Oeil pour oeil, dent pour dent

Hayden était d’excellente humeur.
Chantonnant joyeusement, il accomplissait une tâche à la fois utile et importante, fait rare dans son cas on l’avouera.
Pourtant le Gryffondor n’avait aucune raison particulière d’être aussi heureux, du moins si on tenait compte des événements récents.

Flash Back – 5 jours plus tôt

C’était le matin et Hayden se sentait particulièrement en forme. En même temps, il valait mieux que ce soit le cas, il avait une journée très chargée : 4 rencards et il ne se rappelait pas un seul des noms des filles avec qui il les avait pris. Il allait falloir jouer serré, histoire que l’une ne le rencontre pas avec une des trois autres ; mais bon, c’était faisable. Et au pire, bah, il improviserait, comme d’habitude.
A la première de ces demoiselles, donc : Amy ! ou peut être Emy ? Annie ? bref, direction la salle des Trophées et on verrait bien qui serait là.
Arrivé au lieu-dit, il fut tout d’abord assez ennuyé de constater qu’un troupeau de 1ère année occupait tout le couloir devant l’entrée de la Salle. Ils ne pouvaient pas faire leur visite guidée à un autre moment, non ? Les trois bouts de métal exposés n’allaient pas disparaître du jour au lendemain ! Trois gamines s’écartèrent précipitamment de son chemin, chuchotant d’un air surexcité et conspirateur en lui jetant des regards apeurés. Ah, popularité, quand tu nous tiens… Hayden se demandait bien quel genre d’histoires on pouvait bien colporter à son sujet chez ces 1ère année encore innocents.
A ce moment-là, le rouge et or repéra une jeune blonde appuyée contre le mur de pierre du couloir, examinant ses ongles d’un air morose. Aaaaah, voilà ce qui l’intéressait. Pas mal du tout, mon vieux, t’as géré sur ce coup là. S’il ne faisait pas de gaffes, il avait bon espoir de l’emballer dans la demi-heure. Aiguisant son immense sourire, il s’approcha de la jeune fille et s’appuya nonchalamment sur le mur à côté d’elle.

« HAYDEN !! »

Sa proie –dont il ne connaîtrait sans doute jamais le nom- avait à peine eut le temps de relever la tête et de le regarder avec un sourire aguicheur qu’un cri strident avait retentit derrière eux. Comme s’ils avaient pressenti un danger, les 1ère année s’étaient précipitamment écartés du chemin de la furie qui venait d’émettre ce hurlement.

« HAYDEN MONAGHAN ! »

La personne concernée pensa un instant à fuir à toutes jambes, mais dans un élan de courage aussi inattendu qu’inutile, il décida d’affronter son destin (après tout il était à Gryffondor…cette blague) et se retourna pour faire face à….

« J’y crois pas, on sort ensemble depuis deux jours et tu me trompes déjà avec la première pouffe venue !!!! »

… Fanny, s’il ne se trompait pas. Soit Fanny, soit Monica, impossible d’être plus précis. En tout cas fait étrange, il n’avait jamais remarqué jusqu’ici cette incroyable ressemblance qu’elle avait avec une harpie. Complètement sonné, Hayden tenta de décrypter les vociférations de sa petite amie (enfin plus pour longtemps, il en avait l’intuition). La « première pouffe venue », quant à elle, s’était éclipsée discrètement, l’air gravement offensée. Et merde.

« Ecoute, laisse moi t’expliqu…
-Tais-toi ! Je sais très bien ce que tu vas me dire !...

Le pire dans l’histoire c’était qu’il n’avait (encore) rien fait. Tout au plus un petit flirt innocent, pas de quoi en faire tout ce boucan en tout cas. Mais comment cette furie avait-elle su ?...

« ...et moi qui te faisais confiance, comme une parfaite idiote, continuait de gémir Fanny. Je pensais… je croyais… ah, quelle idiote !!! Dire que je n’ai pas voulu croire ton crétin de cousin quand il m’a dit ça !!! Mais je te jure que… »

AAAhhhh, voilà l’explication. Basile Crimson. Ce cher Basile. Il avait voulu lui faire une petite blague, ce petit galopin ? Sacré Basile. Il ne perdait rien pour attendre.
Bon, en attendant Fanny vociférait toujours au milieu du couloir, et pas moyen de s’esquiver. A moins que…
Hayden remua discrètement sa baguette, mobilisant toute sa concentration pour tenter de réussir un sortilège informulé. Et il devait y avoir un dieu pour les débauchés en situation critique car…

-Mais tu m’écoutes quand je parle ???
-Regarde derrière toi !répliqua-t-il.

Il pointa du doigt la nuée d’oisillons qui venait d’apparaître comme par enchantement juste derrière la tête de Fanny. Deux ou trois d’entre eux, handicapés par des ailes trop petites, tombèrent comme des mouches sur le sol ; les autres perdaient tellement de plumes qu’on allait bientôt pouvoir retapisser le sol du couloir. Bon, ok, c’était pas du grand art, et Flitwick lui aurait sûrement collé un T pour avoir massacré ainsi un de ses précieux sortilèges. Mais c’était parfait pour ce qu’il avait prévu…
Alors même que Fanny se retournait et découvrait avec étonnement ce spectacle pitoyable, Hayden prit purement et simplement ses jambes à son cou.
Comme quoi, la technique de diversion avait beau être vieille comme le monde, elle fonctionnait toujours…



Hayden acheva enfin son œuvre et la contempla avec une satisfaction évidente.
Il venait de coller sur le panneau d’affichage du Hall cinq photographies pour le moins… originales.

« Qu’est-ce que tu nous prépares, Monaghan ?
-Tiens, salut Hatcher.

Un garçon courtaud et robuste venait de s’approcher, manifestement intrigué.

-C’est quoi, ces photos ?
- Un simple retour des choses je dirai.
-Hé, mais ce type en train de courir partout avec son slip sur la tête, dessus, c’est pas…??

Hayden hocha la tête avec ravissement et Hatcher éclata de rire.

- C’est les photos que tu avais faites pendant la soirée qu’on avait organisée dans le parc du château, c’est ça ? Ce pauvre gars avait un bon coup dans le nez !
-Je te le fais pas dire, dit Hayden avec un grand sourire.
-Tu crois pas que t’abuses un peu ? Il est à poil sur les photos quand même.
- J’ai réussi un sortilège de Censure. Y’a que les personnes de 17 ans ou plus qui ont le privilège de voir son intimité. Et puis j’ai collé les photos avec un sort de Glu Temporaire, comme ça personne ne pourra les décoller avant 3 jours. Qu’est-ce que tu dis de ça ?
- J’en dis que je sais pas ce que t’a fait Basile Crimson, mais ça devait pas être joli-joli pour mériter ça !



EDIT Lalyne : je suis morte-de-rire. Emily a promis à Basile de pas rire, mais moi je me fends la poire