Just today, just an ordinary day

Don Juan prépubère. Tombeur de seconde année. Playboy d'un mètre cinquante-six. Armé de toute sa réputation, Justin Willoughby se détacha finalement de son groupe d'amis au détour d'un couloir. Du haut de ses douze ans, sa détermination et son charisme, il était fin prêt à se lancer. Une dernière inspiration, histoire de ne pas laisser le courage s'échapper. Et il s'engouffra dans ce corridor où il était sûr de la trouver.



Cible repérée. A la sortie de son double cours de métamorphose, comme tous les vendredis. Mary et Elizabeth la hâtant pour se rendre au dîner... A croire que la donzelle avait réglé son emploi du temps comme du papier à ma musique.

Chloe émit un soupir et rajusta une énième fois son sac en bandoulière. Ses membres engourdis, l'épaule sciée et les yeux se fermant presque, elle atteignait finalement l'arrêt d'une longue journée. Sérieusement huit heures de cours non interrompus. Si ce n'était pas cela la torture, alors quoi d'autre ? Pour énoncer cela clairement, la demoiselle en avait sa claque. Par pitié. Plus de soporifiques notions à absorber, plus des lignes et des lignes à gratter, plus de sorts machin-truc à expérimenter. Plus jamais cela. Seulement du repos et de la tranquillité. Elle n’aspirait pas à plus.

Aussi brisée, cassée, éreintée qu’elle put être, Chloe n'en devenait pas aveugle pour autant. En moins d'une seconde, elle le repéra. S'avançant d'un pas assuré, suivi de loin par un tas de groupies désespérées et récitant tant bien que mal le texte qu'il avait préparé jusqu'à minuit. Trois semaines qu'il zonait autour, allant et rebroussant chemin. Le jeune Haight avait espéré être paranoïaque, victime de sa trop grande imagination. Mais désormais, plus aucun doute n'était permis. C'était terrible, mais qu'auriez-vous voulu qu'elle fasse ? Ses seules alternatives furent de soupirer, préparer son refus imminent, affronter le 'Chloe, t'as une minute ?' qu'il lui décocha glorieusement, essuyer les gloussements de Mary et Elizabeth, percevoir leur 'Encore un' et 'On se voit tout à l'heure', le suivre jusqu'au hall. Et l'écouter.

Cela ne dura pas longtemps. Il n'était encore qu'en seconde année. Les longs baratins, Justin ne maîtrisait pas encore. Les sourires enjôleurs, la main dans les cheveux et le dodelinement de tête, par contre... Tout cela pour dire que l’affaire fut vite réglé. Cinq minutes tout au plus.



Voilà, il s'était jeté à l'eau. Si prévisible, si cliché, si vide. Et le silence. Chloe soupira et s'accorda quelques secondes de répit avant d'asséner le coup final. Triturer ses cheveux, jouer avec la bandoulière de son sac, gagner un peu de temps en somme. Avec lassitude, le regard de la Gryffondor glissa sur la fenêtre devant laquelle il s’était posté, pour lui balancer ses confessions. 16 ans, 192 mois, 832 semaines, 5824 jours, 139776 heures, 8386560 minutes, 503193600 secondes… Approximativement, c’était ce qu’aurait voulu percevoir la donzelle dans son reflet. Mais tout ce que celui-ci lui renvoya furent une silhouette chétive, un visage puéril et deux grosses billes bleues et enfantines. Rien d’une grande beauté. Et pourtant, chaque mois, un ou deux frappés du carafon débarquaient pour lui déclarer une flamme inébranlable. ‘Paraissait qu’elle était mignonne. Je vous en ficherai des ‘mignonne’, moi.



Deux langues de vipère, made in Poufsouffle, passèrent à côté d’eux. Dans quelques minutes, elles livreraient la nouvelle à leurs amies et discuteraient âprement à ce sujet. Pourquoi cette naine ? Pourquoi pas nous ? Roh, elle nous énerve, cette gamine. Encore une fois, la seule chose que Chloe put faire fut d’émettre un soupir. Elle reporta finalement son regard sur Justin. Pas d’échappatoire, évidemment.



D’humeur maussade, Chloe ? Non, jamais ! Sur ce magistral refus, la demoiselle se retira. Elle se dirigea d’un pas rapide vers la Grande Salle. Mais à mi-chemin, elle se figea. Finalement, autant attendre. Elle n’était absolument pas pressée de retrouver Mary et Elizabeth avec leurs inquisiteurs ‘Alors, encore un prétendant éconduit ?’. La journée s’était révélée assez éprouvante pour le moment.

Blasée, Chloe lâcha son sac à ses pieds et s’assit sur une marche du Grand Escalier. Fatiguée, elle était vraiment fatiguée.

[ J'achète le topic pour une fraise tagada alors... Bonne ou mauvaise affaire on verra bien. ]

La sonnerie : Une délivrance, un réel soulagement, plus encore, une véritable résurrection ! Aidan bailla, assis non chalament sur sa chaise depuis deux longues heures le cours avait été éprouvent aussi bien pour son corps que pour son esprit, tout deux endormis. Il s'étira péniblement, un nouvel éveil, il sortait enfin de cette effroyable léthargie dans laquelle certains professeurs avaient le secret de le plonger. Nombre de ses camarades avaient déjà fuit la salle, il jeta un oeil rêveur au parchemin posé sur la table devant lui. Vierge, le jeune sorcier aimait cette couleure laiteuse, ce blanc impur, il l'aimait tant que rares étaient les fois où il osait en troublait l'éclat...

" Faulkner ? " La voix du professeur retentit dans la pièce désormais vide. Relevant la tête l'adolescent répondit alors." Rassurez vous professeur, je n'ai aucunes questions à vous poser. Je ne tarde... "
" ... Je m'en doutai bien... Dépêchez vous alors. "

Aidan ne se fit pas prier. La seule voix de l'homme qui lui faisait face suffisait à l'hypnotiser et si jamais il commençait à raconter une anecdote, la petite histoire faisant soi-disant la grande histoire , sur la révolte des gobelins ou bien l'évolution des rites depuis les origines de la magie, le jeune homme sombrerait inévitablement, bercé par cette étrange et soporifique litanie. Un air innocent sur le visage il passa devant le tableau puis s'enfuit à pas lent de la salle, il venait de se réveiller et n'aimait pas se faire brusquer, la journée commençait à peine et...

Bonneur ! Au détour d'un couloir un gosse chialait, entouré de quelques autres demis portions, la tête dans ses mains, la voix tremblante, il chouinait. Broyait du noir aurait été un terme plus approprié mais... Quelle sorte de sorcier ou de sorcière avait bien pu être aussi talentueux pour replonger cette larve dans son état naturel : larvaire. Cette école était vraiment... Magique ! Un sourire se dessina sur le pâle visage du Serpentard, il jeta son sac par dessus son épaule puis se dirigea vers les cachots, réfléchissant à cette petite futilité que la vie venait de lui offrir, le malheur des uns faisait décidemment bien le bonheur des autres. Une enchanteresse doublée d'une illusionniste ou plutôt ici d'une désillusionniste... Voila le pronostique du jeune homme, il avait reconnu le Coq Willoughby, Cawdor de la basse-cours des Gryffondors, mais quelle poule avait eu l'audace de lui voler dans les plumes ?

Il descendit un escalier, oubliant les quelques lignes qu'il avait à rédiger en métamorphose, quelle sorte d'élève avait ainsi briser le jeune Willoughby. Il tourna à droite au bout d'un long couloir. L'inconscient n'aurait tout de même pas oser déclarer sa flamme à une des magnifiques roses épineuses de Serpentard ? L'amour rendait fou après tout...

Quelques marches encore, le voilà presque en bas des grands escaliers, déterminé à perpétuer sa bonne humeur exceptionnelle, la nourissant des misères d'autrui. Il manqua de piétiner une de ses camarades assise là, en plein milieu ! Il contourna l'obstacle puis se retourna briévement. Pas bien épaisse, tout aussi grande, seule, peu souriante, tourmentée peut être, elle possédait toutes les caractéristiques de la victime idéale. Il la jugea de troisième année tout au plus. Il lui fit face complétement, finissant de se retourner.

" Bonsoir. " Annonça t'il poliment. Les Serpentards étaient une noble maison, et si certains de ses descendants l'oubliaient parfois, Aidan lui était loin d'être un rustre. Une approche polie et subtile était bien plus honorifique et qui sait, peut être accorderait-il sa clémence à cet être fébrile que constituait la bouffondor ainsi isolée. Etrange de voir une si jeune élève seule, non entourée de sa bande de copines histériques et aux rires si agaçants. Que dire ? Etre courtois était une chose, paraître un minimum sypathique en était une autre... Bien moins aisée qui plus est.

" Moi qui me demandait où était passée ma mauvaise humeur... " Son regard se posa sur le visage de jeune femme. " Je l'ai retrouvée. " Un poil amusé, le visage fermé, sa voix était suave, le ton calme.

