Serre-moi [PV Tania]

La musique est la vie, et la vie n’est rien sans musique. Nahel sifflotait cet air au milieu de la salle commune des Poufsouffles, assis sur une chaise au milieu des élèves qui travaillaient et riaient entre eux. Cette ambiance était la meilleure que l’on pouvait imaginer, mais elle manquait cruellement de musique, et Nahel le sentait bien. Il avait besoin d’une bonne musique moldue, pas de musique sorcière, les Bizarr’ Sisters n’étaient vraiment pas de son goût. Il avait également besoin de bouger, la solitude n’étant pas sa meilleure amie, en tout cas pas s’il devait rester dans cet endroit qui débordait d’amitiés et de rigolades. Nahel n’avait aucune idée d’où était Paul (sans doute en train de draguer une nouvelle victime, euh, une nouvelle fille) et Benjamin était sorti avec quelques amis de Gryffondor que Nahel ne connaissait pas trop et qu’il ne voulait pas déranger. Ses deux meilleurs amis absents, les autres en train d’étudier à la bibliothèque ou quelque part dans la château, et lui se retrouvait seul.

Nahel ¤ Ça m’apprendra à me lever à midi un samedi matin…

Et si seulement il était accompagné. La présence des filles ne l’avait jamais dérangé, il trouvait toujours le moyen d’être drôle et amusant, mais n’avait jamais pensé à avoir une petite amie. Il voyait toujours l’amitié mais n’avait jamais pensé à l’amour. Pourquoi y aurait-il pensé d’ailleurs? Toutes les filles avec lesquelles il s’était bien entendu disaient de lui qu’il était drôle, gentil, et était le meilleur ami dont on pouvait rêver. Cela ne l’avait jamais gêné jusqu’à maintenant, il ressentait un certain manque. D’ailleurs, une chanson disait bien « «All you need is love. » .

Nahel ¤ Zut à la fin, t’es seul, pas mourrant, arrête de te morfondre et sort!

Obéissant à ses propres ordres, il se leva de sa chaise et sortit de la salle commune passant entre plusieurs groupes d’élèves, saluant certains avec lesquels il s’entendait bien. La question était maintenant: où aller? L’envie de travailler ne démangeait pas vraiment Nahel donc autant oublier la bibliothèque et tous les endroits de ce genre. Le jeune garçon commença à monter les escaliers d’un pas lent. Il devait être à peu près deux heures de l’après-midi, et il n’avait toujours pas mangé. Son ventre lui cria de faire demi-tour et instinctivement il obéit. Après tout, il n’avait qu’à faire un petit tour à la cuisine et prendre un petit morceau de pain avec du fromage pour grignoter, car s’il restait sans rien faire, son estomac lui ferait rapidement savoir.

Il descendit rapidement les marches et se dirigea vers un tableau représentant un coupe pleine de fruits. C’étaient Fred et Georges Weasley qui lui avaient montré l’endroit. Il s’entendait bien avec eux et avait même fait quelques tours à leurs côtés, mais à chaque fois qu’il tentait quelque chose avec eux, il se faisait attraper. Soit de la malchance, soit Rusard avait un radar consacré exclusivement aux jumeaux. Doucement, Nahel chatouilla la poire afin de faire bouger le tableau pour qu’il entre. Des elfes de maison au travail et quelques élèves qui connaissaient le truc étaient là mais le calme était ambiant. Ce fut avec surprise que Nahel aperçut Paul au milieu de quelques élèves. Celui-ci s’approcha de lui en souriant.

Paul ~ Tiens, la marmotte a fini d’hiberner?

Nahel ~ Qu’est-ce que tu fous là toi? Comment ça se fait que tu sais entrer ici?

Paul ~ Tu croyais être le seul?

Nahel était surpris, mais seulement à moitié. Cela ne l’étonnait pas de Paul. Il connaissait beaucoup de monde et apprenait beaucoup de choses grâce à ses multiples connaissances. Nahel voulait lui demander comment il avait connu l’accès aux cuisines, mais connaissant Paul, il savait que celui-ci n’aurait fait que le narguer sans lui donner la moindre réponse. Aedan se dirigea vers un elfe de maison et lui demanda un morceau de pain avec du fromage que l’elfe lui donna immédiatement. Le jeune garçon se fit un sandwiche de fortune qu’il commença à manger devant son ami. Il lui demanda la bouche pleine, postillonant à moitié sur lui (il y eut même quelques petits morceaux de fromage que Paul essuya d’un air dégoûté à l’aide d’un revers de manche).

