Ennui, hiboux et chaussure carbo...

[Rapport au temps: ce topic a lieu avant le discours d'Ombrage (et l'interdiction d'accéder à la volière)... désolé pour la boulette^^]


Hayden s’ennuyait.
Ca n’avait rien à voir avec le petit moment de désœuvrement qu’on éprouve tous après qu’on ait fait tout ce qu’on avait à faire. Rien à voir avec l’état de somnolence relative dans lequel on plongeait pendant un cours d’histoire de la Magie. Et rien à voir avec la morosité qu’on ressent en fin de journée, quand on ne sait plus trop quoi faire pour occuper les dernières minutes du jour.
Rien à voir.
Le vide. Vous pouvez imaginer ça, le vide ? Le vrai. Le néant qui règne dans l’esprit. Quelques pensées qui y bourdonnent furieusement, comme des guêpes ; qui résonnent tellement fort dans ce désert, qu’elles en font presque mal physiquement. L’incapacité à réfléchir, à prendre la moindre initiative. Un coma, la conscience en plus. Voire en trop.
Il n’y avait rien de plus frustrant, de plus irritant, de plus enrageant… Se sentir inutile. Où l’être vraiment. Il n’y avait pas tellement de différence, finalement. Qu’y avait-il de plus terrible que cette inconsistance, ce manque terrible qui le faisait douter d’exister ? C’est parce qu’ils avaient un objectif que les autres étaient réels. Ils avaient un but, ils existaient. Eux, ils existaient…
Et puis la rage de se voir lui-même dans cet état. Une sourde et brûlante qui montait dans la gorge, qui laissait un goût âcre dans la bouche. Qui faisait serrer les dents et les poings, qui raidissait chaque membre, au point presque de les rendre douloureux…

La journée du jeune homme n’avait pourtant pas si mal démarré. Il avait réussi à sortir avec la brunette, là, heu… Magda, Maggy… Madeleine ! Madeleine, c’était ça. Très bon coup. Ca faisait déjà deux bonnes journées qu’il l’avait remarquée. Les cours s’étaient déroulés comme d’habitude, sans incident notoire, mis à part le sempiternelle devoir en plus qu’il ramenait toujours de Métamorphose. Hatcher lui avait refilé un petit sachet de haschich de très bonne qualité. Et puis en fin de matinée, un de ses cours avait été annulé, à cause d’une indisposition du professeur. Une heure et demi de libre. Libre, quelle horreur…
C’était juste après le cours de Potions. Comme ils abordaient une partie du programme assez ardue, le jeune homme s’était forcé à suivre le cours, dans le vague objectif de remonter un minimum ses résultats. Il n’avait rien compris. Ce qui, chose rare, l’avait passablement agacé. Il était sorti en trombe des cachots, en envoyant paître (pour rester poli) ses potes qui essayaient de le suivre, et était remonté directement dans son dortoir pour s’enfiler une petite bouteille. Ce ne fut qu’après avoir entièrement vidé sa valise, dont les vêtements étaient éparpillés un peu partout dans la chambre, qu’il se souvint que tout son stock avait disparu comme par magie, grâce à une certaine elfe de maison. Inutile de dire qu’à ce moment, Hayden était très irrité, et assez anxieux. Il sentait venir l’ennui, comme on renifle la fumée d’un incendie. C’étaient de vraies crises, chez lui. Comme une maladie insupportable, exécrable, invivable, dont il serait toujours impossible de se débarrasser complètement. On pouvait seulement l’endormir. Les remèdes de prédilections : l’alcool, toutes sortes confondues, la fumette, et à la limite, les filles. L’alcool, donc, impossible. Ses copains n’en avaient même pas puisqu’il était censé être le fournisseur de la semaine après la livraison –perdue- qu’il avait reçue. Les filles, éliminées d’office. Dans cet état-là, il ne supportait personne, et encore moins les poules roucoulantes dont il s’entourait la plupart du temps. Il restait le hasch.
Hayden ressortit rapidement de la Tour des Gryffondor, nerveux. Sans réfléchir –il y avait un moment qu’il n’en était plus capable, il prit le premier escalier qui se présenta, et qui conduisait à la volière, ce qu’il constata une fois en haut. Bah, ça irait très bien. Il n’y avait personne à cette heure-ci, ils étaient tous en cours. C’était juste le temps de deux ou trois joints.
Le 6ème année se dirigea vers un coin de la volière, écarta rapidement la paille qui jonchait le sol à cet endroit et s’assit contre le mur. Les sourcils douloureusement froncés, Hayden sortit son sachet et commença à se rouler une cigarette, sous le regard curieux et réprobateur de centaines de hiboux.
Il mit un moment avant d’y arriver. Il était tellement crispé qu’il avait du mal à plier le papier sans écraser son joint. Quand enfin ce fut fait, il dut encore s’y reprendre à trois fois avant de réussir à l’allumer avec son briquet. Mais ça y était, cette fois. Il se sentait déjà moins nerveux. Après deux ou trois taffes, il s’était décrispé.
Mais le vide ne se comblait pas. Hayden n’arrivait pas à l’oublier. Il avait tout juste assez fumé pour se sentir un peu engourdi, délivré de toute colère, de toute pensée importune, de toute irritation. Mais il restait le vide. Le Gryffondor jeta son joint pas terminé, vaguement dégoûté. Il n’en voulait même plus. Il ne voulait plus rien. Il voulait juste… arrêter d’exister. Il se sentait déjà tellement creux, tellement transparent. Peut être que s’il fermait seulement les yeux, il disparaîtrait ?

Un bruit de pas dans l’escalier lui parvint. Agacé, le jeune homme ouvrit paresseusement un œil, se préparant à rabrouer le gêneur. A ce moment-là, son regard tomba sur son joint, qu’il avait oublié d’éteindre et qui avait déjà embrasé la paille du sol…

« Merde, merde ! » jura-t-il en se redressant pour écraser les flammes avec sa chaussure.

