Une arrivée remarquée... [Emma, Kirinia, James, et...]

Le rouge n'avait pas complètement quitté ses joues depuis que la russe lui avait ôté ses vêtements sans complexe. Elle, ça l'avait mise mal à l'aise au point qu'elle n'avait plus pu ajouter un mot ni faire le moindre geste, et l'essayage avait commencé. Décidément, c'était le jour et la nuit, ces deux-là. Elle avait été déçue que Kirinia rejette en bloc l'ensemble pantalon qu'elle possédait, au milieu de l'amoncellement de robes, mais ça n'avait pas été une grande surprise cela dit. Apparemment, elle avait décidé que ce soir, Emma ne se ressemblerait pas, et à en juger par son reflet dans le miroir, elle avait réussi son coup. La fillette avait encore du mal à réaliser qu'il s'agissait bien d'elle, là, avec cette robe crème et bleue, maquillée légèrement, les cheveux quelque peu raccourcis...

"Cette robe te va à ravir..."

Le sang avait de nouveau afflué au visage de la galloise quand sa camarade lui avait murmuré ces mots en lui enlaçant les épaules. D'habitude, elle se serait aussitôt enfuie si quiconque avait osé s'approcher autant, mais Kirinia faisait partie des rares exceptions... Malgré cela, elle n'en restait pas moins mal à l'aise.

"Tu sais, je l'ai porté il y a deux ans, à la même occasion que ce soir. Et Luca l'aimait beaucoup..."

Ah ? Et qu'est-ce qu'il en penserait, s'il la voyait, elle, sa petite soeur, aujourd'hui, ainsi vêtue ? Kirinia avait arrangé pour la énième fois son pendentif, en vain puisque quelques secondes plus tard, sa cadette refermait encore ses petits doigts dessus. Pendant la séance de maquillage et de coiffure, elle avait protesté, redoutant qu'on la remarque ce soir, et Kirinia avait aussitôt rétorqué :

"Si, tu ressembles à ça. Tu es superbe, Emma..."

Elle avait déposé une bise sur sa joue, et les pommettes de la galloise s'étaient encore empourprées - bien que cela eût semblé difficile de prime abord.

"On va te voir, oui, comme on va voir tout le monde. Tu aurais bien plus attiré les regards en baggy... Parce que tu aurais détonné sur l'ensemble des personnes..."

Elle avait peut-être raison, mais ça ne l'empêchait pas de se sentir mal à l'aise. Preuve en était que de ses joues, la teinte carmine commençait à s'étendre sur sa gorge et ses épaules... Les yeux baissés un instant, elle s'était ensuite inquiétée de la tenue de Kirinia, mais cette dernière ne semblait pas paniquée le moins du monde.

"Ce n'est pas grave... J'en aurai pour moins longtemps que toi à me préparer..."

Elle hésitait entre trois tenues, simplement, et les lui présenta. Il y en avait une blanche, une dans les tons violines et une gris métallisé. Toutes étaient des robes "fourreau" plus ou moins élaborées. Ah parce qu'il fallait qu'elle choisisse ? La fillette dévisagea un instant sa camarade, puis observa chacune des robes sans vraiment savoir pour laquelle opter. Elles étaient toutes les trois très belles, et elle ne doutait pas qu'elles iraient à Kirinia comme un gant... Bon le blanc, ça faisait peut-être un peu trop mariage, songea la plus jeune, ça en éliminait déjà une. Mais pour les deux autres, il lui fallut un moment pour se décider. Comment choisir entre la violine et la grise, assez proches l'une de l'autre finalement ? En fin de compte, son choix se porta sur la grise, un peu plus sophistiquée que l'autre et Kirinia la suivit.

