Poudlard Fantastique
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 "Amies pour la vie"

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Aléa Karma
Elève de Poufsouffle en 7ème année, Préfet (AD)
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MessageSujet: "Amies pour la vie"   "Amies pour la vie" Iconminitime1wn2Lun 8 Jan - 15:26

Six ans... Cela faisait déjà six ans... Six ans qu'une belle amitié sans nuages était née au bord d'un lac, lors d'un coucher de soleil dont la splendeur paraissait inégalable dans les souvenirs de la jeune fille que nous rejoignons dans les couloirs du château de Poudlard. L'esprit complètement ailleurs, la jeune fille errait dans ces fameux couloirs, sans réellement chercher à savoir où elle allait. Six ans... ça avait duré six ans... Et c'était maintenant fini.. Le plus terrible, c'était qu'elle ne savait pas pourquoi. Elle ne savait pas ce qui avait pu se produire. Et à vrai dire, moi non plus. Je ne sais pas comment c'est arrivé. Comment deux personnes, si proches l'une de l'autre autrefois, comment pouvaient-elles voir leurs chemins se séparer comme ça sans rien pouvoir y faire? Un flash-back serait le bienvenu, me direz-vous, pour comprendre exactement ce qui a pu se passer... J'y ai déjà songé, mais à moins de repasser près de six ans d'études au flash-back, je doute que cela puisse fonctionner.. ça s'est fait avec le temps, c'est la conclusion à laquelle on arrive après réflexion. Et la route est longue avant de pouvoir guérir de cette blessure. Parce que c'est bel et bien une blessure dont a hérité Aléa de cette amitié qu'elle croyait indestructible et en laquelle elle avait foi comme elle ne l'avait jamais fait auparavant. "Amies pour la vie". C'est ce dont rêvent toutes les petites filles. Mais apparemment ce ne sont que des mots sans aucun sens que l'on oublie en grandissant. Et lorsqu'on refuse de les oublier, on est blessé de plein fouets au moment où on se rend compte qu'à nous aussi ça nous arrive. Car même si tu es resté fidèle à toi-même, la personne avec qui tu as fait ce serment, elle, l'a déjà oublié, et finit par te blesser profondément pour que tu la laisses tranquille.

UN JOUR, L'AMOUR DIT À L'AMITIÉ: "POURQUOI EXISTES-TU?" ET L'AMITIÉ RÉPOND "C'EST POUR ESSUYER LES LARMES QUE TU FAIS COULER..." Et lorsque l'amour finit par briser l'amitié, que se passe-t-il? Qui c'est qui peut essuyer les larmes de l'amitié? C'est injuste. La seule réponse que l'on peut apporter à cette question, c'est le temps. Le temps guérit les blessures, c'est bien connu. Et c'est sûrement plus difficile et plus long lorsque la plaie n'est pas à l'abri d'un autre coup. Et dans tout cela, l'amour a remplacé l'amitié dans le coeur de l'autre... Encore une chose qui s'est produite, et que l'on croyait impossible. Ce n'est pas tant le fait que l'amour ait remplacé l'amitié qui est le plus gênant. Cela voudrait dire que l'amie est jalouse de l'amour, ce qui est complètement ridicule. Et ce n'est pas une question de jalousie. La preuve, c'est qu'Aléa est contente de savoir que sa meilleure amie - pardon, ex-meilleure amie - est heureuse maintenant, plus qu'elle ne l'était avant. Elle n'arrête pas de le dire, et personne ne saurait en douter. La préfète des poufsouffles s'arrêta brusquement, provoquant d'ailleurs quelques grognements de désapprobation de la part de ceux qui étaient derrière elle, et finit par s'asseoir dans un coin du couloir, se camouflant à moitié avec la statue d'un personnage bien étrange. C'était une créature à mi-chemin entre l'elfe de maison et le gobelin, sauf qu'elle n'avait ni l'air soumis de l'elfe, ni l'air sournois du gobelin. En fait, elle avait l'air triste. Et si l'on ne regardait pas de trop près, on pouvait même avoir l'impression qu'elle pleurait.

La jeune fille repoussa quelques unes de ses mèches brunes derrière son oreille droite, puis sortit un morceau de parchemin de son sac. Inspirant un bon coup, elle commença à le relire lentement, s'imprégnant pour la énième fois de chacun des mots qui y étaient écrits.

"JE ME SUIS DIT QUE JE DEVRAIS PEUT-ÊTRE T'ÉCRIRE CE PETIT MOT, POUR QUE TU SACHES EXACTEMENT CE QUI SE PASSE..."
Maintenant qu'elle savait ce qui se passait, Aléa se demandait s'il n'aurait pas été mieux qu'elle ne sache rien du tout... Mais non, elle se posait sans cesse la question avant de savoir. Et elle mourrait d'envie de savoir, alors il ne fallait pas qu'elle regrette, maintenant qu'elle le savait. Et puis, c'était mieux comme ça. Cette situation où elles s'ignoraient presque toutes les deux commençait à devenir pesante, et c'était une bonne chose que ça soit terminé.
"JE SUIS VRAIMENT TRÈS HEUREUSE AVEC BILL. IL EST SI GENTIL ET ATTENTIF. TU DEVRAIS APPRENDRE À LE CONNAÎTRE, TU COMPRENDRAIS QUE JE VEUILLE L'ÉPOUSER À NOTRE SORTIE DE POUDLARD..."
Ce n'était pas la question! Aléa savait que William était quelqu'un de bien, même si en effet, elle n'avait jamais cherché à le connaître. Mais c'était réciproque, puisque Jody n'avait jamais cherché à connaître Tom non plus. C'était devenu normal pour tous les quatre, et elle refusait de croire que ce soit cette situation qui ait pu causer cette "rupture". Aléa trouvait simplement que Jody et Bill étaient trop jeunes pour se marier... C'est vrai quoi, où c'est qu'on a vu des gens se marier à dix-sept ans à peine? M'enfin, c'est vrai qu'ils en auraient dix-huit au moment de se marier, mais ce n'était pas une raison! Ils étaient jeunes, et Aléa avait voulu que son amie réfléchisse un peu plus, ce qu'elle ne fit pas. Suite à ce désaccord, qui paraissait si anodin quand on y pensait, les deux amies n'avaient pas pris le temps de s'expliquer, et avaient préféré aller chacune de leur côté en vivant leurs vie sans s'occuper de l'autre.
"SI TU SAVAIS COMME JE L'AIME! C'EST LA SEULE PERSONNE À QUI JE ME CONFIE MAINTENANT, ET IL Y A UNE RÉELLE HARMONIE QUI RÈGNE ENTRE NOUS DEUX. ET MAINTENANT, C'EST LUI MON MEILLEUR AMI."
C'était peut-être la chose qu'Aléa redoutait le plus, mais c'était aussi celle à laquelle elle s'attendait avec le plus de certitude. Elle savait que viendrait le jour où leurs petits amis respectifs deviendraient leurs meilleurs amis, et contrairement aux apparences, cela lui faisait plaisir que Jody s'en soit rendue compte. Au moins, maintenant, elles ne risquaient plus de s'appeler mutuellement "meilleures amies" à tout bout de champ... La raison pour laquelle Aléa se sentait blessée, elle arrivait bientôt. C'était une phrase toute simple, qu'apparemment Jody n'avait pas eu le moindre problème à écrire. Mais ce sont souvent les petites phrases qui font les grands maux.
"EN FAIT, MAINTENANT QUE J'Y PENSE, JE REGRETTE D'AVOIR EU CES SIX ANNEES D'AMITIE AVEC TOI. PARCE QUE SI CE N'ETAIT PAS A TOI QUE JE M'ETAIS CONFIE, ÇA AURAIT ETE A BILL. ET LA, EN PASSANT CES SIX ANNEES D'AMITIE AVEC TOI, J'AI PERDU SIX ANS DE COMPLICITE QUE J'AURAIS PU PASSER AVEC LUI."
Ce passage était le plus difficile à lire pour Aléa. S'il y en avait un auquel elle ne s'attendait pas en lisant la lettre pour la première fois, c'était bien celui-là. Parce que même si elle avait commencé à se douter que leur amitié ne serait plus jamais la même, elle en gardait de bons souvenirs, et elle ne s'attendait pas à lire que son amie regrettait d'avoir "gâché" six ans de sa vie dans cette amitié.

Relisant cette phrase encore et encore, la jeune fille sentit une larme qui coulait sur son visage. Elle ne l’essuya pas, sachant que celle-ci serait suivie d’autres de ses semblables, et fermant les yeux, Aléa se déconnecta peu à peu de la réalité…


Sur les cendres, allongée
Et chercher à comprendre
M'endormir, assommée
M'interdire de t'attendre

Je ne sais plus rêver, j'ai les yeux abîmés
De t'avoir trop aimer, je ne sais plus rêver
Je ne sais plus sourire
A des gens qui m'indiffèrent
M'intéresser à leur vie,
Je ne sais plus le faire

Sur une île, s'échouer
Son passé qui défile
Ni te voir, te toucher
Me savoir inutile
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Emily Jones
6ème Année à Gryffondor
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MessageSujet: Re: "Amies pour la vie"   "Amies pour la vie" Iconminitime1wn2Ven 4 Mai - 0:24

Cap.

C’était tout ce qu’elle lui avait dit. Juste un « cap ». Qui voulait tout dire. Qui voulait dire « je te pardonne », qui voulait dire « pardonne-moi », qui voulait dire « je t’aime »... Emily lui avait simplement dit « cap ». Et pour les deux jeunes filles, c’était bien plus qu’un mot enfantin. C’était toute une déclaration d’amour, d’amitié éternelle. C’était elles. Chacune d’entre elles individuellement et toutes les deux réunies. C’était Morgane. C’était Emily. C’était ce regard à nouveau complice, ces phrases commencées par l’une et terminées par l’autre, c’était ces étreintes interminables ces sourires en coin. C’était juste un « cap ». C’était toute une vie. Toute leur vie.

Et ce bracelet en argent, leur bracelet en argent, celui auquel Emily avait rêvé pendant six mois, lui encerclait maintenant le poignet. Et sentir le poids du bijou tirant sur son bras, le métal glacé sur sa peau, le bruit de l’objet frottant son poignet à chacun de ses mouvements, c’était comme renaître. C’est impressionnant ce qu’un simple bout de métal ramassé par terre dans un bar malfamé un soir d’ivresse peut représenter quelques quatre années après. Il représentait justement ces quatre années. Il représentait tous leurs délires, tous leurs moments de complicité, tout l’amour qu’elles se vouaient. Il les représentait elles. Il représentait chaque matin, quand Emily se levait et allait réveiller Morgane et que celle-ci lui grognait quelque chose que l’on va éviter de répéter. Il représentait chaque sourire que Morgane lui envoyait, qui suffisait à illuminer sa journée. Il représentait toutes ses grimaces, toutes ses paroles, tout ça. Tout ce qui faisait qu’elles étaient amies. Amies pour la vie. Et au-delà encore...

Et ce « cap » prononcé quelques temps auparavant, soir de Noël, ce « cap » suffisait à leur rendre leur amitié blessée. Alors qu’Emily était persuadée d’avoir perdu Morgane, de ne plus rien avoir à lui dire, de ne plus vouloir d’elle, de ne plus être voulue d’elle. C’était comme si elles ne s’étaient jamais quittées. Elles avaient pu à nouveau tout partager. Elles avaient ri, elles avaient pleuré, elles avaient hurlé et puis elles s’étaient embrassées en se jurant que cette fois, plus rien ni personne ne se mettrait entre elles. Il n’y avait plus qu’elles qui comptaient. Et leur bracelet. Et leur amitié. Juste elles.

Emily était heureuse. Elle était encore affectée, elle était dépendante, mais elle était heureuse en cet instant. Et c’était tout ce qui comptait. Rien d’autre n’avait de l’importance. Juste que Morgane et elle étaient redevenues ce qu’elles avaient toujours été. « Les copines d’abord ». Emily aurait aimé pouvoir hurlé à la Terre entière que ça y était, elle avait retrouvé tout ce dont elle avait besoin, que sa meilleure amie lui était revenue, et que rien au monde ne pourrait la faire se sentir mieux que ça. Elle avait envie que tout le monde sache qu’elle était heureuse. Enfin. Et tout ça ne tenait qu’en un « cap ». Le plus beau « cap » de toute sa vie. Celui qui lui avait demandé le plus d’efforts, le plus de prise sur soi, le plus de temps, le plus de larmes et surtout, le plus d’amour.

La jeune fille déambulait ainsi dans les couloirs, un étrange sourire aux lèvres. Un sourire qu’on ne lui avait pas vu depuis des mois. Pas ce sourire faux et crispé auquel tout le monde avait été habitué, non, un vrai sourire. SON sourire. Son sac sur l’épaule, elle parcourait Poudlard, posant un œil nouveau sur ce qui l’entourait. Tout semblait parfaitement parfait, sublimement sublime, magnifiquement magnifique, et on pourrait continuer comme ça pendant des heures entières. Bien sûr, il y avait toujours des zones d’ombres dans la vie d’Emily, mais elles étaient pour l’instant totalement occultées par la joie dont elle débordait. Profitons-en, ça n’allait pas durer.

