Jessica Stuckman, 5e Année.

Il vaut mieux être intelligent et travailleur plutôt que bête et paresseux. Mais qui c’est qu’a sorti ça??? Il ne devait pas être très intéressant parce que Jess avait oublié son nom. Tout ce dont elle se souvenait, c’était la réaction de sa mère.

« T’as entendu ça, Jessica ? Tu devrais te mettre à travailler un peu, ça ne te ferait pas de mal… Jessica!»

Comme à chaque fois que sa mère abordait un sujet un peu… délicat, la jeune fille avait plissé les yeux, prétendant être sur le point de changer d’apparence. Et comme à chaque fois, ça ne marchait que moyennement…

« Jeune fille, pourrais-tu arrêter de faire ça pendant que je te parle? »
« Hein? »

Sortant de sa pseudo-concentration, elle répondit à sa mère avec son fameux regard débordant d’innocence.

« Désolée maman, je n’ai pas entendu. J’étais en pleine expérimentation de… tu sais… mon pouvoir… »

Mrs Stuckman roula des yeux et haussa les épaules d’un air exaspéré. Elle n’avait jamais été très à l’aise avec ce ‘pouvoir’ spécial qu’avait sa fille. Et à chaque fois que celle-ci en parlait, elle avait la certitude que sa mère ne poursuivrait pas la discussion.

Satisfaite d’avoir coupé court à la conversation, Jess se leva du canapé et se retira dans sa chambre, laissant à sa mère l’occasion d’être en tête à tête avec la télévision. L’émission qu’elle regardait était dénuée de tout intérêt, selon l’adolescente. C’est vrai, quoi. Une émission où on entend "Il vaut mieux être intelligent et travailleur plutôt que bête et paresseux", c’est forcément une mauvaise émission.

Travailler… ça veut dire quoi ce mot? Dictionnaire. Oui, tu sais, le truc que tu mets au pied de ta porte pour éviter qu’elle se ferme toute seule… Voilà, l’espèce de gros cube que tu peux même pas soulever d’une main. Donc. Travailler. Première définition: modifier (quelque chose) peu à peu par un traitement ou une manipulation. exemple: les paysans qui travaillent la terre du matin jusqu'au soir. Euh… non c’est pas la bonne. Deuxième définition: apprendre par la pratique ou l'exercice réguliers. exemple: elle s'est mise à travailler le violon sur le tas. Uh… Yuck j’aime pas celle-là. Suivante! Troisième définition: accaparer prioritairement l'esprit de (quelqu'un). synonyme: hanter. exemple: être travaillé par les remords. Quoi? Euh… Bon je crois qu’on va s’en tenir à la deuxième définition, même si je l’aime pas. [Les définitions et exemples viennent du dictionnaire de mon ordinateur ]

Travailler… Mouais… Il paraît que ça fait pas de mal, de travailler… Mais Jess, elle n’avait jamais vraiment essayé. Il faut dire qu’elle n’en avait pas vraiment besoin. Non non, elle ne faisait pas partie de ces gens qui n’ont pas besoin de travailler pour réussir à l’école, ceux qu’on appelle communément les surdoués. Mais elle avait appris à écrire Jess, c’était bien déjà, non? Ça n’était pas le plus important? Ah et puis elle avait appris à écrire Maman et Papa. Pourquoi en demander plus ? Parce qu’avec trois mots, t’iras pas loin dans la vie. Hey, tais-toi conscience, pourquoi tu t’en mêles? Parce que j’exige de la reconnaissance pour t’avoir obligé à travailler, et t’avoir menée là où tu es maintenant. Hum… je sais pas si tu devrais te montrer vraiment fière, parce que là où je suis, c’est pas un exploit… Pour une personne normalement constituée, c’est pas un exploit, mais pour toi, c’est le plus surprenant de tous les exploits. Sympathique la conscience, hein?





