Les arbres qui ondulent, se gaussant des étoiles prétentieuses qui parsèment un ciel d'une clarté sans pareil.
Des branches sinueuses freinant le moindre rayon lunaire, interdit pudique aux regards trop sévères.
Un renard jonglait encore, quelques heures auparavant, parmi les racines sinueuses parfois prédatrices d'une innocence malvenue, il se glissait joyeusement dans la moindre embouchures, jappant d'un jeu trépidant: la poursuite d'une hermine.
La très sournoise, s'était d'ailleurs hissée à une branche plus haute, et le fennec aux allures argentés avait du se résoudre à perdre la partie, l'heure avançant, il lui fallait recouvrir forme humaine, prendre la figure masquée, habituelle étrenne.
L'animal se glissa un peu plus loin, dans un entremêlements alambiqués d'un végétal douteux, repérant enfin le sycomore qui lui servait d'abris, sa grotte boisée, protection naturelle du gouffre forestier.
Une lumière timide se risqua à l'échancrure de quelques branches, caressant une peau blaffarde, parsemée d'anciennes déchirures. Nepenthès ajusta sa cape, et la lanterne qu'il avait pris soin d'y dissimuler, parant la convalescence dernière d'une baguette capricieuse.
L'androgyne marcha prudemment à pas de goupil, se méfiant particulièrement de toute présence arachnide, sa dernière rencontre avec ces demoiselles mastodontes, avait failli lui être fatale.
Et puis, l'adolescent n'avait pas la moindre envie de croiser qui que ce soit, cela tenait du miracle qu'il soit encore en vie et non demasqué, mais il n'y avait que la forêt qui, d'un accord tacite, lui permettait d'être sauvagement libre, se delestant de tout apparât.
Mais visiblement, Névé n'était pas seul, il fronça les sourcils,
*Encore un inconscient, comme si la menace n'était que chimère, on entre en Elle qu'avec de bonnes raisons...
Ou de sérieuses protections!*
Il soupira longuement, haussa les épaules, suivant l'élève, sa vue déjà habituée à l'obscurité lui permit de jauger l'aspect féminin de cette ombre folle déambulant en ces sentiers dangereux.
Devait-il la suivre? Après tout, cela ne le regardait pas.
Et s'il lui arrivait malheur?
*Bien sûr, et je saluerai les Dames Araignées, histoire de leur demander si elles ne voudraient pas remettre le couvert, ça me manquerait presque.*
Cynique Nepenthès? Un brin las des conséquences qui n'était pas de son fait.
(Puisque les autres, il n'en avait plus qu'un seul coupable.)
*Mais c'est qu'elle risquerait sa vie! Raaaah
J'ai du être un chevalier idiot dans une autre vie; sans doute un Quichotte absurde qui voudrait venger son inutilité d'alors par des élans soit disant salvateurs?*
Et l'androgyne s'avançait, délibérement bruyant, avançant sa lanterne pour une remarque courte mais discrète.
*Une Gryfonne! Bin voyons!
Après tout, la dernière, c'était une serdaigle un peu trop observatrice et un serpy maladroit.*
La jeune fille venait de le surprendre par une faible lueur, répliquant d'un sourire visiblement rassuré la première parole sage de l'instant.
*Le lac dont elle n'aurait jamais du s'éloigner. Allez va, Névé, ne soit pas cavalier, montre toi bon prince... Ou pas.
Un de ces quatre, je finirai par tomber nez à nez devant un élève en pleine démorphose...*
Il soupira longuement, hâtant le pas vers le lac d'un geste silencieux indiquant à l'imprudente de le suivre, puis distraitement, il lança:
"Dois-je m'éttonner du "l'audace" de Ma maison?"