Emma regardait à présent son aînée s'affairer. La robe lui allait vraiment à ravir, c'était à son sens plus flagrant que pour ce qui la concernait, elle, la troisième année. Quant au maquillage et à la coiffure, nul doute que la russe avait l'habitude de s'apprêter. Il ne lui fallut pas bien longtemps pour être impeccablement coiffée, ses cheveux tirés en arrière hormis une mèche soyeuse le long de son visage à droite. Des souliers à talons aiguille (mon Dieu, comment pouvait-elle marcher avec ça ?), de fines boucles d'oreilles en forme de goutelettes, le pendentif de Luca et un large bracelet d'argent complétaient l'ensemble. Des yeux de biche, accentués par le mascara et le fard, des pommettes rehaussées par le blush et un gloss pour faire ressortir ses lèvres, voilà qui achevait de rendre Kirinia tout simplement magnifique. Emma resta un moment, la bouche coite, à la contempler, jusqu'à ce que sa camarade, d'un petit geste de la main, lui fasse redresser le menton et lui adresse un sourire.

- Il faut qu'on y aille, hein ?

Au ton de sa voix, nul doute que l'idée n'enchantait guère la galloise. Elle avait descendu les marches à reculons, accrochée au bras de sa camarade de peur de se retrouver seule ainsi accoutrée au milieu de tant de monde. Dans les couloirs, c'était la course, et venant d'en bas, on commençait à entendre le son des morceaux joués par les Bizzar's Sisters. Rien de tel pour mettre la fillette plus mal à l'aise encore. Les autres couraient partout, et elle redoutait qu'on bouscule Kirinia, qui, à son avis, ne manquerait pas de s'affaler. On ne peut pas être stable sur des trucs aussi fins, c'est pas possible... Pourtant, il fallait croire que c'était une question d'habitude, parce que pas un instant, la russe ne sembla perdre l'équilibre.

- Comment tu fais pour marcher avec ces trucs pointus ? Moi je serais par terre toutes les trente secondes...

Elles arrivaient finalement aux doubles portes de la Grande Salle, et Emma jeta un regard interrogateur à son aînée, comme si par miracle, elle aurait pu changer d'avis. Et quand celle-ci poussa les portes, la galloise retint sa respiration. C'était tout aussi magnifique à l'intérieur que la tenue de Kirinia. Des sapins géants ornés de guirlandes colorées donnait à l'ensemble un air de fête. Des banderoles enchantées souhaitaient en lumière un Joyeux Noël à tous, et le plafond était plus sublime que jamais. Les tables avaient été repoussées, et sur elles trônaient divers plats et douceurs à l'air plus succulent les uns que les autres.

- Waouh... murmura la fillette devant un tel spectable.

Ce qui ne l'empêcha pas de resserrer son étreinte sur le bras de sa camarade comme d'autres élèves, entrant à leur tour pour rejoindre la scène où le groupe faisait déjà fureur, la frôlaient pour se frayer un passage parmi les convives.

- Euh... Ca t'ennuie si on va quelque part où il n'y a pas trop de monde ?... Enfin... Pas trop de mouvement, quoi...

Parce que du monde, il semblait y en avoir partout, mais autour du buffet, ça lui semblait un peu plus calme déjà...

Kirinia avait juste esquissé un sourire quand Emma lui avait demandé comment elle faisait pour marcher avec de si hauts talons, et la galloise en déduisait qu'elle devait avoir l'habitude, même s'il lui semblait que jamais elle ne s'habituerait à ça, elle. Elle était restée un moment paralysée devant le spectacle qu'offrait la grande salle, mais la russe l'avait guidée vers l'intérieur, et la galloise avait réalisé alors comme la salle était rempli de personnes plus ou moins apprêtées.

"Y en a qui sont en jean", songea-t-elle, "je vois pas pourquoi on m'a empêchée de porter un pantalon..."

Elle garda ses pensées pour elle, cependant, quand elle croisa le regard de son aînée, à l'air ravi. Bah oui, elle était magnifique, mais pourquoi elle s'embêtait avec elle d'ailleurs ? Y avait pas un garçon pour l'inviter elle ? Ce qu'ils étaient bêtes... Ils avaient une jolie fille comme Kirinia à portée, et il n'y en avait pas un pour se bouger les fesses...

"D'accord, allons boire ou manger quelque chose..."

