Petite visite en cuisine avant le couvre feu

[Reservé]

Les couloirs étaient déserts en cette paisible fin d’après midi. En effet, l’heure du couvre feu allait bientôt sonnée, et la plupart des élèves étaient déjà bien au chaud soit dans leur salle commune, soit dans leur dortoir !
Pourtant, une silhouette se déplaçait dans les environs de la cuisine, un paquet dissimulé sous son bras. C’était Basile, qui prenant bien garde à ne pas laisser échapper son butin, marchait rapidement en direction de ses dortoirs.
Il n’avait en effet aucune envie de se retrouver nez à nez avec Ombrage et par la même occasion passer le reste de ses après midi dans son bureau !
La mine légèrement soucieuse, le garçon sortit un pain au chocolat de son paquet. Les elfes de maison avaient été généreux (une fois de plus), et lui avait offert avec de maintes révérences de quoi grignoter toute la nuit !
Le secret du tableau n’était en effet pas si bien gardé que ça, et Basile avait réussi à entrer dans les cuisines sans grande peine. Comment s’y rendre, il l’avait apprit l’année précédente et avait prit l’habitude en période d’examens de s’y rendre pour faire ses réserves.
En effet, il lui arrivait de travailler jusque tard la nuit, et de quoi se remplir le ventre était toujours le bienvenue.

Aujourd’hui, il avait réussit à récupérer une multitude de petites pâtisseries, des sablés, et quelques boissons que les elfes avaient soigneusement embouteillées.
Mais tandis qu’il parcourait les couloirs de ses grandes enjambées, il fut surprit par la voix d’un tableau semblant venir d’outre tombe.
Laissant échapper un léger cri, le garçon lâcha son paquet qui alla s’effondrer au sol. Les bouteilles roulèrent au sol dans un bruit fracassant, et les croissants et autres gâteaux s’éparpillèrent en cascade.

Le garçon laissa échapper un juron avant de se baisser. Le tableau lui, (représentant une vieille sorcière aux traits tombants) décrétait de sa voix morne :

« Vous devriez faire plus attention jeune homme ! Et quels sont donc ces vulgarités ? ah les jeunes de nos jours… »

S’emparant d’une bouteille, Basile grogna à l’intention du tableau :


La vieille femme ricana avant d’ajouter :

« Quelque chose me dit que vous avez quelque chose à cacher mon garçon ! Mais bon, que peut donc faire une pauvre vieille dame telle que moi ! ..Vous vous baladez toujours tout seul ou c’est que l’on vous a oublié ? »

Le Serdaigle soupira. Non mais c’était qui cette folle ? Et de quelle droit elle se permettait de lui faire des réflexions hein ?
Il répondit néanmoins :



Un petit bruit se fit alors entendre. Basile haletant se retourna d’un bond, s’attendant à se retrouver face à un enseignant. Mais heureusement (?) pour lui, la personne se trouvait être une élève de sa propre maison.

Se levant en trombe, Basile avait grand mal à masquer sa surprise. Son cerveau fonctionnait à toute vitesse tandis qu’il cherchait une excuse valable à formuler. Après tout c’était lui qui se trouvait à même le sol en train de se battre avec un tableau et trois petits pains ! Il devait vraiment paraître ridicule et en était parfaitement conscient.
Comme à chaque fois lorsqu’il se sentait dépassé par ses émotions, il rougissait violement.

*Non non non ! M***e !! il faut évidement que ça arrive maintenant !*

Résultat : Le Serdaigle restait figé, brandissant toujours d’une manière risible une bouteille de Bierraubeurre.Il fallut que la dame au tableau prenne la parole pour que Basile réagisse enfin.

