C’était un dimanche de septembre.
Rien de particulier là-dedans. Seulement c’était le premier jour de septembre. Et ça, ça changeait tout.
Le 1er septembre, jour de la rentrée à Poudlard. Fin des vacances, gare 9 ¾, retrouvailles, plaisanteries, recommandations, bagages, hibous hululant, fumée du Poudlard Express, compartiments pleins à craquer. Pas mal de temps perdu, si vous voulez son avis.
L’avis de qui ?
Elle. La jeune fille qui était arrivée avant tout le monde, seule, qui était déjà montée dans le vieux train noir, avait choisi un bon compartiment, rangé ses bagages dans les filets prévus à cet effet, vérifié que sa chouette Emerald n’avait pas trop été secouée par le déplacement en taxi, revêtu sa robe de sorcière, sorti un exemplaire de
« La Gazette du Sorcier ». Journal qu’elle lisait à présent, les sourcils froncés par la concentration, se tenant droite comme un i sur son siège, et jetant de temps à autre des coups d’œil réprobateurs par la fenêtre, où les élèves de Poudlard se racontaient joyeusement leurs vacances, embrassaient leurs parents, vérifiaient leurs bagages. Pas mal de temps perdu, si vous voulez son avis.
Fronçant le nez, elle détourna son regard des quais et observa un moment son reflet dans la vitre. De longs cheveux bruns, une frange coupée bien droite lui tombant devant les yeux. Un visage aux traits nets et vifs, un menton volontaire, des lèvres épaisses et serrées, un nez droit, des pommettes hautes. Et sous des sourcils épais et volontaires, des yeux si sombres qu’on ne distinguait pas l’iris de la pupille. Des yeux au regard tranchant, froid, qui ne clignaient presque pas.
Elle regarda sa montre, puis tourna la page de son journal. Autant profiter des derniers moments de solitude et de silence avant que toute cette cohue ne monte dans la locomotive.
Un article attira son attention en bas de page.
- Citation :
- L’affaire McSteeve
Le procès d’Arnold McSteeve, jugé pour élevage illicite de créatures magiques et expériences prohibées sur ces dernières, a pris fin samedi dernier avec la condamnation de l’inculpé à trois années d’emprisonnement à Azkaban.
L’argument principal du chef d’accusation était bien entendu les expériences génétiques de McSteeve, qui avait réussi à créer un croisement entre une goule et un crabe de feux. Nous rappelons que l’accusé avait conçu trois hybrides très dangereux et incontrôlables qui, laissés en liberté, ont fait des ravages dans plusieurs villages de Moldus. Le ministère avait été averti grâce aux témoignages de plusieurs sans-magie, dont la mémoire a bien entendue été effacée par la brigade des Oubliators. Mis sur l’affaire, le Service de contrôle et régulation des créatures magiques est rapidement remonté jusqu’au coupable, un vieux sorcier retraité du nom d’Arnold McSteeve.
L’histoire n’aurait pas eu de retentissement si lors de son jugement, l’accusé n’avait pas opposé une défense inattendue : selon lui, un individu vêtu de noir, que le prévenu a reconnu comme rien de moins que Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, l’avait soumis au sortilège de l’Impérium.
Toutefois, grâce à la persévérance et au rigoureux discernement du juge Hardper, cet alibi loufoque a été réfuté. Suivant l’intuition et l’insistance de Mr Hardper, les agents du ministère ont prouvé que l’accusé n’avait plus toute sa raison, et, de plus, était alcoolique. « Il est hors de question que le Ministère tolère que l’ordre public soit perturbé par les propos d’un criminel sur Vous-savez-qui, qui ne sont rien de plus que la défense maladroite d’un individu dangereux et privé de raison, a affirmé le juge Alexander Hardper. J’ai tenu à ce que la sentence soit exemplaire et je continuerai à faire preuve de la même sévérité envers tous les spéculateurs et les fauteurs de trouble tant que je serai juge ».
Une photographie s’étalait à côté de l’article, montrant une cour de justice, et, en premier plan, un homme droit comme un i, ses cheveux blancs tirés en arrière, les yeux sombres et fixes derrière des lunettes erclées de fer, seul personnage de l’image à conserver une immobilité parfaite. Une lgende indiquait:
"encore une brillante prestation du juge Hardper".« Salut, Papa » murmura la jeune fille.
Soudain, la porte du compartiment s’ouvrit brusquement. Une jeune fille blonde, habillée à la mode moldue, le visage rond, rouge et épanoui, apparu dans l’encadrure.
« Keira ! J’étais sûre de te trouver là ! s’écria-t-elle joyeusement.
-Ce qui en soit n’a rien d’étonnant puisque c’est le jour de la rentrée, que nous sommes dans le Poudlard Express et que nous allons toutes les deux entamer notre septième année d’étude », répondit la jeune fille en repliant soigneusement son journal.
Qu’on ne se fie pas aux apparences. La jeune blondinette qui venait d’entrer dans le compartiment se nommait Megan Laddison, était une Poufsouffle, et c’était la meilleure amie de Keira depuis leur première année à Poudlard.