Emily marchait maintenant la tête haute, disait bonjour aux gens qu’elle reconnaissait dans les couloirs sans essayer de se faire aussi petite qu’un... (pourquoi c’est le mot Billywig qui me vient en tête spontanément ?) et surtout, Emily souriait. Jusqu’au moment où quelque chose attira son attention. Là, sa mine si joyeuse se fit inquiète et son sourire fit place à un pincement de lèvres. Elle fit quelques pas vers l’objet de sa préoccupation soudaine, s’accroupit en face de la statue mi-elfe-mi-gobelin et posa sa main sur l’épaule de la jeune fille aux joues noyées de larmes, cherchant à capter son regard.


Hey... Aléa... Qu’est-ce qu’il y a ?


[Et quatre mois plus tard, une réponse apparut "Amies pour la vie" 11 . Ah ça fait trop du bien une Mily happy, ça me manquait. Je t'aime Lélouille, je sais que c'est dur, prends ton temps]
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Aléa Karma
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MessageSujet: Re: "Amies pour la vie"   "Amies pour la vie" Iconminitime1wn2Dim 13 Mai - 21:20

Il est si difficile d’expliquer l’état dans lequel se trouvait Aléa à ce moment-là. Elle-même ne pouvait le décrire. Elle aurait voulu être seule, complètement seule, loin de tous ces regards curieux qui se posaient furtivement sur elle, loin de ces sourires, de ces rires, de ces cris de joie. Mais elle ne voulait pas être seule. Elle ne voulait pas qu’on l’ignore, qu’on la laisse dans sa solitude, son chagrin. Elle voulait qu’on se demande ce qui se passait, pourquoi elle était dans cet état. Elle avait envie de déchirer ce morceau de parchemin, le détruire jusqu’à ce qu’il n’en reste plus rien, plus une miette. Elle avait envie de donner des coups dans tout ce qui bouge, jusqu’à ne plus avoir la force de respirer. Mais elle ne voulait pas abîmer cette lettre, ces mots qui lui faisaient si mal. Elle voulait les garder, comme le souvenir, le dernier souvenir de cette amitié désormais brisée. Et elle voulait ne plus jamais devoir bouger. Rester immobile, privée de toute volonté.

Elle revoyait ces six années défiler sous ses yeux. D’abord la crainte de se confier, la peur de se dévoiler. Puis la découverte de points communs inespérés. La joie de sentir qu’on est plus seule, le bonheur de se sentir appréciée, aimée. La confiance qui naît. Confiance en l’autre, et en cette relation qui démarre, ce lien qui apparaît. Échange de signes affectifs, de cadeaux symboliques, de mots écrits sur un morceau de parchemin qui paraît insignifiant pour n’importe qui d’autre, mais d’une valeur inestimable pour elles. Amies pour la vie. Bestfriends forever. Amigas para la vida. Aléa avait passé la nuit à trouver la plus belle combinaison de couleurs, la meilleur disposition des mots. Elle voulait que ce soit parfait. Tout ça, sans aucune utilisation de la magie. Avec ces mots, elle lui avait offert son cœur, tous ses secrets, ses craintes les plus profondes, ses plus grands rêves, toute sa vie.

Et toute sa vie, ce n’était plus que le néant. A cause de quelques mots. A cause d’une dispute. Une énième dispute, certes, mais la dispute de trop. Trop inattendue, trop sous-estimée, trop brutale, trop franche. Trop sérieuse. Trop vraie. Et quand cette dispute avait eu lieu, qu’elles s’étaient quittées sur des mots trop cruels pour être oubliés, elle avait su. Elles avaient toutes les deux su. Leur amitié était finie. Et elles ne pouvaient plus rien faire pour y remédier. Qu’elles aient voulu, ou pas. Qu’elle ait voulu, ou pas. Elle n’avait pas voulu. Elle savait que ça n’aurait servi à rien… Et pourtant, si on lui avait dit que leur amitié se terminerait sur une dispute, elle ne l’aurait pas cru. Parce qu’elles en avaient l’habitude, des disputes. Pour des choses complètement futiles. Des jalousies injustifiées, pour la plupart. Elles n’avaient pas compté le nombre de fois qu’elles s’étaient disputées, qu’elles avaient arrêté de se parler, qu’elles s’étaient fait la gueule. Parce qu’à chaque fois, elles finissaient par se réconcilier, avec leurs mots à elles. Se promettant que c’était la dernière fois. Mais ce n’était jamais la dernière fois. C’était comme ça. Comme dans toutes les relations, il y avait des hauts et des bas. Mais entre Jody et Aléa, tout était plus intense. Les hauts étaient plus hauts, et les bas, plus bas.

Anéantie. Elle était anéantie. Complètement perdue. Si Jody regrettait ces années d’amitié, que devait-elle faire? Que devait-elle penser? Ses souvenirs qui étaient si beaux, si agréables. Ils ne voulaient plus rien dire. Comment aurait-il pu en être autrement? Après ce qu’elle venait de lire? C’étaient des souvenirs en commun qu’elle avait gardé, et s’ils n’étaient pas partagés, ils n’existaient plus. Plus rien n’existait, plus rien n’était vrai. Tout ce qui s’était passé pendant ces six dernières années s’était envolé en quelques secondes, en quelques mots. Et après cela, elle n’était plus sûre de rien. Elle ne savait plus, qui elle était, qui elle avait été, ce qu’elle était devenue, ce qu’elle avait vécu. Une partie d’elle venait de s’envoler, de disparaître, en même temps que six ans de sa vie. Parce que six ans, ce n’est pas grand-chose dans une vie, mais à dix-sept ans, c’est énorme.

Son corps fut secoué d’un sursaut lorsqu’une main vint se poser sur son épaule. Aléa tourna la tête vers celui ou celle qui avait osé venir la sortir de ses pensées. A travers ses yeux embués de larmes, elle reconnut le visage d’Emily Jones.


Hey... Aléa... Qu’est-ce qu’il y a ?

En temps normal, elle se serait demandée pourquoi Emily Jones venait lui parler, là, dans ce couloir, alors qu’il n’y avait pas de Pierrick, d’Eterna, ou de Marwin qui leur donnait une occasion de s’adresser la parole. Et d’ailleurs, Emily était devenue quelqu’un de beaucoup plus distante depuis le début de l’année, avec tout le monde. Alors il aurait été légitime de se demander ce qui avait pu lui passer par la tête pour qu’elle vienne demander à Aléa ce qu’il y avait.
Oui, mais là, nous n’étions pas en temps normal. Aléa n’avait pas du tout le même visage qu’en temps normal. Son moral était à des kilomètres de celui qu’elle avait en temps normal. Et surtout, son état était à des années lumière de son état normal. Jade Fairhead en personne (je n’irai pas jusqu’à dire « en chair et en os ») pourrait lui montrer un peu de compassion qu’elle n’aurait même pas la force de chercher le pourquoi du comment.

Qu’est-ce qu’il y a? Il y a que…qu’elle ne savait pas quoi répondre à cette question. Qu’est-ce qu’elle aurait pu dire, après tout? Qu’elle venait de perdre la personne avec qui elle avait tout partagé? Qu’on venait de lui dire que six années d’amitié ne représentaient plus rien? Qu’elle était une amie tellement mauvaise qu’on regrettait d’avoir partagé une amitié avec elle?


"Rien."

Tu mens mal, Aléa. Tu mens très mal.

"Je… Je suis désolée… vraiment… Ne… ne fais pas attention à moi… Ce n’est qu’une…"

Elle replia le morceau de parchemin qu‘elle cacha au creux de sa main, et essaya vainement de sécher ses larmes.

"qu’une crise…passagère…"

Dans un dernier effort, elle fit apparaître un sourire qui ressemblait plus à un rictus sur ses lèvres pincées.
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Emily Jones
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MessageSujet: Re: "Amies pour la vie"   "Amies pour la vie" Iconminitime1wn2Mar 22 Mai - 1:57

D’un point de vue purement objectif, Emily avait toujours été une amie exceptionnelle. Elle était toujours là quand on avait besoin d’elle et elle savait s’effacer quand il le fallait. Elle était prête à tout, absolument tout, et même à n’importe quoi pour ses amis. Et c’était ce qui s’était passé avec Morgane. Morgane avait plongé dans le désespoir, la dépendance et la dépression. Et Emily, en amie fidèle, plus que ça, en meilleure amie, s’était dévouée corps et âme pour l’aider à remonter la pente. Elle avait tout fait pour elle ; elle s’était battue, elle avait haussé le ton, elle l’avait défendue, elle avait perdu des amis et elle l’avait perdu lui. Sans aucune hésitation, sans aucun regret. Elle n’aurait sans aucun doute pas hésité à donner sa vie pour qu’elle aille mieux. Elle aurait été même prête à tuer, à faire souffrir, à sacrifier n’importe quoi. Parce que c’était Morgane. Et que leur amitié était plus précieuse que tout ce qu’elle connaissait et qu’elle connaîtrait sans doute jamais. Parce que Morgane et elle c’était à la vie à la mort, parce qu’elles étaient amies pour la vie, parce que même après ça, leur amour l’une pour l’autre subsisterait. Parce que les copines d’abord. Et le reste de l’humanité seulement ensuite.

Alors quand leur amitié avait volé en éclats, elle ne l’avait pas supporté. Elle s’était refermée sur elle-même, n’avait plus voulu de personne. Elle se pensait incapable d’aimer à nouveau quelqu'un comme elle aimait Morgane. Et d’ailleurs, elle ne pourrait jamais aimer quelqu'un aussi fort qu’elle aimait Morgane. Mais surtout, elle ne voulait plus aimer. Elle se refusait à être proche de quelqu'un. Parce que la douleur était trop intense. Alors elle avait coupé tout lien d’amitié avec les gens qu’elle connaissait. Elle continuait à les apprécier bien entendu, mais plus comme avant. Elle avait besoin de mettre une distance entre elle et toute personne pour qui elle éprouvait de l’affection. Elle s’était alors progressivement éloignée de Tim, Yuna, Lyle, Eterna, Pierrick ou Lys. Elle ne se confiait plus à Joshua, elle ne sortait plus, elle ne parlait presque plus, se contentait de faire ses devoirs sans s’y appliquer et restait des heures à ne rien faire, seulement à réfléchir, à ressasser les événements et à se souvenir. Elle n’avait simplement pas pu imaginer que ça se terminerait un jour, ça lui était inconcevable. Alors oui, Emily avait été loin d’être l’amie idéale ces derniers temps. Elle avait été distante, renfermée, solitaire... tout ce que vous voulez sauf une amie.

Mais c’était terminé. Pour de bon. Du moins le croyait-elle, car comme le futur nous le montrera, ce n’était pas exactement le cas. Mais à cet instant précis, c’était terminé. Elle était redevenue cette personne de confiance, douce et souriante, qui se souciait du monde entier. Et là, maintenant, tout de suite, c’était Aléa le monde entier. Il était vrai qu’elles ne se connaissaient que très peu. Aléa lui avait été présentée par Pierrick il y avait deux ou trois ans de ça. Elles s’étaient plutôt bien entendues, ce qui n’avait rien d’étonnant, Aléa était une fille vraiment adorable. Mais elles n’avaient pas eu de réelle occasion d’apprendre à se connaître vraiment. Elles se disaient bonjour quand elles se croisaient, les banalités habituelles, mais sans plus. Elles ne passaient vraiment du temps ensemble qu’en présence de leurs amis communs : Pierrick, Ety, Marwin... Aléa et Marwin étaient amis. Cela lui sauta soudain à l’esprit comme une vérité indéniable. Et si elle aussi pensait qu’en fait, la garce de l’histoire, c’était elle ? Et puis, même si elle le pensait, qu’est-ce que ça changerait ? Ça n’empêcherait pas qu’en cet instant, Aléa était malheureuse, qu’elle avait clairement besoin d’aide et qu’Emily avait assez de bonne humeur pour la partager avec elle.


Rien.

Certes, Emily ne connaissait pas très bien Aléa, mais elle savait voir quand quelqu'un mentait, surtout aussi mal. Elle ne se souvenait pas d’avoir entendu un mensonge aussi évident que celui-là. A part peut-être ce « oui » qu’elle avait dit un certain soir d’inondation dans un certain dortoir commun à une certaine question posée par une certaine personne... if-you-see-what-I-mean. Passons les détails, ce n’est pas le problème du jour. Parce qu’aujourd’hui, Emily se fichait totalement de son existence. Elle était heureuse, avait retrouvé cette joie de vivre qui l’animait autrefois et était prête à tout pour aider Aléa. Comment elle l’aurait fait avant. Aléa n’allait pas bien, c’était évident. Les larmes roulant sur ses joues qu’elle tentait de rétracter dans un reniflement étaient témoins de sa tristesse. Et ce regard mélancolique, déchiré, ne faisait qu’accentuer le tout. Alors ce n’était peut-être qu’une crise passagère comme elle l’assurait, mais c’était suffisant pour qu’elle ait mal et qu’Emily veuille la soulager.