« Et alors ? Tu as perdu ta langue ? Tu étais pourtant plutôt loquace il y a trois secondes ! »

*Il faudrait que je pense à revenir ici pour le brûler ce fichu tableau !*

Se remuant enfin, l’adolescent se détendit, et fit le gêné. Autant aller jusqu’au bout de son rôle, de toute façon il ne pouvait pas vraiment s’en sortir en inventant une version différente (d’autant plus que la vieille dame au tableau se serait fait une joie de démentir !)

Se grattant l’arrière de la nuque (et ignorant au passage les réflexions du tableau), il entonna en hésitant :

« Euh .. Salut ! Tu…tu vas bien ? »

*Pourquoi fallait il qu’elle soit là elle ! Si l’envie lui prend de raconter à tout le monde cet incident, je risque de devenir le manchot de service ! Vraiment !*

Puis il sortit sa baguette magique avant de lancer un sort à voix basse. Les différents aliments et boissons vinrent s’empiler pèle mêle dans le drap qu’il avait prit dans l’instant qui suivit. Soulevant son baluchon, le Serdaigle jeta un regard curieux à sa camarade. Il se demandait bien comment allait elle réagir.



Basile espérait être crédible. Seulement, la carte du ‘pauvre garçon dépassé par les événements’ ne lui allait pas vraiment.
Comme pour mieux l’enfoncer, le tableau rappela sa présence en enchainant d'un ton railleur :

Basile se mordit la lèvre. Sans faire exprès et une fois de plus il paraissait ridicule. Il avait d’ailleurs du mal à trier réelles émotions et masques ! Etait il vraiment gêné, ou était-ce seulement pour attendrir la jeune fille se trouvant devant lui ? pour le coup il ne savait plus du tout, et si il y avait une chose dont le garçon avait horreur, c’était de ne plus se contrôler, de ne plus contrôler la situation.

En attendant de trouver quelle démarche adopter, il choisit de réagir le plus simplement possible : sans afficher la moindre émotion. Du coup il faisait vaguement penser à une coquille vide, mais ne risquait pas de s’emmêler les pinceaux dans les différents rôles qu’il se donnait !
Il répondit donc le plus simplement possible à toutes les questions que lui posait sa camarade.

« Oui ca va…. »

La jeune fille lui annonça ensuite qu’il n’était pas nécessaire de se justifier. Il hocha la tête faiblement.
Il devait y avoir une raison à tout cela. Celle qui lui paraissait la plus plausible se trouvait être ‘la fatigue’. Voilà, c’était tout à fait ça !
En plus d’être épuisé, se faire agresser par un tableau-furie ne l’aidait pas comme il le souhaiterait !

De son côté Kirinia le défendait. C’était d’ailleurs très sympa de sa part, même si la dame au tableau avait largement dépassé les bornes.
Malgré la gentillesse de sa collègue, le garçon ne pouvait s’empêcher e contracter des pensées de haine.

*Mais pourquoi est-ce qu’elle me défend ? Je ne lui ai rien demandé pourtant ! Qu’elle me laisse me débrouiller tout seul que diable !*

« Merci. » dit il cependant, presque par automatisme.

Malheureusement la vieille dame supportait très mal le fait d’être traitée de la sorte ! Gonflant ses joues, elle devint rouge comme une tomate avant de littéralement exploser :

« Je suis un des plus beaux tableaux de ce château jeune fille ! En tant que tel, j’attendrais de votre part un minimum de respect ! »

Plissant ses petits yeux elle ajouta :

« Il me semble que le couvre feu vient d’être passé ! Voulez vous que j’avertisse notre grande inquisitrice de votre présence ici ! qui plus est avec de la nourriture…volée ! »

*Et il fallait que ce soit une fan de Ombrage en plus ! J’ai toujours eu beaucoup de chance*

Basile se racla la gorge avant de glisser à sa camarade :

« Je suis tout à fait d’accord pour t’accompagner, je ne suis pas sur que ce soit une bonne idée de rester ici. »

Puis tout en ignorant les glapissements du tableau, il prit le bras de Kirinia d’une main, et les provisions de l’autre.
Une fois éloignés, il jeta un regard aux livres de la jeune fille. Plissant les yeux, il demanda avec malice :

« Alors comme ça on vole des livres ? »

Le jeune Crimson ne pu s’empêcher de rire en repensant à ce que venait de faire sa camarade. User de sortilèges sur les tableaux de l’école doit surement figurer parmi les interdictions de Rusard ! C’était plutôt osé de la part de Kirinia et d’un certain côté il était un peu en admiration devant ce qu’elle venait de faire. Il n’aurait peu être pas osé.

