Ca ne peut être « elle » ... [Mowww <3]

Pourquoi. Oui. Il y en avait tellement. Pourquoi un baiser ? Pourquoi elle ? Ah oui, en plus venant d'elle c'était surprenant. Mais non, mais c'est pas grave, car elle aura pas fait exprès. Ou elle va dire aussi qu'on lui a lancé un "Imperium" donc elle se contrôlait plus. D'autant plus qu'il s'y attendait vraiment à ce genre de répliques ! Et dans ce cas là une crise commençait à naître. Oui. Malheureusement. Même si il s'était promis de rester calme, il en avait marre. Là ça serait de trop. Une fois de plus. Mais là, il n'y aurait plus de "si elle avait quand même changé...", non, ou bien si mais elle ne le montrait absolument pas. Puis pour une fois que Tom ne culpabiliserait pas. En même temps, Tom était relativement agaçant aussi. Je l'admets. Au fur et à mesure, avec Morgane, il se montrait de plus en plus susceptible. Mais Morgane ne faisait rien pour arranger les choses de son côté. Non. Ils n'étaient vraiment pas fait l'un pour l'autre. Un fossé se cresait entre les deux adolescents. Les deux d'ailleurs ne faisaient pas d'efforts. Sans prendre spécialement la défense de Tom, Morgane n'en faisait particulièrement aucun tandis que Tom assez, ou du moins il en avait fait. Mais pour la Gryffondor ce n'était rien. Elle, elle croyait que c'était en l'insultant que tout irait mieux. En niant tout.

Le baiser fut rompu. Pourquoi ? C'était juste pour voir ce que ça pouvait faire. Elle souriait sûrement en voyant la tête de Wildens. Bien oui, faire du mal ça l'amusait. C'était limite si elle ne lui avait pas dit. C'était si explicite. Pour une fois qu'une chose était explicite chez elle. Pourquoi Tom, lui, devenait presque dépendant ? Pourquoi il ne restait plus impassible ? Où étaient passées les provocations non bien méchantes ? Il avait changé, certes, mais pas comme il l'aurait voulu. De toute manière c'était la vie. Rien ne changeait comme on le voulait. Rien n'était comme on le voulait. Ca ne servait à rien d'essayer d'espérer, d'espérer de pouvoir changer les choses, des gens. Morgane. Il pouvait toujours rêvé. Il l'avait compris. Elle recula. Pourquoi ? Ca y est elle partait ? Elle en avait marre de Tom ? Elle ne trouvait pas d'excuse ? C'était comme ça que ça marchait chez Frost. On fait jamais exprès. On avoue jamais rien. On garde tout pour soi. On dit jamais merci. Il commençait à la détester. Marre, il en avait plus que marre. Stop. Il fallait qu'il souffle, sinon ça serait bientôt lui qu'il faudrait calmer.

Il se laissa tomber dans l'herbe glaciale, mais bon après ce qu'il venait de se passer, elle lui paraissait juste humidifiée. Et maintenant ? Elle allait faire quoi ? Le critiquer ? Oh mais ça elle savait très bien faire. A croire que c'était l'unique chose qu'elle savait faire. S'excuser ? C'était probable. Ca serait la moindre des choses. A moins qu'elle considérait le baiser comme une redevance. Alors elle considérait Tom comme un con. Partir ? A vrai dire, ça c'était plutôt lui qui partait en principe. Mais il préférait de loin limiter les dégats en partant, quitte à ce qu'elle le prenne pour un lâche, elle faisait ce qu'elle voulait maintenant. Ne rien dire ? Ca aussi spécialité de Frost. Elle pouvait même faire passer son mécontetement à travers son visage. Mais en ce moment, à part arracher de l'herbe, elle ne faisait rien de bien intelligent et d'utile. Mais à quoi bon, on s'en fiche on est avec Tom Wildens. On l'a à peine embrassé, mais c'était involontaire, elle manquait encore d'air elle allait lui dire.

Mais quand il pensait à son regard, à ce baiser. Et voilà. C'était trop facile de le prendre par les sentiments. Ca fonctionnait à merveille. Avant non. Sa nature calme, impassible, je m'en fiche de tout, tout ça, ça lui manquait. Au moins il se fichait de Morgane. De ce qu'elle pouvait faire et dire. Maintenant non. Ils se rencontraient fréquemment. Au début ça l'énervait. Puis quand il la voyait. Comme quand les deux venaient de se fixer. Le regard de Tom plongé dans celui de Morgane. Son parfum. Ses lèvres. Et elle, elle trouvait toujours quelque chose pour se foutre du monde. Se foutre de lui. Le ciel étoilé ne pouvait le calmer. Il ne cessait de penser à Morgane et lui. Les rencontres, les bobards, les attaques, les faux baisers. Il y avait tout eut. Mais là c'était trop.

Le préfet se releva - non en soupirant - fixant Morgane. Le regard impassible. Il en avait marre d'être sincère, il ne voyait pas pourquoi lui il le serait et pas elle. Il en avait marre d'être sensible. Marre d'elle. Les sentiments l'emportait. Il suffirait qu'elle lui dise ne serait-ce qu'une seule chose qui lui déplaise vraiment. Or sur le baiser, sur le comportement de Tom, sur ses sentiments, des provocations, et, à vrai dire plein d'autres choses. Je peux juste vous dire, que, rester calme et souriant avec elle serait la dernière fois.