Le couloir auparavant bondé était maintenant surpeuplé. Les gens s’arrêtaient, contemplant le « spectacle » s’offrant à eux : deux adolescentes au pied d’une statue, l’une pleurant, l’autre la regardant avec compassion. Elles n’étaient plus qu’un phénomène de foire. Et si Emily s’en fichait comme de son premier chaudron, elle se doutait que ces regards curieux presque ostentatoires devaient gêner Aléa plus qu’autre chose. C’est pourquoi elle attrapa la main d’Aléa et se releva, l’entraînant avec elle.


Allez viens...

Elle jeta un regard noir aux élèves se réjouissant qu’il y ait un peu d’action dans leur journée ordinaire, quelque chose à raconter à leurs amis ce soir dans le dortoir, et tira légèrement sur le bras d’Aléa, lui faisant signe de la suivre. Elles n’eurent pas à marcher longtemps pour trouver un couloir éloigné, que personne ne fréquentait à cette heure de la journée. Là, elle se mit face à elle, lui attrapant les mains et se décida à parler, de manière directe et franche.

Ecoute, je sais qu’on n’a jamais beaucoup parlé toutes les deux mais c’est évident que quelque chose ne va pas et que tu as besoin d’en parler. Alors si tu veux, je suis là. Je comprendrai que tu ne veuilles pas m’en parler à moi, mais c’est parfois plus facile de se confier à quelqu'un qu’on ne connaît pas beaucoup.

Elle n’y était pas allée par quatre chemins. Son regard ne quittait pas les yeux rougis de la jeune fille et un léger sourire compatissant se dessina sur ses lèvres.
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Aléa Karma
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MessageSujet: Re: "Amies pour la vie"   "Amies pour la vie" Iconminitime1wn2Dim 27 Mai - 18:56

Tu ne penses qu’à toi!

Ces mots résonnaient encore dans sa tête, comme si celle-ci avait été vidée de toute substance, et que cette phrase était condamnée à errer pour toujours, se baladant d’une oreille à l’autre.
Alors comme ça, d’après Jody Seinfield, elle ne pensait qu’à elle. Etaient-ce des mots prononcés sous le coup de la colère, et dont elle n’aurait pas dû tenir compte? Ou était-ce ce qu’elle pensait vraiment, et qu’elle n’avait pas osé dire jusque là? Aléa avait choisi de croire que la deuxième proposition était la bonne. Enfin, « choisi » n’était pas le bon mot, parce qu’elle n’avait rien choisi du tout, elle s’était laissée, elle aussi, emporter par la colère.


Ah? C’est vraiment ce que tu penses de moi? Bien! Dans ce cas, on n’a plus rien à se dire.

Et sur ces mots, elle était partie. Sans une hésitation, sans un regard en arrière, sans un pas de travers. Sur le coup, elle n’avait envie de rien d’autre que de passer sa mauvaise humeur sur tout ce qui bougeait. Et ce n’était pas l’heure de colle qu’elle avait récoltée avec Rogue (qui fut l’une de ses très rares heures de colle) après être arrivée en retard à son cours de potions sans même prononcer un mot d’excuse à l’égard du professeur, qui l’avait calmée. En fait, ce qui l’avait calmée, c’était le temps, et les cognards sur lesquels elle s’était défoulée ce soir-là. Elle n’avait pas pleuré. Elle ne voulait pas pleurer, pas pour ça, pas pour quelqu’un qui lui disait qu’elle ne pensait qu’à elle.

Parce que ce n’était pas vrai. Elle ne pensait pas qu’à elle. Elle n’était pas égoïste! Si elle l’avait été, elle n’aurait sûrement pas été préfète. On ne pouvait être égoïste et préfet, c’était techniquement impossible. Être préfet, ça signifiait sacrifier des heures entières de sa nuit à parcourir le château, seul. Ça signifiait être présent à chaque réunion. Ça signifiait être à l’écoute des autres élèves. Ça signifiait donner le bon exemple. Être préfet, ça signifiait tout sauf ne penser qu’à soi.

Et si, après tout, elle avait réellement été égoïste? Et si elle s’était opposée à ce mariage parce qu’il signifiait un grand changement dans la vie de Jody, donc dans la sienne? Et si elle avait eu peur de ce changement? Oui mais non, son avis avait été purement objectif. Jody était beaucoup trop jeune pour se marier. Même s’ils avaient vécu beaucoup de choses ensemble, ils n’avaient pas vécu la vraie vie. Combien de couples divorçaient à cause de ça? Parce qu’ils se rendaient compte que c’était une erreur?
Mais avoue quand même que ce n’était pas la seule raison…
…De toutes façons, quelque soient ses vraies raisons, cela ne changerait rien. Jody avait prononcé ces mots, les mots les plus blessants qu’elle avait entendu de sa vie, venant de la personne en qui elle avait le plus confiance, et dont les paroles valaient plus que n’importe quelle vérité démontrée par « a plus b » des siècles plus tôt. Et ça, rien au monde ne saurait l’effacer de sa mémoire.

Pas même - et surtout pas - les sourires plus ou moins francs que lui avait adressé Jody, quelques jours plus tard. Au contraire, ceux-ci avaient installé une situation inconfortable entre les deux jeunes filles, celles-ci ne sachant pas si elles devaient recommencer à se parler, au moins un peu, ou pas du tout. C’était en tout cas comme cela que l’avait perçu Aléa. Elle n’osait plus adresser le moindre mot à Jody, pas même un « bonjour » quand elles se réveillaient à quelques mètres l’une de l’autre. Elle se contentait de lui répondre quand elle lui posait une question, lui rendre un sourire imperceptible quand elle lui adressait un sourire qui paraissait, à ses yeux, trop grand pour être vrai.

Et enfin, vint cette lettre. Cette fameuse lettre. Pourquoi Jody n’avait-elle pas pris la peine de venir le lui dire en face? Était-elle trop occupée à passer du temps avec William? Aléa savait parfaitement que ce raisonnement était ridicule, et qu’elle ne pouvait pas en vouloir à Jody de passer le plus de temps possible avec William. Mais depuis quelques temps, ce qui semblait être devenu une habitude la dérangeait au plus haut point, et la rendait presque cynique. Quoiqu’il en soit, cette lettre lui avait fait plus de mal qu’elle aurait pu l’imaginer. Et elle avait réussi à lui décrocher ces larmes qu’elle avait refusé de laisser couler quelques jours plus tôt.

Et à vrai dire, ce n’était ni le moment, ni l’endroit idéal, pour pleurer. La fréquentation de ce couloir semblait augmenter à chaque minute, et Aléa avait la sensation de ne pas être étrangère à cette augmentation soudaine et inhabituelle. Les regards se posaient de plus en plus sur elle, les murmures redoublaient d’intensité, et devenaient de moins en moins compréhensibles. Pendant un moment, elle crut que c’était Emily qui avait attiré l’attention sur elle. Mais il fallait se rendre à l’évidence. Elles étaient à Poudlard, là où les rumeurs se déplaçaient aussi rapidement et aussi aisément que les fantômes. Et avec ou sans Emily, elle aurait bien fini par être au cœur de l’une de ces rumeurs…

Ce qu’elle voulait maintenant, c’était que ça cesse. Que tous ces gens disparaissent, qu’ils la laissent tranquille! Elle ne demandait pas grand-chose…Juste qu’ils soient tous pris d’une envie soudaine de transplaner vers une plage de sable blanc, sur l’une de ces magnifiques îles du Pacifique. Ça n’était pas grand-chose, non?

Apparemment, ce qu’elle demandait n’était pas possible. Mais il y avait autre chose qui se passait, et qui conduirait aussi à ce qu’elle voulait. Emily, ayant noté la soudaine affluence de ce couloir, s’était emparée de sa main, son bras, et tout ce sur quoi elle pouvait tirer, et l’emmenait ailleurs, au calme, loin de toute cette agitation.

Aléa la suivait, sans broncher, sans même se préoccuper de là où elles allaient. De toutes façons, elle n’avait rien à craindre. Emily venait de la tirer d’une situation assez désagréable, et quoiqu’elle fasse, elle ne pourrait l’emmener dans un endroit pire que celui qu’elles avaient quitté. Quand elles s’arrêtèrent enfin, Aléa n’aurait su dire si elles avaient marché pendant quelques secondes, cinq minutes, ou une heure. Cela faisait un moment déjà qu’elle avait perdu toute notion du temps.

Elle croisa le regard de la jeune fille quand celle-ci lui prit les mains, et se décida à écouter ce qu’avait à dire Emily, bien qu’à ses yeux, plus rien, plus un mot, ne pouvait avoir d’importance.


Ecoute, je sais qu’on n’a jamais beaucoup parlé toutes les deux mais c’est évident que quelque chose ne va pas et que tu as besoin d’en parler. Alors si tu veux, je suis là. Je comprendrai que tu ne veuilles pas m’en parler à moi, mais c’est parfois plus facile de se confier à quelqu'un qu’on ne connaît pas beaucoup.

Ses yeux se posèrent sur le sourire qui passa sur ses lèvres après avoir dit ça. C’était étrange de voir Emily Jones sourire. Elle ne l’avait plus vu sourire depuis… elle ne savait même plus quand. Et avant de voir ce sourire, elle pensait qu’il lui serait impossible de sourire à nouveau, après ce qui venait de se passer. Mais si Emily Jones souriait, tout le monde pouvait sourire. Même elle. Alors elle essaya. Et même si ce n’était pas un franc succès, ses lèvres purent représenter quelque chose qui ressemblait plus ou moins à un sourire.

"C’est gentil"

Le fait de sourire lui étirait les muscles du visage, et mettait ses nerfs à rude épreuve. Et les larmes qui avaient cessé de couler, menaçaient de retrouver le chemin de ses yeux, d’une seconde à l’autre. Elle ferma donc les yeux, et se concentra pour leur bloquer l’accès à l’extérieur. Elle détestait pleurer en public, et même si ce public ne se résumait plus qu’à une seule personne, elle ferait tout pour ne pas recommencer.

Elle n’arrivait pas à le croire… Elle se retrouvait dans ce couloir, les joues inondées de larmes, face à Emily Jones, qui souriait. Il y avait quelque chose d’insolite dans le fait qu’elle ait dû pleurer dans un couloir où circulait toute la population de Poudlard, chose qu’elle n’aurait jamais pensé faire un jour, pour voir Emily Jones sourire. Les mauvaises langues pourraient peut-être s’amuser à dire que le malheur des uns fait le bonheur des autres, mais Aléa savait bien qu’Emily n’était pas comme ça. Elle ne pouvait éprouver aucun plaisir à la voir pleurer, puisqu’elle n’avait jamais eu aucune raison de lui en vouloir. En effet, les seuls torts qu’Aléa avait pu faire à Emily étaient restés sur le terrain de quidditch, où elles étaient adversaires.

Alors oui, elle avait des choses à dire, plein de choses. Et elle n’aurait vu aucune objection à en parler, si elle n’avait pas la crainte que ses histoires n’intéressent pas Emily. Après tout, qui s’intéressait à une pauvre petite ado en mal d’amitié, quand tant de catastrophes se passaient dans le monde?


"Mais je ne crois pas que mes problèmes intéressent qui que ce soit… Et surtout, je ne veux pas t’embêter avec mes histoires. Tu dois déjà en avoir assez…"
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MessageSujet: Re: "Amies pour la vie"   "Amies pour la vie" Iconminitime1wn2Sam 2 Juin - 16:32

L’amitié est une notion tellement abstraite. Tellement complexe. Tellement magnifique. La plus magnifique de toutes. C’est un amour plus beau que l’amour lui-même. Plus puissant que la passion, plus doux que la tendresse, plus beau que la beauté. Rien n’est plus pur, plus parfait, plus exceptionnel que l’amitié. Rien ne peut la surpasser. Il n’existe aucun mot assez fort pour la décrire. L’amitié c’est un regard qui remplace n’importe quel mot d’amour. C’est un sourire qui vaut bien plus qu’un « je t’aime ». C’est un éclat de rire synonyme de bonheur. C’est deux mains qui se serrent et des doigts qui s’entrelacent. Et c’est tellement plus que ça. C’est être là. C’est donner de soi, de son corps, de son cœur, de son âme, de son être tout entier. Donner tout, et donner encore quand on n’a plus rien à offrir. Mais c’est aussi plus orageux. Toute amitié a ses mauvais jours. Ces moments où donner ne suffit plus. Où la ressource inépuisable de sentiments se tarit. Où l’amour nous a tellement pris à la gorge qu’on en étouffe. Où l’amour vire un instant en haine et où la confiance devient crainte. Et l’amour n’est pas toujours éternel. Parfois, il n’est plus assez puissant. Et parfois, une amitié peut prendre fin. Comme ça. Sans raison particulière, sans possibilité d’explication.