Elle semblait énervée, mais répondit tout de même à la question du garçon sur le même ton taquin. Rentrant dans son jeu, Basile enchaina d’un ton faussement surprit :

« Moi ? voler ? voyons ce n’est qu’un emprunt ! Et puis les elfes avaient l’air tellement ravis de m’offrir que je n’ai pas osé refuser ! » conclu-t-il en souriant.

Puis s’emparant d’un pain au chocolat, il entama voracement une des extrémités avec appétit. Les deux Serdaigles marchaient toujours dans les couloirs, et Basile s’attendait à tomber sur ombrage à tout moment.
Il conservait donc un regard nerveux tandis qu’il finissait de manger. Observant la jeune fille à sa gauche il se demanda en silence ce qu’il allait faire.
Sympathiser ? ce n’était pas vraiment son genre bien que Kirinia ai des atouts qui n’étaient pas pour lui déplaire ! Déjà, elle était Serdaigle ce qui en soit était déjà un très bon point. Ensuite, elle n’avait pas l’air de se laisser marcher sur les pieds, il n’avait qu’à voir comment elle avait réagit face au tableau !

*Juste c’est une vraie pleurnicharde, rien qu’à voir la dernière fois dans la salle commune !*

Puis sans prévenir, il lui tendit d’un ton brusque un pain au chocolat.

« T’en veux ? » grommela-t-il sans lui jeter un regard.

Qu’est-ce qu’il n’aimait pas être gentil pour de vrai ! C’était si … étrange ! Lorsque cela lui arrivait, il avait l’impression d’être vulnérable et donc très facile à cerner. Autant dire qu’il avait horreur de s’en retrouver à de telles ‘extrémités’ !
Puis il expliqua à la jeune fille :

« J’ai pas eut le temps de manger ce soir….j’révisais. » Il jeta un regard aux livres qui les suivaient lentement. « Un peu comme toi apparemment. »

Il venait de terminer son propre pain au chocolat, et débouchait la petite bouteille de bierreaubeurre. Il gardait toujours l’esprit en alerte au cas ou il entendrait des bruits suspects. Là par contre, il ne savait pas comme il s’y prendrais pour cacher le gros paquet qu’il avait dans ses mains !

Kirinia semblait étonnée. *C’était si étrange que ça d’offrir un petit pain ?* Bon d’accord, ce n’était pas comme si cela lui arrivait souvent, et sa manière de lui en tendre un, presque à regret pouvait aussi y être pour quelque chose…
Un peu frustré, le jeune Crimson marchait derrière la russe d’un pas raide. Traîner dans les couloirs à cette heure ci ne lui plaisait pas, et cela se sentait.
A sa question, sa camarade y répondit, même si sa voix mourut à la suite d’un bruit de pas, non loin de là.
Le Serdaigle s'immobilisa net tout comme Kirinia. Il ne pouvait faire aucun geste, prit au dépourvu pour la deuxième fois de la soirée.
La jeune fille elle, lui somma d’un geste de se taire, et tout en l’attrapant par le bras, elle l’attira vers la seule porte en vue.

Heureusement pour les deux élèves, la porte n’était pas fermée, et il purent rapidement entrer dans la pièce. Tout de suite, l’odeur acre et renfermée lui monta au nez. Il faisait sombre, bien trop sombre pour se trouver dans une salle de classe. Le temps pour Basile de rendre compte qu’ils se trouvaient dans un placard à Balai que la porte se refermait, les plongeant dans une quasi-obscurité.