Cauchemar. Oui, vous ne saviez pas ? C'en était un. Il donnerait même tout pour qu'un élève, le plus crétin qu'il soit il s'en fichait, le réveille avec un coussin. Il lui sauterait au cou. Mais il rêvait (quel jeu de mots) cela n'était que la pure vérité. La vie, aussi moche soit-elle. Morgane lui pourrissait la vie. Complètement. De toute façon Tom, lui, au moins, ne niait rien. Il pensait à d'innombrables choses, en changeant d'avis toutes les cinq minutes. C'était très pratique. Sérieusement, il deviendra fou. Ce n'était pas possible autrement. Il ne savait que penser à propos de Morgane. Il n'avait jamais appris à la connaître et ne le voulait pas spécialement. Elle était très bien comme ça, simple et naturelle. Et puis bon, son charisme n'était pas pour lui déplaire non plus. Mais son caractère il ne pouvait pas. Ah non. Mais en creusant bien, il savait qu'il n'avait pas la certitude qu'elle n'avait pas changée. C'était extrêmement compliqué, une question différente venait le tourmenter chaque seconde. Mais ça, elle n'y pensait pas. Il voulait aussi autre chose. Chose, qu'elle seule pouvait faire. Qu'elle lui parle sincèrement. Qu'elle dévoile ces pensées. Et qu'elle cesse de se foutre de lui. Mais. Oui, il y avait toujours un "mais". Tom ne trouvait pas que Morgane était l'unique responsable. Lui aussi était impliqué. Mais, peut-être qu'il prenait tout mal. Oui, il devenait de plus en plus susceptible avec elle. Quelques fois, parano, mais bon c'est autre chose, et c'est pas pareil. Mais... il ne savait pas. Il ne savait rien. Avec elle, tout était flou...

Son visage toujours impassible. Même avec les pensées trottant dans son esprit, il ne laissait rien paraître. Il était littéralement perdu. Tom, Morgane. C'était impossible. Gryffondor, Serpentard. Yin, Yang. Deux opposés, qui se ressemblaient assez finalement. Mais l'orgueil chez Morgane était détestable. Je sais pas, peut-être qu'elle voulait ne pas faire comme Tom, ne pas montrer ses sentiments. Tout cacher. M'enfin c'était pas meilleur pour elle non plus. Une qui gardait tout, un autre qui essayait de se faire comprendre. Un peu disjoncté le Tom, mais bon. S'il se mettait dans cet état, c'était pour elle. Il essayait de se montrer un minimum compréhensif. Bien sûr, il avait du mal. Mais, il essayait. Et puis elle devrait s'estimer fière de lui faire ça. Enfin pas négativement pour Tom. Mais une fois de plus ça prouvait qu'il s'attachait à elle. Mais elle, niet. Elle ne retiendrait qu'exclusivement "Je suis fière de faire du mal à Tom". Certes, elle avait le droit. Pour se venger de tout le mal qu'il avait pu lui faire. Cependant, Tom s'était excusé à maintes reprises. Il essayait d'arrêter que tout tourne mal. Et puis en 4ans, on évolue. Mais, 4 ans, sans l'avoir vu c'était trop. Il ne pouvait s'imaginait à quel point elle avait changé. Ou du moins, à quel point elle avait soi-disant changé.

Silence brisé. La conversation de muets prit fin (ça marchait plutôt pas mal quand même). Un des deux s'était décidé, et ce fut Morgane qui rompt le silence qui devenait de plus en plus menaçant. En plus de ça, elle s'était approchée. En plus de ça, elle murmurait. En plus de ça, il s'en fichait. Il essayait de s’en persuader, disons. Le visage ne laissant paraître aucune émotion, toujours, le regard fixé sur la Gryffondor et lui, ne parlait pas toujours pas. Ah ! Enfin un remerciement. Pour quelque chose qui comptait extrêmement pour elle, elle en avait mit du temps. Ce n’était pas avec un ‘merci’ qu’il allait lui sourire, c’était déjà la moindre des choses. Un titanesque pas pour Morgane, un minuscule pour Tom. Ca faisait cinq minutes au moins qu’il venait de la sauver et elle venait de se souvenir du mot. Peut-être qu’elle accrochait sur les deux syllabes. Mais on dit quelque chose au moins, on ne reste pas là à arracher l’herbe. Elle pouvait toujours dire « ank’s ». [bah oui c’est de l’anglais nounouille xD]

Frissons. Elle recommençait ! Tom, lui, avait de loin abandonné l’idée de chercher ce qu’il devait faire. A chaque fois qu’il se posait la question, ça finissait toujours pareil ; mal. En plus il perdait du temps et il se torturait l’esprit pour rien. Et, là en l’occasion, il profitait. Quoi c’est moche ? Elle faisait quoi elle ? Elle était sincère peut-être ? Et tout à l’heure ? Voilà le problème, il n’y croyait pas, il ne croyait pas qu'elle pouvait ne serait-ce qu'un instant l'apprécier. Le Serpentard cligna des yeux – sans pour autant froncer les sourcils par la même occasion. Sa main. Bas les pattes ! Son cou. Rapprochement. Les battements de son cœur s’accéléraient, c’était désagréable. Cependant, Tom s’arrêta, arrêtant de se faire amener vers la Gryffondor. Ses paroles dans son oreille. C’était un beau bazard.

Paroles, encore des paroles. Après ce qu’elle venait de lui dire, il était près à la repousser avec ses jambes et de lui dire de partir et qu’il ne la retenait nullement. Seulement, peut-être qu’une fois de plus, il n’avait interprété cette phrase qu’à sa manière. De toute manière, il ne put rien faire. Morgane ne se fit pas prier pour accorder à Tom un autre baiser. Deux en une soirée. C’était inimaginable. Etait-ce sincère ou juste sur le coup ? Il ne se posait pas la question. Il ne se posait plus de questions. Tom rouvrit les yeux après s’être laissé faire. Les battements de son cœur s’accéléraient davantage.

