C'est une belle journée...

La journée de Billie avait déjà mal commencé. En sortant de son lit, elle s'était cognée sur le rebord de son lit et en avait récolté une douleur atroce dans toute sa jambe gauche. Elle s'était habillée en grimaçant, lancé des regards noirs à d'autres élèves qui s'étaient trouvés sur son chemin. Une fois dans la Grande Salle pour le petit déjeuner, elle s'était assise comme à son habitude deux places à l'écart des autres. Elle n'avait pas envie, surtout ce matin-là, d'avoir à supporter les cancans débiles de d'habitude. Quel intérêt pouvait-on en effet trouver à savoir qu'un tel avait regardé une telle d'un air évocateur?? C'était complètement idiot... Et elle était sortie de la Grande Salle encore plus excédée qu'à l'ordinaire. Dans les couloirs, elle avait rasé les murs, afin d'éviter tout contact que ce soit avec ses congénères. Certains lui avaient lancés des regards parfois inquiets, parfois curieux. C'est vrai qu'en restant à l'écart pendant six ans, bientôt sept, elle ne s'était pas vraiment fait de pub... Mais bon, elle n'en avait rien à faire. Bientôt elle partirait. Elle se trouverait bien un métier à faire seule...Auror peut-être... Plongée dans ses pensées, elle n'avait pas vu le temps passer. Elle avait réalisé qu'elle s'était immobilisée au beau milieu d'un couloir. Elle avait jeté un oeil à sa montre, et pesté. Son cours devait commencer dans cinq minutes même pas!! Elle avait démarré au quart de tour, courant à travers les couloirs, bousculant s'il le fallait les élèves rencontrés en chemin. Elle avait monté les marches quatre à quatre, et, arrivée dans son dortoir, s'était précipitée vers son lit. En deux temps trois mouvements, elle avait réussi à retrouver sa besace avec ses affaires de la matinée dedans. Paniquée à l'idée d'arriver en retard en cours, elle s'était précipitée dans la salle commune, puis dans les couloirs, tout en se maudissant d'avoir adopté un train de vie aussi peu sûr. Laisser ses affaires en haut pour chaque repas, et devoir remonter à chaque fois pour les reprendre! Sombre idiotie!! Et c'était au beau milieu d'une volée de marches qu'elle était toujours. Dans la précipitation, elle n'avait pas pris la peine d'éviter les marches escamotables... Son pied s'était posé sur l'une de ces marches. Grâce à un réflexe particulièrement bienheureux, elle se ratrappa à la rambarde de pierre, lui évitant ainsi une cheville, voir même une jambe cassée. Sa besace vola, et alla s'écraser un peu plus bas. Avec un gémissement de désespoir, Billie entendit presque ses bouteilles d'encre se briser sur le sol.

Non, c'est pas possible...!!!

Elle pesta entre ses dents.

J'aurais dû rester couchée...

Elle essaya vainement d'extirper sa jambe de la marche, mais la douleur dûe au lit se réveilla.Toujours aggrippée à la rampe d'escalier, elle commença à réfléchir à un moyen de se sortir de là. Le couloir était désert...Même si cela lui déchirait le coeur, elle ne pouvait pas rester là... A contrecoeur, elle commença à crier.

Y A QUELQU'UN ?? OH HEY!! J'SUIS COINCEE !! ALLEZ REPONDEZ ! V'NEZ M'AIDER !!

Une nouvelle journée de cours débutait, semblable aux précédents et aux suivantes, sans aucun doute. Dès le matin, Crabe et Goyle avait commencé à ricaner tel deux gorilles, lui collant à la semelle comme de la glue. Il s'était habillé avec la désagréable impression que ce déjeuner allait être une torture. Et il était loin de se tromper...
Pansy n'était pas apparue, au contraire des autres filles qui n'avaient pas arrêté de glousser sur son passage. Aucun première année Bouffondor n'avait croisé son chemin et il n'avait pas eu le temps d'aller se faire bien voir par Ombrage. Etait-il donc condamné à passer une journée en temps que simple élève, sans pouvoir se marrer un peu ?