L'air de rien, comme elles se dirigeaient toutes les deux vers le buffet, la cadette regarda un peu autour d'elle. Il y en avait plein des groupes de jeunes gens, qui pourraient venir faire connaissance avec la russe. D'autant qu'elle était adorable en plus d'être jolie. Bien évidemment, pour elle, il était inconcevable qu'un garçon l'accoste elle, et comme d'habitude, elle évitait de croiser le regard des gens. Elle avait d'ailleurs toujours du mal à réaliser qu'elle ressemblait à une jeune fille ce soir, et plus à une enfant cachée sous les affaires de son grand frère (même si en vérité, elle n'avait jamais piqué les affaires de Luca).

Emma se servit un verre de jus de citrouille aussitôt arrivée près des grandes tables reconverties en buffet, et s'installa à une place parfaitement digne d'elle : dans un coin, suffisamment isolée pour ne pas être repérée par tous et ne pas gêner le passage. Elle avait cependant tout ce qu'il fallait à portée de la main, mets et boissons, et esquissa un sourire à l'attention de son amie.

- Tu veux boire quoi Kirinia ? lui demanda-t-elle en italien, comme elles avaient l'habitude de converser ainsi entre elles.

Angélique ne pouvait s'empêcher de toucher sa coiffure, pour voir si tout était en place. A ce rythme là, son haut chignon sera bientôt défait. A cette pensée, la jeune fille grimaça et recula pour se voir entièrement dans la glace. La glace dans le dortoir des filles de Serdaigle n'était pas bien grande et Angélique dût faire plusieurs pas en arrière pour voir entièrement la robe. Sa robe était violette, un violet toutefois plutôt sombre, et était recouverte d'un fin tissu noir et transparent qui recouvrait la totalité de la jupe et du bustier. Le bustier était serré, moulant, et il y avait des noeuds noirs sur les côtés jusqu'au niveau de la taille. La jupe était plus ample et ce tissu noir formait plusieurs plis. Elle s'était maquillée (chose qu'elle faisait très rarement et seulement pour les occasions exceptionelles) et avait même mis du vernis transparent sur ses ongles. Angélique soupira de mal à l'aise. Allez, c'est parti...

Lorsqu'elle traversa le château pour rejoindre la Grande Salle, elle croisa quelques couples : la fille se tenait au bras du garçon en gloussant et souriant pour un rien, alors que le garçon roulait des épaules et bombait le torse, fier d'avoir eu une cavalière. En voyant cela, Angélique songea qu'elle avait bien fait d'éviter les garçons ces derniers temps : elle ne voulait pas avoir de cavalier, préférant s'amuser avec ses amis et les autres au lieu de rester toute la soirée en train de danser jusqu'à en avoir mal aux pieds. Ce n'est pas qu'elle avait quelque chose contre les garçons, mais c'est qu'elle gardait un très mauvais souvenir du dernier bal de Poudlard, deux ans auparavant. Un Poufsouffle l'avait invité à ce bal et Angélique avait accepté avec joie, songeant qu'elle allait passer ne exellente soirée. A son grand malheur, elle dût affronter les amis débiles de son cavalier et ne danse dans toute la soirée qu'une danse et elle se souvint que le Poufsouffle lui avait écrasé les pieds, s'excusant à tout bout de champ en rougissant. Alors cette année, oh non, pas de cavalier.

Angélique arriva devant la porte de la Grande Salle et la franchit avec plusieurs autres personnes derrière elle. Elle s'arrêta un moment juste pour admirer la Grande Salle qui était si bien décorée ce jour-là. Angélique retrouva le sourire et décida de se diriger vers le buffet, pour faire conaissance. Mais apparement, personne n'avait encore soif ou faim et il y avait peu de personnes autour du buffet bien garni. Angélique ne se découragea pas et décida d'aller discuter avec deux filles de sa maison. Elles étaient toutes les deux brunes et portaient chacunes de belles robes. Angélique s'approcha près du buffet, réfléchissant comment elle pourrait leur parler et chercha un quelconque prétexte pour s'approcher d'elles.

"Tu veux boire quoi Kirinia ?" demanda l'une des deux jeunes en fille en italien.