~ ~ ~

Emily avait amené Aléa à l’abri des regards indiscrets. Parce qu’il n’y a rien de pire lorsqu’on est malheureux que d’être perçu comme une bête de foire. On est épié dans les moindres de nos gestes, de nos expressions. Et quand on est au bord du gouffre, il n’y a rien de plus stressant, de plus désagréable. Loin d’aider à reprendre le contrôle de soi, ça nous fait encore plus tomber. Et plus on tombe, plus on nous regarde, et plus on nous regarde, plus on tombe et c’est un cercle vicieux qui ne prend fin que lorsqu’on est tellement bas qu’on ne peut plus tomber. Emily savait ce que c’était. Elle l’avait vécu. Elle le vivait tous les jours. La curiosité malsaine des gens autour de soi qui nous regardent comme les personnages principaux d’un spectacle divertissant auxquels ils peuvent assister accentue la souffrance ressentie à la base. A une ampleur inimaginable. Et elle ne souhaitait à personne de vivre l’enfer de la rumeur. Et surtout pas à Aléa. Aléa était quelqu'un de trop simple, de trop gentil pour mériter ça. Comment Emily savait-elle ça si elle ne connaissant pas beaucoup Aléa me direz-vous ? Il n’y avait pas besoin de la connaître pour le savoir. Elle ne le méritait pas un point c’est tout.

Et voir cette jeune fille, d’habitude si souriante, si enjouée, les joues inondées de larmes, les yeux rouges et le regard vide déchirait le cœur d’Emily. Peut-être parce que ça lui rappelait son propre cas, à peine plus d’une semaine auparavant, alors qu’elle s’était assise en face de la sorcière borgne de la même façon qu’Aléa avait été assise au pied de l’elfe-gobelin il y avait quelques minutes. Parce que ça lui rappelait combien c’était difficile de vivre quand on était assez mal pour perdre le sourire. Parce que rien ni personne ne devrait avoir le droit d’enlever ce sourire illuminé du visage de cette jeune fille. Il fallait bien que quelqu'un s’occupe de recoller le soleil aux lèvres d’Aléa. En connaissance de cause, Emily savait que la Poufsouffle n’arriverait jamais à le faire elle-même. Le chagrin avait beaucoup trop d’emprise, il suffisait de regarder au fond de ses grands yeux bruns pour s’en rendre compte. Alors Emily avait décidé d’être celle qui ferait à nouveau s’éclairer le visage d’Aléa. Parce qu’elle était sans doute la mieux placée pour comprendre les malheurs d’une adolescente.

Et pour cela, il lui avait suffi de sourire elle-même. Un sourire de compassion, certes, mais un sourire quand même. Et Aléa, loin de s’offenser de tant de pitié, avait plus l’air étonnée qu’autre chose. Il était vrai que ses zygomatiques n’avaient pas eu beaucoup de travail ces temps-ci. Elle souriait presque autant que ce que Wildens avait de mots gentils. Vous voyez le néant ? Et bien pareil. Il fallait dire qu’elle n’avait pas vraiment eu d’occasion de sourire. Mais maintenant, elle avait une bonne raison, une excellente raison, la meilleure des raisons. Un bracelet en argent autour du poignet droit. LE bracelet. Et apparemment, une Emily Jones qui sourit, c’est contagieux. Car les lèvres d’Aléa s’étirèrent avec difficulté mais s’étirèrent quand même en un sourire crispé. C’était déjà un début. Emily sentait qu’Aléa était en train de se faire violence pour retenir le flot de larmes qui menaçait d’exploser comme un geyser d’une seconde à l’autre. Alors, Jones détourna le regard. Parce que toutes ces histoires qui disent « vas-y, pleure, ça fait du bien », c’était des conneries. Ça ne soulageait pas. Elle le savait mieux que quiconque. Et quand on est au bord des larmes, un simple regard peut annihiler tous les efforts faits jusqu’alors pour ne pas craquer. C’est pourquoi Emily avait détourné les yeux.


Mais je ne crois pas que mes problèmes intéressent qui que ce soit... Et surtout, je ne veux pas t’embêter avec mes histoires. Tu dois déjà en avoir assez...

Le regard d’Emily se ficha immédiatement dans celui d’Aléa. Des histoires... Les souvenirs remontèrent lentement jusqu’à elle, et vinrent occuper un instant toute la place dans son cerveau, la hantant, la perturbant, la retournant complètement. Elle revoyait les images qui s’imposaient à ses yeux, comme un mauvais film en noir et blanc ; elle réentendait ces mots qui l’avaient tant effondrée, comme le bourdonnement désagréable et incessant d’une GUÊPE à ses oreilles. Oui, des histoires, des problèmes, elle en avait. Beaucoup. Mais... son regard, perdu dans le vide depuis quelques secondes, retomba sur Aléa. Aléa était malheureuse. Elle avait besoin de quelqu'un. Emily n’avait pas le droit de la lâcher maintenant.

Ce n’est pas de moi dont il s’agit. Et si ça te rend malheureuse, c’est que c’est important. Crois-moi, ça m’intéresse.
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MessageSujet: Re: "Amies pour la vie"   "Amies pour la vie" Iconminitime1wn2Lun 25 Juin - 2:47

Je pourrais vous dire qu’Aléa voulait qu’Emily la laisse tranquille, qu’elle voulait partir, s’en aller de ce couloir, et courir jusqu’à ce que ses jambes n’aient plus la force de la porter. Je pourrais vous dire qu’elle voulait fuir toute discussion, toute compagnie. Je pourrais vous dire qu’elle voulait se trouver un coin tranquille où elle pourrait pleurer sans être dérangée. Mais ça serait faux. Aussi faux que les sourires qu’elle avait adressés à Jody ces derniers jours. Aussi faux que ce qu’elle n’avait cessé de se répéter depuis quelques temps. Je n’ai besoin de personne. Je suis forte. Je suis indépendante. Je n’ai plus besoin de quelqu’un à qui faire confiance, quelqu’un à qui me confier. Je me fiche de ce qui peut se passer dans la vie de Jody Seinfield. Mieux, je me fiche de ce qui peut se passer dans la vie de n’importe qui d’autre. Je me sens bien et c’est tout ce qui compte. C’étaient les pensées les plus malsaines, les plus égoïstes qu’Aléa avait eues dans sa courte vie. Elle qui était d’habitude si attentive à ce qui se passait dans la vie des autres, elle que tout le monde qualifiait de généreuse et attentionnée, elle qui ne trouvait rien de plus gratifiant que de rendre service aux autres, les aider, faire une bonne action pour voir un sourire apparaître sur le visage des autres, elle avait laissé son corps et ses pensées entre les mains d’une étrangère. C’était ce qu’elle était devenue, une étrangère. Insensible à tout ce qui pouvait se passer autour d’elle.

Mais ce masque qu’elle portait avait fini par tomber. Pas à cause de ce qui s’était passé à Noël, l‘accident de Tom au terrain de Quidditch et la mort de Jade Fairhead; pas à cause de l’inquiétude de Tom face à cette distance qui s’était installée entre eux; pas à cause du poids trop lourd que représentaient ces tensions sur sa conscience. A cause d’une lettre. Une simple lettre. Une lettre dont l’arrivée et le contenu était aussi brutaux que les conséquences. Et quelles conséquences! Un masque de verre qui se brise, les morceaux restants qui tombent, et avec eux les larmes trop longtemps retenues. Comme quoi, ce sont souvent les plus petites choses, les plus insignifiantes, qui font le plus de dégâts. Et maintenant qu’elle n’avait plus ce masque, elle se sentait fragile, démunie, comme privée de toute protection. Comme un nouveau-né, sans défense, que l’on jette à la mer, à la merci de n’importe quel requin, ou d’un autre animal marin tout aussi dangereux. Alors oui, elle était devenue fragile, sensible. Et elle avait peur. Non, elle était terrorisée. Elle n’avait plus aucune protection, aucune défense. Elle n’avait plus rien pour se protéger de ceux qui lui voulaient du mal, ou qui voulaient tout simplement se faire du bien, s’amuser, sans savoir que ça lui faisait du mal. Alors oui, elle avait besoin d’aide, et non, elle n’allait pas refuser celle qu’on lui proposait sous prétexte qu’elle ne supportait pas la pitié ou ce genre de choses débiles que l’on méprisait, par fierté. Parce que d’abord, de la fierté, elle n’en avait plus beaucoup, après avoir tenu le rôle de la fontaine près de l’elfe-gobelin devant tous ces adolescents en manque de ragots, et puis ensuite, la pitié n’était pas vraiment un sentiment malsain en soi. Au contraire, à la base, c’était né d’une bonne intention. C’est l’usage que les gens en ont fait qui l’avait corrompu de la sorte. Alors non, elle n’allait pas fuir Emily.

Et puis, pour être tout à fait honnête, ça lui faisait du bien que quelqu’un se soit rendu compte qu’elle n’allait pas bien, et ça lui faisait du bien de savoir que ce quelqu’un n’en avait pas eu rien à faire. Ça voulait dire qu’elle n’était pas devenue si insignifiante que ça, qu’elle n’était pas devenue assez transparente pour qu’on ne remarque pas sa présence au milieu d’un couloir. Ça voulait dire qu’il y avait encore quelqu’un qui se souciait d’elle, de savoir comment elle allait, ce qui se passait dans sa vie, dans sa tête. Bien sûr, elle n’oubliait pas sa famille, mais ça n’était pas la même chose. Cela n’avait rien à voir avec la distance, l’éloignement, ni même le fait qu’elle n’était pas vraiment de la famille, et qu’elle était…différente. C’était tout simplement différent, parce qu’une famille est censée se préoccuper de ses membres. C’était une chose évidente. Et c’était complètement différent de ce qu’elle pouvait ressentir quand quelqu’un d’autre s’intéressait à elle. Quant à Tom, et bien… elle le considérait comme sa famille, également. Non pas comme un grand frère, parce qu’elle l’aimait vraiment d’amour. Mais c’était…ça pouvait peut-être paraître prétentieux de le dire, mais elle considérait cette relation avec Tom comme acquise. Elle faisait partie intégrante de sa vie. Tom et elle, c’était aussi évident que la couleur bleue du ciel. Et Tom pour elle, c’était aussi indispensable que l’air qu’elle respirait. D’ailleurs, si ce qui s’était passé avec Jody devait un jour se passer avec Tom, elle ne voulait même pas essayer d’imaginer les conséquences que cela aurait sur elle. Ce qui venait de se passer auraient sûrement l’air d’une joyeuse promenade comparé à ce qui se passerait si Tom lui faisait le même coup.

Emily se souciait d’elle. Elle n’était pas de sa famille, elle ne la connaissait même pas, ou alors très peu. Et elle se préoccupait de ce qui se passait. Elle voulait l’aider. Emily Jones voulait l’aider. Elle ne voulait pas refuser. Elle ne pouvait pas refuser. Elle était touchée, et elle avait besoin de cette aide. Refuser cette aide, ça aurait été une erreur. Une erreur de plus, après avoir décidé de s’asseoir au milieu de ce couloir. Et enchaîner les erreurs, elle n’en avait pas envie. En ouvrant les yeux, elle vit même qu’Emily avait détourné les siens, ayant sans doute compris qu’elle ne voulait pas pleurer devant elle. Un élan de sympathie envers la gryffondor s’empara d’elle, alors qu’elle sentit ses larmes renoncer finalement à sortir. Non, elle n’allait pas sauter au cou d’Emily, la remercier chaleureusement et lui demander si elle voulait bien être sa nouvelle meilleure amie parce qu’elle était super sympa et qu’elle était beaucoup mieux que l’ancienne. D’ailleurs, si l’idée lui avait effleuré l’esprit pendant un court instant, elle était repartie bien vite, quand Emily la fixa à nouveau, de ce regard surprenant qui vous fait comprendre que vous avez dit quelque chose qu’il ne fallait pas. En effet, elle n’aurait peut-être pas dû évoquer le fait qu’elle en avait déjà assez, des histoires. Aléa n’était pas aveugle, ni sourde. Combien de rumeurs avait-elle entendues, depuis le début de l’année, à propos d’Emily, et sa relation avec Marwin? Elle ne les comptait plus, depuis bien longtemps. D’ailleurs, elle n’était pas au courant de toutes, parce que ça ne l’intéressait pas, tout simplement. Elle ne se fiait pas aux rumeurs, jamais. Elle ne croyait que ce qu’Eterna ou Marwin voulaient bien lui dire. Mais on ne lui avait pas dit grand-chose, et elle n’était pas du genre à juger les gens avec si peu d’informations. D’une manière générale, elle n’aimait pas juger les gens, et elle se permettait de le faire uniquement après avoir pris connaissance de tous les éléments, d’avoir écouter toutes les versions, tous les points de vues. Elle ne jugeait donc pas Emily, ni Marwin. Elle ne voulait même pas chercher à savoir lequel des deux était le plus mal.