Alors qu'il se dirigeait vers son cours de Potion, quelque chose lui souffla que la journée allait s'améliorer sous peu. Le cours ne commençait qu'à 9h00 et il était 8h27. Ses deux suiveurs s'éclipsèrent pour faire un détour par le petit coin, laissant Malefoy soulagé de pouvoir écouter le silence un moment. Dehors, il pleuvait. La neige n'était déjà plus qu'un lointain souvenir grisatre, et le temps semblait bien décider à rester ainsi. Encore une fois, il serait contraint de passer la journée à l'intérieur, enfermé entre quatre murs et deux idiots. Dieu que le monde était injuste pour ce garçon si parfait. Ses cheveux blonds tombaient à nouveau devant son visage, cachant ses tempes. Son visage pâle était tendu, tiré par la fatigue et la lassitude. Si à cet instant, quelque chose aurait pû le distraire...

Il passait dans le Hall lorsque un bruit attira son attention. C'était à peine perceptible, mais Drago tendit l'oreille.
Après quelques secondes d'hésitations, il changea légèrement de direction et s'orienta vers les escaliers montant. Les cris devinrent bien plus dinstinct au fur et à mesure qu'il montait. Quelqu'un apellait au secours. Et cela ne pouvait être que réjouissant. Si c'était une Serpentarde, il pourrait s'en faire une conaissance, si c'était une autre, il se défoulerait un bon coup.

Ô Joie ! Une fille de Gryffondor avait le pied coincé dans une marche. Son sac traînait un peu plus bas et des tâches d'encre s'en écoulait. Drago s'arrêta à la hauteur de ce dernier et observa la jeune fille, un sourire narquois peignant son visage. Finalement, cette journée n'était pas si nulle.
Il se pencha et ramassa le sac entre deux de ses doigts. Puis il se releva et mima un étonnement proche du dégoût en agitant la chose trempé d'encre.

" Oooh... Je suppose que cette... chose t'appartient ? "

Il la toisa d'un air moqueur, puis lâcha à nouveau le sac, portant une main à sa bouche et murmura " Oops ! ". Puis il ricana et franchit les marches qui le séparait de la Bouffondor. Elle était plutôt jolie mais ça Malefoy s'en souciait peu. Il était près à parier qu'elle n'était qu'une vulgaire Sang mêlé ! Il observa son pied coincé d'un air narquois. Puis ses yeux froids se plantèrent dans le sien et il parla de sa voix traînante.

" On dirait que tu as quelques porblèmes, Bouffondor. J'ai pourtant toujours dit que vous finiriez tous dans un trou ! "

Fière comme un paon de sa blague, il ricana à nouveau et passa une main dans ses cheveux avec désinvolture. A présent qu'il l'avait provoquée, elle allait sans aucun doute rétroquer. C'était son moment préféré, lorsque les Bouffondors essayait de dire quelque chose de blessant.

Billie regardait sa montre avec un affolement croissant. 8h27! Déjà! Bien que le couloir soit toujours désert, elle refusait de se taire. Il ne manquerait plus que ce soit Rusard, ce vieux Cracmol collé aux jupes d'Ombrage, qui la découvre!! C e serait pire que... que... pire que de devoir faire amie-ami avec un des trublions niais de cette école! De rage elle tira sur sa jambe, mais ne réussit qu'à se récolter une douleur fulgurante dans la jambe. Toujours aussi dégoûtée de devoir s'humilier en appelant à l'aide, elle recommença à crier. Soudain, tandis qu'elle commençait à se faire à l'idée d'être découverte par le concierge, Billie entendit des pas dans les escaliers, SES escaliers! Elle tendit l'oreille, sûre d'avoir rêvé, mais les bruits résonnèrent encore. Elle se tut, sachant que de toutes façons, quelqu'un passerait par là. Elle se surprit à sourire de soulagement. Secouant la tête, elle retrouva sa moue froide et distante, mais, après réflexion, elle se dit que si son sauveur potentiel la voyait tirer une tête de six pieds de long, ça ne lui donnerait pas vraiment envie de la tirer d'affaires... Alors, ravalant sa fierté, elle s'accrocha rapidement le même sourire de soulagement que précédemment sur les lèvres. Avec impatience, elle guetta l'arrivée de son "sauveur"...