Keira avait toujours détesté les étalages de sentiments, ce qui ne voulait pas dire qu’elle était insensible. Loin de là. Malheureusement.
Coups ou affection, elle rendait tout ce qu’on lui donnait. Mais au centuple.
-Tu pourrais au moins faire semblant d’être contente de me voir ! -Je suis contente de te voir, Meg, et tu le sais très bien.Megan lui fit un clin d’œil, puis s’affala plus qu’elle ne s’assit sur la banquette, ses joues toujours aussi rouges. Keira étira ses lèvres dans ce qui ressemblait à un sourire, mais une fraction de seconde plus tard son visage avait retrouvé la rigidité et la froideur de la pierre.
- Alors, ces vacances ? demanda la Poufsouffle.
-Rien de spécial. J’ai travaillé.-Encore ! s’exclama Megan.
Tu sais que les vacances sont faites pour se reposer ? Car Keira n’était pas une Serdaigle pour rien. Une bosseuse, une vraie, et fière de l’être. Le genre jamais satisfaite, toujours laissée sur sa faim, qui cherche toujours à aller plus loin, à trouver ce qu’il y a derrière. Une acharnée, une passionnée, une obstinée.
Elle ne supportait pas la médiocrité et l’à-peu-près. Elle voulait tout, et tout de suite.
Son objectif ? La perfection. Rien que ça.
Comment ? Avec de la rigueur, de la rigueur, et de la rigueur.
-J’ai fait quelques petits boulots, histoire de mettre de l’argent de côté. J’aurai 17 ans en avril, et je compte m’assumer dès ma majorité.-C’est si tendu chez ton père pour que tu veuilles en partir aussi tôt?- … Disons que nous n’avons pas besoin l’un de l’autre.-Je vois, dit Megan qui sentit qu’il valait mieux changer de sujet.
Et… Alec ?Keira se raidit d’un bloc. Elle serra les lèvres, enfonça ses ongles dans ses poings, grinça des dents. Fidèle à elle-même, elle n’extériorisa pas l’ardente colère qui lui brûlait la gorge. Ni la profonde tristesse qui lui nouait le ventre. Elle ne voulait plus jamais parler d’Alec, plus jamais entendre son nom, plus jamais parler de ce traître !
Heureusement, elle n’eut pas à répondre, car la porte s’ouvrit à nouveau sur un gros garçon joufflu et haletant.
-Y’a de la place ici ? demanda-t-il.
-Certainement pas, répliqua Keira.
-Et pourquoi ça ? demanda l’autre, qui visiblement cherchait les ennuis.
Le train il est à tout le monde, et c’est pas une fille qui va faire la loi !-Primo, la plus élémentaire des politesses t’engageait à frapper avant d’entrer. Secundo, le minimum de respect consistait à nous demander la permission de t’installer dans ce compartiment. Et tertio, je ne supporte pas les misogynes ventripotents incapables de s’exprimer d’une manière correcte. Keira fixait de ses yeux durs le joufflu qui devenait rouge à vue d’œil. Toujours très droite, le visage froid et distant. Menaçant.
-Maintenant je te conseille de déguerpir en vitesse, ou je ne réponds plus de ce qui t’arrivera.Une longue baguette était mystérieusement apparue dans le poing serré de la jeune fille. Le garçon lui jeta un regard noir et referma la porte.
Megan, qui avait suivi sans mot dire l’affrontement, regarda son amie, l’air mi-amusé, mi-réprobateur.
-Tu crois pas que tu as été un peu dure ?-Ce crétin n’a eu que ce qu’il méritait.Le monde était noir ou blanc. Pas de gris, pas d’entre-deux, pas de nuances. C’était comme ça que Keira voyait les choses.
Keira avait toujours raison. Toujours. Son jugement avait force de loi et prévalait sur tout le reste. Elle prenait son temps pour l’établir, mais une fois que son opinion était faite elle était irréversible. Et elle balançait son jugement, net, tranchant, précis, à la figure des gens. Elle était très franche, Keira. D’une franchise aussi coupante qu’un couteau, aussi terrible que la vérité. Non, elle ne mâchait pas ses mots.
Dure comme un roc. Aussi figée, aussi irrévocable, aussi terrible.
-Ca te dit une petite partie d’échec ? proposa Megan en sortant le jeu de son sac.
-Si ça t’amuses de perdre.Ah oui, encore une chose. Keira ne perdait jamais. Ne parlez pas de chance, vous l'insulteriez. La Serdaigle recevait seulement la récompense méritée de son travail constant et assidu. Perdre, c'était bon pour les fainéants et les idiots. Elle, elle n'avait pas le droit à l'échec.
-Un jour, tu m'expliqueras comment tu fais, soupira Megan.
-Je te l'ai déjà dit. Je ne connais qu'une seule façon d'y arriver. De la rigueur, de la rigueur, et de la rigueur.• Comment trouvez-vous le design ? : très zouli
• Comment avez-vous connu le forum ? : pub
• Qu'est-ce qu'il vous a poussé à vous inscrire ? : le niveau Rp
• Comment trouvez-vous l'intrigue ? : très intéressante
• Personne sur l'avatar : Eliza Dushku