Nahel ~ Tu va faire quoi aujourd’hui?

Paul ~ Peut-être que je vais commencer la rédaction pour le cours de potions.

Nahel ~ Il faut faire cinq pages et c’est donné depuis deux semaines.

Paul ~ Pourquoi, tu l’as fini toi?

Nahel ~ Oui… Depuis deux semaines…

Paul ~ Ah très bien tu vas me prêter la tienne alors!

Nahel ~ Pour que tu recopies mot pour mot comme la dernière fois et me trouver avec un T en potions et une colle avec Rogue? Non merci.

Paul ~ Bon, bah je vais trouver une excuse et m’en sortir…

Nahel ~ T’en sortir avec un T et une retenue.

Paul ~ Comme la dernière fois!

Même pas étonnant de la part de Paul. Nahel connaissait assez bien son ami pour avoir vécu ce genre de situation avec lui. Il n’y avait rien à faire dans ces cas-là, Paul n’était pas travailleur et Aedan ne le savait que trop bien pour avoir dû l’aider des milliers de fois à tricher, mentir ou inventer un mensonge et pour s’être fait prendre presque autant de fois. Nahel avala le dernier morceau de son sandwiche puis demanda un verre d’eau à un autre elfe qui passait près de lui et l’avala d’un trait. Son estomac calmé, Nahel sourit à Paul puis se dit qu’il était temps de partir. Parfois, quand le silence devient trop lourd, il vaut mieux le quitter que de rester et attendre.

Nahel ~ Je pense que je vais aller faire un tour au parc ou au lac.

Paul ~ T’es fou! Fait trop froid. Moi je ne sortirais que quand la chauffage aura été remis sur l’ensemble de Poudlard, y compris le parc!

Nahel ~ Chochotte. Tu viens pas avec moi?

Paul ~ J’viens de te le dire.

Nahel ~ Ok, tu sais où est Benjamin?

Paul ~ Non, sinon je serais avec lui plutôt que toi!

Nahel ~ Pfff…

Nahel lâcha un juron à l’adresse de Paul et sortit des cuisines en remerciant les deux elfes de maison qui l’avaient servi et qui se trouvaient sur son passage. Il considérait toujours Paul comme un ami bien entendu. Les insultes et les piques qu’ils se lançaient à tout va était juste une preuve d’amitié de plus. Quand Nahel insultait un ami, c’était comme s’il lui faisait un compliment. Le jeune garçon grimpa les escaliers d’un pas rapide, rencontrant peu de personnes sur son chemin et dans le hall. Les élèves étaient sans doute en train de travailler dans leurs salles communes respectives. Mais Nahel avait fait le plus gros de son travail à l’avance, et était donc tranquille.

Le jeune garçon sortit et fut aussitôt accueilli par un vent qui lui glaça le sang . Paul avait peut-être raison en fin de compte. Nahel enfila rapidement sa cape qu’il resserra contre lui afin de se réchauffer. La question était à présent de savoir combien de temps il allait survivre. Paul aurait misé sur dix minutes mais Nahel risqua tout de même une sortie. Il se dirigea vers un banc dont la vue donnait sur le lac. Son corps commença à s’habituer à la fraîcheur et il trouva qu’il ne faisait finalement pas si froid que ça. Quelque peu réchauffé, il regarda le lac et commença à chanter un air moldu qui reflétait quelque peu son état d’esprit sur le coup, triste et seul.

~ Flashback ~

Assise autour d'une table basse de la salle commune, une partie de cartes explosives déjà bien entamée, Tania passait un agréable moment en compagnie de ses camarades, loin du stress des cours et des devoirs d'une longueur de trois rouleaux. Le feu crépitait dans la cheminée, le soleil couchant renvoyait sa lumière rosée d'entre les fenêtres de la salle aux couleurs bleu et argent... Et une voix douce et tendre résonna du dortoir des filles parvenant au petit groupe d'élèves autour de la table.

- TANIAAAAA !

