Haine et larme...[quelqu'un qui cherche pas la guerre merci]

Invité

Le glacial mois de décembre annonçait un janvier tout aussi froid, pourtant, cela n’empêchait aucunement les sorties de plein air…Dans les cachots de Poudlard, dans une salle commune, dans un dortoir, une jeune femme se réveilla par un samedi matin…Il était environ cinq heure, peut-être plus, peut-être moins, Lee n’en savait rien…Elle se retourna sur le dos et fixa les rideaux de son lit à baldaquin. Elle entendit le hululement d’une chouette au loin, en provenance de la volière probablement, puis, un hurlement de loup, en provenance de la forêt probablement... Elle regarda les autres lits de ses compagnes. Elles dormaient toutes. La Serpentard matinale se leva discrètement, et telle une ombre, s’habilla. Un jean délavé et un pull rayé noir et blanc…Puis, elle se planta devant le miroir, alluma sa baguette magique avec un petit «Lumos!» à peine audible et régla l’intensité de la lumière diffusée pour qu’elle ne réveille pas les filles. Lee coinça sa baguette entre ses dents et se brossa les cheveux pour ensuite se faire une natte. Elle empoigna une simple veste de cuir noire, chaussa de hautes bottes à talons aiguilles aussi en cuir et sortit du dortoir. Alors qu’elle traversait la salle commune des vert et argent, elle songea à l’endroit où elle pourrait être seule, sans risquer de se faire déranger, et de préférence, à l’extérieur des murs de l’école. La meilleure solution se trouvait être le parc…elle pourrait toujours aller en bordure de la forêt aussi.

L’adolescente indomptable parcourue lentement et tout aussi silencieusement les couloirs de l’école, invisible aux yeux de tous. Évitant de passer devant le bureau du concierge, elle décida d’emprunter un chemin plus long, mais plus sûr. Ce n’était pas la première fois que Lee avait de petites escapades nocturnes dans ce genre, elle savait à quelle heure Rusard se promenait dans les couloirs, et à quel endroit Peeves voletait en quête d’un délit potentiel à faire. Lee atteignit finalement la sortie et lorsqu’elle la traversa, une vague de froid lui gifla le visage. Elle ferma les yeux un instant, puis, s’engagea dans le parc, laissant ses pensées vagabonder librement. Sans s’en rendre compte, ses pieds la guidant, elle se retrouva bientôt à la lisière de la forêt. Elle la longea un instant, puis, remarqua un énorme chêne, avec un petit rocher à ses pieds. Lee alla s’y asseoir. Malgré les -20°C et le vent qui la fouettait violemment, elle n’avait pas froid. En fait, elle ne sentait rien. Quelques mèches de ses cheveux se détachèrent de sa natte et virevoltèrent au vent. La Serpentard troublée ferma les yeux.

Flash back
Même date, un an plus tôt.

Une jeune adolescente était assise sur ce même rocher, sous ce même arbre, à la même heure. Depuis sa première année, à la même date, elle était assise sur ce même rocher, sous ce même arbre, à la même heure…Et elle pensait. Cette fois, un chant l’avait sorti de sa léthargie…le chant du vent, mêlé à celui d’un phénix lointain…si loin qu’on l’entendait à peine, ce n’était qu’un murmure…En entendant ce chant, si mélodieux et troublant en même temps, l’adolescente avait compris…compris quoi exactement? Ça, elle ne savait pas…Compris peut-être qu’elle n’était pas comme les autres…qu’elle avait quelque chose, un petit quelque chose, qui la différenciait tant. Son viol peut-être? Plus le meurtre de sa mère devant ses yeux…et l’éloignement de son père. Ou qu’elle pouvait à la fois être si…exécrable et si douce dans le même temps. Avoir un cœur de pierre et avoir envie d’aimer, et d’être aimée, dans le même temps…Le chant, ou le murmura plutôt, s’était éteint. Il avait laissé place à un silence désarmant. Lee s’était levée, avait regarder le ciel. Avait vu que son étoile brillait là-haut, mais si peu…

Fin du flash back

Assise sur ce même rocher, sous ce même arbre, à cette même heure, Lee récita à voix basse…

Laisse couler ton sang... Car ta vie n'est plus celle d’avant...
Laisse couler les larmes... Ne sors plus tes armes…
Laisse couler ta haine... Car elle coule dans tes veines…
Laisse couler tes cris... Dis adieu à la vie...
Laisse toi couler en Enfer car c'est la fin de ta vie...
Laisse couler ton corps dans les couloirs de la mort...

