Dans la brume...

Perché entre deux mondes, ciel et terre, encore perdu dans l'une de ses ballades oniriques, Aidan finissait péniblement son réveil, à demi conscient. Elégamment décoiffé par un expert en la matière, son oreiller, le jeune homme se frottait les yeux, le soleil se levait à peine et lui parvenait avec peine. De faibles rais de lumière perçaient chaotiquement l'épaisse couverture de brume dont s'était enveloppé le parc pour la nuit, l'air véhiculait encore fraîcheur et humidité le tout portée par une brise légère : le jour naissait.

Debout sur le grand pont, appuyé sur la rambarde, le Serpentard dominait le domaine dont il ne voyait hélas rien tant le brouillard était consistant. Il se demanda même l'espace d'un instant comment il était arrivé sur ce vieux pont, puis... Peu importait, il était là, scrutant l'invisible, perplexe, mais peu lucide, l'esprit aussi embrumé que les environs. Il devinait le lac en contrebas, un peu plus loin, sur sa droite, devait se trouver le saule cogneur, encore plus loin se trouvait la sombre forêt et toutes ses créatures. L'habitude, voilà comment il était arrivé ici, ce château il le connaissait peut-être mieux que sa propre maison, machinalement il allongeait le pas quand il manquait une dalle dans un couloir, de même, sans s'en apercevoir, il sautait une marche trompeuse dans certains escaliers. Voilà cinq années qu'il fouinait aux quatre coins de l'école sans buts autres que s'attirer des ennuis. Cette pincée d'adrénaline, le rythme des pulsations qui s'endiablait, voilà ce qu'il cherchait quand il rôdait la nuit et ce qu'il chercherait encore après avoir été pris, mais pour l'instant... Il bailla, son ventre gargouilla. Le petit-déjeuner ne serait pas servi avant une bonne demi-heure, à quoi bon se lamentait sembla-t-il dire à son estomac dans un regard endormi sur son ventre.

Il se retourna et s'adossa contre la vieille rambarde, le vide n'avait plus rien d'impressionnant quand il était inexistant, le bois était de toute façon solide, il l'espérait... Resserrant un peu son écharpe autour de son cou il songea un instant à la journée qui s'annonçait, longue, fastidieuse et... Il fronça les sourcils, longue certes mais... Samedi, c'était un samedi, pourquoi diantre s'était levé si tôt, aucun cours ne l'obligeaient à... Par les caleçons de Merlin, quel con. Pesta-t-il tout bas dans la brume. Voilà une journée qui s'annonce bien. Il bailla à nouveau et scruta l'horizon, n'y voyant rien d'autre que l'inconnu et les prémisses de son ennui.

Julie n'avait pas beaucoup cette nuit-là, comme toutes les nuits qu'elle passait au chateau. Elle était restée dans la salle commune des Serpentard et ce n'était qu'aux alentours de trois heures du matin qu'elle alla se coucher. La fenetre des dortoirs ouverte donnait à la piece un froid glacial, les murs et le sol étaient gelés, les élèves dormaient sous d'épaisses couvertures. Ces fenetres restaient ouvertes un mur était derriere. Sur ce mur était accroché un tableau vide. Parfois, des taches noires apparaissaient sur ce fond blanc vieilli. Ne supportant plus les mêmes images, Julie se leva, s'attacha ses cheveux n'importe comment, attrapa un pull où cette fois était dessiné des rayures argentées et vertes, un jean simple et se chaussa. Ensuite, elle passa son écharpe autour de son cou et prit sa cape de Serpentard. Elle remonta les escaliers du cachots et sortit par la grande porte en chêne.

Dehors, le froid était moins présent qu'au dortoir. Il n'y avait que de l'herbe humide ainsi que le lac qui donnait un vent et air frais. Au cachot, tout était de peirre et tout donnait froid. C'est pour ça qu'elle était restée devant le feu dans la salle commune.
Sans trop de but, Julie avança dans l'herbe mouillée, elle errait un matin de plus et ne s'attendait à rien, juste à l'heure du déjeuner. Elle s'approchait du lac quand elle distingua une forme humaine appuyée contre la rembarde du grand pont. Il ne devait etre pas plus que six heures trente et cela étonna Julie. Sachant qu'il ne lui arriverait rien, la jeune fille effrontée s'approcha du grand lac noir qui s'étendait à perte de vue. Elle monta sur le pont et se dirigea vers le jeune homme.
De plus près, elle put constater qu'il était de Serpentard. Lui aussi baillait, avec ses beaux cheveux. Il était grand et de corpulence normale. Plutot bel homme, il ne devait pas être trop agé.

Julie avait un coté charmeur qui était naturel. Qu'elle soit triste ou qu'elle soit heureuse, Julie était toujours attirante. Si ce n'était pas pour son physique parfait, c'était peut-etre pour son visage avec ses traits si bien dessinés. Evidemment, Julie n'aurait jamais été comprise par un autre de sa maison. Elle avait un sale caractère pour les autres, mais les Serpentard étaient habitués à ça. Malgré tout, Julie ne se confondait pas dans la 'masse' des Serpentard. Elle se trouvait différente et trouvait que cela ne rimait à rien de dire que les Serpentard étaient comme ceci ou comme cela. Ce n'étaient pas des prototypes comme ces Gryffondor, ou bien ces Serdaigle ou encore ces Poufsouffle...

Revenant au présent et quittant ses pensées, Julie dit d'une voix froide mais sans faille:

"Julie Sullivan, quatrième année à Serpentard"

Julie s'arreta devant le jeune homme. Comme d'habitude, elle ne le reconnut pas. Jamais elle reconnaissait les personnes de sa maison, trop absorbée à traumatiser d'autres élèves. Ce matin-là, Julie semblait de bonne humeur.

» Allongée dans l'herbe. [Emma]
» De l'électricité dans l'air
» Dans les règles de l'art
» Promenade dans le parc [Libre]
» Il était une fois dans l'ouest (de la pelouse)