Oh non...pas lui...

Malefoy. Elle n'y avait pas pensé. Ce gosse de riches pourri-gâté était connu de toute l'école pour son plaisir à silloner les couloirs à la recherche d'une proie. Décidément, ce n'était pas son jour...
Malefoy s'approcha, et prit son sac. Après l'avoir regardé comme si c'était une Bombabouse, il le laissa retomber, cassant probablement le peu de bouteilles d'encre qui étaient restées intactes. Le sourire soulagé de Billie s'était changé en un rictus de dégoût et de profonde répulsion. Déjà que demander de l'aide était un affront pour la jeune fille, mais alors demander de l'aide, s'humilier devant Malefoy, c'était encore pire! Jetant un rapide coup d'oeil à sa montre (8h49), elle ne pensa qu'à son propre intérêt. Il n'y avait personne d'autre dans le couloir, elle avait indéniablement besoin d'aide pour se décoincer, et le cours commençait dans une minute. Quoi qu'il arrive, elle serait en retard, alors autant ne pas l'être trop. Elle ravala sa fierté et lança d'un ton froid:

Ca t'ennuirait d'm'aider? Même si j'me doute bien qu'me laisser dans les sales draps où j'suis déjà t'amus'rait beaucoup...

Elle avait craché ces mots sans grande conviction, et, persuadée qu'elle allait devoir resterlà jusqu'à ce que Miss Teigne la découvre, elle attendit toujours aussi froidement la réponse du gosse de riches...

C'était tout juste si Drago ne jubilait pas. La fille avait l'air résignée et presque désespérée. Elle ne rétroqua rien à la provocation du jeune homme mais parut s'enfoncer encore un peu plus. Il était évident qu'à sa place, Drago ne se serait jamais rabaissé à apeller à l'aide. Il aurait trouvé un moyen tout seul de se sortir de là, quitte à exploser quelques autres marches en utilisant un sort. Cette Bouffondor ne devait pas être très jugeote. On ne pouvait pas attendre beaucoup mieux d'une rouge et or, après tout. Toujours ricanant, Drago s'avança un peu et croisa les bras sur sa poitrine.

Elle regarda sa montre. Ah oui, lui aussi aurait dû le faire. Mais il ne s'inquiètait guère d'arriver en retard. Rogue l'adorait, et c'était réciproque. Jamais il ne lui enleverait des points, et le mettre en retenue était encore plus improbable. Alors qu'il allait à nouveau lui lancer une vanne, elle passa outre sa fierté et lui demanda de la sortir de là. Sa plainte ne fit que rajouter au dégoût qu'il éprouvait. Comment pouvait-elle se rabaisser pareillement ? C'était vraiment pathétique et digne d'une Sang-de-Bourbe.

Une grimace de franc dégoût se dessina sur le visage délicat et pâle de Malefoy. Ses petites yeux de fouine descendirent vers le pieds de Billie, puis remontèrent vers son visage. Elle avait de l'espoir, elle au moins !

" Tseuh. J'sais pas d'où tu sors toi, mais t'as pas compris grand chose à c'qui s'passe ici. Comment tu t'apelles, Bouffondor ? "

Il avait parlé d'une voix froide, pressant sur sa dernière phrase. Elle n'allait sans doute pas lui répondre - qui serait assez fou pour répondre à Malefoy ? - mais il demandait tout de même. Qu'avait-il à perdre, lui ? Il n'était pas assez cupide pour mettre son honneur en doute, et trop bien entraîner pour se compromettre d'une quelconque façon. Il continuait de toiser la Bouffondor, attendant sa réponse.