Sans qu’elle puisse sans empêcher, Lee éclata en sanglots amers. Pourquoi avait-elle dû endurer tant de souffrance? Pourquoi elle? Elle avait envie d’hurler, de mourir. Elle n’était pas celle qu’elle aurait tant aimé être. Elle n’était pas celle qui avait toujours vécue avec ses parents, qui étaient heureuse et pleine de vie. Elle était celle qui se moquait de ces personnes, par jalousie, probablement. Elle était celle qui voulait partir, et ne pas se retourner, dire adieu à son passé. Alors que c’était impossible…

[hj. le poême n'est pas de moi, il vient de là et je l'ai légèrement modifié]

Un cauchemar, un autre, encore. Toutes ces voix dans sa tête, étranges, aiguës, sublimes et terrifiantes à la fois. Toutes ces personnes formant un cercle autour d'elle, sa robe blanche et immaculée venant contraster avec les ténèbres de ces lieux, dont on ne percevait rien, sauf ces silhouettes encapuchonnées. Et puis cette personne, aux mains d'une pâleur cadavérique, une longue faux à la main, qui se tournait vers Tania.

La jeune fille ouvrit soudain les yeux et se redressa avec brusquerie, le front en sueur, le souffle coupé, des larmes peut etre qui coulaient sur ses joues et qu'elle essuya d'un geste rapide de la main. Ses yeux paniqués se posèrent sur tout le dortoir, ignorant les rayons de la lune apaisante qui tentaient de percer les rideaux azur de la chambre. Mais encore ces voix dans sa tête, la hantant, Tania se remémorait ce cauchemar qu'elle faisait sans cesse, tout en se posant au bord du lit, les pieds à terre. Elle s'accouda sur ses genoux et passa ses mains glacées sur son visage fatigué, attendant que son coeur se calme quelque peu. Tania leva les yeux, et resta ainsi sans bouger pendant de brèves secondes, son regard posé sur les rideaux qui lui faisaient face. La jeune fille posa un regard sur ses camarades de chambre qui dormaient paisaiblement, soigneusement envelopées dans leurs draps. Ni une ni deux, voyant qu'elle ne les dérangerait pas, Tania se leva et ouvrit doucement les rideaux, plongeant son regard pensif sur l'immensité du parc de l'école, baigné par la lueur de la lune.

Il faisait encore nuit, quelle heure pouvait-il être ? La Serdaigle s'approcha de sa table de chevet et s'empara de la montre posée sur celle-ci. 4h48. Tania soupira, elle savait qu'elle n'arriverait pas à s'endormir, puis sans un mot la jeune fille attacha la montre à son poignet d'un geste bref, avant de se diriger à pas de chat vers l'armoire, guidée par la douce lumière de la lune. La jeune fille enfila vite fait un pantalon noir et un pull blanc à col roulé, c'était inutile de rester en chemise de nuit, il faisait trop chaud dans cette chambre pour attendre sagement que Morphée ne vienne la chercher.

Tania descendit à la salle commune, mais personne, pas un chat. Elle soupira alors, ce que cette pièce pouvait être déprimante lorsqu'il n'y avait personne. Non elle ne resterait pas là, il fallait qu'elle prenne l'air. La Serdaigle passa le seuil de la porte, ignorant les râlements du portrait fortement colérique d'avoir été tiré de son sommeil. Tania descendit les escaliers avec vitesse et souplesse, tentant de ne pas faire de bruit afin de ne pas s'attirer le concierge. Lorsqu'enfin elle fut dehors, elle prit une bonne bouffée d'air frais, le vent froid s'engouffrant dans ses poumons, elle se sentait vivre. Tania esquissa un sourire, et remonta son col contre son cou. Bien sûr, le froid ne tarda pas à la gagner, s'engouffrant dans son dos, sur sa nuque, fouettant ses joues rosies. Néanmoins Tania ne voulait pas rejoindre la chaleur lourde et pesante des chambres, aussi elle s'avança dans la noirceur du parc, avant de sortir sa baguette de sa poche et de murmurer un faible lumos.

Où allait-elle ? A vrai dire elle ne cherchait pas véritablement un endroit où se rendre, c'était seulement histoire de se dégourdir les jambes. Le silence alentour était apaisant, seul le chant du vent venait le troubler, et lorsque Tania tendit l'oreille afin de profiter du silence de la nuit, elle perçut une voix faible, légèrement tremblante, ponctuée de murmures incompréhensible. La serdaigle se laissa guider par la voix lointaine, et tomba bien vite sur une jeune fille assise sur un rocher, les yeux perdus, le visage triste... Tant d'émotions qui appelaient à l'aide. Tania se trouvant dans le dos de Lee, elle se contentait d'écouter le poème de celle-ci, un air de compassion sur le visage. Elle aurait pu partir...Elle aurait peut être dû partir, après tout elle était en train d'écouter les états d'âme d'une personne sans sa permission. Mais les paroles de Lee, son attitude, sa voix tremblante, ne faisaient que la retenir d'avantage.