Les flammèches furent vite étouffées et ne formèrent plus qu’un petit tas fumant, tout en ayant soin de laisser une belle marque noire sur la chaussure hors de prix d’Hayden. Celui-ci releva la tête. Le nouveau venu était arrivé dans l’embrasure de la porte, et, franchement, Hayden aurait préféré qu’il le voie autrement que vautré dans la paille de la volière, une chaussure carbonisée à la main et les restes fumant d’un joint à côté de lui…

Signé: t‘as très chère fille...

Non, non, ça n’allait pas. Pour la énième fois, la jeune fille agita sa baguette au dessus du parchemin, murmurant un sort. Les derniers mots s’évaporèrent, laissant une plume s’agacer au dessus du papier, le menaçant de faire une belle tâche d’encre Une heure... Cela faisait une heure que la vert et argent essayait en vint d’écrire cette lettre!! Et pourtant, ce n’était pas quelques chose de rare, pour preuve... C’était la seconde depuis le début de mois. A croire qu’elle n’avait pas la tête à ça, et pour cause... Quand vous apprenez que votre frère jumeau, votre moitié se rebelle contre ses origines, renie les liens paternelle, ça ne vous laisse pas indifférent. D’autant plus que le jeune homme en question est l’héritier McFairth. Le gentil petit garçon, bien sage et polit... etait devenu l’adolescent rebelle, qui laisse négligemment pendre sa chemise hors de son pantalon, se contente de poser sa cravate sur ses épaules et trouve amusant de répondre aux professeurs et de sécher les cours. De quoi faire une jolie tâche sur la réputation de papa. Puis il y avait eut cette soirée la semaine dernière, première dispute des jumeaux à cause du même homme... Dur moment qu’elle préférait oublier, souvenir qui arrivait à lui mettre le morale à zéro en un clin d’oeil. Depuis, ils s’étaient simplement évités sachant tout deux qu’une nouvelle confrontation n’était pas à prescrire pour le moment. Un McFairth en colère ça fait mal, mais alors deux... Dans deux camps opposés, je ne vous souhaites que d’être le plus loin possible.

Elle colla à nouveau le bout de sa plume sur le parchemin, se mordant l’intérieur de la joue tout en réfléchissant. Un point bleu grossissant commença à se dessiner sur la surface jaunâtre. Puis, mettant le mécanisme de son poignet en marche, Eryn esquissa simplement d’une jolie écriture, les quatre lettres dont étaient composés son prénom. La jeune fille posa sa plume sur la table, relut une dernière fois le contenu de la lettre avant de la plier et de la faire glisser dans une enveloppe. Elle reboucha l’encrier puis d’un coup de baguette, elle fit glisser le tout dans son sac. Eryn se leva silencieusement, prit l’enveloppe qu’elle logea dans sa poche, fit passer son sac au-dessus de son épaule et traversa la salle commune encore remplit de quelques élèves qui avaient abandonnés leurs cahier pour une partie d’échec version sorcier.

Il lui restait bien deux bonnes heures avant le couvre-feu. Tant mieux... Elle n’avait pas envie de se presser, et encore moins de se retrouver dans la salle commune avec son frère... C’est donc en prenant son temps qu’elle prit la direction de la volière. A peine une petite dizaine de minutes plus tard, Eryn se trouva en bas des escalier et déjà... Une légère odeur d’alcool mélangeait à quelque chose qu’elle ne pouvait identifier lui monta à la tête. Malgré ça, elle gravit les marches, les unes après les autres sans même se demander sur quel genre de spécimen elle allait tomber une fois là-haut. Arrivée au niveau de la porte, elle appuya sur la poignet, la porte était à peine entre-ouverte qu’elle fut confrontée à une odeur de cramé qui la fit tousseter. Elle finit d’ouvrir la porte, laissant ses yeux émeraudes se balader jusqu’à tomber sur un jeune homme... Étalé sur le sol de la volière, des brins de paille accrochés un peu partout sur ses vêtements, une chaussure noircit, qui venait apparemment de rendre l’âme dans la main et le reste de quelque dont elle ne voulait pas savoir l’origine à côté de lui. Une situation qui devait etre assez gênante pour le rouge et or, pour le plaisir de la jeune fille.
Son visage jusque là fermé, esquissa un léger sourire se trouvant à la limite entre l’amusement et la moquerie.

« C’est donc à ça que ressemble un élève de la très ‘honorable’ maison dite Gryffondor? Je ne vois vraiment pas de quoi McGonagall peut être si fière... »

Elle avança encore de quelques pas, histoire de mieux contempler le spectacle qui s’offrait à elle. XD
Une chouette vint se poser à côté d’elle, mais la jeune fille avait apparemment trouvait meilleure occupation que d’envoyer sa lettre, laissant le volatile piaffer d'impatience à côté d'elle.

[Arf... C'est ps terrible, m'enfin j'espère que ça te convient, sinon j'édite ^^]

[c’est très bien ^__^]

Le « gêneur » était une gêneuse. Une charmante jeune fille pour être précis. Peut être justement un peu trop jeune pour lui, mais enfin.
Hayden prit conscience de son étrange posture. Il lâcha son soulier, se rassit lentement et commença d’enlever les brins de paille qui s’étaient collés un peu partout sur ses vêtements.
S’il avait honte ? Absolument pas. Voyons, qu’il avait-il de honteux à être vautré dans la paille, une godasse cramée à la main, je vous le demande ? Il n’était même pas embarrassé. Il n’était jamais embarrassé, d’ailleurs. Juste un peu agacé parce que, à choisir, il aurait quand même préféré être seul. Il avait une telle estime de lui-même qu’il assumait chacun de ses actes, et croyez-le ou non, ils n’étaient pas tous très glorieux… Mais Hayden était Hayden. De son point de vue, tout ce qu’il faisait était fantastique, rien que parce qu’il le faisait. Et se retrouver dans une situation que l’on pouvait objectivement juger d’assez ridicule en faisait partie.
Aussi quand la fille lui décocha un grand sourire moqueur, il se contenta de hausser un sourcil d’un air ennuyé. C’était une Serpentard, vu son uniforme. Bah. Il n’était pas d’humeur à ce petit jeu. Il n’était d’humeur à rien du tout, d’ailleurs. Ramassant sa chaussure brûlée, il l’examina gravement tandis que l’autre fille lui adressait la parole.

