille (et même la guerre à long terme) contre Eryn ? Et bien en voici la démonstration. La rouquine que vous adorez tous (oui oui, TOUS) tendit simplement la jambe en avant. Rien de plus. Son pied passa ainsi devant celui de la Serpentard et tapa contre sa cheville. La faisant broncher. Et s’étaler majestueusement en avant sur les dalles de pierre. De tout son long. Sam passa devant elle pour être à portée de sa vue, manquant de peu de lui écraser les doigts. Elle s’éloigna assez pour qu’Eryn ne puisse la toucher de là où elle était.

Faudrait que tu songes à apprendre à marcher, ça pourrait te servir dans la vie.

Scientifiquement? Jvous en foutrais moi du scientifique. Et puis vous devriez savoir depuis le temps que rien n’est impossible avec McFairth, surtout quand elle s’appelle Eryn, qu’elle est à Serpentard et que son écharpe préférée vient d’être tâchée par une mixture blanchâtre particulièrement dure à nettoyer, offerte généreusement par une Bouffondor de première catégorie complètement à côté de la plaque pour qui la vie se résume à manger et embêter le monde. Ce que ça doit être lassant à force... Notre jeune Vert et Argent s’apprêtait donc à fausser compagnie pour la seconde fois à la cinquième année qui commençait néanmoins à chauffer... Tant mieux, ça lui fera les pieds. Mais apparemment, la rouquine volcanique n’avait pas dit son dernier mot.

Eryn n’eut le temps de faire que quelques pas, lorsque sa cheville rencontra un obstacle pour le moins imprévus. Obstacle qui suffit à la jeune fille à perdre son équilibre. Elle essaya de se rattraper de justesse, mais son pied écrasa son écharpe, qu’elle tenait de sa main droite, tout en faisant de grand moulinet pour réussir à rester debout. L’écharpe se tend, le pied glisse... A première vue on a perdu le contrôle des jambes... Quoi? Les bras de réagissent plus non plus? Que voulez vous que je vous dises... C’est la fin des spaghettis. Eryn s’étale de tout son long, l’écharpe déjà tachée écope en plus de quelques poussières qui traînaient sur le sol. Le visage de la vert et argent a éviter la catastrophe de quelques centimètres... Grâce au cerveau qui a retrouvé le contact avec le réseau des bras au dernier moment. La jeune fille se mord la langue, pour éviter de crier, heureusement la grande salle avait enfin finit par se vider, il n’y avait donc eu aucun témoin de la scène à part évidement... Cette bouffondor, estomac sur pattes munit d’un cerveau... En modèle réduit certes mais un cerveau quand même. Et puis ça ne devait pas trop la déranger. Les bouffondors devaient s’en contenter amplement, voir même, il devait souvent arriver qu’ils ne sachent pas quoi faire de ce surplus d’infime matière grise qui occupé leur grande tête vide. Et reconvertissait ce surplus dans l’humble quête qui leur était attribué, pourrir le monde avec leurs débilités.

Bref passons, on a Eryn au sol. Elle ferma les yeux tentant de calmer son émotivité. Elle les réouvrit presque immédiatement, juste à temps pour voir la rouquine la dépasser de quelques pas... Mais pas assez. Heureusement, que les rouge et or n’avaient pas penser à recycler leur matière grise de trop dans l’évaluation des distances. Eryn qui tenait toujours un bout de l’écharpe, que l’on pouvait qualifier de serpillière maintenant, fit glisser le corps en laine sur les deux mètre qu’elle pouvait couvrir, faisait, à la fin jouer son poigner. La nouvelle serpillière décrivit un arc de cercle autour des pieds de la rouquine, et attrapa l’autre extrémité de sa main libre. Eryn, leva la tête autant qu’elle le pouvait, adressant son grand sourire habituel à la façon: Tferais mieux de regarder où tu mets tes pied au lieu de parler, puis tira d’un coup sec sur les deux extrémités du bout de laine, tout en se redressant en même temps. L’écharpe balaya au passage les talon de la bouffondor, qui s’écrasa au sol.

Eryn, se releva, enroulant son écharpe tel un col boy enroulé son lasso, assez satisfaite de son effet. Elle s’éloigna à son tour, faisait gaffe, elle, d’être hors de porté de Richards.

Je te retourne le compliment.

La rouquine surchauffait, tel un volcan prêt à entrer en éruption. La vert et argent était sur ses gardes, sans oublier de se moquer de la rouquine volcanique.