Basile voulu trouver une position plus confortable, mais se tapa la tête contre le mur.

« Aïe » gémit-t il tandis que Kirinia lui lançait un « ne bouge pas » ferme.

Basile s’exécuta, ne bougeant plus d’un pouce. Il sentait le souffle chaud de la jeune fille tout contre lui et ne vit qu’un point positif à cette soirée ! Sentant le rouge lui monter au joue, il était quelque part de se retrouver dans un endroit aussi mal éclairé ! Au moins, Kirinia ne pouvait pas voir son visage.
Attendant encore quelques instants, il décréta ensuite à voix basse :

« Sympa comme endroit. C’est fou comme on s’y sent à l’aise ! Attends… »

Il essayait de trouver sa baguette magique tout en gardant son paquet de victuailles bien en mains. Il ne manquerait plus qu’il le fasse tomber à nouveau !
Une fois attrapée, il entonna tout bas :

« Lumos »

Une faible lueur alla alors illuminé son visage et celui de Kirinia. On n’entendait plus de bruits de l’autre côté de la porte, mais mieux valait être prudent : Rusard ne devait pas être très loin ! Et sa chatte sentait à plus de vingt mètres la présence d’élèves !
Soupirant un peu, Basile semblait troublé. Lui qui comptait rentrer tranquillement jusqu’à sa tour, se retrouvait embarquée dans une histoire pas possible !
Mais voyons les chose du bon côté : Ce n’était pas tout les jours qu’il avait l’occasion de se retrouver enfermer dans un placard avec une aussi jolie fille que Kirinia!

Basile avait totalement oublié que sa camarade avait ses livres avec elle. Il ne s’en rendit à vrai dire compte que lorsque la pale lueur de sa baguette illumina le placard ou ils étaient contraints de rester. Ca ne devait pas être très agréable, mais valait mieux ne pas compter sur lui pour l’aider à les extirper de là !Tant pis pour elle, lui-même n’était pas à son aise !

Citation :

"Mais qu'est-ce que tu cherches, bon sang? Tu veux pas arrêter de bouger?"

« Au cas ou tu ne l’aurais pas remarqué, on est un peu à l’étroit ici ! Je fais ce que je peux ! »

Il remarqua alors à ce moment à quel point la jeune fille était près de lui. Il voyait le moindre de ses cils, et le regard qu’elle lui lança eut pour effet de rougir sans qu’il en sache vraiment pourquoi. Il n’avait pas non plus trop l’habitude de contacts avec les filles. Non pas qu’il n’avait eut de relation avec l’une d’entre elle, mais à Poudlard cela restait tout de même rare. On le trouvait bien trop égoïste, distant et quasi impossible à cerner.

Pour justifier son brusque changement de teint, il eut un raclement de gorge avant de rétorquer d’une vois un peu près assurée :

« Hum ..c’est moi ou il fait un peu chaud ici ? »

*Super! C'était exactement le truc à dire! Non mais quel crétin!*

Puis il ne dit plus rien pendant un petit moment. D’habitude il avait toujours ces phrases toutes prêtes dont il usait presque naturellement, mais là il était un peu prit de court !
Il maudissait Rusard, Ombrage et son couvre feu, puis ces satanés elfes qui l’avait fait attendre ! Il avait faim, il était très mal installé, et qui plus est il n’avait aucun sujet de conversation qui lui venait en tête ! En même temps, que voulais tu donc dire dans une situation pareil ?