« Jessica Georgina Stuckman, pour la 27ème fois, réveille-toi! Tu vas être en retard! »
« Mmmmhh…»

27ème fois? Si peu? Oh bah elle avait encore le temps… Cinq minutes… Juste cinq minutes de plus…

Une soirée d’été, dans le salon de la famille Stuckman. Papa et maman étaient assis côte à côte sur le canapé, regardant le journal télévisé, pendant que Jessica et Serina, leurs deux filles, étaient assises sur le sol, et jouaient avec les coussins. Jessica, la plus grande, évitait les coups de coussin que lui donnait Serina. C’était un jeu assez répétitif, et qui aurait pu être ennuyeux pour une personne plus âgée, mais là on parlait de deux petites filles de 3 et 4 ans, alors pour elles, c’était tout ce qu’il y avait de plus amusant. Les enfants riaient et criaient, tellement fort que les parents devaient tendre l’oreille pour entre la télévision. Cela durait depuis une dizaine de minutes déjà, et ça ne semblait pas vouloir s‘arrêter. Mais… ça s’arrêta. Le vacarme des enfants cessa, un peu trop brusquement pour que ce soit normal… Alarmés par ce changement si soudain, les adultes s’étaient retournés vers leurs enfants, et avaient découvert la scène suivante:

Serina avait cessé de donner des coups à sa sœur, et au lieu de cela, l’observait avec curiosité. Jessica, quant à elle, ne cessait d’agiter la tête, et plus particulièrement le nez. Une expression de peur pouvait se lire sur son visage, alors qu’en fait ce n’étaient que des picotements dans le nez qu’elle ressentait. Leurs parents découvrirent plus tard que cela avait été causé par un coup de coussin qu’elle avait reçu sur le nez. Mais à ce moment-là, elle sentait que ces picotements voulaient sortir, mais elle avait peur de les laisser sortir, ne sachant ce que c’était exactement. Cela dura quelques secondes, puis elle ne tint plus. Aaaatchoum! Elle était confuse. Les picotements étaient partis, et elle se sentait mieux, mais elle ne comprenait pas comment. Cherchant de l’aide auprès de ses parents, elle leva la tête vers eux, mais tout ce qu’elle trouva fut quatre yeux ronds qui la regardaient comme si ses cheveux étaient soudainement devenus rose bonbon. Ce fut le père qui réagit en premier, se levant et venant s’accroupir juste devant elle, un sourire ébahi sur le visage.

« Oh mon Dieu! Jessica! Tu es… tu es… une… »
« Quoi? C’est une quoi? Joe! »
« Une métamorphomage! »

« Jess!!! Pour la dernière fois, réveille-toi! Tu es en retard! Tu vas rater le Poudlard Express! »
« Heinnnnn??? »

Elle fut sortie de son joli petit rêve par la voix de son père, qui était un peu moins agréable que celle de sa mère, surtout au réveil… Apparemment, ses cinq minutes avaient duré plus longtemps que prévu, et elle était maintenant en retard… Bah… pourquoi se presser? Ses parents avaient pris l’habitude de lui dire qu’elle était en retard alors que ça n’était pas vrai. Une façon d’être sûrs qu’elle soit à l’heure… C’est ce qu’ils disaient à chaque fois. Mais comme elle savait qu’en général ce n’était pas vrai, elle s’arrangeait tout le temps pour être en retard, histoire d’être à peu près à l’heure. Vous comprenez pas? C’est pas grave, c’est Jessica.

Donc, son dernier rêve de l’été avait été consacré au souvenir de la première manifestation de ses pouvoirs… Et notamment son pouvoir, son pouvoir particulier. Elle en avait eu peur, au début. Elle avait pleuré, quand son père lui avait amené un miroir pour qu’elle voit à quoi elle ressemblait. Et puis, elle s’y était habituée, et ça avait même fini par l’amuser. Pendant plusieurs années, elle avait attendu que sa sœur développe les mêmes capacités qu’elle, pour qu’elles puissent s’amuser ensemble. Mais en vain. Serina semblait n’avoir aucune trace de magie dans le sang. Il fallait croire que c’était elle qui avait hérité de toute la magie présente dans les chromosomes de son père. Et oui, quand on est l’enfant d’un père sorcier et d’une mère moldue, il n’y a aucune assurance à ce qu’on devienne sorcier, et encore moins métamorphomage. C’était quand même regrettable que les sœurs soient séparées pendant toute l‘année, elles qui s’entendaient si bien…

Hum, bon. Il faudrait peut-être penser à te lever maintenant, regarder l’heure. Il était… 10h. Ah, bah elle avait encore le temps. Le départ était à 11h, d’après ses souvenirs. Mais bon, il fallait quand même qu’elle se lève, qu’elle se douche, qu’elle prenne son petit-déjeuner (très important!!!), qu’elle fasse sa valise, et puis qu’elle aille à la gare. Mais pour la gare, elle attendait que son père lui fasse la surprise. Rien que de penser à tout ce qu’elle devait faire, ça lui donnait envie de dormir. Mais non, il fallait se lever, se doucher, prendre son petit-déjeuner, faire sa valise, et aller à la gare. Elle se leva donc, à contrecœur, et alluma la radio qui était programmée pour lui passer sa chanson préférée, celle qu’elle écoutait tous les matins parce que d’une, ça la réveillait, et de deux, ça la mettait de bonne humeur.