Comment qualifieriez-vous Eryn McFairth ? Une salope, oui c’est le mot. Mais je voulais quelque chose de plus... flex. Oui je sais, ça veut rien dire. Quelque chose de plus littéraire dirons-nous, de plus recherché. Quelque chose rassurant le monde sur la supériorité mentale de Sam. Disons, un cas social. Eryn McFairth était un cas social. Qu’est-ce qu’un fait social ? Pour le savoir, il faut d’abord rompre avec les prénotions. Et c’est l’erreur que Sam avait commise. Elle n’avait pas rompu avec les prénotions. Que sont les prénotions me demanderez-vous ? Et bien je vais vous expliquer. Les prénotions sont les préjugés que l’on peut avoir sur les choses. Des jugements que l’on se fait a priori. Et si on ne rompt avec elles, on risque de tomber dans un piège qui peut être de sous-estimer le fait social. Et Sam était tombée dans le piège des prénotions. Rassurez-vous, elle ne fera plus jamais cette erreur stupide.

Donc, Sam venait dès à présent de rompre avec ces foutues prénotions à la con. Que faut-il faire ensuite ? Et bien, une fois ces prénotions rejetées, on peut enfin redéfinir le fait social. Et c’est à ce moment-là seulement qu’on peut le dire, Eryn McFairth était une salope. Vous avez suivi ? Non ? C’est simple pourtant, c’est sociologique. Enfin, laissez tomber, retenez juste la conclusion ça suffira, Eryn McFairth était une salope.

La fameuse serpillère comme l’a qualifiée Eryn – remarquez la suspecte consonance entre « serpillère » et « Serpentard » ... hasard ? ça m’étonnerait beaucoup – était venue se resserrer autour des chevilles de Richards pour lui faire perdre l’équilibre et s’étaler violemment sur le sol. Et c’est à ce moment-là que vous vous dites qu’elle a caché sa très célèbre hache dans la Grande Salle, qu’elle va la sortir par un mécanisme de génie abracadabrant et qu’elle va trancher la tête de la Vert et Argent d’un coup d’un seul... Et bien non. Non pas que Sam ne soit pas capable d’user de mécanismes de génie abracadabrants, non, ça elle le faisait en permanence. Non c’est juste que la rumeur sur la hache ne serait plus une rumeur si elle s’en servait. Une légende n’est légendaire que parce qu’on n’est pas certains qu’elle soit réelle. Et jusqu’à présent, personne n’a encore jamais vu de hache dans Poudlard que je sache. Ou en tout cas, personne de vivant... Prenez ça comme vous le voulez...

Je te retourne le compliment.

Oui. Oui la rouquine surchauffait. Et en effet, elle était prête à entrer en éruption. D’ailleurs, elle le faisait. Lentement, très lentement – et quand Sam prend son temps, ça n’est franchement pas rassurant – Richards se releva, la tête baissée, ses mèches criardes masquant son visage. Lentement, très lentement – là, je pense qu’il faut s’inquiéter – elle leva les yeux vers McFairth, sans dire un mot (c’est parce qu’elle parle pas aussi qu’il faut s’inquiéter). Et son regard électrique vint se river sur les yeux couleur eau-des-marais-dans-lesquels-Ombrage-prend-son-bain-du-matin de la Serpentard. Et là... à la place d’Eryn j’aurais eu peur. Au fond des prunelles bleutées de Sam, on pouvait sans difficulté apercevoir des flammes dansantes. Un regard à vous faire frissonner un chameau en plein désert. Alors imaginez la pire des chacals au fin fond de l’Angleterre... Quoi, on dit des chacaux ?

Toujours très lentement, Sam plongea ses mains dans ses poches, sans lâcher McFairth de son regard de braise. Et soudain, tout sembla s’accélérer. Un peu comme dans ces choses que les moldus regardent pendant des heures où on voit des gens vivre des histoires débilement impossibles sur des sujets débiles au possible. Ouais, des films (chose dont Sam ignore l’existence mais c’est pour que vous compreniez la situation). La scène précédente semblait s’être passée au ralenti. La manière dont elle s’était levée, dont elle avait accroché le regard de la brune, dont elle avait plongé les mains dans ses poches avec désinvolture. Mais là, tout reprenait son rythme normal. Sans laisser à McFairth le temps de comprendre ce qu’il se passait – on n’a pas toute l’année devant nous non plus – elle resserra ses doigts sur sa baguette, se jeta avec brutalité sur Eryn, lui plaquant le dos contre le mur de pierre et pointa l’engin sur son visage. Il y avait des choses, beaucoup de choses, sur lesquelles Sam pouvait plaisanter. Mais elle avait certains principes, et restait très à cheval dessus. On ne plaisante plus là. Seulement voilà...

RICHARDS !
Quoi ?
Lâchez de suite votre camarade !

Après avoir jeté un regard mauvais à McFairth, Sam baissa son bras et se retourna, tout sourire, vers un grand homme aux longs cheveux noirs et gras, tout comme son nez d’ailleurs (pour le gras, parce que le nez noir... bof).

Vous arrivez toujours au mauvais moment !
... professeur.
Où ça ?
Vous voulez une retenue Richards ?
Pourquoi vous posez la question quand vous connaissez la réponse ?

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