Vingt heures passées, et les derniers élèves repus sortirent de la grande salle dans un brouhaha infernal. Fay en faisait elle même partie, accompagnant un petit groupe d'amis Serpentards qui débattaient avec humour sur les résultats possibles suite à un combat opposant un Gryffondor à un troll des montagnes. Bon d'accord, il y avait plus intelligent comme conversation, mais c'était tout de même relaxant. Fay riait de bon coeur, ne participant pas vraiment au débat, mais ses amis savaient pertinnement qu'elle n'était pas extrêmement bavarde, peu importait, ils savaient l'apprécier ainsi. Les yeux fixés à terre, une main posée sur son sac en bandoulière que soutenait sa frêle épaule, la jeune Serpentard laissait guider ses pas instinctivement, qui la menaient vers les cachots, elle et ses amis.
Puis la conversation dériva sur les niaiseries de la St Valentin, mais la bonne humeur était toujours là. Catherina pouffait de rire sur les âneries que lançait Eliott sur le pauvre Potter qui était le sujet de conversation préféré des Serpentards. Néanmoins la conversation redevint un peu plus sérieuse lorsqu'on évoqua un possible bal, et la petite troupe d'amis s'arrêta au milieu d'un large couloir. Fay releva alors la tête, curieuse de voir pourquoi leur élan s'était ainsi stoppé, et pourquoi les autres Serpentards avaient à présent sur les lèvres un sourire hautain et moqueur. Pénélope Deauclair, une Serdaigle à l'acné véritablement terrifiant, était en grande conversation désespérée avec une jeune homme, visiblement Poufsouffle. Celui-ci partit alors dans la direction opposée, en la dédaignant presque, laissant une jeune fille effrondrée.
- Hé Deauclair, nous dit pas que tu cherches un cavalier pour le bal ?
- Mais t'en fais pas, t'as toutes tes chances si tu demandes à un troll.
La jeune Serdaigle n'avait même plus la force de répondre aux provocations. Elle leva vers la bande de Serpentards un regard embués, ce qui contrairement à ses camarades ne faisait pas rire Fay. Pénélope passa à pas rapides en les bousculant afin de pouvoir se frayer un passage, et disparut dans le tournant du couloir.
- Dites ça va... C'était tout de même pas très sympa...
- Depuis quand tu te soucies des autres, Fay ?
Cette question n'était pas méchante, au contraire elle était ponctuée d'une voix amicale et chaleureuse, mais elle était sincère. Cette banale question donna un tel coup de poing dans l'estomac de Fay qu'elle sentait sa gorge se serrer. Alors ainsi, à force de jouer les indifférentes, on la prenait pour une sans coeur ? Fay esquissa un bref sourire, seulement pour cacher sa soudaine grande tristesse, et il fallut beaucoup de talent pour cacher ses larmes naissantes et sa voix légèrement tremblante.
Ses amis n'y firent pas attention, et reprit son chemin tout en déblatérant sur cette pauvre Serdaigle. Il était certain que le soir de cette maudite St Valentin, Fay se retrouverait aussi seule que Pénélope, si on persistait à la voir comme une fille glaciale au coeur de pierre. Ce n'était pas autant le fait de se dire qu'elle fêterait le 14 Février seule, Fay s'en contrefichait véritablement, elle préférait autant rester au calme, mais c'était cette soudaine opinion des autres qui lui oppressa le coeur. Pourtant, la jeune fille avait déjà eu un amour dans sa vie, un seul. Greg Helwood, un Serdaigle d'un an son ainé. Son nom avait été gribouillé partout sur son petit carnet offert par son père, un petit livre de cuir usé mais qui renfermait quelques pouvoirs amusants. A chaque fois qu'on mettait le prénom et le nom d'une personne, une écriture apparaissait à ses côtés, faisant mention des sentiments de celui qui avait écrit le patronyme envers cette personne. C'est ainsi que lorsque Fay notait Pansy Parkinson sur une page vierge, y apparaissait à côté quelques mots comme "Bonne à jeter dans une fausse à lutins de cornouailles", tandis qu'à côté du prénom Greg y était annoté dans une magnifique écriture "Même Lockheart ne lui arrive pas à la cheville"
Fay fut prise soudain d'un doute... En sortant de la grande salle, la jeune fille avait fouillé dans son sac remplit à ras bord, mais ne souvenait pas d'avoir vu son carnet spécial, appelé plus communément "Livre à pensées". La Serpentard se stoppa net, et commença à fouiller avec hâte son sac, mais ne trouvait pas ce qu'elle cherchait.
- Non attendez... Mon livre à pensées, je ne le trouve plus...
-Ah bonne idée, voyons ce que tu penses de moi ...
Un des garçons de la bande commençait à se pavaner en proie à un fou rire avec les quatre autres, mais Fay était peu propice à la rigolade. Ce carnet, elle y tenait, c'était un cadeau de son père, sans compter que la majorité des gens qu'elle connaissait étaient dans ce livre. Que se passaitil si quelqu'un tombait dessus et voyait que Fay en pensait les pires atrocités ?
- Non écoute Eliott c'est pas drôle... J'ai du le perdre en chemin. Allez-y je vous rejoint.
Fay esquissa un sourire puis partit dans la direction opposée à pas extrêmement rapide, le stress au ventre. Soudain, elle se stoppa net, une personne était devant elle, debout, le nez plongé dans un livre... SON livre. Essoufflée, et ne faisant preuve d'aucune manifestation polie à cause de sa grande angoisse qui n'était pas retombée, Fay s'approcha de la personne et tendit la main.
-Mon livre, s'il te plait...