Quelques mois plus tard, nous retrouvons notre chère Jessica Georgina Stuckman - elle préfère de loin Jess, et pour le Georgina, voyez avec ses parents… - dans les couloirs de Poudlard entre deux cours, accompagnée de quelques unes de ses camarades de classe. Pour l’occasion, elle avait les cheveux et les yeux de la même couleur que le jaune de sa cravate. Vous l’aurez donc compris, elle était à Poufsouffle. Pourquoi cette maison? Parce qu’elle n’était pas assez travailleuse pour être à Serdaigle, pas assez courageuse pour être à Gryffondor, et pas assez méchante pour être à Serpentard. Mais ça lui allait, elle était bien à Poufsouffle. Elle avait des amis sympathiques, elle n’avait pas à faire semblant de travailler 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24 comme les Aigles, et elle n’était pas du tout mêlée à cette guerre interminable que se livraient les Griffons et les Serpents. Non, le seul petit inconvénient, c’était qu’en Blaireau de cinquième année, elle n’avait pu trouver aucune raison valable de se trouver au même endroit que lui à chaque moment de la journée, comme elle l’aurait voulu. Mais qui c’est, lui?

« Oh!! Vous avez vu qui ya là-bas??? »

Elle leva les yeux dans la direction indiquée, et le vit, lui. Marwin Wyrven. Le Marwin Wyrven. L’unique Marwin Wyrven. Le français le plus mignon qu’il ait été donné au Royaume-Uni d’accueillir sur ses terres. The french-lover en personne. Un sourire béat apparut sur les lèvres de la jeune fille, et elle fut accompagnée par ses copines lorsqu’en passant devant lui, elle émit ce fameux petit rire qui ressemble étrangement à un gloussement de dinde.

Toutes ses copines disaient être amoureuses de Marwin. Mais elle savait, tout le monde savait, que c’était elle qui l’était le plus. Pourquoi? Parce que. Elle l’avait décrété. Marwin serait à elle. Peu importait le temps que ça prendrait, peu importait le nombre d’apparences qu’elle devrait adopter pour lui plaire. Peu importaient les bouteilles de Malibu, de toutes façons il les avait laissées tomber d’après ce qu’elle avait vu. Et enfin, peu importait Emily Jones. Il serait à elle. Elle le savait, elle en était sûre, et elle ferait tout pour que ça se réalise.

Elle avait déjà franchi quelques étapes, en lui souriant dans les couloirs, lui disant bonjour quand elle le croisait, quitte à le lui dire cinq fois par jour. Et puis, elle se montrait gentille avec lui. Bon, ça, c’était pas très difficile, elle se montrait gentille avec tout le monde. Il était vrai qu’elle faisait parfois la sourde oreille, quand elle ne voulait pas aborder certains sujets, mais en général, elle était plutôt sympathique et ouverte à toute conversation. Elle s’était aussi entraînée à prononcer son prénom et son nom avec l’accent français. Ça n’était peut-être pas le parfait accent, mais l’effort était là, et ça ne pouvait que lui plaire. Maintenant, il ne lui restait plus qu’à trouver l’occasion de se retrouver seule avec lui, pour qu’elle lui fasse la démonstration de ses talents (ses talents de métamorphomage, bien sûr). Ça lui plairait sûrement. Ça plaisait à tout le monde.

Que ne donnerait-elle pas pour se faire attraper par lui dans les couloirs du château au beau milieu de la nuit! C’était une rencontre idéale! Pas d’élèves qui leur tourneraient autour, et puis ils auraient tout le temps de discuter. Elle n’en aurait rien à faire s’il l’emmenait chez Ombrage. Après tout, qu’est-ce que c’était, deux heures de colles, comparées au bonheur d’avoir pu passer un moment en tête à tête avec Marwin Wyrven? C’est que ce genre de moments étaient plutôt rares. Il était assez difficile à trouver, et quand on le trouvait, il avait toujours autre chose à faire. Il savait se faire désirer, le jeune griffon. Et c’était ce qui rendait plus excitantes les fois où elle le voyait.

Mais quand même… Marwin Wyrven… Pourquoi es-tu si difficile à approcher?