« Bon, en tout cas c’est intéressant comme expérience ! pour ma part ça m’ai jamais vraiment arrivé ! »

Il tendit l’oreille avant d’ajouter un peu plus fort :

« Tu crois qu’il est parti ? »

*Non pas que je m’ennuie, mais j’aimerais éviter de passer ma nuit ici !*

Il eut tout de même un sourire amusé en remarquant la tête que faisait Kirinia. Elle se moquait de lui ou quoi ? Le pire c’est que cela ne le dérangeait pas. Croisant les bras (ce qui était en soit chose difficile) il décréta avec malice :

« Quoi ? Je suis parfaitement bien installé ! »

*Ah si seulement c’était vrai ...remarque!!*

Bon. Se retrouver cloitrer dans si petit espace avec une autre personne ne l’aidait apparemment pas à se montrer plus sympa que s’accoutumé !
Il avait le dos courbé, il avait faim, il avait chaud … bref, il n’était vraiment pas à son aise.

Et lorsqu’il tenta tant bien que mal de trouver un sujet de conversation (qui était, il fallait l’avouer inintéressant au possible ) la russe se contenta de lui répondre apparemment exaspérée qu’il n’avait qu’à se déshabiller.

« Pourquoi pas, si c’est ce que tu veux ! » lui répondit il légèrement agacé.

Il ne pouvait d’ailleurs s’empêcher de bouger. Rester ainsi dans cette position aussi grotesque que désagréable, très peu pour lui ! D’autant plus qu’il n’avait pas l’habitude de ne pas bouger du tout, il fallait toujours qu’il soit en mouvement pour se sentir à l’aise. Et puis il y avait aussi la proximité de sa camarade. Basile n’avait pas l’habitude des contacts physiques, et évitait de s’y retrouver confronter !

En réponse à sa question, à savoir si Rusard était parti, le rire de Pevees l’esprit frappeur retentit dans le couloir. Non, définitivement non ! Ils n’avaient vraiment pas intérêt à sortir maintenant, à moins de vouloir réveiller tout le château ! Le fantôme serait en effet tout à fait capable d’ameuter tout Poudlard, d’autant plus qu’il n’aimait pas le sixième année. Tout ça parce qu’il lui avait exprimé ses doutes sur sa capacité à se montrer utile au château lorsqu’il était en quatrième année … ce que les ectoplasmes ca pouvait être susceptibles !
Toujours est il qu’il évitait à présent de croiser l’esprit frappeur…

Pourtant, il n’y avait aucun risque pour qu’il éteigne sa baguette. De toute façon Pevees ne remarquait pas que deux élèves se trouvaient enfermés dans le placard à balai ! Il devait être bien trop occupé à perturber le calme qu’il devait sans doute trouver un peu trop persistant à son gout !

Il allait enchainer en rétorquant à quel point il pouvait trouver le fantôme stupide lorsque Kirinia sans crier gare lui attrapa ses bras avant de les placer entre son dos et les livres qu’il avait finit par oublier. Il faillit pousser un cri de douleur mais la jeune fille posa sa main sur sa bouche lui déconseillant ainsi d’émettre le moindre son !
Ils attendirent ainsi quelques instants, et Basile se demanda si il allait encore pouvoir se servir de ses bras lorsque cette histoire se serait terminée !

Oh et puis il en avait assez ! La fatigue commençait aussi à se faire sentir, et puis qu’est-ce qu’ils faisaient tous debout d’ailleurs ? Ils avaient pas une autre aile du château à visiter !?
Le garçon eut un soupire avant de poser sa tête sur l’épaule de Kirinia. Puis il ferma les yeux attendant que ça passe. La jeune fille sentait bon, et c’était vraiment reposant pour lui de ne pas avoir à se tordre le cou pour ne pas se prendre le plafond !

Depuis combien de temps les deux adolescents se trouvaient-ils ainsi enfermés ? Basile n’aurait su dire. Dix minutes ? Quinze ? Pour sa part, cette partie de cache-cache lui semblait interminable. Il avait beau se dire qu’il valait mieux rester une heure enfermé plutôt que de se faire attraper par Rusard, il ne pouvait non plus ignorer la faible vitesse à laquelle le temps filait.
Bien trop frustré pour remarquer la toute nouvelle gène de la Russe, il cherchait au contraire par tous les moyens possibles à éviter son regard.