Combien de temps Chloe avait-elle prévu d'attendre ainsi, morose et figée sur les marches de l'estcalier ? A vrai dire, elle n'en savait vraiment trop rien. D'ailleurs, que ce soient des secondes, des minutes ou des heures, cela n'y changerait pas grand chose. Mary, Elizabeth et les autres seraient là, parés de leurs sourires moqueurs et préparant leurs gentilles railleries. Un nouveau soupir, et Chloe en vint une fois de plus à cette conclusion : la vie était bien injuste de lacérer son ego de la sorte. La Gryffondor courba le dos et appuya son menton aux paumes de ses mains. Elle laissa errer ses yeux sur le hall, qui se dévidait peu à peu, drainé irrégulièrement de flots d'élèves qui s'apprêtaient à diner. Avec un peu de chance, sa marraine, bonne fée de son état, surgirait de nulle part, compatirait à son sort et agiterait sa baquette magique et pailletée. Et là, merveilleusement, tout s'effacerait et Chloe repartirait sereinement vers son dortoir, où une paisible soirée l'accueillerait. Et non pas une cohue d'adolescentes hormonalement déréglées prêtes à se jeteer sur n'importe quelle substance, pour alimenter leur potin.

Une seconde : rien. Deus secondes et six dixièmes : rien. Trois secondes et quarante-deux centièmes : rien. Non, décidément, Marraine la Fée ne descendrait pas de sa citrouille aujourd'hui. Dommage, une autre fois, peut-être. Les épaules afaissées et l'air misérable, Chloe se résigna. Rentrer, voilà ce qui lui rester à faire. Il ne lui fallut que peu de temps pour ramasser son sac, se redresser de quelques centimètres et penser à se lever. Ici, notez bien, elle ne put que penser qu'à se lever. Mais la donzelle ne s'exécuta pas, car on manque de vous marcher dessus, vous vous relevez difficilement.

Cependant, on ne fit que frôler la catastrophe. Plutôt habilement, on contourna Chloe plutôt que de l'écraser. trop aimable n'est-ce pas.

Être presque piétinée, la note finale pour achever une mauvaise journée. Oui, probablement. Irritée, la fillette retomba assise et leva un regard noir. Son quasi-agresseur avait stoppé son chemin et s'était retourné sur elle. Lui debout et de tout son haut, elle posée sur ses marches, il s'écoula plusieurs secondes avec que ses iris puissent fusiller un visage. Rapide analyse de la situation : un jeune homme, d'un âge proche du sien sans doute, et si l'on se fiait au blason qu'elle avait capté au passage, de Serpentard. Génial pour terminer ce Vendredi glorieux et ensoleillé.

... Alors que toute sa morosité montait en flèche, un courtois 'Bonsoir' réfreina son 'Mais vous pouvez pas faire attention ?'. Coupée dans son élan, la demoiselle ne siffla mot et haussa les sourcils. Non, mais oui, sûrement, si il voulait. Bonsoir, je suis aveugle, j'ai failli vous écraser avec mes chaussures boueuses, mais jouons la politesse ? Ou bonsoir, en plus de ne pas vous avoir vue, je vous rejète la faute et n'avez-vous rien d'autre à faire que de bloquer l'escalier. Dilemme. Autant savoir de quoi serait suivi ce 'Bonsoir', avant de s'emporter directement.

Oh... surprise et étonement. Se trompait-elle ou le jeune homme montrait une once de sympathie ? Ca existait encore, ça ? ... Naaaan, nan, nan. Il devait y avoir anguille sous roche. Méfiante ? Chloe, jamais. Ou si peu. Mais avouez que le gentil Serpentard qui surgissait après une dure journée, n'apportant ni tempête, ni déluge... C'était peu probable. Encore moins que la marraine.



En dynamitant tout le détachement dont elle avait noyé sa voix, une oreille attentive aurait perçu un 'Mais qu'est-ce que tu me veux ?'. Mais plutôt crever que de laisser éclater son énervement. Plusieurs mois auparavant, Chloe l'avait décidé : pas de vagues, juste de la discretion. Et quoique son caractère avait du mal à se trouver compressé dans un petit coin, elle y consacrerait tous ses efforts.

Cependant, cette voix, ce sourire et surtout ce calme... Voilà qui portait doucement sur les nerfs de Chloe. Pourquoi ? Allez savoir. Mais ne vous êtes-vous jamais retrouvé à la fin d'une mauvaise journée, la sensibilité à fleur de peau, prête à exploser sur n'impote quoi, qui ou quand ? Non, peut-être. Mais au bout du compte, nous arrivons au même résultat. L'attitude de ce quasi-piétineur avait quelque chose d'irritant pour la Gryffondor. Mais céder, hors de question.



La Gryffondor réprima un soupir. Allons donc. Elle ferait mieux de partir. Se redressant une nouvelle fois, Chloe saisit son sac et lâcha en guise de ce qu'elle estima être une conclusion :



Et prestemment, Chloe se releva. Lui faisant face, elle força un sourire poli. Et voilà, il ne lui restait plus qu'à remonter aux dortoirs. Oh, happy day.

Chloe avait déjà esquissé quelques pas, quand son condisciple et ses mots la rattrapèrent. Parfait, un teigneux. Cherchez un peu de calme, et retrouvez-vous avec une sangsue hargneuse. Etait-elle maudite ou le destin s’amusait-il à jouer avec ses nerfs ? Peu importait, elle n’en savait trop rien et ne voulait pas le savoir. Ses prochaines minutes, elle les consacrerait à raser les murs pour rentrer le plus discrètement possible, sans être remarquée de personne. Et pas à s’interroger sur la vie, son injustice et compagnie. Enfin, cette haute perspective serait entrée dans le domaine du réalisable si le gentil Serpentard ne se trouvait pas décidé à s’acharner sur elle. Or, la jeune Haight avait bien l’impression qu’il ne lâcherait pas le morceau. Et sans aucun doute, dans le genre chieur ‘Tu vas craquer’, il était doué, le bonhomme. Deux-trois phrases lui suffirent, et l’orgueil de la jouvencelle se réveilla, gronda et tempêta. La Gryffondor le sentit au creux de son s’estomac s’agiter, s’étirer de gauche et de droite, remuer à tout va. Mais très bien, qu’il se réjouisse ! La potentielle chandelle se retirait en ses terres lointaines. De toute manière, plutôt crever que de tenir compagnie à un arrogant pareil. Et que pensait-il obtenir en la regardant dans le blanc des yeux ? L’intimidation ? Même pas peur, d’abord ! Nah.

Poings et dents serrées, ongles sortis et prête à bondir. Voilà, la donzelle perdait déjà son calme. Non, non, non. Elle ne devait pas. Surtout dans ce hall où tout le monde la verrait éclater. Car, contrairement au jeune homme, les ‘on-dit’, elle s’en préoccupait. Pas qu’elle eût toute l’étoffe d’une commère en puissance, mais hors de question qu’elle fût la cible. Chloe détestait cela. Viscéralement, indéniablement et définitivement. Elle avait déjà assez à gérer avec les déclarations intempestives et sa condition de naine… Si, désormais, elle devait essuyer les caractères des sales gosses, alors autant se devenir nonne. Cherchant l’attitude posée qui lui permettrait de ne pas exploser, Chloe inspira. Tant bien que mal, elle tenta de décrisper ses menues mains, relâcher la pression de ses tranchantes quenottes et d’apaiser la colère qui montait inexorablement. A grand coup de lâcheté, elle piétina son ego et bâillonna sa fierté. Pas très Gryffondor comme attitude, vous me direz. Sans doute, mais la petite Haight n’appartenait pas au genre qui se lançait, tête baissée et courage pimpant, sous une bannière rouge et or. Du moins, s’efforçait-elle de ne pas le faire.

Tous ces combats intérieurs furent accompagnés d’un long silence. Humainement impossible de répondre calmement quand tout à l’intérieur s’emportait. Finalement, Chloe détourna le regard de celui de son interlocuteur. Signe de défaite apparent. Ouais, et alors ?



Un murmure quasi-docile, un hochement de tête et un lent volte-face. C’est bien, ma Chloe. Voilà ce que c’était une attitude posée. Maintenant, elle se retirait sans demander son reste. Et tandis qu’elle se rendrait vers Gryffondor, elle oublierait joyeusement cet illustre abruti. Finalement elle atteindrait sa salle commune, profiterait de l’agitation vespérale pour regagner la dortoir et s’endormirait sans plus attendre. Voilà un plan qu’il était génial !

Mais bien entendu, ce n’aurait pas été drôle si les choses avaient suivi le cours que la jeune fille voulait leur donner. Imaginez un peu, ce ne serait plus drôle. A peine quelques mètres parcourus, Chloe stoppa net son avancée et demeura plantée là. Chassez le naturel, il revient au galop ? Faux, vous aurez répondu Haight. Car, toute seule et en évitant le monde entier, elle était parfaitement calme et ne s’emportait que peu. Bon d’accord, pas tant que ça. Mais si quand même. Cependant, face à son condisciple, la Gryffondor avait un peu plus de mal.

Son ego étouffé tenait mal en place, et les cris menaçaient à sa gorge. Ç’aurait été trop bête de laisser son infect camarade partir. Juste comme ça. C’était comme tolérer un voleur impuni, un criminel en fuite. Cette histoire titillait donc le sens de la justice de Chloe ? Mais oui, tout à fait. On y croit tous. Pas une seconde penserait-on que c’était juste sa fierté en lambeaux qui s’exprimait.