- Heum... Une jeune fille brune se tourna vers elle, l'air hagard. Qu'est-ce que t'as fait à Ellen pour qu'elle hurle comme ça ton nom ?

- Ben heu....

Tania posa ses cartes sur la table, se tournant vers l'embrasure de la porte donnant sur l'escalier des dortoirs. Elle savait pertinnement le pourquoi de la colère de son amie, mais ce n'était qu'un service rendu aux jumeaux Weasley. Tester les boites à flemme, c'était pas si évident... Les première années de Gryffondor en avaient tellement ingurgité qu'ils étaient incapables de pouvoir servir d'avantage de cobaye. La Serdaigle, trouvant leur idée ingénieuse, avait accepté volontiers de trouver d'autres élèves assez téméraires pour tenter ce genre d'expérience. Et l'une des victimes en question se trouvait être le petit frère d'Ellen. Lorsque la voix à en réveiller les morts claqua de nouveau, Tania rentra la tête dans ses épaules une fraction de seconde.

- MC LEAN !

Ellen débarqua dans la salle telle une tornade, empoignant son petit frère couvert de pustules avec rage. Tania esquissa une expression gênée au vue des effets secondaires des produits Weasley, avant de lever les yeux vers sa camarade.

- J'en déduis à ta voix douce que y a quelque chose qui ne va pas ?

- Arrête tes conneries Mc Lean, regarde ce que t'as fait à mon frangin ! Tu lui as fait ingurgiter du pus de Bulbobulb ou quoi ?

- Mais je.... Non ! rétorqua-t-elle offusquée. Pas du tout mais les Weasley veulent vendre leurs produits et...

- J'en ai rien à faire. Elliot t'a rien demandé que je sache !

- Ben si justement. J'impose rien, les testeurs sont rémunérés...

- C'est vrai ça, Elliot ?

Ellen se tourna vers son frère et commença à pester contre celui-ci, s'en suivit une querelle entre les deux, dû au fait du mauvais caractère du premier année. Heureusement pour Tania, sa bonne amie lui pardonna bien vite. Mais comment pouvait-elle savoir que ce petit roux rondillard était en réalité le frangin de cette grande blonde filiforme ?

~ Fin du Flashback ~

- TANIAAAAA !

- T'as recommencé ?

- Non mais je... J'ai tâché son pull sans le vouloir... Un coup de récurvite et c'est bon...

- Ma pauvre, t'es suicidaire. Cours vite pendant que tu le peux, je te couvre !

Tania hocha la tête et sortit précipitamment de la salle commune. Ca pouvait paraître étrange comme ça, mais la colère d'Ellen était tellement dévastatrice qu'il valait toujours mieux éviter de la croiser dans cet état là. Lorsque sa camarade explosait ainsi, on pouvait gentiement la comparer à un ogre près à vous bouffer tout cru. La Serdaigle dévala les escaliers en vitesse, par précaution, enroulant son écharpe autour du cou. Le mieux était de ne pas rester au château, ça avait du flaire une fille en rogne...

- MC LEAN !

Bon sang mais il était impossible de la semer ? Quoique...autant pour elle, la voix douce résonnant avec force derrière elle était en fait celle du concierge. Tania s'arrêta net, se tournant penaude vers Rusard, les yeux brillants d'un "J'suis innocente". Ce fut d'ailleurs ce qu'elle allait scander comme réflexe avant qu'il ne lui coupe la parole.

- Et vos heures de colle pour ce que vous avez fait dans le bureau d'un certain professeur ?

- Quoi donc ?

- Ne jouez pas à ça avec moi Mc Lean... Le professeur en question est certain que l'oeuvre est de vous.

- Quelle oeuvre ?

- Les lutins de cornouailles ! pesta-t-il contre la Serdaigle.

- Quels lutins ?

- Raaaa, hors de ma vue, vermine !

La Serdaigle haussa les épaules et tourna les talons non sans essuyer son front d'un revers de manche. Le temps de cette sympathique conversation, le coeur de Tania s'était soudain arrêté, attendant avec angoisse la suite des évènements. Mais son sang froid avait -bien heureusement - pris le dessus. Ce fut à pas plus lents pour ne pas donner au concierge une raison de vraiment lui donner une heure de colle -"Mc Lean, vous marchez trop vite, une retenue pour vous!"- qu'elle rejoignit le Hall afin de gagner l'extérieur.