Angélique n'y conaissait rien en italien, mais elle avait toutefois reconnu la langue. Elle vit alors la carrafe d'eau à côté de celle qui avait demandé à l'autre ce qu'elle voulait boire. Angélique prit une petite inspiration et se lança, en attrapant un verre :

" Excuseez-moi, commença t-elle en regardant à tour de rôle les jeunes filles, en faisant un petit sourire. Vous pouvez me passer la carrafe d'eau s'il vous plait ?"

" Merci "

Angélique prit la carafe en faisant à nouveau un petit sourire à la fille. Alors qu'elle se servait, elle réfléchit à qui était-ce. Elle en était certaine, elle l'avait croisé plusieurs fois dans les couloirs et aussi dans la salle commune, étant donné que c'est une Serdaigle tout comme Angélique. Mais impossible de se souvenir qui. Ce n'était pas qu'Angélique avait mauvaise mémoire ; après tout, elle n'avait aucune difficulté à se rappeler de ce qu'elle a lu ou de ce qu'elle a appris en cours ; non, c'était plutôt parce qu'elle n'y faisait pas attention. Angélique était dans sa bulle, silencieuse, solitaire et ça s'arrêtait là. Elle n'aimait pas se faire remarquer et être sur le devant de la scène. Elle n'aimait pas être entourée de personnes qui la questionnent sur sa vie. Angélique aimait être seule, être tranquille et cela l'arrangeait bien. Pourtant, des fois, si elle faisait un peu plus attention aux autres, elle se souviendrait de pas mal de choses, leur nom par exemple. Et à présent, elle était avec deux filles de sa maison et elle voyait à peine qui est-ce.

Tu es pitoyable ma pauvre...Tu es capable de te souvenir des moindres informations sur les livres ennuyeux d'Histoire de la Magie, mais incapable de retenir les prénoms des personnes de ta maison..., songea Angélique, quelque frustrée, alors qu'elle versait l'eau dans la carafe.

Angélique posa doucement la carafe et se retourna. Elle dévisagea chaque personne présente dans la salle, tout en réfléchissant au prénom de cette fille... Christine..., non, non...Kristina... Toujours pas...Pourtant, elle était certaine que c'était un prénom russe. Karine...Ah ! Kirinia ! Elle s'en souvenait à présent...! Angélique sourit de contentement et regarda les gens en jeans en train de rigoler. Aller en jean à un bal ! De Noël en plus !

" Ils auraient pu faire un effort..." commenta t-elle.

Kirinia se retourna vers Angélique, celle-ci s'expliqua :

" Pour les jeans. On est à un bal tout d'même."

Kirinia avait à peine répondu à Emma qu'elle se servait déjà, ôtant à la cadette le loisir de la servir comme elle en avait tout d'abord l'intention. Une autre fille de leur maison - une autre grande qu'Emma avait déjà vue en cours et dont elle parvenait sans peine à se souvenir le nom, comme elle s'était fait la remarque qu'avec son visage d'ange et sa discrètion, il lui allait à la perfection - les rejoignit et leur demanda la carafe d'eau. La russe répondit au quart de tour et tendit aussitôt l'objet demandé à Miss Hush, et Emma resta immobile et silencieuse, sirotant son verre de jus de citrouille visiblement pour se donner une contenance.

Quand Angélique reposa la carafe et s'adressa à Kirinia pour commenter les tenues pour le moins décontractées de certains des convives, la petite galloise, mal à l'aise, se décala légèrement sans même vraiment s'en rendre compte, se calant un peu plus contre le mur attenant. Elle n'avait pas choisi cette place-là pour rien, la table, collée au mur sur une longueur, lui permettait sur un des côtés d'être au buffet et contre la paroi, sans vraiment détonner. Un peu plus loin, des tables permettaient à ceux qui le souhaitaient de s'asseoir, mais elles étaient trop en vue et trop loin de Kirinia pour Emma.

"Qu'est-ce que je fais là, moi ?" songea encore la fillette, son mal-être se manifestant de nouveau par des plaques rouges sur ses joues de plus en plus larges.