“T'oserais même pas...”

Basile ne répondit pas, se contentant d’afficher une mine boudeuse. Bien sur qu’il n’oserait pas; en arriver à de telles extrémités pour avoir le dernier mot très peu pour lui !
Le garçon eut un léger sursaut au rire aigre de Peeves, qui semblait alors passez non loin de là. Les bribes de paroles qui sortaient de la bouche du spectre n’étaient en rien rassurantes. Basile n’attendit donc pas d’avantage pour suivre les ordres de sa camarade : Dégageant un de ses bras (avec difficulté), il répondit dans un souffle :

« Très bien … Nox. »

La lumière tomba sur le visage gêné de Kirinia. Le temps pour Basile de remarquer son inhabituelle teinte de peau. Un peu troublé par ce qu’il venait de voir, il rangea d’un mouvement hésitant sa baguette. Mais la jeune fille ne pouvait à présent distinguer sa surprise, les deux Serdaigles se trouvant de nouveau dans l’obscurité la plus complète. Il aurait préféré qu’il n’en soit rien, en l’absence de lumière il perdait tous ses repaires.

Puis lorsqu’il posa sa tête sur l’épaule de la cinquième année, il ne pensa pas une seule seconde à la gène que ce geste pourrait occasionner. C’était d’ailleurs presque inconstamment qu’il avait fait ça, dans un élan de fatigue extrême. Il ne s’attendait en aucun cas à ce que Kirinia fasse de même. A présent leur tête étaient si proches l’une de l’autre qu’il pouvait parler sans pour autant se faire repérer.
D’une voix hésitante il murmura :

« Kirinia…Je voulais m’excuser pour mon comportement de tout à l’heure…je n’ai pas été très…très sympa … »

Embarrassé d’avoir à s’excuser (et de remarquer à quel point il était sincère), Basile se tût. Il n’était pas souvent aimable avec les autres, mais lorsque cela lui arrivait il se trouvait immédiatement confus, comme le fait d’être gentil était en soi dérangeant.
Il avait d’autant plus de mal à parler que la proximité de la Serdaigle se trouvait de moins en moins déplaisante.
Ne souhaitant pas s’attarder sur le sujet, et surtout pour chasser l’embarras qui ne semblait vouloir le quitter, il enchaina, toujours d’une voix audible pour Kirinia et elle seule :

« Tes proches ne te manquent pas ? Enfin, je ne sais pas si ta famille est toujours en Russie ou pas mais… »

N’achevant pas sa phrase, il ne contenta de relever légèrement la tête, fixant le mur se trouvant face à lui…Il s’était à présent habitué à l’obscurité, bien qu’il ne discernait pas grand-chose. Juste la tête de sa camarade toujours posée sur son épaule, juste ses bras à lui faisant barrière entre les livres et le dos de la jeune fille.

Basile était aveugle, mais peut être pas assez pour ignorer ce qu’il se passait du côté de Kirinia. Sa respiration saccadée, son cœur qui battait si fort qu’il pouvait l’entendre, bref. Il n’était pas bien difficile que quelque chose n’allait pas pour la cinquième année.
Pour sa part, Basile était de plus en plus mal à l’aise. Mal à l’aise car il avait peur de comprendre. Alors il faisait comme si de rien n’était, espérant de tout cœur qu’il se soit trompé.