Inspiration. En silence, Tom venait effectivement d’inspirer en fermant les yeux. Il essayait de retrouver calme et raison. Et il laissa son regard plongé dans celui de Morgane, tout en s’avançant, pour enfin reprendre la même position que précédemment. Il alla chercher l’oreille droite de Morgane et l’imita.

- Toi non plus Frost.

Comme on dit, jamais deux sans trois, le Serpentard embrassa la Gryffondor. Avis qui change toutes les cinq minutes, c’était Tom.

Oui, à l’instant il la haïssait. En fait, non, il voulait la haïr. Il voulait être indépendant, ne se soucier de rien et de personne et il savait très bien qu’avec Morgane c’était impossible. On aurait pu croire qu’ils étaient ivres. Ou peut-être, enivrés d’amour...

Morgane, quant à elle, ne se posait pas de questions. De un, elle n’en voyait pas la nécessité, de deux, elle savait tout ce qu’elle voulait savoir et de trois, elle n’en était tout simplement pas capable, son cœur s’arrêterait de battre sous le choc. Premièrement, elle venait de vivre le moment sans doute le plus effrayant de sa vie, et rien que ça ça l’anéantissait complètement, deuxièmement trop de pensées s’entrechoquaient dans son esprit, et enfin, il y avait ce baiser qui la faisait littéralement planer et réduisait ses capacités intellectuelles à zéro. Car la situation ne ressemblait pas à la réalité, il n’y avait aucun rapprochement possible. A défaut de pouvoir se l’expliquer, Morgane se laissait tout simplement porter par le courant, oubliant tout et tout le monde. Même le froid était devenu inexistant. Le fait même que Tom lui rende son baiser ne la surprenait pas. Tout semblait si simple et naturel tellement tout était compliqué, justement.

Elle ouvrit finalement les yeux, et la réalité s’immisça progressivement dans son esprit. En proie à de violentes envies antithétiques, elle restait là, partagée, incapable de faire un geste. Tout d’abord, elle avait envie de tout lâcher et de s’enfuir en courant. Partir, oublier, elle n’avait pas envie de savoir ce qui se passerait ensuite, elle s’en fichait, cela n’avait aucune espèce d’importance, elle avait une année à finir, elle la finirait en paix, il ne restait plus que quelques mois avant la liberté totale. Mais s’en fichait-elle réellement ? Ca y est, la première question et pas la moindre. Signe que la réalité lui était bel et bien retombée dessus. L’homme ne peut vivre sans se poser des questions sur tout et n’importe quoi. L’esprit n’était jamais tranquille, jamais satisfait, on n’était sûr de rien même lorsqu’on était persuadé du contraire. En voilà un bel exemple.
Tu es incorrigible Morgane. Regarde les choses en face. Tu as peur. Peur de ce qui se passera ensuite. Tu as peur de l’inconnu. Tu n’as pas le courage d’affronter la vie. Tu es faible. Avoue, t’as envie d’une cigarette.
Non. Elle secoua la tête pour chasser ces pensées (comme si le fait de secouer la tête pouvait y arranger quelque chose). Etrangement, et elle en était la première surprise, elle n’avait aucune envie de clope. Pas maintenant. Plus maintenant.

C’est marrant comme le fait de frôler la mort vous ouvre les yeux. Non, elle ne partirait pas. Elle n’était PAS faible. Elle voulait se prouver qu’elle n’était pas à Gryffondor pour rien. Qu’elle aussi était capable de faire face à ses problèmes et de surmonter ses difficultés.

Elle relâcha doucement son étreinte, laissant sa main glisser le long du bras de Tom, pour se laisser finalement tomber le long du corps. Elle ne disait rien, elle ne savait pas ce qu’elle devait dire –ou pas- du moins jusqu’à ce que son regard noisette ne croise celui de Tom. Le déclenchement du compte à rebours. Elle allait enfin savoir…

On aurait dit qu’elle venait de retrouver la parole. Les mots sortirent tout seuls, sans qu’elle ait le temps de préméditer la chose. Cette impression d’agir sans réfléchir, de refuser de se laisser guider par la raison, ça lui plaisait. Elle n’aimait pas réfléchir. Pas quand il ne lui restait plus qu’un neurone en état de fonctionner.

Je suis désolée… je ne sais pas ce qui m’a pris… j’avais envie…

Bien trop vague mais elle se comprenait, et étrangement, elle avait l’impression que Tom comprenait également. Ou était-ce simplement une impression… ?

Et je ne regrette pas.

Rassemblant les quelques miettes de concentration qui lui restaient, elle parvint à finalement s’exprimer plus clairement.

Tout à l’heure, j’ai failli mourir Tom. Enfin je l’ai vraiment cru, et je pense que c’est ça qui importe. Je ne sais pas si tu sais ce que ça fait. T’as l’impression de voir défiler tous tes souvenirs, tu te rends compte que tu n’as rien fait de ta vie, tu réalises que tu aurais pu, que tu aurais DU faire d’autres choses, que tu as fait de mauvais choix, et tu te jures que si jamais par un quelconque miracle tu survis, tu le ferais.... tu changerais complètement tout ce qui te paraît négatif. Moi j’ai vécu tout ça. Et j’ai des choses à te dire.

Je suis désolée de t’avoir fait tourner en bourrique. Je n’irais pas jusqu’à en culpabiliser, mais presque. Je cachais si bien mon jeu… Tu n’as jamais deviné, n’est-ce pas ?

Elle s’interrompit. Elle n’avait pas l’habitude des tirades avec Tom. Elle n’avait pas l’habitude de se dévoiler, elle n’avait pas envie de fouiller sa mémoire mais quelque chose lui disait que c’était même la première fois qu’elle était totalement franche et aussi directe.