Billie sentit une vague de colère monter en elle. Il allait la laisser sur place, dans la situation même où il l'avait trouvée! A cause de ce petit péteux, elle allait être en retard à son cours! Et encore..si elle ne le loupait pas carrément, on pourrait facilement parler de miracle... Non mais pour qui se prenait-il le blondinet là?? Le regard de Billie se durcit malgré elle. La jeune fille avait en effet l'habitude de ne rien laisser paraître de ses émotions dans des instants pareils, mais là... c'en était vraiment trop! Son esprit bouillonait pour trouver un moyen de le faire faiblir et pouvoir enfin être libérée. A toute vitesse, bon nombre de réponses cinglantes défilaient dans sa tête, mais chacune d'elle aboutiraient sûrement à une issue peu plaisante... Et pour cause, il n'attendait qu'une chose, c'est justement qu'elle lui réponde, elle en était certaine.

Oh non mon grand, pensa-t-elle, je n'te ferais pas c'plaisir...

Soudain,elle entrevut une possible solution...

Bouffondor? Comme c'est mignon comme surnom, ça leur va si bien... Dommage pour toi, mais il n's'applique pas à moi, j'suis beaucoup mieux qu'toute cette bande de niaiseux...

Peut-être qu'en insultant sa propre maison... De toutes façons, ça ne pouvait pas faire grand-chose à Billie. Elle détestait en effet tous les élèves de cette école, hormis elle bien entendu, donc, rabaisser sa maison ou une autre, quelle importance? Elle espérait seulement que Malefoy ne prendrait pas ces insultes pour du bluff, sinon, elle était perdue...Quoique... au fond, elle aurait peut-être préféré tomber sur Rusard... En tout cas, pour ce qui était de dire son nom Malefoy, ce n'était même pas envisageable! Devoir parler aux gamins de Poudlard le matin était préférable. Si elle lui donnait son nom, il était quasiment certain qu'il ne se priverait pas de raconter son énième exploit minable aux autres Serpentard. L'affaire s'ébruiterait, avec le nom de Billie Creach pour la victime, et elle n'aurait plus du tout la paix... Ainsi prit-elle la résolution de faire semblant de ne pas avoir entendu la question, et ne répondit évidemment pas.

Pour qui il se prenait ? C'était simple. Ce petit péteux, ce gosse de riche, ce petit hériter, ce fils à Papa ou quoi que vous le nommiez, avait une si haute estime de lui-même qu'il ne conçevait pas même une seconde de fraterniser avec un Gryffondor ou un Sang de Bourbe. Drago et son sourire narquois n'avait pas pour habitude de faire ami-ami avec quelqu'un qu'il détestait par prince et éducation.
L'inconnue évitait soigneusement sa question, mimant ne l'avoir pas ouïe dire. En fin de compte; elle n'était pas si stupide. Car en effet, si cette histoire se savait, sa réputation serait à jamais déchue. Et Malefoy risquait fortement d'aller parler de ça un peu partout. A longueur de journée il se vantait, cette histoire ne ferait que s'ajouter à son répertoire déjà bien rempli.

Elle parla à nouveau, mais cette fois si, Malefoy resta légèrement perplexe. Il n'en laissa rien paraître, de marbre face à une tentative aussi pathétique de se rattraper. Il était étonné de la savoir aussi culôtée. Une fille n'irait pas à Gryffondor si elle n'était pas faite pour y aller; c'était purement logique. Peut-être ne s'en rendait-elle pas compte mais elle était comme tous les autres. Niaise, idiote et impure. Une moue de dédain passa sur le visage de Drago. Mais puisqu'elle commençait, pourquoi ne pas se prêter à sa comédie ? Il était sûr de pouvoir en tirer quelque chose d'hilarant.

L'une de ses longues et fines mains passa dans ses cheveux blonds, les remettant bien en place. Il ferma ses fines lèvres, pincée dans un signe ironique, ses sourcils relevé vers le haut.

" Ah oui ? Mais dis moi... Qu'est-ce qui te différencies tant de ses gens ? "

Il avança légèrement sa tête, la fixant de son regard gris métallique, un sourire ironique sur les lèvres. Elle pouvait dire tout ce qu'elle voulait, Drago n'était pas assez naïf pour en croire un traître mot. Cherchant encore et toujours à la provoquer, il attendit de trouver les mots pour lui lançer d'un air hilaire, l'air faussement étonné.