Mais lorsque les lèves de Kirinia rencontrèrent les siennes, il lui était alors impossible d’ignorer ce qu’il venait de se passer. La gène de la Russe était d’autant plus touchante qu’elle paraissait sincère lors de ses excuses. Basile lui, ne dît rien l’espace d’un instant. Ce qui ‘était en train de se passer dans sa tête, lui même n’aurait du dire. Ce n’était pas désagréable, loin de là mais une fois encore, était-ce ce qu’il souhaitait ?
Embarrassé, il décréta en pesant bien ses mots :

« Ce n’est rien Kirinia … C’était un accident ...n’est-ce pas ? »

Il essayait lui même de s’en convaincre. Qu’ajouter de plus ? Bien sûr Kirinia était jolie, bien sûr elle avait l’air sympathique. Mais ce n’était pas aussi simple que ça, d’autant plus lorsqu’il s’agissait de Basile.
Soudain un peu ailleurs, il mit un temps avant de comprendre qu’on lui adressait de nouveau la parole. Avec un léger sursaut, il tourna légèrement la tête. La voix de la jeune fille était si proche, que ses mots semblaient d’avantage l’atteindre.
Son père. Un moldu. Une personne absente. Qui l’aurait cru en voyant la jeune élève ? Lui même avait un père peu attentif, mais il avait au moins la chance de pouvoir le connaître.

« Il nous frappait, nous menaçait. Et... L'année dernière, il a débarqué à Durmstrang. C'est à cause de lui, si je suis à Poudlard... »

De nouveau un grand silence. Le Serdaigle ne savait pas quoi dire. Ou si il savait. Mais quant à savoir comment le dire….

« Je suis désolé Kirinia… »

Il se demandait si d’autres élèves étaient au courant de cette histoire. Et il se demandait également pourquoi la jeune fille lui avouait ça à lui. Personne ne lui confiait de secrets, jamais. Il était à a fois étonné et heureux qu’on lui accorde un semblant de confiance.

« Tu voudras m’en parler lorsqu’on sera sorti d’ici ? »Il ajouta précipitamment "enfin si tu veux bien sur… »

[Il est bof mais je ferais mieux la prochaine fois promis !]

"Oui... Bien sûr. Pourquoi?"

Basile se détendit légèrement. Si c’était un accident alors…Avec l’obscurité dans laquelle ils étaient totalement plongés, il trouvait légitime de se poser ce genre de questions. A présent on pouvait donc considérer que l’affaire était classée. Oui, vu sous cet angle là il était beaucoup plus facile de penser à autre chose.
Pourquoi cet ’accident’ le gênait autant ? Car il avait une vague impression de déjà vu, un déjà vu qui ne remontait qu’à quelques semaines plus tôt. Temps beaucoup court pour que lui ne soit pas troublé en ces instants. Pas de parc cette fois ci, et aucune Gryffondor en vue. Bien sûr que c’était différent, mais n’empêche qu’il y avait de quoi trouver la situation étrange. Non ?

« Non…Pour rien. »

Le regard de nouveau fixe, le garçon ne pouvait le détacher du mur qui se trouvait devant lui. Tout sauf croiser le regard de sa camarade, tout sauf montrer qu’il était complètement dépassé par les événements...
Kirinia posa de nouveau sa tête contre son épaule. Basile ferma les yeux dans la recherche d’un semblant de repos. Bien trop de choses s’étaient produites en l’espace de quelques minutes, l’amenant à réfléchir sur certains points. En particulier sur cette gentillesse qu’il ne se connaissait pas. Tout du moins avec des inconnus. Pourquoi ne pouvait il pas l’admettre et concevoir qu’il avait changé ? Parce que ce n’était pas lui, parce qu’il n’était pas près à accepter le nouveau Basile.

« Tu es désolé de quoi? Tu ne pouvais pas savoir... »

« Oui…Tu as sans doute raison. »

Sa propre voix lui paraissait alors si lointaine, si distante…Il avait l’impression de quitter son corps, de se trouver ailleurs. Voilà autre chose qu’il lui arrivait de plus en plus souvent ces temps ci…
Kirinia de son côté semblait s’effondrer. Parler de son lourd passé semblait la tourmenter au plus haut point. C’est pour cette raison que Basile ne la repoussa pas lorsqu’elle se blottit contre lui pour pleurer. Car comme dit plus tôt, le Serdaigle était tout sauf tactile. La surprise passée, seule perdurait une profonde sympathie pour cette personne qui souffrait. Il ne disait rien, les mots n’étaient d’aucune utilité dans ces moments là.