Les yeux fixés sur son verre, elle ne regardait plus autour d'elle, isolée de sa "protectrice" par la sixième année qui venait de les rejoindre, et se contentait d'écouter la musique.

[Accessoirement, c'est quel type de musique pour les Bizarr's Sisters ? J'en ai aucune idée...]

Instinctivement, ses pieds battaient la mesure, mais qui aurait pu s'en rendre compte ? Elle reprenait vite l'habitude de redevenir invisible (ou tout au moins de faire son possible pour) quand elle se retrouvait de nouveau isolée... Pourtant, si elle avait été moins timide, et si une valse un tango ou même une salsa était au programme musical du soir, elle aurait dansé... Oui, si elle avait été moins réservée... Ce qui n'était absolument pas le cas. La dernière fois où elle se souvenait avoir donc posé le pied sur une piste de danse - déserte - c'était il y a plusieurs années, avec Luca... Ca voulait tout dire...

"Je suis d'accord avec toi. Néanmoins, il y a une personne en jean à qui je n'en veux pas..."

Angélique se tourna lentement vers la personne que montrait Kirinia. Encore une fois, Angélique s'en voulut de ne pas avoir retenu le prénom de la personne que montrait Kirinia. Pourtant, elle était aussi de Serdaigle. La honte, songea une nouvelle fois la blonde, je suis en sixième année et je ne connais toujours pas le prénom des élèves de ma maison....

"Elle fait déjà un gros effort en venant..."

...Et Angélique faisait des gros efforts pour se souvenir du prénom de cette fille en jean... L'autre fille, celle qui accompagnait Kirinia, s'adossa contre un mur et avait l'air de se sentir exclue. Angélique se rappela alors qu'elle s'était adressée à Kirinia, et non à l'autre fille, alors qu'elle était aussi là. Décidemment, cette soirée ne lui réussissait pas... Angélique tenta un petit sourire, mais baissa immédiatement les yeux en faisant un petit sourire d'agacement.

"Peut-être ne le sais-tu pas, je m'appelle Kirinia. Je suis Russe. Et voici Emma."

Pire encore, Kirinia s'était rendue compte qu'Angélique ne savait plus leurs prénoms ! :suspect:
Angélique se redressa un peu et sourit sincérement. Maintenant, elle se souvenait : Kirinia Kasterezzia et Emma Santa Luna. Eh bien, il en avait fallu, du temps pour se souvenir de ces deux prénoms !

"Angélique Hush !"

Angélique se resservit de l'eau et but lentement. Elle posa une main sur le buffet pour s'y appuyer et observa une nouvelle fois la salle. Jamais elle n'avait vu la Grande Salle aussi lumineuse, brillante et classe. Finalement, elle avait bien fait de venir. En effet, au départ, Angélique ne voulait pas y aller, se souvenant de son bal précédent qui, avouons-le, avait été des plus catastrophiques. Enfin de compte, même si la salle était belle, même si Angélique y allait seule, elle avait tout de même fait plusieurs gaffes, comme la fois précédente. Ne plus se souvenir des prénoms des élèves, par exemple... Exclure quelqu'un d'une conversation sans réellement sans rendre compte...

"Je suis désolée, je ne retiens jamais les prénoms des autres..." dit Angélique avec un ton amusé, même si en réalité, elle était plutôt gênée de dire cela. C'était juste pour faire la conversation, rien d'autre.

" Merci "

Plongée dans ses pensées, obnubilée par la musique - parce que c'était ce à quoi elle s'était raccrochée, ça et son verre qu'elle vidait avec une lenteur calculée - et les yeux baissés, Emma ne remarqua pas le petit coup d'oeil de son amie, ni le sourire qu'elle lui adressa pour la rasséréner. Elle ignorait qu'elles songeaient à la même chose : à écrire à Luca au plus vite. C'était dans ces moments de malaise que la jeune fille ressentait le plus le besoin de prendre contact avec son soleil...

"Ils auraient pu faire un effort... Pour les jeans. On est à un bal tout d'même."