" Oh mais je suis bête ! Comment pourrais-tu être différente d'eux... Tu es bien une Sang-de-Bourbe, non ? "

Il se retint d'ajouter un petit " Tu dois connaître Granger et Potter ". C'était sans doute ramener trop les choses à lui. Ce qu'il faisait tout le temps par ailleurs. Mais le risque était qu'elle ne connaissait peut-être pas la Sang de Bourbe et l'autre idiot d'élu !
Malefoy se redressa, ses petits yeux toujours posé sur Billie. Il la détaillait encore, imprimant son visage pour pouvoir la reconnaître quelque part et mettre un nom sur sa tronche. C'était toujours tellement excitant de tyraniser les autres.

En entendant le nom de Sang-de-bourbe, Billie faillit sortir de ses gonds. Ses membres se mirent à trembler de rage, tant elle ne pouvait supporter entendre quelqu'un prononcer ces mots, surtout à propos d'elle. Qu'est-ce qu'il croyait? Ce n'était certes pas les Moldus qu'elle préférait dans sa famille, mais de là à... Voyant l'air triomphant que ce nabot affichait à la vue de sa colère, elle serra les dents, contractant les muscles de sa mâchoire à les déchirer. Lentement, et avec difficulté, elle se calma, du moins physiquement. A l'intérieur d'elle-même, son coeur manquait d'exploser. Sa voix d'ailleurs trahit ses émotions quand elle ouvrit la bouche: elle vibrait sous la rage...

Et tu crois vraiment qu'j'en suis fière?...

Elle se surprit elle-même. Jamais elle n'avait voulu dire ça, du moins, pas à lui! Il allait être invivable c'est sûr! Et si jamais il découvrait son nom, il se ferait un malin plaisir de dire à qui veut l'entendre, qu'une Gryffondor n'était pas fière le moins du monde d'être une Sang-Mêlée! Ce serait horrible...

Peut-être que c'est ça qu'on appelle l'instinct d'survie... pensa-t-elle.

A cours d'idées pour se sortir de ce pétrin, elle se tut et baissa la tête. Même si à son avis, c'était une grosse erreur de baisser la tête devant Malefoy. Elle se redressa, planta son regard dans les yeux du gosse de riche. Une lueur de jubilation régnait dans ce gris acier. Cette fois s'en était trop! Elle était en retard, et lui s'en moquait complètement, trop heureux de torturer une Gryffondor! Parce que, de la torture, c'en était. Billie était coincée dans une marche, dès qu'elle bougeait, une vive douleur lui monter à une vitesse phénoménale de la cheville jusque dans le bassin, et si elle restait immobile, sa jambe se raidissait. Au moment précis où elle commençait à perdre de nouveau son sang-froid, ledit membre eut un soubresaut. La marche bloqua le mouvement, et une formidable crampe se déclencha. Sous le coup de la douleur, Billie gémit. C'était plus qu'un gémissement. Plutôt un son à la limite du cri, mais retenu par le peu de fierté qu'il restait à la jeune sorcière. Elle se mordit les lèvres, vexée d'avoir crié de douleur. Derrière Malefoy, plusieurs bouteilles d'encre explosèrent dans la besace de Billie. Elle se paralysa. Ca y est, elle s'était trahie. La sorcellerie avait brisé les flacons sous le coup de la colère et de la douleur. Brusquement, la jeune fille éclata, hors d'elle:

Ca t'fait plaisir hein?? T'adores ça, jouer au p'tit chef, au p'tit seigneur, mais t'emballes pas, Malefoy, t'est rien! Tu n'vaux pas mieux que quiconque ici! Et en plus t'es un lâche! Tu t'attaques pas à ceux qui n'sont pas en position d'faiblesse, parc'que tu sais pertinament qu'tu f'rais pas l'poids!!

Décharger sa haine de cette manière l'apaisa, et elle ajouta, plus calmement, mais méchamment:

Mais t'es un nullard Malefoy, c'est pas d'ta faute,c'est dans les gènes... en général ça vient d'la mère...