Enfin le calme, la sérénité, la tranquilité... Et le vent glacial qui lui fouettait les joues -sans compter son écharpe qui en faisait de même-. Tania inspira une bonne bouffée d'air frais, et marcha au grès de ses envies au milieu du parc déserté par les élèves, du fait du froid qui régnait au dehors. Une silhouette au loin attira son attention, et sans savoir pourquoi, la Serdaigle s'en approcha instinctivement. Elle alla pour passer devant le jeune homme assis sur un banc, lorsqu'elle le reconnut. Tania se stoppa net, postée en face de Nahel, debout, et dans un sourire lui offrit en guise de bonjour :

- Hé mais t'es le Poufsouffle allergique aux escaliers. Comment tu vas ?

Bon, y avait mieux comme salutation, mais sa spontanéité ne pouvait faire autremenent. Ne lui demandant pas sa permission, sous l'impulsion du moment, la Serdaigle s'assit auprès de Nahel.

- Tu fuis LE bibliothécaire ? demanda-t-elle dans un sourire.

EDIT DU Bibliothécaire: Mais, euh, j'suis un homme... Wolf Lark.
Edit : oups autant pour moi

Nahel fredonnait un air de musique, les yeux dirigés vers le lac, mais l’esprit ailleurs. Peut-être bien un besoin d’évasion. Le jeune garçon passait de bons moments à Poudlard mais il ressentait le besoin de partir, d’explorer de nouveaux horizons, avec ceux qu’il aimait, bien entendu. Il ne pouvait pas imaginer ce qui arriverait après Poudlard. Certes, il retrouverait sa famille, mais que deviendraient les amitiés qu’il s’était faites dans le château? Chacun suivrait sa propre route. Le jeune Poufsouffle préférait ne pas y penser. Il chantonna à voix basse.

Nahel ~ I'm a leading man and the lies I weave are oh so intricate, oh so intricaaaaaaaaaaate...

Il faisait de plus en plus froid au fur et à mesure que la journée avançait et la faim se faisait de nouveau ressentir. Nahel regrettait de ne pas avoir emmené autre chose à grignoter après son passage dans les cuisines. Au diable les cris de son estomac, il préférait écouter la chanson qui continuait dans sa tête. Sans s‘en rendre compte, il fouilla dans la poche droite de sa cape et y trouva quelques bonbons au caramel qu‘il avait mis deux jours plus tôt, quand Benjamin les lui avait donnés. Il en prit un, enleva doucement le papier qu‘il rangea dans sa poche gauche puis mit le bonbon dans sa bouche avant de laisser son regard se perdre au loin.

Nahel mit un moment avant d‘apercevoir une silhouette s‘approcher de lui. Il n‘y fit pas trop attention. Après tout, il était venu ici pour trouver un peu de calme et de solitude, ce qu‘il n‘avait qu‘assez rarement. Il tourna de nouveau sa tête vers le lac, laissant la personne venir vers lui sans rien dire. De toute façon, même si cet élève avait le courage de venir ici, il fallait être fou pour vouloir y rester avec ce froid. Nahel observa la personne qui venait de se poster en face de lui et la reconnut immédiatement. La jeune Serdaigle lui dit.

Tania ~ Hé mais t'es le Poufsouffle allergique aux escaliers. Comment tu vas ?

Tania McLean. Nahel avait fait sa connaissance trois jours plus tôt à la bibliothèque. Malheureusement, elle se souvenait toujours de ce qui s‘était passé. Comment aurait-elle pu l‘oublier d‘ailleurs? Le jeune garçon lui-même souffrait encore de cette chute dans les escaliers. Une course-poursuite tout ça pour un livre que Nahel n’avait pas pu récupérer. Ce n’était que le lendemain qu’il avait réussi à obtenir l’ouvrage qui contenait une information qui faisait l’objet d’un pari entre Nahel et Paul. Nahel avait raison mais malgré cela, Paul avait refusé de payer! Nahel insulta Paul dans sa tête et répondit à Tania avec un sourire discret.

Nahel ~ Ça peut aller, j‘ai connu mieux on va dire, et je me remets lentement de la chute.