La voix d'Angélique fit timidement relever les yeux à la galloise, qui pour elle-même songeait que si les autres, en effet, n'avaient pas pris la peine de s'habiller, elle aurait très bien pu venir comme d'habitude... Mais si justement, Kirinia, Miss Hush et elle-même les avaient remarqués, c'est qu'ils auraient sans doute tout autant repéré sa tenue... Rien que d'y penser, le malaise d'Emma s'accentua, et elle avala une gorgée de jus de citrouille en vitesse, pour se concentrer sur autre chose, et en espérant que la fraîcheur du breuvage l'aiderait à faire baisser la température qui montait dangereusement à ses joues.

"Je suis d'accord avec toi. Néanmoins, il y a une personne en jean à qui je n'en veux pas... Elle fait déjà un gros effort en venant..."

Une pointe de jalousie passa dans le regard de la fillette. Et elle alors, elle ne faisait pas un effort pour venir peut-être ? Ca c'était injuste, qu'elle la force à venir ainsi déguisée alors qu'elle n'avait même pas voulu participer à cette fête, alors qu'elle acceptait tout à fait que Dominique soit présente en jean. Bon d'accord, la capitaine de l'équipe de Quidditch, elle s'en prenait un peu plein la tronche la plupart du temps, c'est vrai, elle avait ses raisons de ne pas vouloir venir. Mais quand même...

Quand la main de Kirinia se tendit devant elle pour qu'elle se rapproche, la cadette réalisa à quel point elle s'était écartée et rougit plus violemment encore. Elle fit un pas timide comme Kirinia les présentait toutes les deux et esquissa un sourire, mais ne put s'obliger à ajouter quoi que ce soit. Plus rien pour lui donner une contenance, à présent, si ce n'est son verre à moitié vide.

"Peut-être ne le sais-tu pas, je m'appelle Kirinia. Je suis Russe. Et voici Emma."
"Angélique Hush !"

Le sourire de la blonde aurait pu être contagieux, si Emma n'avait pas été si mal à l'aise. Elle hocha seulement la tête en guise de salut, et lança un regard désespéré à Kirinia. Là, elle n'avait qu'une envie, prendre ses jambes à son cou et rejoindre les dortoirs. Elle ne parvenait même plus à se concentrer sur la musique et avait cessé de battre la mesure, comme elle était à chaque fois décalée par rapport au rythme du morceau.

"Je suis désolée, je ne retiens jamais les prénoms des autres..."

Kirinia souriait naturellement, Angélique avait l'air à l'aise, et tournait même son "oubli" à la dérision. Et pour la fillette, il était inconcevable qu'elle soit aussi gênée qu'elle, donc elle se sentait naturellement de trop, incapable d'articuler un mot. Chaud. Trop chaud... Elle avait beau avoir un verre glacé entre les doigts, elle avait l'impression que tout autour d'elle était en feu. Un verre glacé, et vide, à présent qu'elle venait d'en avaler la dernière gorgée. Elle se tourna et tendit alors une main tremblante vers la table pour se servir un nouveau juse de citrouille, mais sa prise n'était pas suffisamment assurée, il faut croire, car le flacon lui échappa des mains et aspergea la table et sa robe à la fois.

Il ne manquait plus que ça ! Une maladresse, la pire des choses pour se faire remarquer. Mortifiée, Emma avait trop peur de relever la tête, certaine de voir un nombre incalculable de regards posés sur elle. Elle avait même le sentiment de ressentir la chaleur de ses paires d'yeux la dévisageant. Comme si elle n'avait pas déjà suffisamment chaud ! Ecarlate, elle réalisa qu'elle n'avait pas emmené sa baguette - et de toute façon, où l'aurait-elle mise ? - et qu'elle n'avait ainsi aucun moyen de réparer sa bêtise. Un mouvement de recul, instinctif, et elle buta contre quelqu'un. Qui ? Kirinia et Angélique étaient dans son champ de vision, alors qui avait-elle heurté ? Paralysée, elle n'osait pas bouger, de peur de croiser le regard de celui ou celle qu'elle venait de déranger, et déglutit difficilement avant de souffler :

- Pa... pardon...