Ce n’est pas de moi dont il s’agit. Et si ça te rend malheureuse, c’est que c’est important. Crois-moi, ça m’intéresse.

La conversation avait à nouveau dévié sur elle, et sur ses problèmes, son problème. Son problème, cette lettre qui se trouvait toujours enfouie dans le creux de sa main. Elle n’était pas sûre d’avoir envie d’en parler, maintenant qu’elle avait pleinement pris conscience qu’Emily avait ses propres problèmes, et qu‘elle y pensait quand même un peu. Pourtant, elle la croyait, quand celle-ci lui disait que ça l’intéressait. Elle la croyait, et elle savait que ça lui ferait du bien de parler. Mais au moment où elle se décida à parler, elle ne put s’empêcher de se promettre qu’elle demanderait à Emily ce qui se passait pour elle. Parce que même si elle le savait déjà, elle savait aussi que ça faisait toujours du bien de parler, même pour Emily. Et Aléa refusait l’idée qu’elle puisse parler, et donc se faire du bien, si Emily ne pouvait pas faire de même.

Je vais te le dire.

C’était décidé, et elle ne pouvait plus reculer maintenant. D’ailleurs elle ne le voulait pas. Elle allait lui dire. Tout ce qu’il fallait, c’était qu’elle trouve les mots pour le dire. Les bons mots. Ceux qui expliqueraient sa situation sans qu’elle ait l’air d’une pauvre fille qui se plaint d’un truc sans intérêt alors que des millions de catastrophes beaucoup plus graves avaient lieu dans le monde. Elle fixa les yeux bleus de la jeune fille, et vit sa patience, et son envie de l’aider. Un battement de cils lui rappela que ses yeux étaient encore humides des larmes qu’elle avait versées, et sûrement rougis aussi. Mais elle ne pouvait rien y faire, et puis elle avait confiance. Elle avait confiance en ce regard qui la rassurait, ce regard qui lui indiquait qu’Emily savait ce qu’elle ressentait. Enfin pas vraiment, parce qu’elle ne savait même pas ce qui se passait, alors elle ne pouvait pas savoir ce qu’elle ressentait, mais elle la comprenait. Elle comprenait qu’elle se soit assise au pied d’une statue au milieu d’un couloir, elle avait compris qu’il fallait en partir quand il y avait eu trop de spectateurs, elle avait compris qu’il fallait détourner les yeux quand elle n’avait pas voulu pleurer devant elle, et elle avait compris qu’elle ne voulait pas parler, mais qu’elle voulait parler quand même. Elle la comprenait. Et Aléa était triste de sentir que cette compréhension massive était due à l’expérience.

Une personne… qui compte beaucoup pour moi… vraiment beaucoup. Elle…

Elle ferma les yeux, et une profonde inspiration. C’était si dur de le dire…Elle ne savait même pas comment.

Elle m’a… fait comprendre que je ne comptais pas tant que ça, pour elle.
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MessageSujet: Re: "Amies pour la vie"   "Amies pour la vie" Iconminitime1wn2Dim 8 Juil - 22:33

Emily, sans doute mieux que quiconque, pouvait comprendre Aléa. Elle la COMPRENAIT. Sans avoir à connaître les détails de son histoire. Elle n’en avait pas besoin. Il lui suffisait de plonger son regard dans les prunelles sombres de la jeune fille pour savoir qu’elle souffrait. Car on pouvait y lire un déchirement tel qu’il donnait tout son sens au mot « douleur » à lui tout seul. Et la douleur, elle la connaissait. Elle en était la plus fervente représentatrice. Elle connaissait cette envie de tout planter et de courir... courir aussi vite qu’on le pouvait, jusqu’au milieu de nulle part, s’effondrer par terre et se laisser dépérir ainsi jusqu’à ce que la faim, le froid, la fatigue, ou quoi que ce soit d’autre nous emporte. Oh oui, elle savait ce que c’était... Aléa aurait très bien pu ne rien lui dire, ça n’aurait strictement rien changé pour Emily. Elle avait compris le degré de souffrance qui habitait la Poufsouffle et ça, ça suffisait à lui retourner le cœur. Mais elle savait aussi qu’Aléa avait besoin de parler. De se confier à quelqu'un qui l’écouterait et pourrait ne serait-ce qu’imaginer ce qu’elle ressentait. Et qui, mieux qu'Emily, était capable de remplir ces critères ? Qui, en écoutant ce qu’Aléa avait sur le cœur, pourrait souffrir pour elle autant que ce qu’Emily souffrait en un simple regard ? Si on me trouve cette personne, je veux bien faire cuire tous les Billywigs de la Terre.

Emily avait senti qu’Aléa ne la repousserait pas. Elle aurait très bien pu le faire, bien sûr. Et elle l’aurait parfaitement compris, elle savait que la compassion n’est pas forcément quelque chose que l’on apprécie à son propre égard. Mais Aléa ne rejetterait pas l’aide qu’Emily lui proposait. Comment en était-elle si sûre ? Encore une fois, un regard vaut cent fois plus que des mots. Et celui d’Aléa disait tout. Il exprimait toute sa douleur, une peur d’une puissance affligeante, mais aussi ce qu’Emily identifia à juste titre comme de la reconnaissance. Il ne manquait à Aléa que quelqu'un à qui confier ses malheurs. Une personne à qui elle pourrait dire tout ce qui lui passait par la tête, tout ce qu’elle avait sur le cœur, tout ce qui brûlait son âme. Tout ce qui brisait cet habituel sourire en larmes destructrices. Quelqu'un qui ne la jugerait pas, qui se ficherait qu’elle ait raison ou tort, qui ne serait là que pour l’écouter, la comprendre et essayer de la soulager un peu. Et Emily savait faire tout ça. Elle savait occulter tout ce qui pouvait occuper son esprit pour se concentrer sur la personne qui avait besoin d’elle. Elle avait toujours été une bonne oreille. Soulager aussi elle savait faire. Quant à comprendre... Depuis quelques temps, elle avait expérimenté tous les sentiments, toutes les sensations du genre humain. Alors comprendre... elle le pouvait. Mieux que n’importe qui sans doute.

« Je n’ai besoin de personne. Je suis forte. Je suis indépendante ». Le nombre de fois où Emily s’était répété ce mensonge ne se comptait plus. Une sorte d’auto-persuasion. Elle s’était dit qu’à force de se le redire jour après jour, ça finirait tout simplement par devenir vrai. Mais au fond d’elle-même, elle avait toujours su que ce n’était qu’un leurre, une illusion pour se faire croire quelque chose qui, elle le savait pertinemment, n’arriverait jamais. Car qui plus qu’Emily Jones avait besoin de sentir entourée ? Cet éternel besoin d’affection l’avait rendue faible. Incapable de supporter la solitude dans laquelle elle s’était doucement ancrée. Participant elle-même à sa propre chute. Sans doute bien plus responsable que n’importe qui d’autre. Se noyant chaque jour un peu plus dans l’océan de la douleur, cachant le tout derrière le masque de la dignité.

Et là était toute la différence entre Aléa et Emily. Aléa avait oublié ce sentiment si pervers que l’on appelle orgueil pour arrêter de se voiler la face, alors qu’Emily avait préféré mentir, se mentir, se trahir elle-même, plutôt que d’avouer qu’elle était faible. Emily n’aurait jamais eu le courage – car, aussi curieux que ça puisse paraître, c’est un acte d’une hardiesse sans nom – de révéler sa souffrance, de laisser sortir sa douleur. Parce que la lâcheté, la vraie lâcheté, c’est de ne pas pleurer. De ne pas assumer ses propres émotions, celles qui nous transcendent et nous surpassent. C’est pour ça qu’en cet instant, Emily admirait Aléa. De tout son être, elle admirait le fait qu’elle ne rebute pas sa pitié alors qu’elle-même ne l’aurait sans doute pas supportée.


Je vais te le dire.

Emily resta silencieuse. Il faudrait certainement un peu de temps à Aléa pour trouver les mots adéquats pour qualifier, ou tout du moins pour se rapprocher le plus possible de ce qu’elle ressentait. Parce qu’aucun mot ne peut rapporter l’exactitude d’un sentiment humain. Et il lui faudrait encore plus de temps pour rassembler la dose de courage nécessaire pour arriver à sortir ces mots. Emily se contenta donc de hocher la tête en silence, l’encourageant du regard sans pour autant la brusquer. Et quand Aléa réussit enfin à articuler ce qui avait causé une si grosse peine, son visage resta vide d’expression, mis à part ce soutien moral qu’elle lui procurait depuis le début. Elle ne voulait laisser transparaître aucune émotion, craignant de faire penser à Aléa qu’elle émettait un jugement, ce qui n’était bien entendu pas le cas et ainsi de la faire regretter ses paroles et de perdre sa confiance.

Je vois...

C’était tout ce qu’elle avait trouvé à dire pour l’instant mais c’était on ne pouvait plus vrai. Elle voyait. Elle voyait exactement ce qu’Aléa voulait dire. Elle comprenait. Dans les moindres détails elle savait ce qu’elle ressentait. Cette impression de mourir, de sentir son cœur oppressé, broyé, déchiqueté. Le souffle court et cette sensation que l’on n’arrivera plus jamais à respirer à nouveau. Parce que tout ce qui faisait qu’on était vivant venait de s’effondrer en l’espace d’une fraction de seconde.

Tom ? Elle avait du mal à imaginer Tom disant à Aléa d’une quelconque façon qu’elle l’avait perdu. Et pourtant... « Je suis le pire des salauds de la Terre ». Ces mots revenaient la hanter comme un rappel à l’ordre, un avertissement, une sirène d’alarme. Tu ne pouvais pas l’imaginer non plus et pourtant c’est bien arrivé... Ou alors... Jody ? Elle connaissait vaguement Jody, encore moins qu’Aléa, mais elle se souvenait qu’elles étaient inséparables fut un temps. Et ces derniers temps, elle trainait plus souvent au bras de son petit-ami qu’à celui d’Aléa. Emily se souvenait parfaitement du jour, l’année précédente, où elle avait senti Morgane lui échapper complètement. Peut-être était-ce la même chose pour Aléa.



FLASH BACK

Putain Morgane qu’est-ce que tu fous ?!

Emily avait littéralement bondi de son lit sur le bord duquel elle était assise. Il était plus de quatre heures du matin et les draps n’étaient même pas défaits. Elle avait passé la nuit à se ronger les sangs, se demandant où était passée sa meilleure amie. Elle était partie il y avait des heures en lui disant revenir dans le quart d’heure qui suivait... Emily avait commencé à s’inquiéter une heure après l’heure dite (il est bien connu que Frost et ponctualité ne vont pas ensemble) et elle avait vraiment paniqué après deux heures d’attente. Elle était allé au moins trois fois jusqu’à l’infirmerie – Morgane semblait y être abonnée depuis quelques temps – et elle avait demandé à tous ceux qu’elle croisait s’ils ne l’avaient pas vue. Et là voilà qui débarquait, tout sourire, comme un cheveu sur la soupe.

Calme-toi Em, tu vas réveiller les autres, viens on descend.

Un coup d’œil aux silhouettes facilement distinguables sous leurs couvertures malgré l’obscurité lui indiqua que pour une fois, Morgane avait raison. Yuna et Eterna dormaient à poings fermés et elle ne voulait pas les réveiller en sursaut, surtout pour assister à une scène pareille entre les deux jeunes filles. Elle suivit donc Morgane en silence jusqu’à la salle commune, se contenant. Mais une fois en bas, elle laissa éclater sa colère.

Tu te rends compte du sang d’encre que je me suis fait ?
Arrête de faire ta sérieuse, ça te va pas, on dirait Marwin.
Laisse Marwin là où il est. Merde ! T’étais où ?
Je te l’ai dit, je suis allée fumer une clope.
Tu m’as aussi dit que tu revenais dans quinze minutes... C’était il y a SEPT heures !
Tant que ça ? J’ai pas dû voir le temps passer...
C’est tout ce que t’as à me dire ?! J’ai cru qu’il t’était encore arrivé quelque chose moi !
Que veux-tu qu’il m’arrive ?
Laisse-moi réfléchir... un malaise par exemple ? Ah mais non, t’as déjà rempli ton quota de quatre dans la semaine !
P’tain Em, t’as décidé d’être chiante ce soir ! T’es pas ma mère je te rappelle...
Excuse-moi de m’inquiéter quand tu disparais. Mais t’as raison, la prochaine fois je te laisserai crever sans sourciller.
C’est ça... bon, cap de me foutre la paix et de me laisser aller dormir ?
T’exagères...
Cap ?
... Oui... cap.