Habituellement, il aurait réussi à placer une petite blague dans sa réponse histoire de faire sourire la personne avec qui il parlait mais le cœur n‘y était pas, allez savoir pourquoi. Le regard du jeune homme était triste mais cela était inexplicable. Un coup de blues tout simplement. La peur du futur sans doute. Même s‘il souhaitait terminer ses études, il ne voulait pas quitter le château. Trop de souvenirs ancrés dans ce collège, trop d‘amitiés tissées au fil des années, trop de bons moments. Une larme discrète, presque invisible, coula le long de la joue de Nahel, qu‘il chassa d‘un revers de main. Il s‘en voulait d‘avoir peur du futur, mais tout le monde avait peur de quelque chose, et lui ne voulait pas perdre ses amis. Il regarda d‘un air triste le lac, puis tourna sa tête vers Tania qui s‘assit auprès de lui en lui disant.

Tania ~ Tu fuis le bibliothécaire?

Cette jeune fille avait de l'humour, plus que la plupart des élèves au moins, et c'était déjà ça. Nahel sourit à sa remarque et se tourna légèrement vers elle. Elle était une jolie fille, et possédait un certain charme. Si Nahel avait eu la tête à ça, il aurait peut-être tenté de faire quelques remarques flatteuses pour la séduire mais il ne le souhaitait pas. Elle n'était pas là pour ça et lui non plus. Puis l'amour, il avait assez donné et ne voulait pas en entendre parler pour l'instant, même si au fond de lui, il en avait besoin. Ce n'était pas de n'importe quelle fille dont il avait besoin. Il répondit avec sincérité.

Nahel ~ Non, je fuis mes peurs, même si elles me rattrapent toujours.

Il sourit tout de même à la jeune Serdaigle. Pourquoi transmettre sa déprime à une jeune fille qui n'a rien demandé? Il ne lui mentait pas, mais disait la vérité avec le sourire. Cela faisait trop longtemps qu'il n'avait pas pu se confier, depuis plus d'un an et demi, avant le départ d'Autumn, celle qu'il aimait plus que tout. Si Tania voulait bien devenir sa confidente, Nahel n'en serait que plus ravi et pourrait enfin soulager tous les maux qui pesaient sur son coeur. Il demanda à la jeune fille, se rendant soudainement compte qu'i ne connaissait pas la raison de sa venue.

Nahel ~ Mais toi, que fuis-tu Tania?

Si elle fuyait quelque chose bien entendu. Il lui lança un sourire complice. La présence de la jeune fille suffisait à réchauffer l'atmosphère glacée de l'hiver. Et puis pour une fois, il pouvait être avec quelqu'un qu'il découvrait, dont il ne connaissait rien. Une nouvelle amitié à tisser, pourvu qu'il ne la perde pas en quittant Poudlard...

Déprimé. C'était le mot ? Non, triste plutôt. Comment savoir que quelqu'un déprime tant qu'on n'a pas sondé son âme ? Et à quoi bon demander à quelqu'un si ça allait alors qu'il était évident que ce n'était pas le cas -parlons des souffrances de l'âme et non des douleurs physiques comme ce fâcheux incident des escaliers- Le mieux était de passer à autre chose, de se dire qu'on avait tellement à gagner en retrouvant sa joie de vivre. Comme elle avait fait après Jonhatan, et après la petite santé de son frère. Mais elle allait bien. De l'extérieur. Pourquoi encombrer les autres de ses malheurs, chacun avait son propre poids de remords et de tristesse à porter sur les épaules. Oui elle savait écouter, prendre les problèmes des gens au sérieux, elle avait l'oreille attentive, mais Tania n'était pas la mère thérésa. Le mieux dans ces cas là, était d'aider les gens au mieux que l'on pouvait, leur tendre la main, mais de là à les sauver complètement et à faire tout le travail... Cela ne servait à rien. Une déprime, en général, devait revenir à une introspection, et ça se soignait tout seul. Le tout était de se savoir entouré.

Et puis, peut être qu'elle avait tord.

J'ai connu mieux. Tania ne lui posa pas de questions, bien que la curiosité était là. S'il voulait en parler, il en parlerait. Mais pour le moment ils ne se connaissaient guère, voire pas du tout. Leur dernière rencontre s'était terminée dans une terrible chute. Est-ce qu'elle portait la poisse ?