« Bon, écoute, petite, soupira-t-il. Je n’ai ni le temps ni l’envie de jouer au chat et à la souris avec toi, d’accord ? Alors va trouver un autre gus à emmerder et laisse moi tranquille, s’il te plaît. »

La chaussure était foutue. Hayden la balança derrière lui, c’était à dire à travers une des grandes fenêtres de la volière. Bah, ce serait une bonne occasion de demander un petit supplément d’argent de poche à sa mère ! Il se releva, époussetant ses manches, ignorant complètement la jeune fille, ou en tout cas faisant comme si.
Logiquement, il aurait dû partir. Il était en pleine déprime, là, il n’avait pas besoin qu’une mioche lui rappelle qu’il était un raté. Mais en croisant le regard railleur de la Serpentard, il ne put s’empêcher de se retourner pour la regarder droit dans les yeux et lui répondre :

« Bon, OK… Premièrement, " ça ", ça s’appelle Hayden Monaghan, et ça demande un minimum de respect. Deuxièmement, si tu recherches l’archétype du Gryffondor, va voir McLaggen Super Préfet par exemple, il sera ravi de te montrer comme il est doué, courageux, intelligent etc. Troisièmement, ça m’embête un peu de voir ma maison critiquée par une Serpentard, dont la maison vient de perdre la Coupe des Quatre Maisons pour la 5ème année consécutive… »

D’accord, d’accord, c’était faible et facile comme argument. Sans compter qu’il n’y était pas pour grand-chose… (il faisait perdre tellement de points à l’année à Gryffondor qu’il se demandait souvent ce que faisaient les autres pour les regagner…).

« Quatrièmement, je me permets de douter très sincèrement que McGonagall ait jamais été " fière " de moi. Bizarrement, elle ne m’apprécie pas... Et cinquièmement… »

Hayden se frotta la nuque d’un air pensif.

« Euh, je n’ai pas de cinquièmement. Bref, t’as compris l’idée. »

Ses idées noires n’étaient pas vraiment parties, mais il allait un peu mieux, va savoir pourquoi. Profitant de cette accalmie, il se roula rapidement un autre joint et le fuma tranquillement, sans se soucier de savoir si la fille allait le dénoncer ou non.
Il y avait quand même quelque chose de bizarre à voir un garçon fumer tranquillement du hasch, au milieu de centaines de hiboux hululant, un pied chaussé et l'autre en ravissante chaussette grise (et trouée)...

« Hé, la Miss, ton piaf s’impatiente… » remarqua-t-il en voyant la chouette qui s’était posée sur son bras secouer ses plumes d’un air irrité.

Appuyée contre une poutre qui tenait plus ou moins bien, la jeune fille laissait vagabonder les deux émeraudes qui lui servaient d’yeux autour du jeune homme, découvrant une trace noirâtre de brûler sur le plancher qui n’était déjà pas bien solide. ‘Petite’... Et dire que jusque là elle avait fait de son mieux pour être un minimum ‘sympas’ (bah ui, faut pas lui en demander trop en matière de sourire à Eryn), et le seul moyen qu’il avait trouvé de commencer sa phrase était de la ‘qualifier’ de petite. Mauvais point pour le jeune homme, très mauvais, mais au moins, il avait eu la délicatesse d’ajouter un s’il te plaît, pas très convaincant mais c’était un début. Malgré cet effort de politesse, piquée au vif, la demoiselle planta son regard dans celui du Gryffondor.

« De un, la ‘petite’ elle pas si petite que ça donc tu lui dois quand même un minimum de respect... J’ai juste une ou deux années de moins que toi. Et ne t’en fais pas, je n’ais aucunement l’intention de ’jouer’ avec toi. »

Elle lui adressa un regard navré tandis qu’il lança sa chaussure carbonisés par l’un des grande fenêtre de la volière. Apparemment il ne devait pas être au courant qu’il était dans une école de sorcier, et qu’il existait une multitude de sorts pour réparer et arranger ce genre de choses. M’enfin, elle devait avouer, pour en avoir déjà rencontrer quelques uns, que les Gryffondors n’étaient pas réputés pour leur grande intelligence.
Le rouge et or se levait, et Eryn devait admettre qu’il était plus impressionnant debout que vautré dans la paille.

« Et je tiens à t’informer que la ‘petite’, elle s’appelle Eryn McFairth... Ca pourra toujours te servir. Je le connais ton McLaggen, et franchement je ne vois ce que tout le monde peut lui trouver de génial... Il ne fait qu’obéir à sa très chère McGonnagal, rien qu’un toutou qui obéis à son maître.(Pierrot si tu me lis... Je t’aime ^^). C’est dommage de voir qu’il y a des injustices, même à Poudlard. A croire que Dumbledor vous aime plus que nous... »

Des sous-entendus? Noooon, jamais. Mais ne lui en voulait pas, car lorsque vous avez rencontrer certains élèves de la maison dont le blason représente un gryffon (dont je ne citerais pas le nom xD), vous avez assez de mal à imaginer Gryffondor grand gagnant 5 fois années de suite à la coupe des 4 maisons maison... A moins d’être très aimée par le directeur de l’établissement, bien évidemment.
Mais à première vu, lui n’était pas vraiment aimé de ses professeurs... Il ne fallait pas chercher longtemps pour comprendre, allongé au milieu des fientes de hiboux, en train de fumer des trucs plus ou moins interdit, on l’imaginait assez facilement tenir le rôle de ‘l’élément perturbateur‘.