/FLASH BACK


Cette nuit-là, elle avait su qu’elle n’arriverait pas à ramener Morgane sur le droit chemin seule. C’était à Morgane de le faire. Elle ne pouvait rien faire de plus que ce qu’elle avait déjà fait. C’était à partir de ce moment-là qu’elle avait lâché prise et s’était laissée entraîner par Morgane, de peur de perdre le peu qui restait de leur amitié. Ce qui n’avait fait que retarder un peu le dénouement plus que prévisible de toute cette histoire. Et maintenant que tout allait bien, enfin mieux, maintenant qu’elle avait retrouvé son amie, elle se retrouvait à voir le problème de l’extérieur.

Mais après tout... Elle avait cru que Morgane la rejetait, qu’elle ne comptait plus pour elle... Et elle s’était trompée. C’était simplement elle qui n’avait pas su identifier le degré de dépression dans lequel Morgane s’engouffrait à ce moment-là. Alors peut-être... peut-être que c’était la même chose pour Aléa et Jody, peut-être qu’Aléa aussi s’était trompée, peut-être qu’elle souffrait alors qu’elle ne devrait pas avoir aussi mal. Peut-être qu’elle souffrait pour rien...


Tu as peut-être mal interprété les choses... Tu es sûre que c’est ça ?

Et même si Emily avait raison et Aléa tort... Ça n’empêcherait pas qu’Aléa aurait un doute quant à la profondeur de leur amitié. Ce doute qui avait tant hanté Emily...
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Aléa Karma
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MessageSujet: Re: "Amies pour la vie"   "Amies pour la vie" Iconminitime1wn2Ven 13 Juil - 18:59

Non, elle ne comptait pas tant que ça pour Jody. Elles n’étaient pas vraiment les amies qu’elle avait espéré. Elle ne se connaissaient pas vraiment par cœur, comme elle le pensait. Si ça avait été le cas, Jody ne lui aurait jamais dit ça, elle n’aurait jamais écrit ces mots, ces mots dévastateurs. Elle aurait su que ça aurait détruit Aléa, et si cette dernière avait été coupable d’un acte méritant cette punition, elle l’ignorait. Qui, sur cette Terre - ou même sur une autre planète -, pouvait mériter pareil supplice? Non, elle ne s’apitoyait pas sur son sort…Si, peut-être qu’elle le faisait en fait. Toujours était-il qu’elle trouvait cela injuste, et qu’elle ne méritait pas cela, quoiqu’elle ait pu faire. Elle voulait en avoir le cœur net. Il fallait qu’elle demande à Jody. L’avait-elle volontairement fait souffrir? Ou au moins, s’était-elle rendue compte que ses mots étaient blessants? Elle lui demanderait, la prochaine fois qu’elle en aurait l’occasion, la prochaine fois qu’elle la verrait. Elle le ferait, il fallait qu’elle le fasse, quoiqu’il se passe.

Emily voyait. En tout cas, c’était ce qu’elle disait, mais était-ce vrai? Voyait-elle vraiment? Était-ce possible? La Poufsouffle fut tentée de faire un saut dans la vie d’Emily, en tout cas dans les éléments de sa vie qu’elle connaissait, pour savoir s’il était vraiment possible qu’elle voit ce qu’elle voulait dire, ce qu’elle ressentait, mais elle renonça. Pas parce qu’elle s’était soudainement rendue compte qu’elle n’avait pas le pouvoir d’empathie, ni celui d’explorer la mémoire des autres, ni même parce qu’elle ne se sentait pas de réunir toutes les informations qu’elle avait sur Emily. Chercher à savoir si Emily voyait vraiment, c’était la juger. Et elle ne pouvait faire ça. Pas après s’être rendue compte qu’elle l’écoutait sans porter le moindre jugement. Et pour ça, elle ne pouvait que lui être reconnaissante, et la croire, quand elle disait qu’elle voyait.

Emily était quelqu’un de bien. Pas qu’elle en doutait avant ce moment, mais elle n’avait jamais vraiment eu l’occasion de voir cette partie de sa personnalité. Elle avait tout fait, absolument tout ce qui lui était possible, pour l‘aider. Et à cet instant précis, Aléa ressentait plus de sympathie et de gratitude qu’elle n’en avait jamais ressenti pour la Gryffondor. C’était bon de savoir qu’il existait encore des personnes comme ça sur Terre, et qu’elle avait eu la chance de tomber sur l’une d’entre elles, au moment où elle en avait eu besoin. Elle avait eu de la chance, tout espoir n’était donc pas perdu qu’elle retrouve un jour le chemin du bonheur.


Tu as peut-être mal interprété les choses... Tu es sûre que c’est ça ?

Aléa releva les yeux et les fixa dans le regard océan d’Emily. Si elle en était sûre… C’était peut-être la seule chose dont elle était sûre depuis quelques jours. Il n’y avait pas soixante-douze mille façons d’interpréter un message comme celui-ci. Il était clair, net, et précis. Et même si elle avait voulu qu’il en soit autrement, elle ne pouvait effacer les mots inscrits aussi bien dans sa mémoire que sur ce morceau de parchemin. Morceau de parchemin qu’elle sortit d’ailleurs lentement de sa main, tel un magicien qui fait apparaître un objet sous les applaudissements d’un public en délire, sauf que là, il n’y avait ni les applaudissements, ni le public en délire. Il y avait juste Emily, qui assistait à son tour de magie peu divertissant. Parce que je peux vous l’affirmer, les tours de magie sont beaucoup moins divertissants quand on est sorcier, et qu’on est confronté tous les jours de sa vie à la magie, sous une forme beaucoup plus impressionnante, et moins compréhensible.

La tête baissée, Aléa regardait le bout de parchemin que manipulaient nerveusement ses mains. Qu’allait-elle faire maintenant? Le lire à Emily? Le lui donner pour qu’elle le lise elle-même? Lui dire ce qui y est écrit? La première solution lui semblait trop difficile. La deuxième, trop difficile. La troisième, trop difficile. Elle pourrait tout aussi bien ne pas l’avoir sorti, si c’était pour ne rien en faire…Ne sachant toujours pas ce qu’elle allait faire, elle releva la tête, dans le but de croiser à nouveau le regard de la rouge et or. Mais ses yeux se posèrent quelques mètres plus loin derrière la jeune fille. Ils se posèrent sur un autre regard bleu, pas océan, mais beaucoup plus familier, et sur la chevelure blonde qui allait avec.


- We’ll always have each other, right?
- Yeah, of course we will.

Le document lui tomba des mains. Aléa eut l’impression que tout son corps s’était mis sur ‘pause’, refusant d’assister à la séquence qui allait suivre. Comme vous l’avez sûrement compris, c’était la tant attendue et désormais légendaire Jody Seinfield qui venait de faire son apparition dans son champ de vision, et qui s’approchait non lentement, mais sûrement, d’elle.

Aléa! Ça va? Il paraît que tu… Qu‘est-ce qui se passe?

Sans le moindre regard pour Emily, Jody se plaça entre les deux jeunes filles, et prit Aléa par les épaules. Le regard vide, celle-ci essaya de deviner ce qu’il y avait après le « Il paraît que tu… ». Déjà, le « Il paraît » n’était pas très rassurant, parce que ça voulait dire que c’était une rumeur. Ensuite, « il paraît que tu… ». Que tu quoi? Que tu pleures? Que tu ne te sens pas bien? Que tu es en tête à tête avec Emily Jones? Que tu as fait sourire Emily Jones? Que tu quoi?

Il paraît que je quoi?

D’une voix qui semblait sortir d’on ne savait où, elle répondit machinalement à Jody, cherchant le meilleur moyen de la faire partir. Parce que tous ces beaux discours qu’elle s’était faits à elle-même n’étaient que du vent. Elle se sentait complètement
incapable de dire à Jody qu’elle souffrait, et que c’était à cause d’elle. Tout ce qu’elle voulait, c’était ne plus lui parler, qu’elle ne se rende pas compte qu’elle n’allait pas bien, qu’elle la laisse tranquille, et surtout, qu’elle ne remarque pas le morceau de parchemin qu’Aléa s’empressa de cacher sous son pied.
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Emily Jones
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MessageSujet: Re: "Amies pour la vie"   "Amies pour la vie" Iconminitime1wn2Ven 7 Sep - 13:50

Oui, Emily voyait. Elle savait ce que l’on ressentait lorsque quelqu'un que l’on aimait, que l’on aimait profondément, plus encore que sa propre vie, nous trahissait. Non, trahir n’est pas trop fort comme mot, c’est même le terme le plus approprié. Quand la déception est telle qu’on n’a même plus envie d’avancer, plus envie de continuer, mais juste de s’asseoir et de pleurer toutes les larmes de son corps jusqu’à ce que ça passe, si tant est que la douleur s’atténue un jour, ce qui nous parait impossible, dans ces cas-là, la situation a des airs de trahison. On se sent abandonné, sali, meurtri. Quand la confiance qu’on avait donnée à l’autre a été maltraitée, l’hypothèse de faire à nouveau confiance n’est plus envisageable. L’orgueil prend le dessus sur la naïveté. Et l’orgueil, ce n’est pas que la fierté ou l’amour-propre. L’orgueil, c’est avant tout la peur. La peur de souffrir à nouveau. La peur d’avoir encore plus mal et de ne pas pouvoir s’en relever, de ne plus s’en relever. Mais avant tout, on n’est même plus capable de SE faire confiance à soi-même. On s’est trahi, déçu soi-même. D’avoir ouvert son cœur à la mauvaise personne. D’aimer cette personne au point d’en souffrir autant. De ne pas s’être aperçu de l’erreur que l’on était en train de faire. Ça, elle l’avait vécu. Que dis-je, elle l’avait enduré. Par deux fois, son cœur avait été déchiré avec tant de violence qu’elle avait cru ne jamais pouvoir vivre après ça. Et aujourd’hui encore, elle avait du mal à le concevoir. Mais elle avait Morgane à nouveau. Et ça, ça valait tous les retours à la vie du monde.

Mais la douleur, elle ne l’avait pas oubliée. Le temps n’atténue pas les souffrances. Il se contente de les panser, pour les aider à cicatriser tout en sachant parfaitement que les marques resteront là pour toujours. Et jamais, au grand jamais, on ne pourra oublier cette douleur lancinante qui nous a fait tant de mal, qui a tant détruit en nous. Et quand bien même on essaierait malgré tout d’en faire abstraction, il y aura toujours ces horribles cicatrices pour nous rappeler ce qu’on a vécu et que jamais, jamais, les plaies ne seront totalement refermées. Non, le temps n’atténue pas les souffrances, il ne fait que nous y habituer, nous permettre de gérer la douleur pour mieux l’affronter au quotidien. Alors Emily ne pouvait pas oublier. Malgré sa réconciliation plus que méritée avec Morgane, la douleur était toujours présente en surface. Et comment pourrait-elle mieux comprendre Aléa qu’en connaissant ce qu’elle ressentait tout en ayant ce détachement, ce regard extérieur, que son rabibochage avec Morgane lui avait permis d’acquérir ?

Emily espérait franchement qu’Aléa s’était trompée. Que Jody – parce que s’il y avait une chose dont elle était sûre, sans même pouvoir l’expliquer, c’était qu’il s’agissait de Jody Seinfield – était juste trop préoccupée par ses propres problèmes pour être présente pour Aléa et que tout ça n’était qu’une affreuse prise de tête pour rien. Oui, Emily espérait qu’Aléa avait tort et que tout allait s’arranger. Elle ne voulait pas qu’elle ressente ce tiraillement au cœur, non ce n’est pas assez fort, ce déchirement, cet écartèlement du cœur qui suivait inévitablement la trahison. Mais elle sut, en regardant au fond des prunelles sombres de la Poufsouffle, elle sut que c’était trop tard, qu’elle ressentait déjà tout ça et surtout, surtout, qu’elle ne s’était pas trompée. Jody l’avait bien laissée tomber. Et elle se fichait totalement des circonstances de cet abandon, qu’Aléa ait quelque chose à se reprocher ou pas. Ça n’avait aucune espèce d’importance. Tout ce qui en avait, c’était qu’elle souffrait. Enormément. Et que personne ne méritait de souffrir comme ça.