Impulsivement, Chloe se retourna. Son regard heurta le Serpentard et elle le considéra une nouvelle fois. Pas de grands changements furent observés. Normal, elle l’avait déjà vu cinq secondes auparavant.



Vouvoiement abandonnée, politesse laissée de côté, ton agressif, le mot sortit sans qu’elle n’y pensât. Oh, oh. Et le calme et ses efforts ? Dilemme. Ruiner tout ça ou étrangler ce crétin. Le choix était on ne pouvait plus dur.



Chloe s’interrompit et soupira une énième fois. Cette fois, il ne s’agissait pas de lassitude, mais de frustration. Elle balança successivement son regard du Serpentard au couloir qui la mènerait à la tour. Et plus ça allait, plus elle ne savait pas sur quoi arrêter ses iris pervenche. Nan, quand même pas. Si ? Finalement, ce fut par terre que Chloe fixa. En scrutant bien, peut-être la réponse apparaîtrait-elle. Mais rien ne vint. Inattendu, n’est-ce pas ? Rah.

Taper du pied hargneusement fut la dernière chose que la Gryffondor fut capable de faire. Et après ? Elle ne réfléchit pas.



La première question qu'elle avait eu en le voyant et la dernière qui lui traversa l'esprit. Chloe ne put la retenir.

Et bien... Quel caractère ! Pensa le Serpentard en posant son regard sur sa camarade.

Droit un i, la tête haute il faisait face à la petite Gryffondor apparemment survoltée. Qu'est ce qu'il lui voulait ? Lui même n'en savait que trop rien. Un large sourire illumina son visage. Le hall se remplissait peu à peu d'élèves qui allaient et revenaient de la grande salle, ce constat lui donna soudain faim. N'étant pas très apte à s'expliquer, dumoins à répondre à une telle question il détourna la tête et apperçut quelques élèves venant vers lui. Un groupe de Serdaigle, l'occasion de gagner quelques secondes et de se remémorer ces intentions vis à vis de la jeune femme. Il conclut bien vite puis s'exprima calmement.

" Bah rien... Si l'on ne peut même plus s'adresser la parole entre élèves... "

Son sourire s'élargit un peu plus puis il précisa :

" ... Sans se faire réduire en miettes du regard et balayer par quelques répliques cinglantes... "

S'imposant en victime mais conscient que lui aussi n'avait pas été des plus sympathiques envers la Gryffondor, notamment dans les quelques mots destinés à la retenir, son visage redevint inexpressif, peut être un peu ennuyé.

" Pffff... * Silence * De toute façon je ne sais plus ce que je pouvai bien avoir à raconter... A une Gryffondor en plus... Le cours d'histoire de la magie a dû m'anesthésier le cerveau... "

Il plongea ses mains dans ses poches, les mains jointes il n'avait cessé de se tripoter nerveusement les doigts, il doutait. Pourquoi s'était il engagé là dedans et quel con il avait été de la retenir. Il devait vraiment avoir l'air malin maintenant à bredouiller quelquechose qui ressemblait en certains points à de vagues excuses mais qui n'en étaient pas vraiment...

" Donc... Oui, je ne te veux rien... de particulier "

S'il ne lui voulait rient il lui en voulait peut être quelque part, mais pouvait t'on en vouloir à une peste parce qu'elle était une peste ? Non ! Il ne s'excuserait certainement pas, pressé d'en finir, il s'était trompé au sujet de sa camarade, par il ne savait au juste quelle folie il s'était osé à... à oser l'impensable : Non pas paraître mais être sympathique avec le sempiternel ennemi de la maison des Serpentard... Mal lui en avait pris il s'en mordrait peut être les doigts... Mais pour l'heure il était pressé de se mettre quelque chose de plus consistant sous la dent, il avait faim.

Rien de particulier, qu'il répondit. Vraiment rien ? Apparement. Chloe fronça les sourcils et fixa quelques secondes encore son camarade. Colère et orgueil tourbillonaient et sinuaient encore entre ses méninges, elle s'imaginait déjà en train d'étrangler son camarade et le traîner sur la place publique afin qu'il soit écartelé. Alors vous imaginez un peu le coup que cette réponse taciturne asséna à la Gryffondor ? Car ne croyez pas qu'elle espérait encore garder son calme. C'était une lucide, la petite. Il aurait suffi d'une réplique cinglante, et ses dernières barrières auraient cédé. Or, ô surprise, ô étonnement. Rien.



Mouchée, la Gryffy. Comme vidée, elle baissa les yeux et tourna la tête. Alors l'orage, on l'avait évité ? Ce n'était pas pour déplaire la donzelle, mais elle eut du mal à savourer son soulagement. Elle esquissa un pas lent vers la sortie, mais se figea finalement. Ouais, non. Il fallait y aller maintenant. Le hall se remplissant à vue d'oeil, Chloe avait tout intérêt à filer pour ne pas rencontrer Elizabeth et Mary en chemin. Rentrer et se carapater dans son coin, son plan ne changerait pas parce qu'un sale gosse avait débarqué. Non, quand même pas. Ce serait trop bête. Cet abruti, cet arrogant, ce prétentieux.

Pourtant... N'en avait-elle pas trop fait ? S'irriter, s'emporter et détester, tout d'un coup. Sans réflexion aucune. Certes, il s'agissait un vile Serpentard et les viles Serpentards, c'est mal. Sa méfiance se trouvait on-ne-peut-plus-justifier. Mais tout même, passer sur nerf sur le premier méchant tout pas beau venu.... Ca se faisant pas. Et saperlipopette, la voilà qui doutait. Après l'envie de meurtre et la rage, les remors montaient. Un peu beaucoup dans une soirée, vous ne trouvez pas ?

Les épaules de Chloe s'affaissèrent finalement et elle soupira. Triturage de doigs et réflexion faite, elle ne pouvait décemment pas partir comme cela. Elle valait toput de même bien que cela. Et puis, hors de question que l'autre crétin passe pour la victime, hein.

La petite Haight se décida : elle s'excusera. Doucement, elle effectua un quart de tour sur la droite et fit une troisième fois face à son camarade.



Tant qu'à faire, il ne manquait plus qu'elles au tableau : Mary et Elizabeth, les deux copines hystériques. Coupée dans son grand et humble élan, Chloe se retrouna rapidement vers elles et leur adressa un début de sourire. Mais trop tard, les deux Gryffondors avaient déjà avisé le Serpentard et déjà leurs regards se balancèrent entre lui et leur amie. Une fraction de seconde, et leur imagination débordante avait déjà établi toute une histoire. Chloe le sut, question d'habitude. Rentrer tranquillement au dortoir ? Pas la peine d'y penser. Maintenant, elle ne lui restait plus qu'à gagner du temps.



Et elles prirent la poudre d'escampette, traînant déjà derrière leur si discret cancanement.



Chloe regarda ses camarades s'éloigner. Fichu, c'était fichu. La demoiselle soupira. Teint rose et regard blasé, elle se retourna pince-sans-rire vers le jeune homme. Si elle avait eu l'intention de lui adresser la parole un peu plus tôt, c'était désormais hors de propos. Elle l'entendait déjà prendre les évènements à son avantage, et ça... Ca la tuait.

Journée maudite, de chez maudite. Ce fut la pensée qui traversa son esprit quand, soupirant, elle se laissa glisser contre la rampe de l'escalier.

Le Serpentard déglutit péniblement, les mains dans les poches il serra sa baguette, essayant de rester calme au possible. Il jeta un regard noir aux deux gryffondors avant de porter son attention sur son interlocutrice, qui êtrangement lui parut tout de suite plus sympathique... que les deux autres.

Si tout ne s'était pas passé comme il l'avait voulu Aidan aurai au moins fait deux heureuses. Les deux amies de sa vis à vis auraient en effet plus d'un potins à fonder sur le peu qu'elles avaient vu, il les regarda partir en gloussant, préoccupé il ne prêta guère attention à leurs derniers mots. Il se tourna vers la petite Gryffondor, qui, a en jugé par l'attitude et le physique de ses camarades, devait être tout aussi âgée que lui. La situation devenait de plus en plus critique, s'enfuir après ça aurait été une option que lui recommandait plus que fortement sa conscience mais... Chloe, parce qu'elle s'appelait bien comme cela, semblait lui accorder encore dix minutes de son précieux temps. Il resterai donc, partager leurs opinions sur ces deux adolescentes en manque de railleries et de commérages leur feraient sans doutes le plus grand bien. D'une voix hésitante, habile comédien toutefois peu rassuré il demanda :

" Elles n'ont tout de même pas cru que... ? "

Il soupira. Un peu de bon sens aurait suffit à n'importe qui pour s'apercevoir que lui et elle s'était impossible... Enfin peu probable... Pourquoi était il venu lui parler, pourquoi lui avait il prêter attention sinon pour... Non !

* Un rire gêné... * Cette question le travaillait mais quand même... Une gryffondor... Petite et renfrognée... Non ! Il avait eu juste envie de dialoguer, d'échanger quelques mots avec une inconnue.