Il n'en revenait pas. Néanmoins, il fallait toujours qu'il se questionne, mais ça, ce n'était pas de sa faute. Mais celle de la Gryffondor, qui, à force de ses mensonges avait fini par le rendre (encore plus) fou. Mais après tout, elle paraissait tellement sincère, alors autant laisser aller les choses - mais le pourrait-il. C'était tellement le comble. Ils n'avaient jamais eu un moment calme, mais alors là, c'est tout ou rien. Mais, entre nous, il n'y avait rien de plus d'anormal comme relation. Un jour, ils peuvent s'envoyer des sorts, mais un autre, faire preuve d'ironie à tout bout de champ. Avouons le, ce ne s'était pas encore produit. Un baiser où tous les deux étaient conscients et volontaires, ce n'était pas comme deux autres moments que Tom aurait préféré oublier. Encore mieux ; ne jamais les avoir vécus. D'un côté, c'était en passant par là qu'ils en sont arrivés là. Et même si il ne cessait de se tourmenter, il était heureux.

...Mais. Non. Le lendemain elle allait l'envoyer balader. Elle n'assumerait même pas. Le fait qu'elle prenne l'excuse comme quoi elle ne s'était pas remise de ses esprits, qu'elle venait presque de mourir ne l'étonnerait pas le moins du monde. Voilà. Il ne pouvait pas. C'est plus fort que lui. Il ne peut s'empêcher de tout gâcher. Sa qualité de chieur ressortait vraiment. Et c'était flagrant.

Les yeux fermés, Tom s’allongea aux côtés de Morgane, en tentant de vider toutes ces ondes négatives. L’optimisme n’était vraiment pas une de ses qualités. Comme il n’y arrivait pas, le Serpentard se remémora tous les bons souvenirs passés avec la Gryffondor – car il y en avait eut malgré tout. Mais les deux adolescents étaient complètement différents. Qui se rassemble s’assemble ? Etaient-ils complémentaires ? C’était contradictoire.

Tom se décala de façon à regarder Morgane dans les yeux, en vue de découvrir toute pointe d’ironie par exemple. En vain. Il fallait qu’il y croie maintenant. C’était « marrant » le blocage. De toute manière, le côté amour ce n’était pas du tout ce qui l’intéressait. Mais il ne pouvait nier l’affection qu’il éprouvait pour elle. Surtout qu’ils se regardaient, et que Tom venait de lui prendre la main – ou presque.

Mais elle parla. Elle paraissait tellement sincère et franche et elle l’était.

Tout ou rien, vous étiez prévenus. Tous ces secrets, ces sentiments refoulés qui ne demandaient – après tout – qu’à être sortis au grand jour... tout ça, finit ? Bon, même si il n’était vraiment pas très optimiste. Tout du jour au lendemain, c’était relativement suspect. Qu’importe ! C’était bien ce qu’il voulait !

Ca t'apprendras à lire les paroles avant le début leny !
Que veux tu que je te dise...

Amusé, il ne pu s’empêcher de sourire, et sincèrement. En 7ans, elle n’était pas capable – ça n’est sûrement pas le terme enfin qui sait – de lui dire clairement ce qu’il se passait, ce qu’elle éprouvait pour lui ; amitié, joie, haine même ! Même après qu’il lui ait fait la demande d’être ne serait-ce qu’un peut plus claire. Il en était venu à se dire que c’était elle et puis c’est tout. C’est Frost, c’est Morgane. C’est pour ça aussi qu’elle l’avait toujours intriguée. Bref. Et maintenant, lors de leur dernière année – qui n’était pas censée avoir lieu pour Morgane – elle avouait.

C'est à peine si je me rends compte à qui je parle. Tu as changé, on a changé. Je n'ai jamais réellement réussi à te comprendre, qui tu étais vraiment, et pourtant ce n'était pas les tentatives qui manquaient. Comment aurai-je pu deviner, il faut l'avouer, avec tous tes petits jeux à me faire perdre la tête ?
Au moins tu pourras toujours te dire qu'heureusement que Wildens était là ce soir là.

Etait-ce la fin de toutes ces querelles incessantes ?

Etait-ce la fin de leurs querelles incessantes?
Pas besoin de s'appeler Madame Irma pour répondre à cette question qui, à la réflexion, n'est pourtant pas des plus faciles. Quelque chose d'incessant est, par définition, sans fin. C'est atteindre le paroxysme de l'antithèse que de rapprocher ces deux termes.

Morgane en tout cas l'entendait de cette oreille-là. Ce n'est que lorsque Tom mentionna explicitement leurs changements de comportement qu'elle s'en rendit totalement compte. En effet, cette situation ne ressemblait en rien à ce qu'ils avaient vécu auparavant, à ce qu'ils avaient l'habitude de vivre avec l'autre. La réalité s'abbatit sur Morgane de manière brutale, et elle se tut, toute volonté de se dévoiler avait disparu. Ce n'était pas ce Tom-là qu'elle connaissait, ce n'était pas ce Tom là qui lui avait manqué. Ce qui c'était passé à peine quelques minutes auparavant lui paraissait maintenant irréaliste, impossible, niais... Il y avait forcément quelque chose qui clochait.

La situation paraissait totalement différente de tout celles qu'elle avait connues auparavant. Et cela la repoussait. La nouveauté, l'inconnu.. s'y plonger lui donnait l'impression de pénétrer dans un gouffre sans fin... sans savoir où l'on va. Une peur cultivée depuis longtemps. En cela, et c'était peut-être l'unique point commun entre son enfance et aujourd'hui, elle n'avait pas changé.

Elle ne savait plus ce qu'elle voulait. Les querelles incessantes mentionnées précédemment ne l'intéressaient plus vraiment, même si elle savait qu'elles étaient inévitables avec Tom. Et en raison de cette peur de l'inconnu, cette peur d'échouer rythmée par son irrépressible orgueil, elle ne pourrait jamais se résoudre à s'ouvrir à lui.. à elle-même.