Et Aléa allait lui raconter. Elle le sentait. Ou si elle ne lui racontait pas parce que c’était trop dur pour que les mots sortent, elle allait lui expliquer. D’une façon ou d’une autre. Emily ne savait pas comment, elle s’en fichait, peu importait la façon tant qu’Aléa se soulageait un peu de son fardeau en lui confiant ce qu’elle avait sur le cœur. Elle sentait qu’elle saurait. Et c’est à ce moment-là qu’Aléa ouvrit légèrement sa main, révélant un bout de parchemin froissé au creux de celle-ci. On pouvait voir par les marques qui couvraient le papier qu’il avait été plié et déplié des dizaines, peut-être même des centaines de fois, qu’on avait lu et relu et rerelu son contenu. Ce parchemin, quoi qu’il y ait d’écrit dessus, semblait important aux yeux d’Aléa et elle le regardait avec une crainte qui laissait suggérer qu’il était la source de tous ses malheurs. Emily s’efforça de quitter l’objet des yeux pour se reconcentrer sur Aléa. Que voulait-elle en faire ? Lui dire ce qu’il contenait, le lui montrer, le lui lire ? Elle attendit une quelconque réaction de sa part lui indiquant la marche à suivre mais n’en eut aucune. Car à cet instant-là, le visage criblé de larmes d’Aléa se décomposa encore un peu plus si c’était possible.

Aléa avait levé la tête vers elle mais ne la regardait pas ou plus. Ses yeux étaient fixés sur un point derrière Emily qui semblait être la cause de son nouveau déchirement. Dans un réflexe, Emily se retourna, malgré qu’elle sache parfaitement ce qu’elle allait voir, ce qui effrayait tant Aléa. Jody Seinfield. La jeune fille blonde s’avança vers Aléa, l’ignorant délibérément et complètement. Probablement s’était-elle fait toute seule sa propre opinion d’Emily « on ne largue PAS Marwin Wyrven » Jones. Mais Emily se fichait de ce que cette pauvre fille pouvait bien penser d’elle. Vraiment ? Bon, peut-être que ça jouait un rôle infime dans le redoublement de son désir de soutenir Aléa. Tu l’as quand même traitée de « pauvre fille »... Bon okay, peut-être plus qu’infime...

Emily suivit Jody du regard jusqu’à ce qu’elle se mette entre Aléa et elle sans prendre ne serait-ce qu’une seconde pour s’excuser d’interrompre une conversation. Emily se retint de pousser un soupir exaspéré, ce serait mal venu de sa part et ça ne servait à rien de perturber encore plus Aléa... qui semblait totalement déconnectée du monde extérieur. Elle avait l’air tellement mal, tellement perdue, tellement effrayée que ça déchirait le cœur d’Emily. Elle avait l’impression de se regarder dans un miroir. Les mains figées dans les airs, le regard vide, on aurait cru qu’il ne s’agissait pas vraiment d’Aléa Karma mais d’une statue de sel (sur laquelle il pleut du temps qui passe) la représentant. Et à ses pieds gisait le parchemin qu’elle tenait fébrilement entre ses doigts quelques secondes auparavant. Parchemin qui disparut rapidement sous son pied. Elle ne voulait pas que Jody le voie...

Il parait que je quoi ?

Oui, il paraissait qu’elle quoi ? Bon sang, les rumeurs circulaient beaucoup, beaucoup trop vite à Poudlard ! Les gens parlaient trop et surtout, parlaient mal. Alors Emily était persuadée que quoi que Jody ait pu entendre sur Aléa, ç’avait été déformé, amplifié et enlaidi. Oui parce qu’on préfère généralement les rumeurs désobligeantes, c’est plus croustillant, plus alléchant... Bande de p’tits cons ! Jouer de la souffrance des autres sans même savoir de quoi il retourne... Mais elle ne devait pas se préoccuper de ça. Elle connaîtrait les détails de ces mensonges bien assez tôt de toute façon. Pour l’heure, elle devait sortir Aléa de là, d’entre les griffes de Jody.

Jody lui tournait le dos. Elle ne la regardait pas. Et elle ne la regarderait probablement pas. D’un geste lent, Emily plongea la main dans sa poche et en sortit sa baguette. Elle fixa ses yeux sur Aléa jusqu’à ce que celle-ci en fasse autant et lui lança le regard le plus rassurant dont elle était capable. Pour lui dire de ne pas s’en faire, d’avoir confiance en elle... La confiance, c’était justement ce dont Aléa devait manquer en ce moment même, elle le savait. Mais elle ne l’abandonnerait pas et elle savait que quelque part au fond d’elle, Aléa le savait aussi. Et la dernière chose dont elle avait besoin en cet instant, c’était bien de la présence de Jody Seinfield à quelques centimètres d’elle. Et Emily allait tout faire pour qu’Aléa se sente mieux. Alors ce regard rassurant, elle insista dessus. Pour qu’elle voie qu’elle allait l’aider, qu’elle n’allait pas la laisser tomber, ça pas question. Et Emily concentra toute son énergie sur ce bout de parchemin. Elle était une des rares sixième année qui avaient réussi un sort informulé dès le premier cours, elle savait qu’elle pouvait y arriver. Elle ferma les yeux et se concentra, encore et encore, sur ce parchemin, sur sa main ouverte qui l’attendait, sur ce qu’elle voulait qu’il fasse. Le parchemin, sa main, la trajectoire... Le parchemin, sa main, la trajectoire... Accio.

Quand elle rouvrit les yeux, un bout de papier était posé sur sa paume. Elle jeta un regard à Aléa, puis à Jody qui, bien trop occupée à secouer Aléa pour lui faire dire ce qu’elle ne voulait pas lui dire, n’avait rien suivi à la scène. Fourrant baguette et parchemin dans sa poche, elle décida qu’il était enfin temps d’intervenir. Posant sa main sur l’épaule de Jody, elle l’apostropha.

Euh, excuse-moi...

La jeune fille se retourna alors vers elle et lui jeta un regard blasé, sans même se donner la peine de lui répondre. Vivent les préjugés...

Je sais pas si t’as remarqué, mais on était en plein milieu d’une conversation, alors t’es gentille, tu attends ton tour. Maintenant, si tu veux bien nous excuser...

Un dernier regard à Aléa pour être certaine qu’elle faisait ce qu’il fallait...
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Aléa Karma
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MessageSujet: Re: "Amies pour la vie"   "Amies pour la vie" Iconminitime1wn2Mar 16 Oct - 22:34

Déconnectée. Complètement déconnectée de la réalité. Son cerveau s’était mis en grève, refusant de traiter les informations que lui délivraient ses yeux, et ses oreilles. Elle n’entendait plus rien, elle ne voyait plus rien. La seule donnée qui circulait encore était la dernière qu’elle avait reçue, c’est-à-dire: Jody est en face de moi. Son « il paraît que je quoi ? » avait été une réponse machinale, réponse de son inconscience, qui avait sûrement pris le contrôle de son corps, après que son cerveau ait renoncé à ses responsabilités en temps qu’organe principal de ce qui restait d’Aléa, c’est-à-dire pas grand-chose. Elle voyait vaguement les lèvres de Jody s’agiter, elle entendait vaguement le son de sa voix , bien que ne comprenant rien à ce qu’elle racontait. Elle pouvait être en train de lui expliquer quelle était la rumeur qui courait sur elle, elle n’en avait rien à faire. Après tout, qu’est-ce que ça pouvait lui faire, qu’il y ait des rumeurs qui circulent sur elle, alors que de toutes façons, son cerveau ne se connecterait plus jamais pour réagir à celles-ci? Parce qu’à cet instant, c’était ce qu’elle pensait; qu’elle ne réagirait plus jamais normalement, que plus rien ne serait normal. Plus rien ne pouvait être normal, c’était évident. Tant que Jody se trouvait dans les parages, rien ne pouvait être normal. Et lâche qu’elle était, elle fuyait.

Elle relâcha même la pression qui retenait si fermement le morceau de parchemin coincé sous son pied. Elle n’avait plus la force de résister. Elle n’avait plus la force d’être forte. Elle voulait abandonner, s’abandonner. Se dire que tout était fini, que plus rien ne valait la peine d’être vécu, que Jody l’avait achevé, et qu’elle la regarderait agoniser lentement, là, dans ce couloir. Elle voulait tout oublier. Elle voulait disparaître. Elle voulait que tout autour d’elle disparaisse. Elle voulait ne plus avoir à penser à tout ça. Elle voulait…la paix! Bon sang, ça n’était pas difficile! Elle voulait juste qu’on la laisse tranquille. Sauf que même si on la laissait tranquille, elle n’aurait pas la paix pour autant. Parce que même si on la laissait tranquille, elle aurait encore un cerveau pour réfléchir, et réfléchir ne lui permettrait pas d’avoir la paix. Donc, le mieux était réellement que son cerveau se mette en grève, qu’il cesse toute activité, pour toujours. Elle ne serait plus réellement elle-même, mais cela lui importait peu. De toutes façons, elle-même n’existait plus. A quoi bon essayer de la ramener ? Pourquoi voudrait-elle revenir? Qu’est-ce qui pourrait la faire revenir? Tomy. Tom Sharkor. Ce grand brun de dix-sept ans qui lui avait tant fait tourner la tête, des années plus tôt, et qui maintenant encore, savait lui faire du bien rien qu’avec un regard. Il valait tous les combats du monde. Il méritait qu’elle revienne pour lui. Il méritait qu’elle se batte pour lui. Qu’elle se batte contre sa lâcheté. Qu’elle se batte contre sa peur.

Oui, pour lui, elle se battrait. Et déjà, pour commencer, elle se battrait contre sa peur de croiser le regard de Jody. Elle releva la tête, et croisa le regard de la blonde qui lui faisait face. Mais cela ne dura que quelques centièmes de secondes. Elle ne put pas plus. Elle pouvait s’effondrer à n’importe quel moment. Détournant les yeux, ceux-ci rencontrèrent ceux d’Emily qui était restée en retrait, derrière Jody. Aléa avait presque oublié qu’elle était là aussi, et qu’elle n’était donc pas seule à se battre, qu’elle avait quelqu’un qui la soutenait. Son regard le lui disait clairement, qu’elle la soutenait. Puisant une force inespérée de ce regard, la jeune fille regarda à nouveau Jody. Elle la tenait toujours par les épaules, la secouant d’avant en arrière comme une bouteille de champagne en espérant que quelque chose en sorte. Là, en l’occurrence, le quelque chose était des mots.


Mais parle bon sang! Qu’est-ce que tu fais là ? Dis moi au moins si ce que j’ai entendu est vrai!

Ce que t’as entendu? Qu’est-ce que t’as entendu? Désolée, j’écoutais pas. C’est pas que je m’en fiche mais… … non, c’est pas vrai, je m’en fiche pas. Je m’en fiche vraiment pas. Et c’est pas du tout contre toi. Tu as détruit à peu près tout ce qu’il restait de bon en moi, et je sais absolument pas comment je vais faire pour m’en remettre, mais je t’en veux pas… Mais merde! Tu veux pas me laisser tranquille? J’en ai marre de toujours t’avoir dans mes pattes… Nan, sérieux. T’es vraiment assez inhumaine pour me planter une lame en plein cœur, et continuer à la tourner dans tous les sens sans me laisser le moindre répit, la moindre chance d’en guérir, en supposant que c’est possible ?

Euh, excuse-moi...

Aléa fut au moins aussi surprise que Jody d’entendre la voix d’Emily, voix dont elle avait oublié le son après ce qui venait de se passer. Sans écouter ce qui se passait, elle profita que Jody la lâche et lui tourne le dos pour écarter son pied et ramasser le bout de parchemin qui, le croyait-elle, se trouvait toujours sur le sol. A son grand étonnement, il n’y était plus. Paniquée, elle ne suivit que d’une oreille distraite la conversation entre Jody et Emily.

Je sais pas si t’as remarqué, mais on était en plein milieu d’une conversation, alors t’es gentille, tu attends ton tour. Maintenant, si tu veux bien nous excuser...

Aléa s’était reculée, balayant le sol du regard, ne trouvant toujours aucune trace du morceau de parchemin. Manquait plus qu’il soit coincé sous le pied de Jody. Elle priait pour qu’il n’y soit pas, et pour que Jody bouge, juste un peu, un petit peu, qu’elle vérifie…Une force supérieure l’avait entendue. Elle ne savait par quel miracle, l’autre poufsouffle avait décalé ses deux pieds, suffisamment pour voir qu’il n’était pas sous ses pieds. Mais alors, où était-il ?

Euh, je pense pas t’avoir demandé ton avis, Jones. J’ai pas l’impression qu’Aléa aille très bien, et si tu veux mon avis, j’pense que c’est toi qui devrais partir. T’es pas de très bonne compagnie pour quelqu’un dans cet état.