" Pfffiou... Après m'être fait jeter comme un vulgaire ver à crasse je vais avoir le droit de passer pour... !! Pour quoi au juste se demanda-t'il en cet instant... Rhôo ! Fait chier... "

Il leva les yeux vers elle, ayant visiblement perdu son calme, il jeta un coup d'oeil à l'endroit où se trouver les deux Gryffondors pas moins d'une minute auparavant pour enfin les poser à nouveau sur la petite sorcière. Il ne savait pas qui des deux était le plus à plaindre dans l'histoire : Elle parce qu'elle avait été vu ou lui si cela venait aux oreilles de quelques uns de ses camarades de maisonnée... Il voulait bien ne pas prêter attention aux regards des autres pour certaines choses mais là... Tout de même... Il en allait de... de... Vous savez quoi. Il s'emporta à nouveau :

" Toi au moins... Tu n'as quand même pas cru que je me suis arrêté te parler juste pour ta jolie ptite bouille de bouffondor ? "

Cette question n'avait rien de vraiment méchant dans le fond, le ton était agressif mais... Il s'inquiétait et... avait toujours faim... Une pensée qui, il l'espérait, en chasserait une autre.

"Pardon ?"

Qu'avait-il juste demandé, le monsieur ? De quoi doutait-il en ce moment-même ? Et qu'avait-il seulement osé imaginé ? Yeux écarquillés, la moue hésitant entre colère et surprise, Chloe dut sy' prendre à deux fois avant de pouvoir pleinement analyser la situation. Sa journée s'était révélée un véritable enfer, cours et léthargie assurés. Successivement, elle avait dû métamorphoser un cactus en plume, suivre un nain dans le hall, supporter ses confessions, le rembarrer, percevoir toutes les rumeurs qui couraient déjà, manquer d'être piétinée, frôler la crise de nerfs et chercher le moyen de ne pas affronter ses camarades de chambrée. Et qu'entendait-elle désormais ? Si elle n'avait pas... Si... C'était définitif, celui-là, elle le détestait. Elle l'abhorrait, le méprisait et le maudissait par-dessur tout. ... Comment ça, elle avait failli s'excuser il y a peu. Que nenni, de quel mirage avez-vous été les victimes, mes chers lecteurs ?! Enfin, voyons. Un peu de bon sens.



Se levant d'un bon, s'armant de son ton le pluc sec et lançant son regard le plus noir, la réponse avait été catégorique, courroucée et sans équivoque. Même pas en rêve, monsieur. Elle s'appelait Chloe 'Meredith' Haight et possédait tout de même plus de cellules grises qu'une gourde. Et en aucun cas, elle ne se laisserait insultée de la sorte. Elle allait le... Le...

Non. Elle ne recommençait tout de même pas ? L'orgueil qui tempêtait, les poings qui se serraient et l'envie de meurtre qui pointait. L'orage n'était-il pas passé quelques minutes auparavant. Si le calme l'avait emporté sur la tempête, alors elle se devait de maintenir cette situation. Puis le hall contenait désormais une petite foule, cris et emportement seraient immédiatement perçus. La demoiselle avait assez enflé les bruits de couloirs pour la soirée, cela se trouvait plus que suffisant. Effacer les ragots déjà présents l'occcuperait déjà pour un mois, si ce n'est plus.



Et voilà qu'elle étalait ses problèmes... Mademoiselle Haight, ressaisissez-vous donc. Il fallait évacuer les lieux au plus vite, et non pas demeurer plantée, là, à tenir compagnie à ce monstre d'arrogance. Pff... Elle, croire que... Impensable, crétin. Inspirant pronfondément, CHloe se mit en marche vers la sortie.

Enfin, mais oui, mais non. Car deux dixièmes de secondes plus tard, elle revint sur ses pas. Dix minutes qu'elle avait dit, il n'en était passées que trois. Et puis, si elle retrounait à la tour tout de suite, elle anéantissait tout espoir de calme. Ainsi la tête baissée, se rassit-elle pour la troisième fois, sur les marches de l'escalier. Tête de bourrique, elle ? Non, jamais.

Chloe conserva ses yeux fixés vers le sol. Pas que le carrelage l'interesse particulièrement, mais ce fut le seul moyen qu'elle trouva pour éviter le regard de son condisciple. Gênée, elle, vous croyez ? Bien sûr que non. Enfin si, un peu. Mais juste un peu. Pas trop, quoi. Juste assez pour virer au pivoine. L'embarras à un stade assez élevé, il fallut plusieurs longues secondes à al demoiselle pour qu'elle ne reprenne la parole.



Désolée. Mot implicite qui aurait dû finir les dires de Chloe. Mais sûrement se serait-elle écorchée les lèvres à le prononcer.

Il aurait dû passer son chemin en la voyant assise sur ces marches, il en était maintenant certain. Le regard fuyant, écoutant sa camarade se foutre ouvertement de lui, Aidan n'en menait pas large, une véritable lionne cette Gryffondor ! Manquerai plus que ça qu'elle disait... Il y avait pire comme garçon... Il en était certain et elle ne le ferait pas douter sur ce point. Il patienta donc aussi calmement que possible, une fois qu'elle aurait fini de lui cracher toute sa haine à la figure elle partirait sans doute.

Willoughbi ? Il l'avait presque oublié celui la... Le jeune fanfaron avait du se remettre de sa déception à l'heure qu'il était, quelques larmes auront même bien arrangés ses affaires. Il paraitrait que les filles aimeraient les garçons sensibles... Balivernes ! Pleurer pour ça ! Aidan lui ne... Ne se rendit qu'à peine compte que Chloe filait... Enfin ! Il ôta les mains de ses poches puis se baissa pour ramasser son sac, se réjouissant déja à l'idée de manger un bon pôtage bien chaud. Il se redressa et... Il avait dû biglé ! Chloé était en train de s'asseoir sur les marches, elle était même assise sur les... Il avait pourtant juré l'avoir vu furieusement tourner les talons et...

" ... " Il resta bouche bée, il n'avait pas eu le temps de lui demander à quoi elle jouait que déjà elle s'expliquait...

" Je me sentirai presque obligé de rester moi maintenant... "

Cruel dilemne... Bien que ne s'entendant pas vraiment avec elle, bien qu'ayant une faim de loup Aidan ne se faisait pas bien à l'idée d'aller manger, seul... Il pouvait donc attendre. Il lacha son sac à ses pieds puis dit d'un ton qui se voulait amusé mais ou perçait la retenue.

" Tampi, mon estomac criera famine encore quelques temps... "

Il s'assit à quelques pas d'elle. La pauvre... Un véritable pot de colle ce Serpentard, Aidan n'avait pas bien conscience de cela, le reprochait souvent à certains de ses amis mais sans être véritablement méchant... Il devait être usant, voire même chiant. Si elle croyait s'être débarasé de lui et bien c'était raté ! Il s'empressa d'ailleurs d'ajouter :

" Le ptit Willoughbi c'est toi qui l'a descendu de son pied d'estale ? Beau travail, j'ai du mal à leur faire tirer une tronche pareil quand je m'y met moi... "

Il réalisa alors ce qui avait du se passer entre ce Dom Juan de pacotille et cette petite brune qui d'une calme jeune femme n'avait hélas que l'apparence... Il se marra aussi discrétement qu'il le put, c'est à dire assez peu.

Une question lui vient soudain à l'esprit : Qu'est ce qu'elle voulait arranger ? Qu'est ce qui avait besoin d'être arrangé ? Une fois qu'elle aurait mis les points sur les i à ces deux mijaurées de copines tout irait bien... Enfin il l'espérait. Il tourna la tête vers elle, essayant de retrouver le peu de sérieu qui l'habitait après... Willoughbi et elle... hahaha ! Hum hum.

Un véritable teigneux. A peine quelques mots échangés et sans tirer de traits sur la comète, Chloe l'avait deviné. Après tout, c'était à un Serpentard qu'elle avait à faire, à un membre de la caste des ambitieux. La demoiselle aurait pu tombé sur une gentille personne au caractère doux et facile, qui se serait éloigné tel un agneau docile que l'on renvoyait au près. Mais bien entendu, cela eût été trop facile ! Pourquoi faire simple lorsque la complication rôdait autour, bras et bouches béants, prête à vous cueillir au seuil d'une mauvaise journée ? Il avait fallu qu'elle rencontre ce môme arrogant, crétin fini et autres qualificatifs mélioratifs. Pas besoin d'être un génie pour comprendre que celui-ci, il était du type acharné, obstiné. Un genre de sangsue qui ne lâchait prise qu'après avoir happé tout votre sang et s'en être délecté jusqu'à la dernière goutte. Bref, l'archétype du bonhomme qui, plutôt que de laisser la première inconnue venue s'embourber dans ses soucis, s’assied à ses côtés en lui faisant la conversation… Certes, mais depuis quand les cruelles sangsues agissaient-elles de la sorte ?

Chloe considéra son camarade plusieurs secondes, ses yeux bien écarquillés et une expression d’incompréhension figeant ses traits. Une chose s’imposait certaine : il n’était pas parti. Mais vraiment pas, hein. Ses deux bras, ses deux jambes, son unique tête et ses multiples épis décoiffés. Rien n’avait pris la fuite. Même mieux, le jeune homme avait pris place à ses côtés. A quoi jouait-il exactement ? Et par ailleurs, si son estomac criait famine, pourquoi n’allait-il donc pas le faire taire dans la Grande Salle ?