Nahel ~ Non, je fuis mes peurs, même si elles me rattrapent toujours.

-C'est comme tout. On peut pas lutter contre. Mais sans ça, la vie serait monotone pas vrai ? L'être humain pourrait mourir d'ennui j'en suis certaine, si la vie était aussi facile.

Soupir. Tania posa ses mains sur ses genoux, ses yeux rivés sur l'horizon. Elle se mentait au fond d'elle même. Bien sûr qu'elle aurait souhaité ne pas avoir tous ses malheurs, comme tout le monde. Et elle souhaitait tellement avoir raison qu'elle voulait en persuader Nahel. Ainsi ils seraient deux. Chacun ses peurs. La sienne, c'était de se retrouver seule. Et celles de ce Poufsouffle ? Les mêmes craintes ? Comme quoi, derrière les façades apparement les plus sociables se cachait une peur indécelable.

Nahel ~ Mais toi, que fuis-tu Tania?

- Là actuellement je fuis le concierge mais je doute qu'il ait eu l'envie de me rattraper.

Tania lui offrit un sourire, un voile derrière le frissonnement qui lui parcourut le dos. Comment savait-il ? Et elle avait évité la question, l'avait prise pour une autre volontairement, pour ne pas y répondre. Mais Nahel n'était sans doute pas dupe.

|| Jonathan || Pourquoi Tania ? Je croyais qu'ils m'aimaient bien...
|| Tania || Oui...Bien sûr que oui... Mais c'est moi...C'est moi qui ne t'aime pas...Pas comme il faudrait, pas comme ça, et je ne t'ai jamais aimé...Jamais

Jamais, jamais, jamais. Elle l'avait oublié depuis le temps. Elle s'était fait le devoir de l'oublier. Et ainsi vivait Tania parmi ses quatre cent coups, à vaquer ici et là, occupant son esprit par des livres poussiéreux, pour l'oublier. Lui et puis son frère cracmol. Celui à qui elle devait tout....

|| Tania || Je te promets que je trouverai un moyen. Tu seras sorcier, toi aussi. Et tu deviendras le plus célèbre dresseur de dragon, p'tit frère.
|| Aaron || Tant que nous sommes ensemble, ça ira.

Et ses problèmes de santé...

||Tania || Tu crois que les gens disent tous qu'ils vont bien même si c'est pas le cas, ou c'est moi qui me fait des idées ?
||Joshua|| Tu ne te fais pas des idées. Ils le font. Et en plus ils croient qu’on va avaler leurs histoires.

Ce qu'il peut avoir raison...

|| Colin || Bref je viens de me rendre compte que j'aurais mieux fait d'en prendre moi du Félix Félicis le jour ou nous nous sommes rencontré elle et moi...

Elle était si horrible que cela ?

|| Murthag || Tania ? Je ne pensais pas dire ça un jour à quelqu’un mais … Je suis heureux de t’avoir rencontré.

Peut être pas finalement... Une larme vint couler sur sa joue, qu'elle s'empressa d'essuyer. La dernière fois qu'elle avait pleuré devant quelqu'un ? Elle ne s'en souvenait plus, elle qui avait toujours le sourire. De ce fait, Tania ravala ses larmes, et en esquissa un en se tournant vers Nahel, les pommettes rougissantes à cause du froid.

- Le concierge a une dent contre moi.

Quitte à ajouter une note d'humour...

Tania ~ C'est comme tout. On peut pas lutter contre. Mais sans ça, la vie serait monotone pas vrai ? L'être humain pourrait mourir d'ennui j'en suis certaine, si la vie était aussi facile.

Réflexion intéressante, il n'y avait aucun doute là-dessus, mais complètement fausse selon l'avis de Nahel. S'ennuirait-il si Autumn était restée auprès de lui, s'il pouvait communiquer avec sa famille et lui envoyer du courrier et s'il savait qu'il ne perdrait aucun ami en quittant l'école de sorcellerie? Non, pas le moins du monde. Il serait heureux. Mais la vie n'était pas aussi facile comme venait de le faire remarquer Tania. Au contraire, la vie était faite de coups bas qu'il fallait surmonter afin d'en affronter de nouveaux.