« Oui, avec les cours, c'est pas le grand amour... Et les profs tu les aimes pas et c'est réciproque. »

La jeune fille le regarda un instant vaquer à ses occupations, après tout il faisait ce qu’il voulait, du moment qu’il ne lui craché pas sa fumée à la figure... Et il était vrai que la situation était plutôt comique. Malheureusement pour lui, la demoiselle tomba sur la chaussette trouée, qui fit naître un léger sourire amusé sur son visage. Sortant sa baguette, elle prononça un ‘réparo’ et le trou disparut aussitôt.

« Désolé... C’est plus fort que moi... Et puis tu sais, on est des sorciers... Ce qui veut dire que tu peux presque tous réparer à coups de baguettes, et je pense que ta mère aurait été contente de savoir que la chaussure de son fils n’est pas passée par la fenêtre de la volière. »

A peine avait il finit sa phrase que le volatile allait s’attaquer à l’une de ses mèches couleur ébène. Et pour le plus grand malheur de l’oiseau, elle tourna au dernier moment la tête pour se retrouver nez à bec avec la chouette, coupée dans son élan.
Eryn sortit de sa poche une lettre qu’elle attacha à l’une des pattes de l’animal. Elle soupira, faisait-elle bien de cacher à son père le comportement de son frère, au risque qu’il l’apprenne par une autre source? Après quelque secondes de réflexion, elle était convaincue de faire le bon choix, après tout, même s’ils ne voulaient plus se voir pour un moment, il restait son frère jumeau... Sa moitié, l’être qu’elle aimée le plus au monde. Elle attrapa l’oiseau, et l’emmena jusqu’à une fenêtre.

« Tu sais ce qu’il te reste à faire. »

La chouette la fixa de ses grands yeux, puis prit son envol.

Hayden éclata de rire à la répartie de la jeune fille.

« Hé là, tout doux princesse ! Loin de moi l’idée de vous offenser ! »

Bon, ce n’était pas exactement de cette façon qu’il avait imaginé se distraire de son ennui, mais c’était chose faite. Maintenant qu’elle était là, celle-là, il n’allait plus la lâcher. Du moins jusqu’à ce qu’elle ne l’amuse plus. Pour le moment, son insolence et sa répartie (assorties, détail non négligeable, d’un adorable figure d’ange) étaient justement ce qu’il fallait au jeune homme pour se réveiller un peu. Parfait !

« Eh bien, enchanté, Eryn. Je vois que nous sommes d’accord, au moins en ce qui concerne ce préfet borné de McLaggen. Je n’ai jamais réussi à comprendre pourquoi les filles le trouvent autant à leur goût, et apparemment il ne faut pas compter sur toi pour m’éclairer. Comment un tel lèche botte peut avoir autant de succès, je me le demande… Le monde est rempli d’injustices et d’incompris, ma jolie. »

Il n’avait jamais réussi à l’encadrer, ce McLaggen, va savoir pourquoi. En tout cas cette Eryn commençait à lui être diablement sympathique, d’un coup.

« Quant à Dumbledore, c’est naturel qu’il préfère les Gryffondor puisqu’il en était un lui-même. De là à insinuer qu’il a trafiqué la Coupe des Quatre Maisons… Accepte plutôt la réalité, princesse : les Gryffondor sont meilleurs que les Serpentard, voilà tout. » lança-t-il d’un air désinvolte.

Il fallait dire que la Coupe des Quatre Maisons, ainsi que les rivalités qui s’ensuivaient, ne l’intéressaient pas le moins du monde. Du moment que lui-même pouvait faire ce qu’il voulait. S’il disait ça, c’était uniquement pour provoquer la Serpentard. Pour s’amuser un peu, quoi.

« Ca, c’est complètement faux, protesta-t-il quand la jeune fille affirma qu’il n’aimait pas les profs. J’aime bien Binn’s, par exemple, je ne dors jamais aussi bien que pendant ses cours, vraiment. Et la Trelawney m’adore. »

Depuis que, étant arrivé défoncé à son cours, il avait affirmé voir une banane géante avec des lunettes carrées dans sa boule de cristal, et que, tout à fait par hasard, le même jour, McGonagall avait glissé sur une peau de banane, l’enseignante de Divination était persuadée que ce pauvre Hayden possédait le Troisième Œil.
Le 6ème année regarda sans mot dire le trou dans sa chaussette se fermer tout seul. Non, il n’y avait pas pensé. Pourquoi se fatiguer à utiliser la magie quand on pouvait tout racheter ? (et surtout quand cela fournissait un bon prétexte pour gratter un peu d’argent à ses parents). Il n’allait surement pas se prendre la tête avec ces sorts de réparation et de nettoyage, quand même… des trucs d’elfe de maison tout ça.

« Ma mère n’en a rien à cirer, du moment que ça me fait plaisir… répondit-il en la fixant droit dans les yeux. Et oui, je suis un gamin pourri gâté ; ne va pas me faire croire que ce n’est pas ton cas aussi, princesse. »

McFairth, c’était un nom assez connu dans les riches et grandes familles de Sang Pur. Inutile d’être clean pour en déduire qu’Eryn n’avait pas dû avoir une enfance très difficile financièrement.
Hayden se sentait nettement mieux à présent. Le hasch, peut être, la fille, surement. Il avait beau être égocentrique, il avait besoin du contact avec les autres.

« C’est pour qui, ton hibou ? » demanda-t-il d’un air distrait, sans avoir conscience d’être indiscret. Il était trop concentré à essayer de faire des ronds avec la fumée de son joint.

La jeune fille était dans tous ses états, et lui... Il riait. C’était bien la première fois que ça lui arrivait. C’était bien un étrange phénomène ce Hayden. Bien étrange mais il réussit tout de même à faire esquisser un petit sourire à la demoiselle.
Princesse, cela faisait bien longtemps que l’on ne l’avait pas appelé comme ça. A vrai depuis un peu plus de trois ans, lorsque son père l’avait amené à la gare de King Cross lors de sa rentrée en première année. Il l’avait serré dans ses bras, et lorsqu’elle c’était éloignée il lui avait lancé un « Je t’aime ma petite princesse », et au lieu du sourire radieux qu’elle lui rendait à chaque fois, il avait de se contenter de se faire foudroyer du regard. Pas qu’elle ne voulait plus de ce surnom, mais elle aurait préférait qu’il évite, surtout le jour de sa première rentrée et devant autant de monde. Personne ne lui avait jamais fait la moindre réflexion à ce sujet mais que voulez-vous... A cette époque la demoiselle, voulait être ‘grande’ et ‘ma petite princesse’ ben ça fait pas très adulte.