Le baiser volé d'il y avait quelques instants ne lui faisait plus aucun effet. Du moins c'était ce qu'elle s'efforçait de se répéter en boucle, comme une espèce de formule magique, d'enchantement, comme si le fait de le faire permettait de rendre le sentiment plus réel à ses yeux.

Changé? Je vois ça, oui. Je ne te reconnais pas non plus.

Elle n'osa rajouter que ce changement d'attitude ne lui déplaisait pas. Mais elle avait l'impression de se retrouver face à quelqu'un d'autre que Tom Wildens, et ça, elle ne l'accepterait jamais. Sa dernière phrase la fit réagir... peut-être un peu plus violemment qu'elle ne l'aurait voulu.

Je préfère me dire que si Wildens n'était pas là ce soir-là, je ne me serais jamais retrouvée dans le parc par un temps pareil et je n'y aurais jamais risqué ma vie.

Tu me perturbes...non, c'est pire que ça. Tu me dis que je te rends l'existence infernale, mais regarde toi, regarde ce que tu me fais, ce que tu m'as fait ! J'en ai MARRE de ton ironie, j'en ai MARRE de ton air hautain, j'en ai MARRE de toi !

Elle parlait de plus en plus fort sans s'en rendre compte, elle avait besoin de crier sa rage, elle avait besoin de se défouler, elle ne savait plus quoi faire, elle ne savait plus ce qu'elle voulait, elle ne savait plus où elle en était, tout était si embrouillé dans son esprit qu'elle se sentait perdue, faible, et elle détestait ça. Elle en avait marre de ne pas savoir ce qu'elle ressentait, des problèmes, elle en avait en veux tu en voilà, et elle n'avait pas besoin que d'autres viennent s'ajouter à la liste.

Sors de ma vie, tu m'AGACES !

Tom naïf ?
Qui l’eut cru, naïf, lui. Pour une fille, mais le pire, c’était pour cette fille. C’était à ce moment là qu’il se rendait compte de sa naïveté. Il fallait vraiment, qu’il se fasse à l’idée qu’elle est un poison, et elle le restera. Des rumeurs circulaient sur Avery, comme quoi c’était une garce, Frost était-elle mieux ? Sincèrement, il ne savait plus. Il ne savait plus rien de ce qu’elle voulait, de ce qu’elle attend de lui. Lui, qui croyait qu’elle avait changé, qu’elle avait grandi, qu’elle avait compris que ça ne les menait à rien. Non, il fallait toujours l’habituelle Frost pour tout foutre en l’air.

C’était trop pour Tom. Il abandonna. Cela ne servait plus à rien, il avait tout fait pour bien finir cette entrevue, pour une fois. Une seule fois, ils auraient pu passer un bon moment ensemble au calme, même 10min.

Mais pourquoi tenait-il à que tout se passe bien avec une fille qui ne cessait de se foutre de lui et de lui faire du mal ? Elle le menait en bateau, et ça depuis qu’elle s’était aperçue qu’il tenait à elle. Avouons-le, Tom n’étais pas le genre de garçon à offrir une fleur au premier venu, mais tout lui plaisait chez elle. Mais… elle faisait tout pour que ça lui déplaise.

De toutes les situations qu’ils avaient pu vivre, il se demandait si c’était la pire ou pas. Allez savoir… se remémorer déjà toutes les situations foireuses et blessantes n’était pas une partie de plaisir. Et puis, l’une des pires devait être à Noël, dans le parc, dans la salle de bains des préfets également, à Pré-au-Lard… elles étaient toutes aussi pires les unes que les autres.

Cette fille le répugnait. Elle ne savait jamais ce qu’elle voulait, et à cause d’elle, c’était pareil pour Tom.

C’était elle qui voulait sortir dans le parc, pas lui. Et il ne savait toujours pas pourquoi. Elle l’avait emmené parce qu’elle en avait envie. Du Frost tout craché.

Le Serpentard s’approcha de la Gryffondor et la fixa pendant tout le temps où il lui adressa la parole.

On est ici par ta faute, tu avais « envie » que je vienne. Je t’ai sauvé la vie à cause de tes clopes de merde, et tu ne t’es même pas montrée reconnaissante. T’as beau raconter des conneries sur Avery avec tes copines de Gryffondor, l’insulter de garce mais… tu te crois franchement mieux ?

Lui, il dévoilait ses pensées, il disait ce qu’il pensait. C’était sur le moment, peut-être, mais quand même.

Tu en as marre de moi, mais alors pourquoi tu m’as demandé de venir ? Pourquoi t’es revenue à Poudlard ? Tu me fais chier, tu m’as toujours fait chier. J’aurai pu te laisser crever, et je ne l’ai pas fait et tu me reproches encore des choses passées ? Va te faire, j’aurai du te laisser crever, il y aurait eu au moins un point positif à cette soirée.

Il ne le pensait pas. Mais il n’en pouvait définitivement plus.
Sans un autre regard ou autre parole, Tom se leva doucement, il se tourna pour prendre le chemin du château

[Je t'aimais tom. (L)]

Peut-être que la raison pour laquelle toutes leurs rencontres finissaient inévitablement mal, était qu’ils n’avaient pas la même définition du mot « bien ». Pour Morgane, cette définition changeait continuellement avec le temps, selon l’humeur, la quantité de tabac inspiré et éventuellement le nombre de points dans le sablier de Gryffondor. Evidemment, à ce rythme là, la terre aurait le temps de faire un tour complet, Ombrage le temps de laisser tomber le rose et même Sirius Black le temps de ressusciter, avant qu’ils ne passent un bon moment ensemble.