Et là, tellement soulagée d'avoir craché son venin, Billie éclata de rire. Un rire froid, sans joie...

Malefoy sourit en la voyant trembler de colère à l'évocation de son Sang. C'était tellement prévisible. En un simple mot, ils se mettaient tous à devenir verts ou... a craché des limaces. Comme Weasley. Elle lui répondit, mais sa voix partait dans des accents de rage hystérique pas du tout sérieux. C'était râpé pour elle du côté cynisme.

Et tu crois vraiment qu'j'en suis fière?...

Elle parut un instant déstabilisée alors que de son côté, Drago se retenait de lui rire au nez. Ce n'était sans doute pas parce qu'elle ne s'aimait pas elle-même que Malefoy allait l'aimer. Il aurait plutôt tendance à la fuir; une adolescente qui détestait ses origines, c'était nuisible. Lui-même était d'un sang si noble que jamais il n'aurait osé salir son nom.
La fille baissa la tête et parut se désespérer un instant de cette situation. Pour Drago, s'en était devenu de plus en plus amusant. Allait-elle se mettre à pleurer ? Il en doutait, cependant, il l'aurait bien voulu. La Bouffondor releva la tête et planta son regard dans celui du Serpentard. Elle semblait s'échauffer un peu plus chaque seconde et brusquement, sa jambe bougea. Un gémissement pitoyable sortit de sa bouche et Drago l'observa la bouche entrouverte dans un sourire narquois. Elle avait mal ? Il aurait volontiers ri aux éclats s'il n'avait pas eu l'habitude de bien se tenir. Ne sortit de sa gorge qu'un rire froid. Puis alors qu'il allait la quitter en la laissant en plan, elle se mit à lui parler, hurlant presque.

Ca t'fait plaisir hein?? T'adores ça, jouer au p'tit chef, au p'tit seigneur, mais t'emballes pas, Malefoy, t'est rien! Tu n'vaux pas mieux que quiconque ici! Et en plus t'es un lâche! Tu t'attaques pas à ceux qui n'sont pas en position d'faiblesse, parc'que tu sais pertinament qu'tu f'rais pas l'poids!! [ ... ] Mais t'es un nullard Malefoy, c'est pas d'ta faute,c'est dans les gènes... en général ça vient d'la mère...

L'expression de Malefoy changea du tout au tout. Le sourire qui peignait son visage fit place à un rictus vexé et l'étincelle de jouissance dans son regard s'éteignit pour devenir haine. Qu'on le critique, qu'on le traite de petit chef, de lâche ou de nullard ne l'atteignait qu'à moitié. Il savait que les gens pensaient cela de lui, il avait pris l'habitude d'y répondre avec hargne et pouvait se contrôler. Mais qu'on insulte sa mère, Malefoy ne tolérait jamais et finissait toujours par s'énerver.
Ses yeux se plissèrent et sa bouche se tordit un peu plus. Inconsciemment, sa main avait glissé dans sa poche et en avait sorti sa baguette, la pointant sur la Bouffondor.

" Ne parle pas de ce que tu ne comprends pas, Bouffondor. Moi, au moins, j'aurais su comment me sortir d'une vulgaire marche ! Et ma mère n'est pas une moldue, ou une sorcière ratée ! Elle est bien plus digne que toute ta maison de limace réunie. "

Sa voix n'avait pas tremblé un seul instant, au contraire de sa main et de sa baguette pointée sur Billie. Malefoy resta un instant immobile, le regard figé dans celui de la Gryffondor. Il reprenait son calme, bien qu'il soit loin de l'être complètement. Sa baguette s'abaissa peu à peu. Il se retenait presque de cracher à ses pieds, chose dont il se serait fait un réel plaisir mais qu'il jugeait trop infantile pour quelqu'un comme lui.

" Souhaite le bonjour aux autres Bouffondor de ma part. Et raconte leur notre petit entretient très intéressant. "

Son sourire narquois reprit place sur ses lèvres alors qu'il tournait les talons. Cette fille allait lui payer très cher ce qu'elle avait dit. Mais il ne s'était pas risqué à lui jeter un sort, il lui aurait sinon donné raison en s'attaquant à moins fort que lui.
Il s'éloigna d'un pas rapide, ne désirant pas être en retard à son cours préfèré.