Oui, sûrement était-ce son imagination. En désespoir de cause, notre petite sorcière détacha son regard interloqué de son interlocuteur, le balada sur le hall qui s’emplissait à vue d’œil. Mais même le pincement qu’elle s’asséna de surcroît n’y fit rien, le Serpentard n’avait pas bougé d’un centimètre. Et par-dessus le marché, voilà qu’il lui adressait la parole sur le ton de la conversation. Alors c’était-elle qui avait descendu Willoughby de son piédestal, qu’il demandait le jeune monsieur.



Rien du tout. Nada ! Que lui reprochait-on encore ? La Gryffondor fronça les sourcils, ne voyant pas bien ce que pouvait bien évoquer son camarade. Descendre quelqu’un de son piédestal ? Elle, bien sûr que non. Croix de bois, croix de fer, la Gryffondor n’eût jamais commis un tel acte. Certes, l’arrogance et la prétention l’insupportaient plus qu’autre chose. Mais la demoiselle se maîtrisait parfaitement, non ? Ou presque. Et puis là n’était pas la question : le fait était qu’elle n’avait strictement rien fait à Willoughby. Pas délibérément, du moins. C’était lui qui s’était ramené avec un sourire Colgate et ses mots supposément séducteurs. C’était lui qui l’avait traînée jusqu’au hall pour lui balancer sa flamme éternelle et lui destiner son amour inébranlable. C’était lui. Après, Chloe n’avait pu que le rembarré. Plus ou moins durement. Plus que moins, éventuellement. Mais…



De plus, Chloe n’estimait pas ses mots trop secs sur ce coup-là. Expéditifs dans le pire des cas. Tsst… Si le nabot se posait en victime, alors autant ne plus fréquenter la Tour de Gryffondor jusqu’à la fin de ses jours. Parce que le jeune sot n’avait pas eu meilleure idée que d’appartenir à la même maison qu’elle, en plus. Pff. Dépitée, lessivée, acculée, la demoiselle laissa tomber sa tête entre ses mains. Maudite journée. Combien de fois le répéterait-elle encore ? Combien de fois le constaterait-elle à nouveau ? Combien de fois…

… Sept heures sonnèrent, interrompant la jeune Haight dans ses lamentations et rappelant à tous les lambins de s’activer vers le réfectoire qui fermerait sous peu. Elle secoua la tête, la maintenant contre ses genoux. Chloe Haight, ou le pathétisme concentré dans une frêle silhouette, roulée au pied d’un escalier. Un courent d’effervescence agita la foule pour quelques instants, mais la demoiselle garda le silence.

Apparemment, ses soucis n’avaient pas encore atteint leur apothéose. Encore un petit effort, un tout petit… Finalement, inconsciemment et maussadement, la demoiselle chuchota :



Et vous savez ce qu’il y avait de drôle dans tout cela ? C’était que Chloe en avait totalement oublié le Serpentard, assis à côté d’elle.

[ Je ne reléverai pas ! Honte à toi ! lol Non, non, je ferai plus que m'en contenter C'est très sympatique, sa me rappelle ta répart... Je suis curieux moi ]

Tiens, tiens... Mais c'est que la demoiselle deviendrait presque bavarde constata Aidan presque enchanté de ce progrès. Si lui avait faim il espérait aussi que Chloe, elle, avait mangé ! La crainte qu'elle ne fasse qu'une bouchée de lui était présente, elle avait l'air instable comme petite. Il n'avait pas tout saisi des quelques mots qu'elle avait prononcé, les premiers étaient à peine audibles et bien vite étouffés dans le brouhaha ambiant du hall. Il n'avait donc vu qu'un haussement d'épaule qu'il était loin de se douter exaspéré, il n'avait vu là qu'une sorte de résignation vis à vis des amies de la Gryffondor.

Un large sourire fendit son visage quand elle tempêta contre le jeune Willoughby, la caricature était plutôt criante de vérité. Ce petit bonhomme ne passait pas souvent inaperçu dans les couloirs malgrè sa petite taille, ayant indéniablement une haute opinion de lui même il se pavanait tel un vrai paon, suscitant l'admiration des plus stupides et le dégoût des autres.

Sept heures sonnèrent, Aidan avait toujour faim... Il plongea son regard vers la grande salle se demandant qu'est ce qu'il trouverait sur la table. A une heure pareille il craignait bien hélas de s'être condamné à manger les restes : Ce que pour moultes raisons les autres n'avaient pas dénié toucher...

Un léger silence s'étant imposé depuis que le clocher du château avait retentit en son enceinte Aidan se tourna vers sa camarade pour relancer la conversation. A la place de cela il la vit et l'entendit marmonner quelques mots. Le contenu de la phrase n'était pas tout à fait clair, il y avait décidemment vraiment du bruit dans ce foutu hall mais le Serpentard avait toutefois bien identifié certains mots. Elle se récitait quelque chose et...

♪ Prescribed pills ( Pilules prescrites )
To offset the shakes ( Pour ces secousses anormales )
To offset the pills ( Pour ces pilules anormales )
You know you should take ( Tu sais que tu devrais vivre )
It a day at a time ♫ ( Un jour à la fois )


... Il ne sut pourquoi il fredonna ces quelques paroles, le refrain d'une chanson assez dérangeante d'un des groupes moldus qu'il appréciait particulièrement. Le titre était d'ailleurs assez explicite : Nails For Breakfast, Tacks For Snack...

Il jeta alors un regard où pouvait se lire surprise et anxiété à la Gryffondor, comment allait elle prendre sa légéreté vis à vis de... Elle avait certainement un soucis et... Il baissa la tête, regrettant déjà son enthousiasme, pourquoi avait il poussé la chansonnette ! Il aurait pu tout simplement laisé passer ! Ou bien encore faire comme s'il n'avait pas bien compris : " Pardon ? " Mais non, il avait ouvert sa grande g***** et voilà...

Déjà que ses rapports avec l'autre caractérielle étaient tendus... Elle devait être encore plus mal à l'aise que lui ! Elle allait le... l'...

Ou...

Elle allait laisser filer ! Oui, certainement elle allait laisser filer. Aidan essayait en vain de se rassurer, puis qu'avait il à craindre sinon de passer pour un ... Il redressa la tête puis feignit d'être toujours aussi enjoué.

[ Pas tip-top, mais bon comme t'as dit c'est ta faute lol ]

Petite boule de nerfs. On pouvait sérieusement s’accorder à définir Chloe Haight de la sorte. Elle n’était pas du genre à marcher, mais à courir. Un tant soit peu taquinée, elle sortait les armes, prête à défendre son orgueil jusqu’au trépas. Les émotions moindres et sans dommages, elle ne connaissait pas, la naine. Elle, son domaine se trouvait plutôt être la je-bondis-attitude, la réactivité à l’extrême. La sensibilité à fleur, on appelait cela lorsque l’on voulait nuancer ses propos. Mais le résultat n’en différait pas pour autant : lorsqu’elle s’énervait, le jeune fille tempêtait. S’il lui arrivait d’hausser le ton, ce n’était pas des cris qui passaient ses lèvres, mais des hurlements. Aimer ou détester ? Bien sûre que non, elle adorait ou haïssait plus volontiers. Quant aux regrets, ils ne se manifestaient pas par de légers remords, mais par des doigts rongés jusqu’aux sangs, des nuits sans sommeil et des tortures psychologiques sans fin. Entièreté ou excessivité ? Chloe n’aurait su quoi vous répondre. Pourtant, elle était parfaitement consciente de cette part d’elle ; elle n’avait d’ailleurs qu’une seule envie : l’intimer au silence, l’écraser dans un coin. Mais jamais l’étau qu’elle avait imposé à ces réactions trop vives n’avait tenu, n’avait été assez solide pour tout garder dans un petit coin. Si Chloe pouvait paraître calme et sans histoires, ces émotions finissaient toujours par déborder, s’échapper et exploser à un moment ou à un autre. Parce que Chloe, finalement, ce n’était qu’une petite boule de nerfs.

Cependant… Ce soir-là, au pied de cet escalier, après ces quelques lignes chantées, un œil non-expert eut difficilement reconnu notre frêle pelote super-réactive. Dans un mouvement lent et saccadé, la demoiselle releva la tête et mit plusieurs secondes avant de planter son regard dans celui de son condisciple. Pas d’hurlement, pas de mots plus haut qu’un autre, pas d’envie meurtrière ? Si, sans doute. Mais si ce fut le cas, la demoiselle ne releva pas. Elle n’esquissa pas le moindre mouvement, son visage se mura dans l’inexpressivité et ses cordes vocales devinrent comme brisée. De longues secondes s’égrainèrent, sans qu’il n’y eût rien, rien d’autre que cette jeune fille figée et ses deux grands yeux bleus… Puis enfin, elle s’alluma : la lueur dérangée et déstabilisée de la déroute.

Autour des deux gens, la foule entrait en effervescence. Un brouhaha s’élevait peu à peu. D’un côté, une dizaine de rigolos prévoyaient de violer le couvre-feu et le règlement, histoire d’épater la galerie. Un peu plus loin, deux harpies se disputaient et en venaient même au mains : pas de chance, elles visaient toutes les deux le même garçon. Dans le coin le plus à l’Est du hall, plusieurs élèves passèrent, entourant une autre, un peu plus fragile. C’était qu’ils avaient besoin de son devoir de métamorphose pour le recopier, quand même. Et l’apothéose : devant eux, passèrent Willoughby et son fan-club de secondes année. Les yeux rouges et le cœur rapiécé, ses amis et un tas de mijaurées le réconfortaient, descendant en flèche ‘cette vipère de Haight’. Elle n’en valait vraiment pas la peine, elle était terrible, même que Maddy l’avait vu avec un Serpentard juste un quart d’heure auparavant.