Si elle avait eu quelque talent d'animagus, elle aurait sans doute pris l'apparence d'une petite souris pour aller se cacher quelque part où personne ne la trouverait à cet instant. Des plaques couleur pivoine recouvraient ses joues, sa gorge et sa poitrine, elle tremblait comme une feuille et ses yeux, rivés sur la tâche orange qu'elle avait laissée sur la table, commençaient à s'embuer de larmes...

James était tranquilement en train de faire une randonnée éducative dans la grande salle où se déroulait le bal.

"A droite un groupe de pouffes de poufsouffles, séduisantes et prêtes à l'emploi. Leur maquillage peu discret cache avec monstruosité leurs faces reluisantes de défauts et c'est avec une ardeur inasatiable qu'elles usent de leurs langues pour articuler les mots dénués de sens qui se confondent sur de gentils garçons.

Mais ne critiquons pas car voici les gryffondors, meute renommé de l'école. Toujours organisé autour d'un chef charismatique à l'aspect rebel, ils se défendent les uns les ... AIIIIIIEUUUUHH!!!"

Une fille venait de lui écraser son pied et de lui enfoncer les fesses dans son nez. Etant donné la différence de taille ce devait etre au moins une cinquième année. James s'apprêtait à lui faire des remontrances lorsqu'il vit que la demoiselle en question semblait complètement paumée et gênée, à peine osait elle le regarder en face. En fait ses yeux étaient même rivés sur une table trempée où dégoulinait quelques gouttes d'un liquide orangé.

Le petit garçon sortit de sa poche de veste le mouchoir rouge et le déplia en le tendant à Emma tout en déclarant de sa 'fausse' voix de ténor -
"Veuillez me pardonner très chère. J'étais perdu dans mes pensées."
Le sourire qu'il décocha ne laissait aucune doute, ce gamin était un ange.

Kirinia et Angélique observaient le décor, et pendant un instant, Emma se sentit plus seule que jamais sans son unique soutien. Elle était écarlate, aussi mal à l'aise qu'elle pouvait l'être, le visage cramoisi, et c'est avec soulagement qu'elle fit enfin la russe s'approcher, sortir sa baguette et réparer sa bêtise. Elle allait remercier sa bienfaitrice quand la voix d'un garçon retentit près d'elle et qu'elle aperçut enfin le mouchoir tendu par le serpentard.

"Veuillez me pardonner très chère. J'étais perdu dans mes pensées."

Mais... mais non... il n'avait pas à s'excuser lui... C'était elle, qui était maladroite. Ses yeux avaient quitté la table pour se figer sur le mouchoir et elle ne parvenait pas à articuler le moindre mot. De son côté, Kirinia tentait de la rassurer.

"Et voila... C'est comme neuf. Ca va, Emma?"

La galloise releva enfin le regard vers son amie, un regard empli à la fois des larmes qui n'avaient finalement pas coulé, d'incrédulité face aux événements, et d'une gratitude infinie.

- Euh... Oui... Ca va... Je... Je suis désolée... Pour la robe... et...

Elle avait parlé en italien, comme à son habitude avec Kirinia, et se tourna vers James, l'air visiblement terrorisé. Il avait beau être courtois, elle n'en restait pas moins des plus gênée, et c'est d'une toute petite voix qu'elle lui répondit.

- [C'est moi qui suis]...

Les premiers mots prononcés une fois encore dans la langue de sa mère, elle secoua la tête comme pour se reprendre et reprit.

- Je suis désolée... C'est moi qui n'ai pas fait attention... Je reculai et...

Ca y est. Les larmes qui avaient été stoppées par la surprise remontaient à ses yeux et roulaient sur ses joues. Elle ferma les yeux et se mordit la lèvre par réflexe. Que n'aurait-elle donné pour pouvoir déjà transplaner et se sauver ainsi de cette scène ! Elle entendit comme en rêve la voix de son aînée demander à celui à qui elle avait écrasé le pied si tout allait bien, mais ne semblait plus vouloir, ou pouvoir, réagir.

Tout alla si vite, une baguette, une formule, un sourire, une question, des mots, des pleurs.