Un vent glacial souffla sur les deux élèves, faisant frissoner Nahel. Février était décidemment bien froid et refusait de laisser venir la chaleur du printemps. L'élève de Poufsouffle regarda le lac et le paysage au loin. L'Ecosse était bien trop loin de Londres au goût du jeune garçon et l'atmosphère était beaucoup plus glaciale que dans la capitale anglaise. Il se frotta les mains et souffla de l'air chaud dessus, afin de se sentir mieux puis il demanda à voix basse à Tania.

Nahel ~ Mais toi, que fuis-tu Tania?

Il avait préféré ne pas répondre à la remarque de la jeune fille. Son point de vue était différent, et il savait pourquoi. Certes il avait besoin de se confier, de parler d'Autumn, de sa famille qui lui manquait, de ses peurs, mais sa curiosité et l'envie de mieux connaître Tania l'avaient poussé à lui poser cette question. La réponse ne se fit pas attendre et montra une nouvelle fois que la jeune Serdaigle ne manquait pas d'humour.

Tania ~ Là actuellement je fuis le concierge mais je doute qu'il ait eu l'envie de me rattraper.

Pourquoi voulait-elle éviter la question? Nahel n'en avait aucune idée. Tania cachait ses sentiments derrière un sourire mais le jeune Poufsouffle se doutait que quelque chose n'allait pas dans la vie de la jeune fille, tout comme quelque chose n'allait pas dans sa vie à lui. Peut-être avait-elle connu une déception amoureuse, semblable à la sienne. Nahel aurait voulu savoir, sa curiosité naturelle lui dictant de demander. Mais il refusa de le faire, voyant bien que les souvenirs envahissaient la jeune élève qui regardait l'horizon. Il vit les larmes monter dans les yeux gris de Tania qui se tourna vers Nahel pour lui dire.

Tania ~ Le concierge a une dent contre moi.

Des larmes coulaient sur les joues de la jolie Serdaigle. Quel idiot il était! Pourquoi lui avoir demandé ça? Nahel se maudit intérieurement. Il n'avait jamais vu Tania pleurer. Il ne la connaissait réellement que depuis trois jours mais il l'avait vue dans le château durant plus de cinq ans et il n'avait jamais vu une seule larme couler sur ses joues. Et pourtant il en avait vu des élèves pleurer. Même des Serpentards... Mais Tania, cette jeune fille qui ne cesse jamais de sourire, il n'avait jamais aperçu une seule larme venant d'elle. Il lui dit à voix basse, baissant légèrement la tête, honteux.

Nahel ~ Excuse-moi, je n'aurais pas dû te poser cette question...

Lentement, Nahel se rapprocha de Tania puis il passa son bras autour de la taille de la jeune fille pour la coller contre lui et la réconforter. Il sentait bien qu'elle avait froid, ce n'était pas bon pour elle de rester dehors avec ce temps-là mais le jeune garçon savait pertinemment que Tania refuserait de rentrer dans le château avec les larmes aux yeux. A l'aide de sa main libre, il détacha sa cape et la fit passer sur le dos de Tania pour la réchauffer. Obligé de faire un effort pour ne pas se mettre à pleurer lui aussi, il ferma les yeux et resta dans sa position, tenant Tania dans ses bras en attendant qu'elle aille mieux.

Ahahah... Franchement, il y avait mieux comme tactique pour réconforter quelqu'un. Pas vraiment le meilleur moyen de rendre le sourire. A son habitude, elle aurait continué à sortir tout et n'importe quoi, pourvu que cela dédramatise la situation. Où était passée Tania ? Un sentiment étrange de honte montait en elle, une petite voix intérieure lui demandant soudain ce qui lui prenait, pourquoi craquer ici et maintenant. Ne pas se laisser aller, cela avait toujours été sa devise... La jeune fille se calma, ses larmes n'étant déjà pas très présentes, mais assez pour qu'on les remarque, cessèrent d'un seul coup, tel un robinet qu'on avait fermé. Dans un claquement de doigts, la Serdaigle avait décidé de muer sa tristesse en mutisme, préférant le sourire aux larmes salées sur ses joues froides. Tania se redressa dans un râclement de gorge, et essuya une dernière fois le coin de ses yeux, tandis que Nahel dans un geste de compassion, la rapprocha de lui et posa sa cape sur ses épaules.