Mais évidemment, avant que Morgane s’en aperçoive, il y avait encore de la marge pour des quantités d’événements du même acabit. La Gryffondor se savait un peu toquée, un peu versatile, mais pas au point d’endosser toute la responsabilité. C’est ainsi qu’elle était faite : elle refusait d’admettre qu’elle pouvait tout faire foirer à elle toute seule. Pour elle, dans cette situation, ils étaient deux. Le vrai problème était qu’ils ne voulaient jamais la même chose au même moment, mais le problème remixé à la sauce Morgane était que Tom faisait tout, sa nature de Serpentard aidant, pour compliquer leurs rapports.

Morgane l’écouta exploser sans ciller, affichant une expression neutre si on omettait le fait que ses yeux étaient prêts à lancer des éclairs… Inutile de préciser qu’intérieurement, elle bouillonnait. C’était une fois de plus du Morgane tout craché. Différencier l’être et le paraître, sans même en savoir la raison.

Mais une chose dans son petit discours la frappa en plein cœur, à la manière du poignard de Bellatrix Lestrange. La goutte qui a sans doute fait déborder le vase. Comment pouvait-il, comment osait-il, la comparer avec cette salope de Blackheart !! Elles n’avaient rien, strictement rien en commun. Avery devait être la plus corrompue des Serpentards, la personne la plus corrompue de tout Poudlard, même, sans aucun principe moral, c’était à se demander si elle était humaine. Et puis pourquoi Blackheart d’abord, qu’est ce qu’elle venait faire là ? Sa place était en enfer, ligotée, recouverte de whisky pur feu et entourée de flammes. Une petite pensée sombre effleura alors son esprit, si sombre et si minuscule que Morgane préféra la repousser, l’ignorer, mais elle était toujours là et elle ne voulait pas partir, comme si on lui avait lancé un sortilège de glu perpétuelle. La rumeur courait comme quoi le courant serait passé entre Tom et Avery, rumeur à laquelle Morgane n’avait pas cru, n’a pas voulu croire, et n’y croyait toujours pas, mais une petite voix intérieure l’empêchait de rejeter cette hypothèse, lui disait que les faits étaient là et qu’elle ne pouvait nier la réalité. S’énervant au final contre elle-même, Morgane envoya cette voix intérieure se faire voir, et puisque c’était comme ça, puisque Tom était assez stupide pour se laisser piéger par Blackheart, elle lui emboîta le pas, décidée à lui faire comprendre sa vision des choses.

Oh mon dieu, Wildens, ce que tu peux être égocentrique. Ouvre les yeux : il n’y a pas que toi dans la vie, dans MA vie. Tout n’a pas nécessairement un rapport avec toi , malgré ce que tu sembles penser. Pourquoi je suis revenue à Poudlard ? Ca ne te regarde pas. Ma vie ne te regarde pas et… REGARDE MOI QUAND JE TE PARLE !!

Elle avait littéralement hurlé, le son de sa voix se heurtant aux arbres et créant un magnifique effet d’écho. Tom ne l’écoutait pas, du moins c’est ce qu’il voulait lui faire croire, car ne pas l’entendre était impossible, même en étant privé d’une oreille. Le Serpentard continuait d’avancer vers le château, mais Morgane n’y prêtait pas la moindre attention. Elle avait bien l’intention de cracher tout ce qu’elle avait sur le cœur.

Je te fais chier ? Je suis RA-VIE de le savoir. C’était le but ! Je me demande juste POURQUOI, en dépit de tout ça, tu as accepté de venir ici ce soir ? Pourquoi diable m’a tu sauvé la vie si je te pourris à ce point la tienne ? Oh mais tu vois, si toi aussi étais un rien plus SINCERE on en serait peut-être pas là.

Et REGARDE MOI QUAND JE TE PARLE J’AI DIT !! Ce serait la moindre des politesses !

Elle joignit le geste à la parole, posant une main sur l’épaule du Serpentard et tirant dessus avec une violence qui la surprit elle-même, l’obligeant de cette façon à se retourner vers elle. Pendant un bref instant, leurs regards se sont croisés, deux regards secs, froids, vidés de tout sentiment positif.

Et une dernière chose, reprit Morgane en baissant le ton à la limite du chuchotement. Sa main droite alla chercher dans sa poche, sa baguette qu’elle pointa lentement sur Tom – pour la forme.

Ne t’avise plus. Jamais. De me traiter. D’Avery. BLACKHEART !

Le dernier mot contenait toute sa hargne, faisant monter la colère à son paroxysme… cette folie furieuse sembla passer tel un courant électrique de son corps tremblant de rage jusque dans sa baguette, car l’instant suivant, Tom fut propulsé en arrière avec virulence. La colère la consumait tout entière, brouillait sa vision, mais elle vit tout de même le corps de Tom décoller, et aller se heurter avec violence contre le tronc d’un arbre particulièrement massif, glisser le long, et finalement atterrir par terre, inerte.

Si seulement Morgane avait pu prévoir que l’arbre en question ne serait pas quelconque. Si seulement elle avait pu ne serait ce qu’avoir une idée du remords qui la rongerait quelques secondes plus tard…

Tentant quelques pas vers le château, pour penser à autre chose dans son dortoir, se dire que ce n’était qu’un jour habituel, et que demain se passerait beaucoup mieux. Se disant qu’il fallait se réhabituer à ce genre de situations… Mais non. Elle le rattrapait et hurlait. Le Serpentard ne voulait pas l’écouter, mais comment ne pas entendre ? Comment ne pas entendre une dégénérée qui hurle au beau milieu de la nuit dans le parc pour lui reprocher un tas de choses ? C’était limite si elle lui reprochait de lui avoir sauvé la vie. Elle lui critiquait sa sincérité, ELLE.