« En effet, je n’ais jamais réussit à lui trouver quoique ce soit de bien attirant... M’enfin, aux dernières nouvelles il est de nouveau célibataire et ses groupies sont plus déterminées que jamais. Ca, je suis bien d’accord avec toi. »

McLaggen... quelques années de cela, dans un couloir, une Gryffondor de première année lui était rentrée dedans. Eryn ne s’était pas privée de la remettre à sa place. Mais apparemment cela n’avait pas plut au préfet, qui c’était empressé de voler au secours de la jeune fille menaçant la vert et argent d’une belle heure de colle si elle recommençait, avant de repartir en consolant sa petite protégée. Depuis ce jour, Eryn n’avait jamais voulut en re-entendre parlé. Si maintenant on ne pouvait plus se balader tranquillement dans les couloirs sans risquer de se faire renverser...

« J’ai déjà eu l’occasion de rencontrer quelques élèves de ta maison, et ce n’est ni leur intelligence, ni hardiesse qui m’a le plus frapper... Bien au contraire. J’espère juste que je suis tomber sur les mauvais, car si vous êtes tous comme ça... On a dut mal à imaginer que vous gagniez sans coup de pouce. »

Comment ça, c’était complètement faux. A vrai dire... Ce n’était pas non plus les professeurs les plus... Comment dire plus perspicaces? Les professeurs que l’on choisirait en premier si l’on devait faire un classement des plus performant.

« Tu m’étonnes... Ce ne sont pas non plus des références. Tu lui as fait quoi à Trelawney pour mériter ça? Depuis que je lui ais dit que je voulais d’autre thé, parce que j’avais un peu soif... Elle peut pas m’encadrer. »

Après tout... A quoi cela pouvait bien lui servir, de voir des cercles, des arbres ou des têtes de chien dans des feuilles de thé? L’avenir, il viendra quand il viendra, elle n’avait pas besoin de le connaître à l’avance, sinon où était l’intérêt des surprises que lui réservait la vie? Ainsi que les boules de cri tales, Eryn n’avait jamais rien vu autre que son propre reflet. Trelawney lui avait simplement répondu qu’elle était un cas désespéré, qui prêté trop d’attention à sa petite personne... Ma fois.

« Parce que ça te fais plaisir des pairs de chaussettes? Bah, au moins je saurais quoi t’acheter à noël. Lui lança-t-elle avec un petit sourire. Je ne dirais pas ça, disons que financièrement, je n’ais jamais souffert. »

Il était vrai, que son père était assez réputé pour ses gallions, mais s’était toujours refuser d’acheter tout et n’importe quoi à sa fille juste pour avoir droit à un jolie sourire en retour avant que la chose en question ne rejoigne une pile considérable d’affaires dont elle ne se souviendrait certainement même plus. Bien qu’elle eut été, son seul enfant vivant sous son toit durant une dizaine d’année, il ne s’était jamais laissé aller à la ‘pourrir gâtée’. En revanche, elle ne pouvait dédaigner être gâter à chaque anniversaire, noël, ou autre évènement. De même, elle avait eut le loisir de voyager, et de pratiquer de nombreux sports et activitées que certaines personnes ne pouvaient pas se permettre.

« On t’as jamais dit que tu était curieux? Lança-t-elle regardant la chouette disparaître au loin, tournant le dos au rouge et or. Mon père, il a réussit à faire promettre à sa ‘fille chérie’ de lui envoyer deux lettres minimum par mois. »

La jeune fille posa ses coudes sur le rebords, calant sa tête entre ses mains, se laissant un instant distraire par le paysage. Mais une odeur qu’elle n’avait pas l’habitude de sentir arriva jusqu’a elle. Eryn en déduit facilement, que le jeune homme était en train de s’en fumer un autre. Sans se retourner, elle le mit en garde.

« Tu sais que c’est pas bon pour toi... Je pense pas que ta mère serait très contente de voir son fils fumer ce genre de chose. »

Pas vraiment habituer et la fumée se faisant plus dense à chaque bouffée qu’il recraché, elle ne put s’empêcher de toussoter.

[Demain rentrée... Je pense pas que je pourrais te répondre aussi régulièrement... Mais je répondrais ^^]

[t’inquiète, c’est pareil pour moi… -_-]

« J’ai déjà eu l’occasion de rencontrer quelques élèves de ta maison, et ce n’est ni leur intelligence, ni leur hardiesse qui m’a le plus frappée... »
Hayden pouffa.

« Ne t’inquiète pas pour nous, il a bien assez de bons petits élèves sages et studieux pour contrebalancer les, hum, égarements de certains autres… »

Le terme d’égarement était assez soft pour décrire la débauche d’Hayden, m’enfin il n’allait pas non plus donner une si mauvaise image de lui à cette pauvre innocente 4ème année. Elle devait seulement penser qu’il n’en foutait pas une (ce qui était tout de même vrai) et qu’il répondait aux profs, le parfait petit rebelle quoi. C’était si beau d’avoir des illusions ! Lui-même, à cet âge… hum, oui, passons.

« Trelawney est pourtant une prof très sympathique, fit-il mine de s’étonner quand Eryn affirma qu’elle ne pouvait pas l’encadrer. Ses délires virent un peu trop souvent dans le morbide à mon goût, mais sinon elle est plutôt marrante. Tu peux pas comprendre, t’as pas le Troisième Œil, toi », plaisanta-t-il en agitant son joint.

