Erreur de destinataire...

Ricardo grimpait presque quatre à quatre les marches menant à la volière. On était déjà le 2 décembre ! Comment avait-il pu oublier ! Ah ! Il entendait déjà son oncle et les cousines de la famille réprimander son manquement. C'était hier le jour de la restauration de l'indépendance, et il aurait dû au moins avoir envoyé un hibou, au moins à Avô pour lui souhaiter une bonne fête... Du coup, pour ne pas oublier l'autre date importante du mois, outre Noël, il avait mentionné dans sa missive le jour de l'immaculée conception. Non pas qu'il y attachât plus d'importance que cela, mais il savait que son grand-père célébrerait les deux fêtes, et il était bien la seule personne de sa famille qu'il ne souhaitait pas décevoir. Et tant pis si les autres renchérissaient qu'il économisait une lettre...

Il lui avait aussi parlé de sa réconciliation avec Eileen, passant sous silence d'autres passages moins glorieux. Ca ferait sans doute plaisir au vieil homme, de savoir qu'il avait fini par renouer avec la jeune femme, qu'il n'était pas, comme sa mère avec son père, comme son grand-père, justement, avec sa mère, resté entêté jusqu'à ce qu'il soit trop tard. Enfin... deux ans... il avait déjà été bien long à la détente comme le lui rappelait parfois l'ancienne griffondor.

Sur le pas de la porte de la volière, le jeune homme fit le tour de la pièce des yeux. Comme à chaque fois, il ne savait vers où se diriger. C'est qu'il y en avait des centaines, de hiboux et de chouettes, prêts au départ... Lui-même n'en avait pas d'attitré. Ce n'était pas comme s'il correspondait avec beaucoup de monde de toute façon... Un peu au hasard, il fit quelques pas, et s'approcha d'un hibou au plumage cendré à qui il remit son pli, et les instructions nécessaires à son voyage. Ca ferait sans doute une trotte jusqu'à Porto... Bah... Il n'était plus à quelques jours près...

Il tournait les talons quand une grande chouette presque blanche le percuta. Pas très douée celle-ci. Il se frotta l'épaule à l'endroit où l'animal l'avait heurté, et se pencha sur l'oiseau un peu sonné. Il lui tendait sa patte, comme s'il était certain que la missive qu'il transportait était arrivée à destination, et l'infirmier ne s'en posa tout d'abord pas la question. Il délia le parchemin, haussa un sourcil à mesure qu'il avançait dans sa lecture :



Il baissa le regard sur la messagère qui reprenait du poil de la bête.

- Il y a erreur... Ca ne m'est pas destiné ça...

Il retourna la missive. McLaggen... McLaggen... Ca lui disait vaguement quelque chose, mais de là à remettre un visage, voire même une maison sur le nom... Eileen saurait peut-être, mais elle avait déjà bien assez entre les entraînements et les cours... Il descendit les marches, l'air songeur... Ah mais oui, bien sûr, c'était l'un des préfets des griffons... Et à cette heure-ci, où pouvait-il bien se trouver ? Un samedi matin, les horaires étant libres, il pouvait être n'importe où...

Le plus simple lui sembla être d'alpaguer le ou la premier(ère) griff à portée et de lui demander de passer le message, comme quoi il était attendu à l'infirmerie. Mouais... c'était peut-être le plus simple. Il n'allait pas traverser tout le château non plus.

Il descendait vers le troisième étage quand il croisa une jeune fille, sans doute pas plus avancée qu'à sa trois ou quatrième année, et lui laissa ses instructions. Pierrick McLaggen, à l'infirmerie, avant midi. Charge à elle de faire passer le message si besoin par des intermédiaires. Et il avait plutôt intérêt à bouger ses fesses le griffy, parce que Ricky n'avait pas spécialement l'intention d'attendre tout la journée. Il replia le parchemin, le reglissa dans son enveloppe, et le tapota de sa baguette, sans un mot. Ainsi scellé, le pli ne serait décachetable que par son destinataire... Au cas où quelqu'un aurait l'audace d'entrer sans autorisation dans son bureau...

[spa grave, j'en ai vu d'autres... ^^]

Il était 11h quand Ricardo était revenu à son bureau, après un passage éclair par le terrain de Quidditch pour embrasser sa chère et tendre avant son prochain match. A première vue, pas de McLaggen dans le coin. La lettre était toujours sur son bureau, intacte et à l'endroit même où il l'avait laissée. Il n'était pas encore passé le griff, donc... Bah, il lui restait une heure...

Il fit le tour des quelques malades présents dans l'infirmerie, qu'il rassura encore sur le fait que oui, ils seraient sur pied pour le bal de Noël, il y avait largement le temps pour ça, et ils n'étaient pas mourrants non plus. Il avait déjà vu Safu trois fois cette semaine, et se demanda, en regagnant son bureau, où il ouvrit l'armoire et commença à vérifier ses remèdes et potions, si elle apparaîtrait encore aujourd'hui, pour une énième blessure due à sa maladresse phénoménale. Il en était à peu près à la moitié des flacons quand la porte de l'infirmerie s'ouvrit et qu'un jeune homme aux couleurs des rouge et or traversa la salle pour gagner le bureau, où il entra pour rester debout près de la chaise.

- B'jour ... Pierrick McLaggen, 7ème année, préfet de ma maison ... On m'a dit que vous me demandiez ... ?

L'infirmier se redressa, toisant le jeune homme qui n'avait pas pris la peine de frapper, mais qui, au moins, se présentait et restait debout jusqu'à ce qu'on l'autorise à s'installer. Enfin, c'est comme ça que le Serpentard comprit la chose, bien que la raison qui avait poussé le jeune homme à ne pas s'asseoir fut toute autre.

- McLaggen... Vos parents ne vous ont jamais appris à frapper avant d'entrer chez les gens ? Bien... Passons... Cette lettre est arrivée pour vous, et elle m'a été remise par erreur. Je pense que vous devriez vous asseoir. Et qu'il faudra conseiller à votre famille de changer de coursier aussi, s'il n'est pas capable de retrouver son destinataire sans erreur.

Ricardo s'installa sur son fauteuil après avoir refermé d'un coup de baguette son armoire à potions, et repoussé la chaise du bureau pour que le griff puisse s'y installer. Son visage restait impassible, comme d'habitude, mais ses yeux sombres ne quittaient pas le jeune homme et il se demandait si le très léger sourire qu'il avait vu poindre sur son visage s'agrandirait ou retomberait lorsqu'il aurait découvert la teneur de son message.