Et lorsque Lee eut finit l'expression de son état d'âme, Tania s'avança près d'elle, et se tourna vers la jeune fille, un sourire léger aux lèvres. Comment réagir, qu'est-ce qu'on disait à une personne qui semblait avoir perdu tout espoir ? Joli poème ? Ca va aller ? Ou encore : il fait froid pas vrai ? Après réflexion, Tania se dit qu'il était plus sage de ne pas faire comme si elle n'avait pas entendu le poème de la jeune fille assise en face d'elle, et peu importait si elle lui sommait de s'occuper de ses affaires.

|| Tania || Mourir c'est rien... Faut commencer par vivre, c'est plus difficile mais au moins tu auras fait quelque chose.

Bon, c'était peut être pas le meilleur des réconforts, mais ces paroles étaient les premières qui lui étaient venues à l'esprit. Et Tania avait cette sorte d'énergie qui l'empêchait de baisser les bras, ni elle ni les autres ne le devaient... La Serdaigle s'assit près de Lee, non pas sur le rocher mais à terre, ne voulant pas se montrer trop envahissante, chose qu'elle était peut être déjà . Parler... C'était le meilleur moyen de soulager ses peines. Voilà pourquoi Tania se présenta, tandis qu'elle ramena les genoux à elle, les enserrant de ses bras.

|| Tania || Au fait... J'suis Tania. Insomniaque à mes heures comme toi... Mais ptêtre pas pour les mêmes raisons.

Tania leva les yeux vers Lee, l'air de dire "pas vrai?" Peut être que la jeune fille allait être encline à lui dire ce qui la tracassait...ou peut être pas.

Invité

Une voix lui parvint...

-Mourir c'est rien... Faut commencer par vivre, c'est plus difficile mais au moins tu auras fait quelque chose.

Elle leva la tête, croisa le regard d'une adolescente de son âge. Les sanglots de Lee s'étaient peu à peu calmer, mais elle avait toujours les joues humides et les yeux rouges et bouffis. La honte...elle était pratiquement sûr que cette jeune femme n'était pas de Serpentard, sinon elle l'aurait déjà vu. Fouillant dans sa mémoire, elle revit le visage de l'insomniaque à la table des Serdaigles. Lee ne savait pas trop comment réagir. L'envoyer balader? Son ton de voix n'était pas menaçant pourtant. Pouvait-elle se permettre une trêve, aussi courte soit-elle? Elle n'eu pas le temps de réfléchir davantage. La jeune fille s'était assise à même le sol en face d'elle et s'était présentée. Tania...Lee la vit lever le tête vers elle et croisa à nouveau son regard. Elle répondit, d'une voix légèrement tremblante et hésitante.

-Moi c'est Lee...Lee Hyorie. Toujours insomniaque...Un vieux cauchemar me hante chaque nuit...

Lee détourna la tête et regarda le lac, paisible et immobile sous la surface de la glace qui le recouvrait. Tania avait-elle entendu son poême? Avait-elle senti sa détresse? Était-elle derrière elle depuis longtemps avant de se montrer? Ou peut-être qu'elle n'avait rien entendu de son état d'âme... Presque malgré elle, Lee espèrait que non. Les larmes chaudes qui coulaient sur ses joues étaient le résultat de tant d'années de silence, passées à malmener les élèves, à tyranniser les profs, à se ficher des réglements. Le résultat de cinq années passées à prétendre que son père n'était pas le sien, à ne donner sa confiance à personne, à vouloir à tout prix se tailler une place parmis les plus cruelles des Serpentards. D'un côté, elle avait réussi. Peu d'élèves s'approchaient d'elle. Lee savait qu'elle était difficile à vivre, intraitable, froide, indifférente. Elle ne comprenait même pas comment elle faisait pour avoir des notes passables alors qu'elle se fichait complétement des cours et qu'elle en manquait la moitiée chaque jour. Elle n'était pas prête de changer...Lee reporta son regard qui avait prit une légère teinte glacée sur la Serdaigle et demanda d'une voix qu'elle s'efforça de rendre neutre:

-Tu es là depuis longtemps?

Lee enfonça ses talons dans la roche et rammena ses jambes contre son corps, comme son interlocutrice de Serdaigle avait fait. Elle entoura ses jambes fines de ses bras tout aussi frêles et la fixa en attendant une réponse. Elle ne savait pas trop qu'elle attitude prendre...elle choisi celle de la neutralité. Elle était, de cette façon, sûre de ne pas être désagréable...chose rarement possible dans son cas. Elle ne savait pas pourquoi Tania était elle aussi si matinale, peut-être allait-elle consentir à parler. Parce que, se connaissant, Lee n'était pas prête d'ouvrir la bouche en premier...