Cela bourdonnait vraiment de tous cotés. De gauche, de droite, de devant, de derrière. Mais ce qu’il y avait de pire dans tout cela, c’est que Chloe n’y entendait rien. A ses oreilles, la rumeur ne parvenait pas, et seules raisonnés ces phrases que le jeune homme avait chanté un peu plus tôt. Que cela signifiait-il ? Pourquoi avait-il fait ça ? Oh non, ne me dites pas qu’elle s’était exprimée tout haut… Si ? Non. Si. Et il l’avait entendue. En train de parler de ses pilules. La situation s’éclairant peu à peu, la demoiselle s’extirpa progressivement de son état sclérosé. Elle avait fait cela ? Etait-elle totalement débile, ou justement crétine finie ? Et que ferait-elle si l’autre imbécile en arrivait à deviner… Non, il ne détenait tout de même pas assez de cellules grises pour cela, voyons. Pourtant… c’était la fin des haricots si il découvrait le pot aux roses, celui-ci.

Brusquement, Chloe détourna les yeux vers le sol et rompit le contact visuel. Mais elle ne prononça pas immédiatement quoique ce soit. Il lui fallait tout de même un peu de temps. Histoire de dissiper le malaise, de passer au-dessus de la peur qui se faisait inexorable, de maîtriser ses genoux qui tremblaient. Elle n’avait pas fière allure, la caractérielle. Une Gryffondor effrayée, z’avez déjà vu ? Si oui, vous comprendrez dans quel état la demoiselle se trouvait. Si non, admirez. Déjà pâle au naturel, Chloe avait carrément viré au blafard. Et m… Qu’est-ce qui lui avait pris, non mais oh. Car, même si elle n’était pas passée maître dans l’art de la maîtrise de soi, elle avait toujours su cacher ce secret.

Allô, Houston ?! Ici, la plus inconsciente des petites boules de nerfs. Nous avons un problème. Comment le résoudre ? Etes-vous en mesure de nous venir en aide ? Quelle solution nous proposez-vous ? Han, han… … … Un seul moyen : la fuite.



Parler sans pouvoir sans empêcher, parler en lâchant tout ce qui passait par la tête, parler afin de ne rien laisser paraître. Parler pour ne rien dire en somme. La Gryffondor déglutissait difficilement. Toutes ses paroles avaient été lancées à une rapidité incroyable. Nervosité ? Bien entendu. Elle ne réfléchissait pas, elle voulait se défaire de cette situation, elle laissait les mots s’échapper. Tout cela sans y prêter la moindre attention, parce qu’en fin de compte, tout ce qu’elle désirait c’était trouver une foutue échappatoire. Chloe se tut finalement pour reprendre sa respiration. Elle ne risqua pas un même une œillade vers son interlocuteur, bien trop effrayée de ce qu’elle pourrait percevoir. D’un bond maladroit, elle mit debout. Ses genoux la portaient difficilement, mais il faudrait bien faire avec.



Et elle y alla, plantant le Serpentard là où il était. Elle s’enfonça dans cette foule, sa main gauche crispée sur la bandoulière de son sac, l’autre fouillant fébrilement désespérément celui-ci. La demoiselle ne maîtrisait pas vraiment ses mouvements, cela e dénotait dans son attitude. Gestes maladroits et secs. Elle était nerveuse, pas de doute. Une seconde fois, elle se figea.

Au beau milieu de cette cacophonie d’élèves, allant et venant. L’atmosphère s’était inopinément chargée et pesait désormais, de manière lourde et dense. La main de Chloe affronta livres et encriers, plumes et parchemins avant de finalement se refermaient sur un menu flacon en plastique. Et un dernier lorsque dix-neuf heures sonnent…



Ce ne fut qu’une fois, le flacon hors du sac que le drame se produisit. Dans l’effervescence, un grand dadais surgit de nulle part et bouscula sans aucune gêne Chloe. Celle-ci chancela et ne conserva son équilibre qu’à grands renforts de moulinets de bras. Le flacon lui échappa.



Trop tard, la minuscule bouteille roulait déjà sur le sol, se frayant un chemin entre les pieds des passants.

Vaincu par K.O ! Si l'on pouvait réellement appelé cela une victoire...

Muette, apparemment en état de choc, la pauvre Chloé Haight semblait incapable de prononcer le moindre mot, d'esquisser le moindre mouvement. Le regard perdu dans le vide, face à la foule, elle avait l'air ailleurs, vraiment ailleurs. Aidan en avait froid dans le dos, elle semblait si lointaine, et... Il fallait l'admettre, le Sepentard était le seul responsable de cet état pathétique dans lequel elle était plongée. Comment quelques mots pouvaient à ce point...

Elle releva la tête, lui ne savait alors plus quoi penser, devait il être soulagé, non... Quand elle planta son regard dans le sien il se figea, elle commençait à lui faire peur, une peur mélée de peine. Elle ne disait rien, elle ne faisait rien mais... Si les mots lui manquaient son silence suffisait à Aidan pour comprendre que... Il avait mis le doigt là ou sa faisait mal, très mal, il avait entendu quelque chose qu'il n'aurait jamais dû entendre et n'y avait vu là qu'un simple amusement. Erreur ! Ces pilules relevaient d'un problème de haute importance à en juger l'état névrosé de la Gryffondor. Que dire ? Que faire ? Si seulement il le savait... Elle le captivait, le paralisait, il était figé et quelque peu effrayé. Il avait toujours été taquin, mais jamais il n'avait sciemment insisté dans le mauvais goût.

Quelques jacassements bruyants le sortir de sa torpeur, une délivrance, il arriva enfin à détourner le regard et... Willoughby et son troupeau traversait le hall, les rires et les regards suspicieux fusaient en direction de la petite Gryffondor. Aïe, elle avait pas fini d'en baver. Son regard passa alors du groupe de deuxième année à la jeune femme dont il s'était inconsciemment rapproché. Elle ne semblait pas avoir remarqué la petite bande, une chance, ils auraient surement été à un tel moment ses bourreaux. D'un coup d'un seul, sans le moindre signe annonciateur elle vida son sac, un vrai moulin à parole, elle fixait le sol et parlait, parlait... Soudain elle se leva, lui resta bien incapable de bouger ne serait ce que d'un centimètre noyée sous le flot de paroles et écrasait par le poids croissant des regards des passants. La scène devait avoir l'air de tout sauf de ce qu'elle était et la situation était devenu vraiment inconfortable et hélas incontrôlable.

Le Serpentard resta perplexe sur sa marche d'escalier, regardant s'éloigner la Gryffondor à travers la foule, l'incompréhension marquait son visage. Qu'est ce qui s'était passé ? Cette question resterait sans réponse... En attendant, immobile, certainement misérable car fiché d'un air idiot, il devait vraiment passer pour un con...

Quelques bribes de phrases parvinrent alors à ses oreilles, tel un électrochoc les mots qu'il entendit éveillèrent une nouvelle fois son esprit : Quoi ! Un couple ? Espérant avoir mal entendu il se redressa puis jeta un regard qui en disait long sur le groupe de seconde année. Regard vain... Ces demis portions étaient bien trop occupées à épier Chloé pour appercevoir le Serpentard tourmenté et fort énervé se diriger vers eux, main à la poche. Comment cette bande de mioches pouvait oser dire cela, Aidan aller leur apprendre par la force s'il le fallait qu'il était casée, déjà en couple, et que sa compagne dont la beauté était souvent ébouissante et ravageuse était très jalouse et très rarement loin de son compagnon. Il allait leur expliquer que jamais, au grand jamais, ils n'auraient dû insinuer qu'il faisait des infédilités à sa partenaire : Sa fidèle et bien aimée baguette magique ! Il la sortit puis...

... Incompréhensible ! Ce qui se passa était incompréhensible ! A quelques mètres du troupeau alors qu'il allait se jeter sur eux tel un loup affamé de carnage... Les quelques idiotes qui chaperonnaient Willoughby pouffèrent de rire, quelque chose d'hilarant s'était vraisemblablement passé et ce n'était certainement pas lui qui... Interloqué il tourna la tête dans la même direction que les gamins, il comprit alors : Chloé titubait, le regard effrayée ( si sa te dérange pas ) elle suivait des yeux un minuscule flacon, les fameuses pilules. Il ne devait pas paniquer et... Elle risquait de péter un plomb ! Ou de finir alliénée, folle à lier ! Ce constat se basait sur l'expérience qu'il venait de vivre, une dérangeante expérience qui devait pour elle relevait du calvers. Que lui ait découvert l'existence de ces pilules, sans même en savoir la nature avait plongé la jeune Haight dans un état second, alors si le flacon tombait dans d'autres mains... Celles d'une des groupies de Willoughby ! Ou peu importe ! Poussé par un désir de se faire pardonner, se sentant inconsciemment coupable d'il ne savait quoi au juste, surement encouragé par un soupçon de curiosité, il tendit sa baguette puis...