James Guily avait voulu parler trois fois entre temps mais avait été écrasé par les évènements. Les pleurs d'Emma était finalement la touche de trop qui le fit éclater de rire. Un rire nerveux et puissant, un rire tendu d'enfant, il se plia en deux avant de montrer Emma Santa Luna du doigt en criant.
"J'ai fais pleurer une Serdaigle. J'ai fais pleurer une Serdaigle."
Fier de lui il espérait que Les Soeurs regardaient la scène et prendraient bien soin de restituer ce fait d'arme exceptionelle: James Guily, première année, serpentard, venait de faire pleurer une serdaigle plus âgée que lui.
Il offrit un énorme sourire de sale môme à Kirinia avant de lui répondre:
"Moi je vais super bien par contre tu devrais t'occuper de ton amie, elle a pas l'air en forme. Allez à plus."
Il fit mine de partir, toujours sur ses gardes, sait on jamais desfois qu'une des deux viennent lui coller une claque ou le rattraper en tirant sur sa cravate, il irait à l'encontre d'une mort certaine.

Sa démarche puait le snobisme, James était un héros, ou du moins le croyait il.

En un éclair, tout dégénéra, pire encore que ce qui rendait déjà Emma complètement paniquée. Le concierge était arrivé en trombe, en s'écriant : "Un incendie... Aux cuisines..." ; le gamin charmant s'était transformé en petit voyou, se targuant d'avoir pu réussir à la faire pleurer, riant et la montrant du doigt, de sorte que nombres de têtes proches s'étaient tournées vers elle ; et la galloise se sentit vasciller. Elle n'entendit bientôt plus que la voix de Kirinia, se raccrochant autant à ses paroles qu'à ses bras pour ne pas s'effondrer, et elles suivirent les instructions données par le professeur McGonagall :

- Que tous les élèves rejoignent les Dortoirs Communs, déplacez vous par groupes avec, impérativement vos préfets de maison.

Dans un élan de rancune, à défaut d'avoir réalisé que la russe avait jeté un sort au serpentard qui s'était retrouvé à terre, elle murmura en italien à son amie :

- Si ça se trouve, son dortoir aussi a été incendié... Joyeux Noël...

Dans sa petite tête, un drôle de schéma se mettait en place. Déjà, en automne, les dortoirs des sous-sols avaient été inondés... Maintenant un incendie... qui risquait fort de les avoir atteints... Les maisons Serpentard et Poufsouffle devaient être maudites... Elle craignait même que ce ne soit sur l'école qu'un sort ait été jeté, mais d'après ce qu'elle avait lu de l'Histoire de l'Ecole, il lui semblait pourtant que c'était impossible... Il faudrait qu'elle revérifie...

- On va encore devoir partager les dortoirs avec tout le monde, c'est vraiment obligé ?

Rien qu'à cette pensée, la jeune serdaigle frémit, et elle ferma les yeux, tremblantes et complètement appuyée sur Kirinia pour avancer - du mieux qu'elle put...

Ricardo dépassa deux filles de Serdaigle pour s'approcher du môme de Serpentard à terre. Le tirant par le col de sa veste, il le remit sur pieds avec assez peu de tact et, un sourcil haussé comme s'il se demandait comment il avait fait son compte, alors qu'il avait vu la jeune fille user de sa baguette, il s'adressa au garçon.

- La fête est finie... Il est temps de rejoindre les dortoirs communs.

Une main sur l'épaule du jeune homme, comme pour s'assurer qu'il ne prendrait pas la poudre d'escampette, il se tourna brièvement vers les Serdaigles, et un instant on eut dit que ses lèvres s'étaient étirées en un pâle sourire, puis posa son regard contre une fille qu'il lui semblait savoir être de la Poufsouffle [Mélanie].

- Veuillez nous suivre jeunes gens. On regagne le septième étage...

Et il prit le chemin de la sortie, le bras toujours passé autour des épaules de James - pas question qu'il se sauve celui-là, et il le sentait bien disposé à tenter de s'esquiver - en intimant à tous ceux qu'il croisait de les suivre.