Mais il ne fit aucun commentaire. Il voulait simplement rentrer se coucher. Etait-ce trop demandé ? Non, qu’elle envenime encore plus les choses, ce n’était pas assez énervant comme ça. Regardant machinalement les pierres assombris du chemin principal, sa tête virevolta en un rien de seconde fasse à la Gryffondor. Mais qu’elle lui crache à la figure, qu’elle parte, il en n’avait rien à faire. Tom voulait simplement qu’elle lui foute la PAIX. Seulement, elle n’avait pas saisi une chose, il ne voulait pas la regarder, il ne voulait pas l’écouter et encore moins lui parler.

Tom se détacha doucement, en vain. Il était complètement ailleurs, contrairement à Morgane, qui faisait tout pour le retenir. Se contentant de détourner son regard, il regarda le château la bouche entrouverte, attendant vainement qu’elle finisse de parler – plutôt d’hurler sur lui.

A peine eut-il le temps de regarder Frost, qu’une lumière rouge assez intense se dégagea de la baguette de la Gryffondor – baguette qu’il n’avait même pas senti pointée sur lui. Et là, il ne comprit pas grand-chose à ce qui se passa. A vrai dire, il ne comprenait rien du tout à ce qu’il se passait durant ces dernières minutes. Avait-elle osé lui lancé un sort ? Propulsé à quelques mètres plus loin, sa chute fut loin d’être agréable. Il n’y avait rien de bon, d’atterrir sur l’arbre le plus massif de Poudlard.

Etant complètement dans le gaz, Tom se demandait s’il divaguait, ou si de monstrueuses branches se dirigeaient dangereusement vers lui. Soupirant de fatigue, il ferma les yeux, l’instant suivant, le Serpentard souffrait d’une effroyable douleur au ventre. Les branches s’animaient, il ne délirait pas. Tentant de se relever, une branche, certes plus fine, le pris par derrière l’envoyant à terre. La lanière de son sac se déchira, et ce dernier s’envola beaucoup plus loin. Sa main droite, pleine de terre – et dans très peu de temps recouverte de sang – chercha la baguette du malheureux. A peine fut-elle sortie, qu’une autre branche attrapa sa jambe droite. Suspendu par cette branche, Tom ne put retenir sa baguette, avec des mains si affreusement amochées.

Le Saule Cogneur faisait des siennes. Un craquement se fit ressentir au niveau de sa jambe droite, mais ce n’était pas sa plus grande préoccupation pour le moment. Alors qu’il était suspendu, d’autres branches parvinrent à toucher son visage – absolument pas tendrement. Et, sûrement, la plus épaisse des branches, fonça vers Tom. De loin, on aurait dit que le Saule se déhanchait au rythme d’une musique endiablée. En étant près, c’était plutôt Tom que l’arbre faisait danser, avec toute la grâce qu’un arbre pouvait offrir.

Envoyé à quelques mètres plus loin – hors de distance de l’arbre, Tom demeurait immobile. Même s’il se trouvait incapable de marcher, suite à une fracture douloureuse de sa jambe droite, ses yeux restaient fermés. Respirant à peine, et pensées vides, un Serpentard restait allongée sur l’herbe humide, dans une nuit sombre et glaciale.

Morgane non plus ne comprenait pas grand-chose à ce qui s’était passé. C’est d’un œil vitreux, écumant encore de colère, qu’elle regarda Tom cracher sur les lois de la gravité, décoller brutalement, l’expression ahurie, et fendre l’air à la vitesse d’un éclair de feu en chute libre vers la mort. C’est ce même œil vitreux qui, deux secondes plus tard, faisait des aller retours entre le corps inerte du Serpentard allongé comme une masse au pied d’un arbre et sa baguette toujours pointée sur l’endroit où il s’était trouvé quelques secondes auparavant. Comment elle avait fait ? Jamais encore elle ne s’était laissée emporter par ses émotions au point d’en faire fonctionner sa baguette… Cette découverte toute nouvelle lui faisait peur – avouons que le fait de ne pas contrôler sa baguette était plutôt inquiétant – et l’excitait à la fois – face à cela, personne, pas même le nec plus ultra des experts en légilimancie, ne serait capable de prédire qu’un sort puisse jaillir de sa baguette à ce moment précis.

Elle ne vagua pas longtemps dans ses élucubrations – le souvenir de ce qu’elle venait de faire et de ce qui venait de se passer l’en arracha bien assez vite. Finalement, c’était bien fait pour Tom. Sans la moindre once de regret, elle rangea la baguette dans sa poche et, adressant un dernier regard – détaché - au corps presque cadavérique étalé par terre, et allait tourner les talons et rentrer au château, quand quelque chose la figea sur place, si violemment que même un pétrificus totalus lancé de la main d’Hermione Granger aurait paru fade à côté. En une fraction de seconde, ses yeux s’arrondirent d’horreur au vu de la scène qui se présentait à elle.

Avec pour fond le ciel parsemé d’étoiles, la silhouette jusqu’alors immobile de l’arbre qui nous intéresse tangua sensiblement. Puis une branche massive se détacha du tronc le long duquel elle s’était affaissée, dans un craquement de boiseries, s’éleva dans les airs décrivant un mouvement courbe, qui faisait penser à un étirement d’athlète, puis vint s’écraser violemment contre le corps étendu à ses pieds. Aie.
Morgane regardait, dans une fascination teintée d’horreur, le saule cogneur se déchaîner contre celui qui venait rompre son sommeil paisible, s’enrouler autour de son pied et le balancer dans les airs, lui faisant décrire des acrobaties à faire pâlir Elastigirl de jalousie. Mains endolories, il avait tenté de sortir sa baguette ; un effort qui s’avéra, sans aucune surprise, vain. Et quand bien même il avait réussi à la maintenir en main, quel sort pouvait il rivaliser avec un arbre d’une telle envergure ? Une chance que sa baguette ait atterri sur l’herbe humide, elle aurait très bien pu finir en deux morceaux entre les branches du saule cogneur.