" Accio flacon. " La formule fut proncé rapidement, d'un ton bas, vallait mieux rester discret. Tout s'était passé si vite, il partait passer ses nerfs sur une bande d'imbéciles, des victimes faciles puis... Il se retrouvait désormais avec un flacon dans la main.

Surpris d'avoir été si prompt à agir il fourra sa baguette dans sa poche puis tourna un regard interrogateur vers Chloé. La main serrée sur l'objet il se retenait d'en regarder le contenu, ne serait même que l'étiquette, s'il y en avait une. Une pensée idiote traversa son esprit, il la chassa. Entrer dans le jeu des groupies à Willoughby, feindre d'être avec la Gryffondor et lui rendre avec un sourire charmeur le flacon : " Tiens ma puce ", quelle imagination ! Mais, quelle horreur !

[ Pas facile... Je ne sais pas si mon inspiation a été la bonne. Si ça ne te convient vraiment pas --> MP ]

A quel la panique pouvait vous changer quelqu’un était tout de même spectaculairement étonnante. Quelques heures auparavant, Chloe poussait la porte de son cours de métamorphose, le visage fermé et le pas traînant. Ô sort terrible, pourquoi ? Pourquoi devait-elle subir ces deux heures d’ennui total et profond ? Pourquoi la vie se révélait-elle si injuste ? La tête bourrée de questions dramatiques et de pensées insurgées, la demoiselle s’était écroulée sur un siège et avait sursauté en entendant la voix psychorigide de la vieille chouette, les exhortant à sortir leur manuel. Un peu plus tard dans la soirée, alors qu’elle croyait avoir touché le fond et surtout la fin de cette maudite journée, Willoughby, le tombeur de seconde année, s’était ramené pour lui déclarer, juché sur ses chevilles trop enflées, tout son amour. Génial, y avait-il pire que cela ? La réponse n’avait pas tardé à surgir du haut de l’escalier, sous l’apparence de ce Serpentard. Définitivement, oui, en matière de soucis, la Gryffondor devrait encore en voir de toutes les couleurs. Mais jamais, au cours de toutes ces ô combien trépidantes péripéties, Chloe ne s’était départie de son air renfrogné de teckel prête à japper, bondir et mordre. Successivement, son visage s’était mué en toutes les expressions de la colère possibles, du grincement de dents au regard tueurs. Plus grincheux, tu meurs…

Pourtant, la petite jeune fille qui se frayait difficilement un chemin à travers les passants ne dégageait rien de maussade. Le teint blême, les lèvres frémissantes, elle promenait deux grandes billes bleues sur le sol. Ce qui se dégageait de la donzelle respirait la terreur. Et notez que dont il s’agissait ici, c’était la vraie terreur, celle qui prenait au cœur et au corps, qui glaçait le sang, mais donnait la tremblote en même temps, qui dépossédait de tous moyens d’action. Chloe fit un pas de côtés pour éviter une collision imminente avec un grand dadais de Poufsouffle, mais parvint in extremis à ne pas perdre son flacon des yeux. Les pilules, personne ne devait mettre la main dessus. Dans le cas contraire, la Gryffondor savait trop bien ce qui se passerait : regard apitoyés, compatissants, mouillés de compréhension factice. Non, elle avait déjà donné. Et elle voyait clairement où ça la mènerait… Cette foule qui se densifiait, ces gestes inconscients et trop lents, ce flacon… Ce flacon qui se souleva soudainement et fila à toute allure dans la main de… Non, ce ne pouvait tout de même pas être ça. Chloe releva la tête. Beaucoup de monde dans ce hall, décidément. Ce fut vraiment une multitude d’individus qui traversa son champ de vision. Des petits, des grands, des moyens, des gros, des maigres, des justes minces, des blonds, des bruns, des roux, des bleus, des verts et consort. Pourtant les seules choses que la donzelle perçut furent des prunelles interrogatrices et un battement que son cœur manqua.

Allô, Houston ?! Nous avons encore un problème. Briefing de la situation : tentative de fuite échouée, flacon en mains inconnues, peur à son paroxysme. Quelle action proposez-vous ? La situation est urgente, nous avons sérieusement besoin de votre aide. Houston ?! … … … Crénom de non, la tour de contrôle nous a lâchés ! Nous nous trouvons dans l’incapacité de venir à votre secours. Débrouillez-vous seule, Haight. Reconnexion neurologique imminente, préparez-vous. Trois, deux, un…



Entrer dans le jeu des groupies à Willoughby, feindre d'être avec la Gryffondor et lui rendre avec un sourire charmeur le flacon : « Tiens ma puce. ». Ou bien se mettre à dos toutes les perronelles de services, fendre la foule et attraper la main du Serpentard avant de le tirer à l’écart de la foule. L’idée n’avait fait qu’effleuré le jeune homme, avant qu’il ne puisse la réprimer. Chloe aurait pu en faire de même et oublier cette idée saugrenue. Mais qu’aurait-elle fait après ? Abandonner ses pilules aux mains de ce Serpentard dont elle ne connaissait même pas le nom, remonter au dortoir et affronter Mary, Elizabeth, Machine et Trucmuche avec leurs questions futiles ? Ou alors, plus simple, elle pouvait se ruer le jeune homme, lui arracher le flacon des mains et en même temps éveiller moult soupçons chez ses pestes de condisciples. Non, Chloe ne pouvait rien faire de tout cela : il fallait que personne ne sache. Personne, absolument et définitivement personne. C’était son secret à elle, celui qu’elle ne livrerait jamais, même attachée sous la guillotine et un couteau sur la gorge. Oh, ça non.



Ce qu’il y avait de confortable dans cet état de terreur maximale, c’était que réfléchir était devenu totalement superflu. Il suffisait de laisser faire ses membres, et l’on se retrouvait face à un Serpentard, et l’on lui intimait de suivre, et l’on lui saisissait la main, et l’on passait au nez et à la barbe des pires vipères que la Terre ait porté en son sein, et l’on sentait son myocarde battre fort, drôlement fort, et l’on cherchait à oublier ses genoux prêts à flancher, et l’on espérait seulement que personne ne remarque un flacon tenu par ces deux mains entrelacées, et l’on parvenait à un pilier derrière lequel on se cachait et l’on s’adossait. C’était bien de ne pas réfléchir, n’est-ce pas ?

Par réflexe, les doigts de Chloe se crispèrent autour de ses cachets. Ou peut-être bien autour de la main du jeune homme. Elle n’y pensa pas. Le sang battait bien trop fort à ses tempes, pour qu’elle souffre la moindre de réflexion. Voilà à quel point la panique pouvait vous changer quelqu’un… Un peu plus tôt, la demoiselle voulait disparaître sous terre, et désormais elle laissait courir des rumeurs par milliers sur elle. Tout ça pour quoi ? Un petit bout de plastique, cent grammes à tout casser.

Chloe courba la tête et chercha à reprendre un rythme respiratoire régulier. Oh, oh… Et qu’est-ce qu’elle faisait maintenant ?

" Viens. "

Avait il vraiment le choix ? S'étant inconsciemment glissé sous le feu des projecteurs Aidan était désormais la cible de nombreux regards, inquiets, curieux, moqueurs et parfois même jaloux. Jaloux ? Tiré par la main il se laissa entrainer par la Gryffondor, accordant dans sa fuite un sourire goguenard à Willoughby, il ne réalisait pas encore ou tout cela le ménerait. L'improvisation était pourtant son fort mais... Ce talent chez lui innée semblait comme anesthésié, elle lui avait couper les ailes, le tenait fermement à ses côtés. Le flacon pressait douloureusement la paume de sa main, Chloé y accordait apparemment une importance quasi vitale, quite à malmener les doigts de son dévoué camarade... Un merci lui aurait suffit.

" Le couple " se fraya un chemin dans la foule, la tête haute Aidan s'efforçait d'éviter les quelques élèves qui n'avaient pas remarquer la scène. Les autres se poussaient volontiers, la petite Gryffondor devait y être pour quelque chose, sous certains aspects elle avait l'air d'une démente. Elle se jeta derrière un pilier, s'y adossa. Face à elle le Serpentard, debout, intrigué, peut être même inquiet. Et maintenant ? Qu'est ce qu'elle allait bien pouvoir faire... Elle renforça la pression sur le flacon, opressant par la même occasion la main du Serpentard. Il se serait volontier libéré de cette étreinte mais... Il était prisonnier et emprisonnait le flacon. Le silence de la jeune femme ne l'aidait pas non plus, il chercha alors à capter son regard, en vain elle semblait paumée, perdue dans ses pensées, à bout de souffle. Elle ne s'était pourtant pas extirpé des griffes d'un mauvais cauchemard, consciente elle ne rêvait pas...

Peine, pitié et honte se mélaient dans l'esprit confus du Serpentard alors incertains d'avoir fait le bon choix en capturant ainsi le précieux flacon. Le silence... Enfin celui de Chloé... Le Hall boulloinnait d'effervessence, un bruyant tohu-bohu y résonnait. Le regard fuyant il se sentait épié : Il fallait que cela cesse !

" ... Euh... Ca va ? "

Difficile d'être cohérent après un truc comme ça, les mots lui manquaient et sa question lui sembla qu'après coup des plus stupides... Non, bien sur que non, elle n'avait pas l'air de quelqu'un qui allait bien. Son visage effaré et appeuré, son souffle saccadé, ses yeux... C'était flagrant ! Plus qu'évident ! Et pourtant...