Le temps lui filait. De l’autre côté de la porte, le silence régnait. Sans doute que Peeves et Rusard avaient abandonné la chasse, car cela faisait bien dix minutes qu’aucun bruit ne s’était fait entendre.
Lorsque la Russe se fut calmée, Basile posa son doigt sur la bouche avant de lui prendre la main. Puis, poussant la porte avec le plus de délicatesse possible, il jeta un coup d’œil à l’extérieur : Personne.
Ouvrant en grand, il attira Kirinia vers l’extérieur. Maintenant il s’agissait de regagner les dortoirs sans se faire repérer...
Dans une course silencieuse les deux adolescents parcouraient les couloirs le cœur battant. Ils étaient presque arrivés que Basile fit accidentellement tomber une des bouteilles qu’il avait récupéré aux cuisines. Elle roula à terre dans un bruit sourd, et dans une trajectoire quasi rectiligne stoppa sa route contre un mur.

*Oh Mer…*

Il tendit l’oreille. Mais apparemment personne n’avait entendu. Il fit un signe à Kirinia de continuer…Avant de tomber sur Peeves.
Le sourire du spectre s’agrandit lorsque ses minuscules yeux se posèrent sur les deux Serdaigles.

« Oh oh oh, mais qui voilà ? M’sieur Crimson avec la p’tite russe. Tiens ? Vous croyez que Rusard sera content d’apprendre que deux élèves se baladent dans les couloirs bien après le couvre feu ? Ca méritera AU MOINS le renvoi non ? »

Réfléchir, et vite. Essayant tant bien que mal d’adopter une attitude des plus convaincante, il décréta d’une voix calme :

« Oh bonsoir Peeves. On était juste de passage ne t’inquiète pas ….Et je crois même que tu vas nous laisser regagner nos dortoirs sans pour autant donner nos noms à Rusard.»

Petite hésitation de la part de l’ectoplasme. Plissant le nez, il semblait légèrement sur la défensive. Il ajouta en ricanant :

« Ah ?
-Oui.
-Et pourquoi Peeves devrait vous faire cet honneur hein ? »

Le fantôme cherchait dans le regard du garçon une pointe de faiblesse, le signal qui lui permettrait de lancer l’alarme (autrement dit de hurler à la mort dans tous les couloirs). Seule la curiosité le retenait. Basile enchaîna :

« Parce que je t’ai vu en train de mettre du désordre dans la collection de crânes du baron sanglant. Je ne crois pas qu’il serait très content si il venait à savoir que c’était de TA faute. »

Peeves devint aussi rouge que son enveloppe corporelle lui permettait, puis après quelques jurons poussés à voix basse il assura d’un ton étranglé :

« Il ne te croira pas! Il ne t’écoutera pas !
-On parie combien ? »

Apparemment le spectre ne préférait pas vérifier, et après quelques grimaces de colère il passa eu travers d’un mur sans un bruit.
Soupirant de soulagement, le Serdaigle se tourna en direction de Kirinia.

« On ferait mieux de se dépêcher. Même si Peeves ne donnera pas nos noms, vu comme il est il va sûrement s’arranger pour qu’on se fasse coincer…Là je suis sûr qu’il va attirer l’attention de Rusard pour qu’il vienne dans le coin. »

Et il n’avait pas tort. Soudain un immense fracas se fit entendre dans une pièce voisine. Les deux Serdaigles avaient intérêt à ne pas s’éterniser.

[J’ai un peu improvisé, sinon je pense qu’on aurait vite été bloqués.. j’espère que ça te va !]