Des heures d'ennui [Libre]

Appuyée contre la fenêtre, April laissa échapper un soupir. Dehors la pluie tombe à grande eau, ce sont des cordes et des cordes qui se déversent dans le parc du château. Et elle qui avait voulu profiter de cette heure où elle n’avait pas cour pour sortir se changer les idées dehors, c’était fichu. April tourna le dos à la fenêtre s’appuyant contre le mur. Elle jeta un coup d’œil à la salle Commune qui à part quelques pèlerins perdus sur leurs fauteuils, il n’y avait personne. Et Elie qui s’était débrouillée pour se retrouver en retenue. Fichue fille, elle avait osé laissée son April international seule pendant deux heures. Fichue prof aussi qui n’avait pas pensé à l’ennui dont souffrirait April si Elie n’était pas là pour faire ces moues comiques et jouer de son caractère cochon pour amuser la galerie. Nouveau soupir de la Poufsouffle. Décidément, l’ennui était au rendez-vous dans sa vie ces temps-ci. Cela faisait trois jours qu’elle passait ces cours à s’endormir et pourtant elle avait envie de réussir et d’apprendre. Elle n’était pas une sorte de ces rebelles qui n’écoutent pas en cours et s’endorment. D’ailleurs, ces personnes étaient plutôt rare au sein de l’école. On a rarement vu un sorcier qui soit racaille, ou rappeur des cités. April trouvait juste que la vie devenait ennuyeuse, oui encore une fois ce mot, tout était banal, il n’arrivait rien de particulier, juste des cours qui s’enchaînaient à la suite les uns des autres, des repas qui se succédaient et le soleil et la lune qui n’arrêtaient pas de faire leur habituelle va et viens, se chassant chacun leur tour. Même Elie, pourtant jamais à court d’idées dans ce qui était de raconter des blagues, faisait beaucoup moins sourire April. La Poufsouffle avait vraiment l’impression que la vie devenait morne, qu’elle s’endormait.

Elle s’éloigna alors de la fenêtre et passa la porte de la salle commune laissant les quelques pèlerins qui y étaient vagués à leur occupation, elles aussi d’un rare ennui. Arrivant dans les couloirs du sous-sol, April se dirigea vers l’escalier. Errer dans les cachots ne lui disait pas trop. Lorsqu’elle était sous terre, elle avait l’impression d’être enfermée, prise au piège du dieu de la Mort. Vision assez étrange, mais dans les cachots, lorsqu’elle était seule, April paniquait. Si elle arrivait à rester calme lors des cours de potion c’était tout simplement parce qu’elle se convainquait que le dieu de la Mort ne pouvait pas prendre dans les mailles de son filet autant d’élèves. C’est donc d’un pas rapide, très rapide même et jetant de nombreux coup d’oeil derrière elle qu’elle arriva dans le hall. Un hall silencieux et endormi lui aussi à cette heure de la journée. Alors qu’il était l’un des lieux les plus fréquentés de Poudlard à certains interclasses ou heures fixes de la journée, en ce moment, il n’y avait pas un chat. Même Miss Teigne, la chatte de Rusard ne faisait pas entendre ses horribles miaulements à faire sursauter un mort dans sa tombe.

April laissa derrière elle le hall silencieux. Que voulez-vous qu’elle y fasse ? Il n’y avait personne à qui adresser la parole ni personne à écouter raconter les commérages de l’école. Et on va dire que le hall d’entrée de Poudlard n’était pas le lieu recélant d’œuvres d’art que la jeune fille aurait pu réaliser sur son bloc notes. Un bloc notes qu’elle avait d’ailleurs oublié sur sa table de chevet.
Alors qu’elle montait tranquillement sans savoir où aller exactement, un fracas la fit sursauter. Instinctivement, elle leva les yeux au plafond. Un réflexe qu’elle avait eu depuis le jour où elle s’était vue tremper de la tête aux pieds par un seau d’eau lancer gentiment par Peeves, l’esprit frappeur. Même si la jeune fille ne détestait pas pour autant le fantôme, elle le redoutait quelques peu et n’appréciait pas vraiment de croiser sa route. D’ailleurs qui aimeraient rencontrer a tous les coins de rue quelqu’un susceptible de vous lancer de l’encre ou autres fantaisies a la figure. Non vraiment, Peeves n’était pas la créature la plus agréable de ce château. April se mit à gravir les marches quatre à quatre espérant arriver à l’étage avant que le fantôme ne la remarque. Mais lorsqu’elle arriva en haut de l’escalier, l’esprit frappeur finissait de traverser un mur pour se retrouver face à la Poufsouffle. April pesta, avec la chance qu’elle avait, il fallait vraiment qu’au moment où elle se décide de sortir dans les couloirs elle tombe sur Peeves.

« Oh mais c’est une petite Pouffy que nous avons la ! »

Le fantôme tenait à la main deux chaises qu’il avait dû trouver dans une salle de classe vide. Et a fortiori c’était des mêmes chaises qui avaient causé le fracas qu’elle avait entendu quelques instants plus tôt.

« Eh bien la Pouffy te dit à la prochaine »

Et sur ces mots April s’élança dans l’escalier qui menait au deuxième étage afin de laisser derrière elle le fantôme. Parler à ces êtres transparents ne l’enchantait guère. C’était comme parler à un mort, cela avait une vision funeste aux yeux de la jeune fille. Elle entendit derrière elle l’esprit frappeur râler et lui sommer de revenir. Elle redouta qu’il ne la suive avec ses deux chaises pour les lui lancer dessus, mais a priori non. Elle entendit sa voix s’élever à nouveau dans la cage d’escalier. Un première année de Serdaigle venait de s’aventurer dans les escaliers et Peeves avait dû se dire qu’il n’avait pas encore souhaité la bienvenue au petit sorcier et avait oublié la cinquième année.
Au deuxième étage, April se dirigea machinalement vers les toilettes de Mimi Geignarde. Comme si elle n’avait pas eu sa dose avec les fantômes. Enfin, aujourd’hui, Mimi semblait ne pas avoir été trop pleureuse et les toilettes ne baignaient pas dans un mètre d’eau. Elle alla s’asseoir sur l’un des rebords des robinets ses jambes pendant dans le vide. Elle repensa à sa rencontre avec Peeves, se trouvant d’un coup paradoxal. L’esprit frappeur, bien qu’il soit un élément banal, habituel de la vie à Poudlard pouvait très bien apporté le peu d’action, de changement qu’elle aimerait avoir. Mais alors pourquoi fuyait-elle sa présence. Peut être tout simplement traumatisé par le vilain fantôme lors de sa première année. Oui, peut être. April lâcha un nouveau soupir, finalement, elle était revenue au même point d’ennui que dans sa salle commune, si ce n’est qu’elle avait changé de lieu. Mais quel lieu passionnant que les toilettes inondées du deuxième étage.

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