Lee Hyorie… Ce prénom lui évoquait grandement quelque chose, quels adjectifs lui attribuait-on déjà ? Ah oui… Froide, ironique, calculatrice … Un bel étalage de « qualités » serpentines en perspective. Mouais… On avait beau être ainsi, on ne l’était pas vingt quatre heures sur vingt quatre non plus, personne n’était dépourvu de cœur à ce point là, à moins d’être un monstre. Ce n’était pas le cas de Lee, elle était humaine, Serpentard mais humaine, juste avec ce don de pousser à bout les autres autant qu’elle le voulait. Quoiqu’il en soit en ce moment même, Lee était tout de même loin des défauts qu’on pouvait lui attribuer, malgré cette froide lueur persistante dans le regard. Tania ne le prit pas contre elle cependant, on ne pouvait changer personne en un claquement de doigt, d’ailleurs ce n’était pas son but. Elle avait simplement vu qu’elle n’allait pas bien, quoique de plus naturel que d’engager la conversation, sans aucune arrière pensée ni mépris ? Et d’ailleurs, pourquoi devait-elle en avoir ? Elle ne lui avait rien fait après tout…

Au-delà de cela, Tania restait persuadée qu’à chaque comportement provocateur se logeait une raison bien cachée. On ne devenait pas indifférent parce que du jour au lendemain on l’avait décidé ainsi, on ne s’enfermait pas sur soi même ainsi sans raisons. Chacun déployait ses stratagèmes afin de se trouver un moyen de défense, pour certains c’était une attitude détestable, pour d’autre juste des sourires vides. Tania frissonna un instant. Le froid tout d’abord, et cette scène irréelle. Une Serpentard, une Serdaigle, juste assises ainsi en face l’une de l’autre. Pour le moment rien de très particulier. Mais cela se compliquait du fait que la dite Serpentard était sans doute à l’opposé de la Serdaigle, qui se fichait bien des conventions, qu’elle lui lance un regard glacial ou non, Tania ne se sentirait pas agressée.

« Un vieux cauchemar me hante chaque nuit... » Alors elle aussi ? Tania connaissait cette horrible torture nocturne. A l’approche de l’extinction des feux, il y avait ce sentiment partagé entre l’envie d’aller enfin dormir, accablée par la fatigue, et cette terrible appréhension de refaire encore et toujours ce même cauchemar.

|| Tania || Ah je vois…. A croire que c’est contagieux.

Inutile de demander en détail son cauchemar. Un rêve, c’était sa propre intimité, son jardin secret, demander à un inconnu de lui raconter son cauchemar récurrent c’était comme lui demandait avec agressivité : « T’es qui ? » Et puis, c’était sans doute donnant donnant, Tania ne voulait pas à son tour raconter ses troubles nocturnes. Elle esquissa néanmoins un léger sourire à son interlocutrice qui la regardait de cet air froid mais qui s’efforçait de lui parler d’un ton neutre. C’était en somme une marque de bienvenue, une façon de dire que Tania ne la dérangeait pas, mais que Lee n’était pas encore prête à se plonger dans la confidentialité extrême.

Si elle était là depuis longtemps? Disons qu’elle avait tout entendu, mais pour ménager la Serpentard, Tania jugea bon de ne pas lâcher sa réponse ainsi . Et puis elle devait avouer que pour Lee, la situation ne devait pas être très agréable, elle-même aurait mal accepté le fait qu’on la surprenne ainsi dans sa confession intime.

|| Tania || Disons… Assez longtemps pour savoir qu’il y a véritablement quelque chose en toi qui te tracasse. En fait….

Tania se stoppa net. Elle ignorait quoi dire d’autre, étant partie sur un « en fait je ne sais pas quoi dire pour te réconforter », elle estima qu’il ne fallait pas aller plus loin. Lee n’avait pas demandé de réconfort, et à en juger par le personnage, elle en demanderait sans doute jamais. Bref, il fallait tenter de dédramatiser un peu la situation, d’entamer une conversation juste amicale, histoire que les deux jeunes filles de détendent un peu. Et peut être qu’alors, au fil des mots, l’une comme l’autre finirait par se confier. Mais pour le moment, Tania devait finir de façon subtile la phrase qu’elle avait commencée.

|| Tania || …En fait c’est pas mon habitude d’épier les autres, mais je pensais être seule quand je t’ai entendue. Alors dis moi… Tu as de la famille sur Poudlard ?

Question qui pouvait paraître anodine mais qui pouvait néanmoins faire avancer les choses, en particulier à aider Tania de percer l’obscure peine qui tracassait Lee. Non pas qu’elle la prenait en pitié et qu’elle se devait absolument l’aider telle une psychologue en herbe, c’était juste qu’elle se voyait mal repartir ainsi, et que quelque part, la Serdaigle ne rechignait pas à partager ses doutes et ses angoisses avec cette Serpentard qui au fond n’était peut être pas si différente.