Pétrifiée par ce qu’elle avait fait, Morgane était incapable de faire le moindre geste. L’arbre s’acharnait toujours contre Tom, semblait vouloir l’achever une bonne fois pour toutes, mais manque de chance pour lui, la dernière pirouette aérienne qu’il lui fit faire envoya le Serpentard à plusieurs mètres du saule cogneur. Des branches s’élancèrent à sa poursuite, telles des lianes, tentant de le rattraper, mais il était trop tard, Tom était déjà en dehors de leur champ d’action.

Là seulement – sans doute parce que quelque part au tréfonds de son cerveau figé, elle venait de réaliser que l’arbre n’était plus un danger – elle eut la présence d’esprit de relâcher ses muscles tendus. Elle sentit ses jambes la porter docilement vers le Serpentard étalé à plat ventre sur le sol, sentit ses genoux se plier jusqu’à toucher la terre, sentit ses mains retourner Wildens sur le dos, tirer sur ses paupières ensanglantées, frapper sur ses joues pâles entrecoupées de griffures… rien à faire.

Non… non.. oh mon dieu NON !

Elle avait envie de hurler d’horreur, elle était littéralement terrorisée. Sortant sa baguette dans un geste désésperé, elle la pointa une deuxième fois sur le Serpentard. Un jeu d’eau en jaillit, arrosant son visage plus blanc que celui de Nick Quasi sans Tête, mais rien n’y fit. Il restait toujours là, immobile, inconscient.

NOOON ! écoute moi.
Silence.
Tu n’as pas le droit de me faire ça ! Tu n’as pas le droit de me faire ça tu entends !
Silence.
TU M’ENTENDS !!
Silence.
Arrête. C’est bon, là, ça suffit.
Silence.
Je retire tout ce que j’ai dit, allez.
Silence.
Me fais pas ça Tom.
Silence.
Je t’en supplie…
Silence. Toujours ce silence pesant, lourd, insupportable.

Une larme chaude coula lentement le long de sa joue froide, puis une deuxième, puis une troisème.. un flot de larmes brulantes qui coulaient malgré elle, flot qu’elle n’arrivait pas à arrêter.
Il fallait faire quelque chose, elle ne pouvait pas simplement le laisser là, la culpabilité de ce qui arriverait alors la boufferait totalement. Mais elle ne pouvait pas non plus l’escorter jusqu’à l’infirmerie, le fait de devoir tout expliquer lui paraissait insurmontable. Alors l’idée vint. Acciotant un bout de parchemin et une plume, elle griffonna quelques mots à l’intention de l’infirmer de sa main tremblante à moitié recouverte de sang, plia le parchemin de manière négligée, et l’envoya, d’un coup de baguette, en direction de l’infirmerie, où il était censé s’exploser à la manière d’une beuglante. Puis, le cœur tellement serré que sa respiration en devenait plus irrégulière que celle d’un asthmatique, la Gryffondor se releva. L’infirmier – ou quelqu’un d’autre, en fonction de l’identité de celui qui aura intercepté le mot – ne tarderait pas à arriver. Si elle voulait éviter les explications inutiles – et dieu s’il existe sait qu’elle le voulait – elle devait vider les lieux sans attendre. Après quelques secondes d’immobilité, pendant lesquelles elle regardait la forêt d’un œil vide, Morgane, séchant les larmes qui lui obstruaient la vue, ramassa ses affaires et fit mine de tourner les talons et s’avancer vers le château, quand une autre idée vint. Une idée tellement incongrue, tellement.. bizarre que l’envie d’essayer se fit si pressante qu’elle ne pouvait se résoudre à l’ignorer. Après un regard en biais vers la porte du château histoire de s’assurer qu’il n’y avait encore personne, elle s’agenouilla une fois de plus aux côtés de Tom, et promena ses mains sur son corps de façon à les recouvrir entièrement de sang. Une fois ceci fait, elle se releva, et, lançant un dernier regard au Serpentard inerte, prit la direction de la forêt interdite, qu’elle aurait voulu atteindre en courant, mais elle n’osait prendre le risque de s’exploser les poumons une deuxième fois. Si je survis à cette soirée infernale, s’IL survit, alors je jure solennellement d’arrêter de fumer…

Ayant atteint la lisière, la rouge et or se laissa glisser le long d’un arbre, évitant de regarder en direction du noir absolu de la forêt interdite, mais plutot en direction du château, là où reposait, immobile, le Serpentard de tous ses cauchemars et là où une silhouette venant du château ne tarderait pas à apparaître d’un instant à l’autre. Soufflant sur ses mains pour faire circuler l’odeur du sang, Morgane attendait, frissonnante… mais qu’était une pneumonie comparée à ce que venait de vivre Tom ?! c’est dire à quel point elle s’en fichait à ce moment là, de ce froid ambiant qui la rongeait et la tuait à petit feu. Elle attendait. Plusieurs fois elle avait eu l’impression de sentir la présence de quelqu’un, de quelque chose, plusieurs fois elle s’était sentie observée… plusieurs fois elle avait eu l’impression de voir les feuilles du buisson qui lui faisait face remuer… mais elle attendait, elle voulait être sûre. Elle attendait… quelque chose qui avait apparemment du mal à se manifester, mais paradoxalement, plus les minutes passaient et plus elle sentait le poids qui s’était abattu sur elle la quitter… encore un peu, allez, histoire d’être sûre… encore cinq minutes.. dix…

Et toujours rien.