Hayden et ses potes utilisaient d’ailleurs vraiment cette expression, «Troisième Œil », en public, pour désigner leurs provisions d’alcool ou de fumette… quand ils prenaient la peine d’utiliser des noms de code.
Il sourit quand elle se moqua de lui. Des chaussettes à Noël ? Pourquoi pas. Le pire, c’était qu’il en manquait presque réellement puisqu’il dépensait l’argent destinés à l’achat de vêtements que lui donnaient ses chers parents dans euh, toutes sortes de choses consommables. Enfin, il était loin de manquer de quoi que ce soit. Il avait toujours eu ce qu’il voulait, et même bien plus. Ses parents s’étaient toujours appliqués à faire les choses parfaitement. Il était parfaitement pourri. Une réussite, vraiment. Ou un échec total. Toujours cette histoire de point de vue.

« Curieux ? dit Hayden en détaillant plus attentivement la silhouette de la Serpentard, maintenant qu’elle était retournée. Je ne suis pas curieux, juste intéressé, ce qui est fondamentalement différent. »

Ses longs cheveux noirs, qui tombaient dans son dos, avaient un éclat étrange dans la demi lumière du jour, un peu bleutée. Comme les plumes d’un corbeau.
Hayden avait entièrement oublié ses soucis, cette fois. Il commençait même à planer un peu ; et pour un peu, au milieu de tous ces battements d’aile et près de cette immense fenêtre, il aurait pu croire qu’il volait. Pas d’inquiétude, il n’allait sûrement pas sauter par la fenêtre en se prenant pour un hibou ! et cela pour la simple et bonne raison qu’un hibou ne peut ni boire ni fumer.
Il éclata de rire quand la jeune fille lui dit que « ce n’était pas bon pour lui ».

« Oh, mais ma mère sait parfaitement dans quel état est son fils adoré… elle fait juste semblant de ne pas le remarquer. C’est un de nos petits jeux », dit-il d’un air enjoué.

Hayden entretenait une relation très particulière avec sa mère. Mrs Monaghan croyait chacun de ses mensonges, le défendait en toute occasion, prenait toujours son parti. Pourtant son entourage lui avait donné assez de preuve qu’Hayden était un complet débauché. Toujours, elle prétendait que tout cela était faux, que son fils ne ferait jamais cela, que tout le monde le jalousait et que c’était pour ça qu’on le calomniait. Au fond, elle savait parfaitement ce qu’il en était. Mais l’accepter, ç’aurait été faire face à des problèmes qu’elle ne savait pas comment résoudre, voir sa vie quotidienne, ses petites habitudes, ses illusions comme quoi sa vie était parfaite, perturbées, saccagées, détruites. C’aurait été prendre la réalité en pleine face, comme une gifle. Et puis elle se répétait tant et tant ses mensonges et ses illusions qu’elle finissait presque par en être intimement convaincue.

« Et puis il y a bien un moment où il faut se détacher de papa-maman, non ? dit-il en haussant un sourcil. Tu n’arrête pas de mentionner tes parents depuis tout à l’heure. La vie doit être bien ennuyeuse, quand on pense toujours à ce-qu’ils-diraient-s’ils-nous-voyaient. »

Il la regarda pensivement en tirant une taffe.

« Pourtant t’as vraiment pas la tête d’une gentille petite fille sage… -sans vouloir t’offenser, princesse, ajouta-t-il avec un sourire. T’as jamais eu envie de faire les choses interdites ??? Comme tu as tort… ce sont souvent les plus amusantes. »

Il réfléchit en regardant sa cigarette, puis décida de la provoquer un peu.

« Je devais avoir 3 ou 4 ans de moins que toi quand j’ai fumé mon premier. Alors vas-y, essaye. »

Hayden eut un sourire étrange devant son hésitation.

« T’as pas peur, quand même ? Qu’est-ce que tu risques ? » dit-il d’un ton provoquant.

--> Vraiment désolé pour l'attente... J'ai vraiment aucune excuse T.T <--

"Ne t’inquiète pas pour nous, il a bien assez de bons petits élèves sages et studieux pour contrebalancer les, hum, égarements de certains autres… »

Un petit sourire teinté d’ironie vint se loger au coin des lèvres de la jeune fille.

« Qui a dit que je m’inquiétais? Après tout, je ne vais pas me plaindre si une poignée d’élèves de ta maison se transforme en gentils petits intellos, peut être qu‘ainsi nous aurons enfin la paix. Et puis... Je ne sais pas pourquoi, mais le terme égarement semble un peu léger, je me trompe? »

Celui qui pensait faire avaler n’importe quoi à Eryn se mettait le doigt dans l’oeil. La jeune fille était loin d’être aussi idiote que certain pouvait se l’imaginer, mais apparemment ce Hayden ne semblait pas vraiment au courant. Tant pis pour lui, il en paierait les conséquences... Car il n’était pas nécessaire de posséder le troisième oeil pour comprendre qu’au niveau ‘égarement’ il devait être le premier sur la liste, et encore bien moins innocent que ce qu’il pouvait laisser imaginer.
Les nouvelles allées assez vite dans les couloirs, et finissaient souvent par s’échouer dans les rangées de la bibliothèque ou au coin du feu de l’une des salles communes, il n’était donc pas compliqué de savoir quel était le dernier exploit de Mr. Monaghan. Enfin, la demoiselle devait bien admettre que jusqu’à aujourd’hui, le Gryffondor aurait bien put faire du quiditch souterrain ou même nettoyer chaque pavé du hall par le seul moyen de sa langue, cela n’aurait strictement rien changé à sa vie, et d’ailleur cela lui important bien peu.