Elle releva soudainement la tête, regardant tour à tour Emily puis Jody. Contrairement à elle, Jody n’était pas du genre à mâcher ses mots. Et contrairement à elle, Jody croyait à toutes les rumeurs qu’elle entendait, et elle avait déjà son avis sur la question « Wyrven ou Jones? ». Aléa avait eu le malheur (oui, avec du recul, ç’avait été un malheur) de présenter Marwin à Jody, parce qu’elle le trouvait « chou ». Et même si elle était déjà casée, elle avait volontiers fait partie des mauvaises langues qui avaient médit d’Emily, quand elles avaient appris qu’elle avait largué Marwin. Quand on y pensait, elle et Aléa ne se ressemblaient vraiment plus. Il y avait carrément un fossé qui s’était creusé entre elles, au fil des années. Pourquoi ne l’avaient-elles pas vu plus tôt? Pourquoi ne s’en étaient-elles pas rendu compte plus tôt? Le bonheur, la petite bulle dans laquelle elles étaient avait été si confortable pour qu’elle refusent d’en sortir, et de voir la vérité en face?

Alors qu’Emily se prépara à répondre, Aléa redouta le pire. Parce que tout comme Jody, elle savait qu’Emily pouvait facilement être du genre à ne pas mâcher ses mots. Et, dans un élan de pur égoïsme, Aléa eut peur qu’Emily dise la vérité à Jody, c’est-à-dire que c’était à cause d’elle qu’elle n’allait pas bien, et ça, il en était hors de question. Elle n’avait pas fait tous ces efforts pour rien, tout ça pour ça. Non, ça n’était pas possible. Elle n’allait pas laisser à Emily le temps de balayer ses efforts en quelques mots.


Nan… laisse…Jo’

Rien que le fait de prononcer ce prénom, ce début de prénom, lui déchira ce qui lui restait de cœur.

Ça va, tu peux… nous laisser

Aléa regrettait du fond du cœur de ne pouvoir être plus forte, et de ne pouvoir être plus convaincante. Jody ne la croirait sûrement pas. Si elle était son amie, si elle la connaissait vraiment, elle ne la croirait pas.

T’es sûre? T’es pas obligée de rester avec elle, tu sais?

Oui… non… c’est bon… s’il te plaît…

…D’accord. Mais si t’as besoin de parler, j’suis là

T’es là. Bien sûr que t’es là. T’es toujours là, hein. La préfète hocha vaguement la tête, et attendit que la jeune fille s’en aille, après avoir lancé un dernier regard peu aimable à Emily. Elle regarda Jody disparaître dans un escalier, mais n’osa pas se retourner vers Emily. Pour lui dire quoi? Elle n’avait plus rien à dire. Elle était faible, lâche, et avait honte d’être faible et lâche. Si t’as besoin de parler, j’suis là. Ben voyons. Finalement, elle se décida à faire face à la gryffondor. Elle la regardait dans les yeux, cherchant quoi dire. Y avait-il encore quelque chose à dire?

Désolée.

Elle ne pleurait plus. A quoi servaient les larmes? A rien. Elles ne lui avaient servi à rien. Elle était lâche, faible, et menteuse, et c’était tout. Elle ne méritait pas qu’on s’attarde sur son cas. Elle n’aurait même pas dû accepter d’en parler à Emily. Elle était bien gentille, la rouge et or, mais elle ne pouvait rien faire. Et Aléa imaginait très bien ce qui se passait dans sa tête en ce moment. Elle était certainement en train de se demander quoi faire, ce qu’elle avait fait pour mériter de croiser la route d’une pauvre fille pareille, et comment s’en débarrasser. Et bien, elle allait lui faciliter la tâche. Un pas en arrière, puis deux, puis trois, les uns plus rapides que les autres. Et voilà qu’elle se retournait et qu’elle se mettait à courir, s’enfuyant dans les couloirs.
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MessageSujet: Re: "Amies pour la vie"   "Amies pour la vie" Iconminitime1wn2Dim 25 Nov - 23:35

Emily se sentait mal. Pourquoi mal ? Parce qu’elle affrontait Jody. Et ça l’effrayait, ouais. Ça lui foutait même une trouille bleue parce qu’elle faisait ce qu’on appelle en psychiatrie un processus d’identification. Emily se mettait totalement, complètement et entièrement à la place d’Aléa. Après tout, qui mieux qu’elle aurait pu le faire après ce qu’elle avait vécu avec Morgane. Elle savait mieux que quiconque ce que pouvait ressentir Aléa, la difficulté de l’épreuve qu’elle traversait, la souffrance qu’elle endurait, tout ce qui pouvait lui passer par la tête et la façon dont son cœur se serrait maintenant que Jody était là. Et elle ne faisait pas que le savoir, elle le comprenait. Il lui suffisait pour cela de transposer tout ce qu’elle avait vécu entre juin et décembre concernant sa meilleure amie et de l’appliquer aux deux Poufsouffle. Bien sûr, ressasser ces souvenirs lui était douloureux au plus haut point. Mais Aléa avait besoin d’elle et elle ne pouvait pas la lâcher, ça serait comme se trahir soi-même. Alors Emily serra les dents et leva la tête, prête à affronter Jody Seinfield. Parce que se mettre face à Jody à la place d’Aléa qui n’en avait pas encore la force, c’était pour elle comme se mettre face à la Morgane qui l’avait souffrir et qui n’était plus celle qu’elle connaissait aujourd’hui. Aléa avait besoin de ça comme Emily en avait eu besoin auparavant. Et elle allait l’aider à surmonter cette ô combien difficile étape.

Emily était motivée, prête. Elle avait rassemblé tout le courage dont elle disposait, ce qui, vu la situation, n’était pas très glorieux. Elle avait fait abstraction des images d’une brunette lui tendant une cigarette ou encore lui balançant que ce n’étaient « que » des lettres qui lui envahissaient l’esprit. Elle avait bandé sa volonté. Et elle avait plongé son regard dans les prunelles déchirées d’Aléa. Elle savait ce qu’elle faisait. Elle savait ce dont Aléa avait besoin. Tout ce dont elle avait besoin. Et la présence de Jody Seinfield n’en faisait pas partie. Alors Emily allait se débrouiller pour qu’elle s’en aille. Elle lui avait demandé de partir. Certes, d’une façon peu diplomatique. Sur ce coup-là, elle avait manqué de tact. Mais le regard que lui avait lancé la blonde (Emily se retient de dire « blondasse ») en les trouvant toutes les deux lui avait enlevé tout désir de faire preuve de subtilité. Pour être exacte, elle avait carrément oublié la signification du mot « subtilité ». Mais patientez, le pire est à venir...

Euh, je pense pas t’avoir demandé ton avis, Jones. J’ai pas l’impression qu’Aléa aille très bien, et si tu veux mon avis, j’pense que c’est toi qui devrais partir. T’es pas de très bonne compagnie pour quelqu’un dans cet état.

Voilà le pire. A l’instant où les mots de Jody prirent leur sens dans le cerveau de la Gryffondor, celle-ci vit rouge. De quel droit... ? Il n’y avait plus aucun doute là-dessus, Jody avait déjà un avis bien tranché sur l’histoire entre Marwin et elle. Et comme tous les autres, elle croyait tout savoir sur eux. Et comme tous les autres, elle se plantait lourdement. Qu’on soit clair là-dessus, PERSONNE ne pouvait se permettre d’avoir un avis quant à leurs problèmes parce que PERSONNE ne savait ce qu’il s’était réellement passé. Personne ne pouvait comprendre. Personne et surtout pas Jody Seinfield. Elle n’avait pas le droit de les juger, personne n’en avait le droit.

Elle n’avait pas « l’impression qu’Aléa aille très bien ». Bravo, super sens de l’observation, t’as au moins fait psycho pour t’en apercevoir grand chef. N’importe quel abruti aurait pu voir qu’Aléa était malade de douleur sans que ça ne soit qu’une « impression ». Et Jody se disait connaître Aléa ? Wouah, même un gosse de dix ans vivant au Népal aurait pu faire la même observation. Pourquoi le Népal ? Je sais pas trop, ça sonnait bien.
« Si tu veux mon avis, j’pense que c’est toi qui devrais partir ». Premièrement, son avis, elle pouvait se le mettre là où tout le monde pense (chez Luc). Ce qu’elle pensait n’intéressait pas Emily. En fait, ça n’était pas tout à fait exact. Ça la perturbait beaucoup au contraire et surtout, ça la blessait énormément. Mais elle ne voulait pas l’entendre, elle ne voulait pas qu’elle lui dise ce qu’elle pensait. Vous ne croyez pas qu’elle en bavait déjà assez ? Pour les fanatiques des « On ne largue pas Marwin Wyrven » (= les Jess et les Yaëlles), merci de ne pas répondre à cette question. Et deuxièmement, elle pensait mal. Il ne valait mieux pas pour Aléa qu’Emily s’en aille. Mais Jody ne pouvait pas comprendre ça, parce qu’elle n’avait aucune idée de ce qu’Aléa pouvait ressentir. Contrairement à Emily.
« T’es pas de très bonne compagnie pour quelqu’un dans cet état ». Qu’est-ce que t’en sais Seinfield ? Tu sais pas ce que c’est. Non, elle n’avait aucune idée de ce que c’était que d’être dans cet état. D’ailleurs, de quel état parlait-elle ? Emily était persuadée que Jody ne saurait pas répondre à la question si elle la lui posait. Et au contraire, Emily était la personne la plus adaptée pour tenir compagnie à quelqu’un « dans cet état ». Aujourd’hui. Tu te sentirais capable de faire ça si toi aussi t’étais au plus bas ? Bien sûr, je suis cap de tout ! J’ai dit « capable », Em, pas « cap » ... Conscience de merde ! Là n’était pas la question ! Jody avait tort, complètement tort... N’est-ce pas ?

Ce dont Jody Seinfield ne se rendait pas compte, c’est qu’elle venait de commettre deux énormes erreurs en amenant la conversation sur un sujet sensible. La première était qu’elle venait d’énerver une Emily à fleur de peau. Et ça, c’était limite plus dangereux qu’énerver une harpie. Emily pouvait faire beaucoup plus de dégâts qu’une harpie en furie, En particulier lorsqu’on la cherchait sur un sujet qui la faisait souffrir. Et qui ne sait pas que MW est le sujet faisant souffrir EJ par excellence ? La seconde erreur de Jody, c’était qu’elle venait d’énerver une Emily qui avait une baguette dans la main et qui savait s’en servir mieux que la grande majorité des sixième année. Et ça, c’était vraiment dangereux. Parce qu’Emily furieuse, c’est vraiment pas beau à voir, y’en a qui savent de quoi je parle... Sa main se serrant un peu plus autour de sa baguette, prête à s’en servir quand il le faudrait, Emily contint difficilement sa rage pour ne pas agresser Jody. Pas tout de suite...

Je...
Nan... laisse... Jo’

Emily en avait presque oublié la présence d’Aléa. Presque. Aléa... Elle ne pouvait pas lui faire ça. Même si elle crevait d’envie de faire regretter à Jody tout ce qu’elle avait dit, tout ce qu’elle n’avait pas dit mais qu’elle pensait quand même et tout le mal qu’elle avait pu faire à Aléa, elle ne pouvait pas. Ça lui ferait encore plus de mal. Alors Emily ravala sa rage et s’abstint de faire taire Jody à sa façon, même si l’envie ne lui manquait pas. Elle savait quand il valait mieux ne pas répliquer. Ce qui n’était apparemment le cas de Jody qui s’évertuait tant bien que mal à mettre tous les malheurs de la Terre sur son dos. Comme si ça pouvait soulager Aléa...

Et après un « si t’as besoin de parler, j’suis là » qui fit lever les yeux au ciel à Emily, elle s’en alla. C’était justement parce qu’elle n’était pas là qu’elle avait besoin de parler. Elle ne se rendait même pas compte que c’était elle le problème d’Aléa. Quelle imbécile... Mais Emily s’efforça de mettre de côté sa rancœur envers la jeune fille pour se concentrer sur la personne qui avait vraiment besoin d’elle en cet instant.

Désolée.
C’est rien...

Non, bien sûr que ça n’était pas rien. Mais pour l’instant, il y avait plus important. Beaucoup plus important. Aléa. Et le fameux parchemin qu’Emily détenait au creux de sa main. La Gryffondor ouvrit légèrement le poing et baissa les yeux sur le papier qui s’y trouvait. Elle releva la tête et tendit son bras pour le rendre à Aléa mais c’était trop tard. La Poufsouffle s’était déjà élancée à travers les couloirs, s’enfuyant.

Aléa attends !

Si Aléa l’entendit, elle ne s’arrêta pas pour autant. Emily comprenait. Elle avait besoin de fuir les problèmes. Ce n’était pas la meilleure solution bien sûr, mais elle ne risquait pas d’être celle qui lui jetterait la première pierre... Emily baissa à nouveau les yeux sur le parchemin et le considéra un moment. Ce n’est pas de la curiosité malsaine qui la poussa à déplier le parchemin et à le lire. C’est l’envie, le besoin d’aider. Alors oui, elle déplia le parchemin. Et oui, elle le lut. Et autant vous dire que si Jody Seinfield s’est retrouvée coincée dehors dans la neige ce soir-là, Emily Jones n’y est pas étrangère...



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