- Merci.

Un regard mouillé mais reconnaissant, un sourire un peu forcé juste pour oublier ses pleurs déjà. Qu'elle se sentait idiote. Les sentiments humains n'avaient rien à voir avec les bouquins poussiéreux dans lesquels elle se plongeait pour canaliser son énergie et penser à autre chose.

" Excuse-moi, je n'aurais pas dû te poser cette question..."

Cela faisait déjà plusieurs longues secondes qu'il avait présenté ses excuses, mais Tania venait à peine de s'en rendre compte. Ses larmes ne coulaient plus, déjà, il lui avait suffit de prendre une bonne inspiration pour se sentir un peu mieux, et de se persuader que pleurer ne faisait pas franchement partie de ses atouts, au contraire. La Serdaigle haussa les sourcils d'un air étonné dans un premier temps envers le Poufsouffle, avant de lui esquisser un sourire de réconfort.

- Mais non t'en fais pas pour ça. Tu sais avec Ombrage au château on est tous sur les nerfs. Rien que la croiser dans les couloirs suffit à gâcher sa journée...

Est-ce qu'elle arriverait, un jour, à dire ce qu'elle avait sur le coeur ? Autre que son frère, autre que sa famille, parler d'elle, ne serait-ce qu'un tout petit peu ? Oh non. Cela ternirait son image de jeune fille joviale et forte qu'elle s'était efforcée à forger. Et pas seulement pour paraître ainsi, mais parce qu'elle l'était. Tania qui avait toujours eu envie de paraître naturelle, telle qu'elle était, se refusant à laisser couler ses larmes, parce qu'elle estimait que cela ne faisait pas partie d'elle. Bref, allez raconter ça à quelqu'un, n'importe qui... Si c'est un ami, il pourra lui répondre "Allez ça ira mieux demain", une connaissance : "Heu, t'as besoin de sommeil, non ? " , une personne qu'elle ne connaitrait pas : "T'es bizarre, comme fille"....

Dans un sens, il aurait été injuste de sa part qu'elle ne dise rien à Nahel, assis là à ses côtés, complètement submergé par la tristesse. Lorsqu'on ne connait pas le malheur des gens, est-il possible de les réconforter, ou de leur dire ne serait-ce qu'une parole polie telle que "Ca va aller j'en suis sûre" ?Oui, si on veut passer pour un personne qui s'en contrefiche, ce que Tania n'était pas.

- Enfin, comment dire... Juste un craquage en plein milieu du jardin de Poudlard, dans le froid, et avec quelqu'un que je connais à peine...

* Alors ça c'est explicite, c'est ABSOLUMMENT évident qu'il va comprendre ce qui ne tourne pas rond chez toi *

- Tu sais, les problèmes de famille, les petits tracas à l'école, et puis pleins de choses...

* Oui... Comme ? ..... Tu crois qu'il est le petit fils de Trelawney et qu'il va deviner tout seul ? *

- Une dispute avec un ami, le manque de confiance en moi peut-être... Et puis des fois les blessures du coeur mettent du temps à se refermer...

* C'est déjà un début, t'emporte pas ou tu vas rouvrir les vannes de nouveau *

C'est qu'elle s'en fichait, de ce que pensait les autres. Ne pas pleurer devant eux par peur de montrer sa faiblesse était une chose, mais ne pas le faire pour soit même en était une autre. Tania préférait garder le sourire, parce qu'elle était ainsi, point. Alors elle aurait pu de nouveau se mettre à pleurer devant Nahel, ce qu'il l'aurait le plus dérangé était seulement de le mettre mal à l'aise, chose qu'elle ne voulait pas. Ces derniers temps, Tania avait un peu trop tendance à perdre la joie de vivre à son goût. Et elle n'en avait pas le droit, au moins pour son frère, dont le rêve avait été d'étudier à Poudlard.

- Enfin tu vois... Ca n'a pas l'air d'aller si je peux me permettre. S'isoler c'est bien, mais quelques fois je pense qu'il faut savoir se faire entourer quand ça ne va pas. C'est dur mais on se sent mieux...

En espérant qu'il ne le prenne pas mal ou comme un conseil de Miss-Je-Sais-Tout, parce que ce n'était pas le cas...

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