« Ouais, ça doit être sûrement ça... J’ai remarqué depuis un moment qu’elle avait une petite préférence pour ceux qui ‘possèdent’ le troisième oeil... Et que les autres ne sont là que pour lui faire perdre du temps. Mais à mon avis, ses cours ne sont qu’une perte de temps, et encore plus si les élèves ne possèdent pas ce don... C’est comme si t’essayer d’apprendre le vol à quelqu’un qui a le vertige. »

... Oui, bon, elle aurait peut être put choisir un autre exemple, parce que celui-là... A vrai dire, l’exemple était tiré de son expérience personnelle. Elle avait le vertige, oui... Une seule personne était au courant, malgré le mal qu’elle s’était donnée pour le dissimuler. Souvenir douloureux, qui lui avait valut plusieurs bleus, une ou deux grosses bosses et un ‘ami pour la vie’. Matinée mémorable dont elle préférerait oublier l’existence, la moindre poussière de souvenir qui hantait sa mémoire. Et pourtant... Dieu seul savait le nombre d’heures qu’elle consacrait par jour au souvenir de cette journée. Peut être pas du moment en lui même en fait, mais de la personne avec qui elle l’avait partagée.


« Intéressé? ... Par ma vie? Répondit-elle avec un léger rire. Tu dois vraiment t’ennuyer ou être dans un état second, car elle n’a rien ni d’intéressant ni de réjouissant. »


Pas intéressante... Une partie oui, celle qui concernait les onze premières années, une gentille jeune fille, pour ne pas dire un modèle, qui travaillait bien à l’école, écoutait pour la plupart du temps ce que lui disait son père qui, à qui il n’était jamais rien arrivé de vraiment spectaculaire.
Mais elle devait bien avouer qu’après avoir soufflé ses onze bougies, les choses s’étaient quelque peu gâtée, même si elle ne regrettait rien.

L’entendant éclater de rire, elle se retourna, s’appuyant à l’aide de ses coudes sur le rebord de la fenêtre. Un sourcil légèrement relevé, elle ne voyait pas vraiment ce qu’il pouvait bien y avoir de drôle.

« Vous avez de drôles de jeux dans ta famille... »

Elle ne se permit pas de faire d’autres commentaires, après tout, cela ne la concernait en aucun point même si au fond, elle se demandait bien qu’elle mère pourrait fermer les yeux sur ce genre de choses.
Eryn laissa un petit rire s’échapper.

« Je te signal que si je les mentionne, c’est parce que je dois répondre à tes questions. Et ne t’en fais pas, .ma vie est assez riche en rebondissement comme ça....
Les choses interdites? Comme quoi? Fumer... Pour quelque chose d’interdit je trouve qu’il y a pas mal de monde qui le fait... Ça devient d’un banal... »

Après tout, elle n’avait pas tord, autant consacrer son énergie pour des choses plus originales.

« Vers trois, quatre ans hein? Ca fait partie de vos jeux aussi de mettre des joints dans tes biberons? »

Répliqua-t-elle avec un sourire scotché au coin des lèvres.

« Ce que je risque? Plein de choses que je ne me souhaite pas, mais bon... Si il n’y a que ça pour te faire plaisir... »

Eryn se décida à laisser son rebord de fenêtre pour s’approcher du Gryffondor. La jeune fille tendit la main vers celle du garçon et s’empara de « l’objet de toute leur attention ». Elle le fit tourner entre ses doigts puis planta son regard émeraude dans celui du garçon, lui adressa un magnifique sourire teinté d’ironie, puis sans le lâcher des yeux, laissa tomber le ‘précieux’ mégot sur le sol avant d’aplatir son pied dessus. Elle fit tourner sa semelle dessus puis recula, penchant légèrement la tête sur le côté attendant la réaction de Hayden.

« Tu pensais vraiment que j’étais assez bête pour le faire? Tu t’es trompés... Sur toute la ligne. »

Tout à fait charmante, cette demoiselle. De longs cheveux d’ébène, un visage pâle et sans défauts, de beaux yeux brillants… et diablement bien foutue avec ça.
Mais trop jeune pour lui faire du rentre dedans, dommage. N’allez pas croire qu’Hayden avait des principes quant à l’âge de ses conquêtes (ou même des principes tout court). Seulement, à la suite d’une aventure avec une adorable jeune fille ayant pour seuls défauts d’avoir 3 ans de moins que lui et un père assez possessif, le jeune Gryffondor s’était retrouvé dans une situation plus que délicate qui lui avait définitivement fait perdre l’habitude de loucher sur ses cadettes. Mais il n’y avait pas de mal à regarder, n’est-ce pas ?
… « terme d’égarement me semble un peu léger, je me trompe ? »
Tout à ses pensées douteuses, Hayden avait négligé d’écouter ce que lui répondait Eryn. Le jeune homme cligna des yeux une ou deux fois, fronça les sourcils, tira une taffe, chercha paresseusement de quoi elle pouvait bien parler et surtout, ce qu’il était censé répondre. L’opération complète dura presque une minute entière, durant laquelle un silence pesant s’installa dans la volière.

« Je ne vois absolument pas ce qui te fait dire ça », répondit-il finalement avec un sourire en coin.

Bon, apparemment elle avait eu quelques échos concernant ses exploits. Ce qui en soi n’était pas vraiment étonnant, la conduite du gryffondor étant sujette à bien des commérages, sa « renommée » pouvait bien s’étendre jusqu’aux oreilles des 4ème année. Mais ce qu’Eryn pouvait penser de ses actes, ce que tous ces crétins qui les colportaient dans les couloirs pouvaient bien en penser, Hayden n’en avait strictement rien à cirer. Ce qu’il faisait, il ne le faisait pas pour qu’on parle de lui (il n’irait pas jusqu’à dire qu’il n’aimait pas ça, mais bon), il le faisait pour lui-même. Seuls ses actes à lui, ses pensées à lui avaient de l’importance, le reste finalement n’était qu’une espèce d’enrobage assez plaisant, un ruban autour du cadeau. Il n’avait ni le besoin ni l’envie de se justifier ou d’assumer ce qu’il avait fait, puisque c’était lui qui l’avait fait.
La suite de la conversation l’ennuya assez vite ; parler des cours ne l’amusait que pour raconter les pires imbécillités qu’il avait pu y faire (et la liste était longue…). Seul le mot de « vertige » le fit tiquer.