Et voila. Elle avait réussi. Elle avait fait tomber le petit sourire narquois et énervant de Malefoy. Billie n'en croyait ni ses yeux, ni ses oreilles. Alors ainsi, le soi-disant petit seigneur de Serpentard ne supportait pas que l'on touche à sa mère...Elle le remarqua au tremblement de sa baguette, pointée sur sa gorge. Même si sa voix gardait une apparente et froide tranquillité, sa colère était évidente...Information qui pouvait se révéler très intéressante par la suite, si jamais elle devait le croiser à nouveau. Complètement sonnée par cette découverte tout de même importante, Billie n'écouta pas ce que lui répliqua le jeune homme. Elle n'en avait que faire. Maintenant, c'était certain qu'il la laisserait en plan, sans lui avoir été d'aucune aide que ce soit...Finalement, cette perspective se révélait plutôt agréable au vu du sale quart d'heure que la sorcière venait de passer!
Presque avec soulagement, Billie vit Malefoy tourner les talons et s'éloigner d'un pas rapide, rangeant sa baguette dans sa poche.

Pourquoi est-ce que j'ne fais rien comme les autres?? Si j'avais pris la bonne habitude de mettre ma baguette dans ma poche et pas dans mon sac, j'aurais pu lui foutre une raclée à ce p'tit morveux!! Et j'me s'rais libérée...

Mais sa besace gisait, cinq marches plus bas, complètement imbibée d'encre. Billie soupira de découragement, la mine désabusée... D'un regard blasé, elle regarda autour d'elle en soupirant. Regard à sa montre. Ouille... 9h10. C'était définitivement mort pour son cours. Sa jambe se raidit. Passant outre la douleur, elle se déplaça lentement... et s'assit sur les marches. Ahhh... c'était quand même plus confortable, même si toujours aussi douloureux. Enervée à l'idée de rester inactive, elle se pencha en avant, tendit la main le plus qu'elle put, mais sa besace était bien trop loin. Soupir résigné. Elle retenta sa chance, étirant son bras à se le décrocher.Soudain, deux points rouges surgirent devant elle. Billie poussa un petit cri de frayeur et se rassit sur les marches.

Ben tiens, manquait plus qu'toi... Sale chat va! J'suppose qu'ton maître va pas tarder à rappliquer?

Miss Teigne la toisait de son regard flamboyant. Enfin, quelqu'un d'autre que Malefoy l'avait trouvée! Bien sûr, la meilleure solution aurait été de tomber sur un élève de Serdaigle, Poufsouffle ou Gryffondor plutôt que sur cette saleté de chat, mais elle n'allait tout de même pas cracher dans la soupe! L'animal contourna Billie,et fila dans l'escalier.

T'as intérêt à m'ram'ner quelqu'un!! lui cria la jeune fille.

Oh lala, ma pauvre Billie, v'là qu'tu t'mets à parler aux animaux...

Elle croisa ses bras sur ses genoux, et attendit.
Quelques minutes plus tard, des pas retentirent à nouveau. Billie se retourna. La tête de ce vieux grincheux de Rusard apparut au détour du couloir. La sorcière n'avait jamais été aussi heureuse de le voir. En grommelant, le concierge de Poudlard la saisit par les épaules et la dégagea de la marche. Creach posa son pied engourdi sur le sol en pierre.

Merci...

Et c'était sincère. Grand progrès. Rusard lui intima de la suivre jusqu'à son bureau, et partit devant. Billie ramassa sa besace maintenant rouge, verte, bleue et noire et emboîta le pas à Rusard. Elle remarqua qu'il ne faisait nullement attention à si elle s'arrêtait ou pas, alors ellle ralentit, se détourna lentement, les yeux toujours rivés sur le concierge, et finalement détala dans la direction opposée. Loin derrière elle lui parvint un miaulement furieux, mais elle ne se retourna pas.

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