« Le vertige ? Ca n’existe pas, le vertige. C’est une excuse pour cacher la peur, rien de plus. Un bon prétexte pour les lavettes qui n’osent rien tenter. »

Le jeune Monaghan ignorait bien sûr que son interlocutrice était sujette au vertige ; et quand bien même il l’aurait su, qu’il n’aurait sûrement pas parlé autrement. Il n’avait aucune estime pour Eryn, ni pour personne d’autre, d’ailleurs. Il se foutait bien de ce qu’elle pouvait penser. La seule chose qui l’inquiétait, pour le moment, c’était qu’il commençait à s’ennuyer à nouveau. La jeune fille l’avait amusé un moment, mais déjà elle commençait à l’agacer.

« Intéressé? ... Par ma vie?
- Non… Pas vraiment, non, répondit-il, déçu qu’elle n’ait pas compris l’allusion pourtant très claire et appuyée de regards insistants.

La seule chose qui l’intéressait chez la jeune fille, c’était son adorable visage d’ange et sa capacité à le divertir. Le reste…

« Pour tout te dire je n’en ai même rien à cirer, dit-il sur le ton de la conversation. Si ta vie est ennuyeuse, arrange-toi pour la rendre amusante. Il existe des millions de manières pour ça, je pourrai t’en montrer quelques unes si ça t’intéresse, ajouta-t-il avec un grand sourire et un coup d’œil plus que douteux. Sinon, tu vas finir comme ce lamentable McLaggen, qui est obligé de fourrer son gros nez dans la vie des autres pour avoir l’impression d’exister. »

Les cours, McLaggen, en voilà des sujets de conversation ! Il ne manquait plus que le mélodrame familial pour compléter tout ça et il allait retomber dans la déprime la plus complète.

« Vous avez de drôles de jeux dans votre famille…
-Oui… Très drôles, répondit Hayden, les yeux dans le vague, le visage impénétrable.

S’ensuivirent deux minutes de silence durant lesquelles il aurait été bien difficile de deviner ce à quoi pensait le jeune homme.
Puis la conversation finit par tourner autour d’un sujet qui l’intéressait beaucoup plus : « les choses interdites », comme disait la petite.

« Je ne vois pas ce que la banalité a à voir là-dedans. Tu me parles de « tout le monde » alors qu’il n’y a que moi qui m’intéresse, dit-il en riant, mais il ne plaisantait pas. Tu parles comme un de ces lâches qui cherchent à se justifier quand ils n’osent pas tenter quelque chose de nouveau.»

La petite Serpentard commençait à devenir franchement agaçante. Hayden avait presque l’impression de parler à une McGonagall version junior, et, franchement, il s’en serait passé. Et puis, ce petit air hautain et sûr de soi, genre je-sais-tout-de-la-vie, était assez insupportable… Il avait d’autres choses à faire (en l’occurrence chose peu recommandables) que d’écouter des donneuses de leçons dans ce genre.
Donneuse de leçon, qui, de plus, ne comprenait même pas ce qu’il lui disait.

« J’ai dit que j’avais trois ou quatre ans de moins que toi, ce qui m’en faisait 10 ou 11, et à cet âge-là, personnellement, je n’utilisais plus de biberons », énonça-t-il froidement.

Dans une dernière tentative pour refaire passer le courant, il lui proposa son joint ; et s’il avait su ce qu’il allait arriver, il se serait sans aucun doute abstenu. Quoique vu le tour qu’avait pris leur entretien depuis quelques minutes, il aurait pu se douter de la suite des événements.
Avec un magnifique sourire provoquant scotché sur son visage d’ange (franchement, chapeau, il n’aurait pas fait mieux lui-même), Eryn s’empara du joint, le laissa comme par inadvertance tomber à terre et l’écrasa du plat de sa chaussure, cette fois-ci sûrement pas par inadvertance. Quelle petite merdeuse.

« Tu pensais vraiment que j’étais assez bête pour le faire? Tu t’es trompé... Sur toute la ligne. »

Et elle le regardait droit dans les yeux, de toutes ses petites prunelles émeraudes, apparemment ravie de ce qu’elle venait de faire. La parfaite petite garce de bonne famille, il n’y avait pas à dire. D’abord surpris, Hayden ne s’émut pas outre mesure ; il remis ses mains dans ses poches, haussant les sourcils, et toisa la petite McFairth d’un regard parfaitement méprisant.

« Oui, ça c’est sûr, dit-il lentement après un silence. Sauf que je ne te pensais pas bête, mais seulement un peu moins bornée… »

Hayden n’était pas sûr de comprendre pourquoi elle était si fière de refuser ce joint qu’il lui avait si gentiment proposé, en toute innocence (ou presque). Enfin, si ça pouvait lui faire plaisir… La seule chose qui l’ennuyait, c’était qu’elle se soit sentie obligée de lui bousiller un joint pour ça. Les restes du mégot à moitié consumé fumaient lentement sur le sol jonché de paille de la volière, vision insupportable pour le pauvre Gryffondor qui fut obligé de détourner les yeux devant un tel gâchis.

« Bien… dit-il en se redressant, la prochaine fois, un simple « non merci » suffira. Toute ta petite mise en scène était esthétiquement très réussie, mais si tu pouvais éviter de me gaspiller du hasch, ce serait aussi bien. »

Le jeune homme épousseta ses vêtements, resta un moment bloqué à la vue de son pied sans chaussure jusqu’à ce qu’il se souvienne quelle fin avait fait celle-ci, redressa la tête, croisa le regard d’Eryn, eut un grand sourire moqueur.

« Sur ce, je crois que nous n’avons plus rien à nous dire… et je m’en voudrais de t’imposer la présence d’un être aussi vil, bête et banal que moi. Passez une bonne journée, princesse… »

Sur ce, Hayden se plia en une rapide courbette, adressa un coup d’œil ironique à la demoiselle et fit gaiement demi tour pour sortir de la pièce.