Il lacha complétement le flacon, sa main n'était alors plus que tenue par celle de la Gryfondor, le plastique glissait peu à peu sous ses doigts. Il le lui rendait, peut être le regretterait-t'il, plus tard, sa curiosité n'ayant toujours pas été rassasiée, sa faim non plus...

[ Un peu court peut être mais... Je suis toutefois satisfait.]

Confortablement lotie dans sa panique et son silence, Chloe n’esquissa pas le moindre début de réaction. Pour tout vous avouer, il était bien plus aisé de demeurer muette et terrorisée que d’agir. Autant ne rien faire, ne rien dire, ne rien penser plutôt que de se torturer les méninges à chercher une solution qui, dans tous les cas possibles et imaginables, ne différerait pas. Dans une situation pareille, la demoiselle se trouvait au pied du mur. Au creux de sa main gauche, elle agrippait son flacon. Derrière cette colonne, les pestes s’agitaient, la maudissaient et se réjouissaient : le cas ‘Haight’ occuperait toutes leurs soirées du mois à venir. Spéculer et calomnier dans son dos, lui lancer des regards railleurs et glousser en l’apercevant... Ca prenait du temps ces choses-là.



Une chose était sûre : ce soir, Chloe ne glisserait pas un pied dans la salle commune. Au diable, le couvre-feu. Elle se sentait beaucoup trop éreintée pour affronter cela. Son cœur dansait encore la sarabande, le souffle s’évertuait à lui manquer et ses genoux avaient tant vécu ces derniers instants qu’ils ne la portaient plus qu’à demi. Même ses neurones estimaient avoir assez donné pour le moment. Et puis, ses oreilles étaient déjà bien assez malmenées par le vacarme de ce hall. Grand bien leur ferait de ne pas subir celui de la Tour.

Finalement, la voix du Serpentard atteint les quelques cellules grises encore potables de la demoiselle. Il avait déjà posé sa question depuis une bonne minute déjà, mais elle était bien trop affairée à planifier les moments à venir pour ce préoccuper du présent. Inconsciemment, sa main se raffermit autour de celle du condisciple. Si celui-ci se serait volontiers libérer de cette prise, Chloe craignait bien trop pour son flacon. S’il tombait, s’il lui échappait, s’il disparaissait ? Lentement, elle redressa la tête pour lui faire face correctement. Est-ce que cela allait ? Le regard qu’aurait lancé la Chloe de tous les jours aurait sûrement traduit une irritation de tous les diables : il en avait de bonnes, celui-là. Mais oui, bien sûr qu’elle allait bien. Elle avait failli frôler l’infarctus, le mois qui se profilait s’annonçait comme un véritable enfer, son flacon s’enfonçait si fort dans sa paume qu’elle en avait mal. Cela mis de côté, le soleil resplendissait, les oiseaux chantaient et les lapins roses en sucre gambadaient à travers les prés en fleurs. Qui n’aurait pas deviné ceci, voyons ? Aurait été la question assassine que Chloe lui aurait lancé, avant de débarrasser le plancher, le plantant là de manière relativement injuste et ingrate.



Mais à cet instant, la Chloe de tous les jours se trouvaient à mille lieues de là. Face à lui, le Serpentard avait seulement une jeune fille qui n’aspirait qu’à une chose : que tout ceci ne soit qu’un cauchemar. Un cauchemar qu’elle aurait oublié quelques heures plus tard, qui se serait évanoui tel une vague réflexion embrumée. Néanmoins, Chloe savait pertinemment que tout ceci n’avait rien d’une invention de son subconscient, qu’elle était bien dans le hall, vaguement dissimulée derrière un unique et mince pilier, et non dans son lit, à l’abri dans ses multiples et épaisses couvertures.



A peine plus haut qu’un souffle, le mot avait franchi discrètement les lèvres de la demoiselle. Celle-ci se redressait désormais, toujours aussi pâle et tremblante, un peu moins effrayée. Ses doigts glissèrent sur le flacon, jusqu’à ne plus que le retenir. D’un geste preste, Chloe ne lui accorda pas le moindre regard et le fourra dans son sac. Elle ne voulait plus y penser, elle le tenait. Personne ne découvrirait son secret, hein ? … Hein ?



La Gryffondor avait déjà fait quelques pas, lorsque ce doute la saisit. Personne ne découvrirait son secret, hein ? Tout en questionnant le jeune homme d’une voix qui se voulait neutre, Chloe ne se retourna pas vers lui. Sans doute ne désirait-elle pas plus que cela qu’il perçoive la peur qui repointait sur ses traits.

[ Rhôlalala... J'ai été très inspiré mais... J'ai honte ! ]

La fuite...

Facile, tellement facile, trop facile ! Un simple merci, rien de plus, pas un regard, seul semblait compter le petit flacon. Flacon que la Gryffondor, telle une voleuse accomplissant un sombre larcin, s'empressa de cacher dans son sac. La tête basse, le regard rivé au sol elle fila... La rattraper ? A quoi bon ? Déjà petite elle allait désormais tout faire pour être minuscule, elle se mélerait bien vite à la foule puis disparaitrait. Un sourire gêné ponctuerai chaque instant où ils se croiseraient, elle ferait sans doute l'autruche, baissant la tête et accélérant le pas. Conclusion de l'histoire : Il avait été bien sympathique et cet effort n'avait pas été récompensé, voilà tout. Est ce que cela était injuste ? Oui ! Enfin peut être... Comment savoir ?

" Tu n’as pas vu ce que c’était ? " La fugitive se tenait debout dos à lui, à quelques pas seulement, certainement plongée dans un stress intense.

Aidan resta un instant muet, que répondre ? Il ignorait ce qu'étaient réellement ces pilules, par respect il n'avait pas osé regarder ce qu'il eut tenu dans sa main. Il regrettait déjà, curieux de nature il se trouvait désormais bien idiot, cette question allait lui tarauder l'esprit un long moment...

" Drôles de smarties... " Dit il calmement.

Smarties ? La seule pensée de ces gourmandises éveilla à nouveau sa faim, un mal lancinant, un manque qu'il s'efforcerait de repousser, pour quelques instants. Si Aidan avait oublié d'être curieux il lui serait difficile de cesser d'être taquin et quelque peu rancunier. Il avait vu, dumoins c'est ce qu'il affirma. La compagnie de la Gryffondor n'était pas déplaisante, il s'amusait déjà des quelques instants passés en sa compagnie. Il n'oublierai pas pour autant l'aspect quasi dramatique de la rencontre mais, ce qui avait été fait était fait, inutile de s'appitoyer. Quite à passer pour le pire des bourreaux, car cette taquinerie penchait très fort vers le mauvais goût et se promettait d'être vraiment électrique, abjecte. Il rendrait la monnaie de sa pièce à cette ingrate et qui sait, retouverai peut être devant un public conséquent, les nombreux élèves du hall, la superbe qui était celle de sa maison. Tel le plus sadique des tortionnaires il ajouta d'un ton enjoué :

" Bon il se fait tard, j'avallerai bien quelque chose moi... "

Ironique, cruel, indéniablement sadique et certainement plus idiot que le pire des crétins Aidan souriait. Son humour, si ses dires en portaient encore la couleur, serait peut être la goutte de folie qui ferait déborder le vase déjà remplie de nombreuses émotions chez la Gryffondor, la goutte de trop qui la ferait sombrer, se noyer... Ou bien, ou bien cette pointe de vice lui ferait peut être ouvrir les yeux, dédramatiser la situation, si elle était dramatique. Aidan, lui, avait fait de nombreux sacrifices pour lui venir en aide à elle, une inconnue, s'il l'avait vraiment aider...

Sans perdre la demoiselle des yeux il fit quelques pas vers elle, en direction de la grande salle. Il la dépasserait bientôt... Il se mordit alors la lèvre inférieur, seul moyen de rester muet, insister encore un peu plus n'était pas à sa portée, ou plutôt il le jugeait pas de celle de Chloé. Qu'aurait elle fait ? Se serait elle écroulée ? Pour ces quelques mots à son oreille murmurés : " Bon appétit. "

C'eut été trop facile. S'il avait tout simplement filé sans demander son reste, l'histoire ne se serait pas révélée aussi palpitante. Il fallut qu'il abatte sa dernière carte, son ultime provocation. N'importe quelle teingne digne de ce titre aurait agi de la sorte, en assénant ce majestueux coup de théâtre aux terribles airs de coup de couteau. Cinglants, les mots frappèrent et le rideau tomba. Tout y était. Bravo, il s'était déboruillé comme un chef, le petit bonhomme. Réponse brève, maîtrisée et évasive. Un mélange détonant, ponctué d'une sortie de scène nonchalante. Sûrement avait-il suivi une formation spécial, quelque chose du genre 'Entraînement pour Méchants et Cruels'.

'Drôles de smarties.' Il savait. Très partiellement, certes. Mais autant que le chauffeur du bus 14, que la fleuriste du quartier, que la serveuse du café de King's Cross, que le tenant de Honeydukes... Autant que ces bonnes âmes qui avaient jugé bon d'aidé une naine affolée et maladroite qui cherchait à rattraper une flacon fuyard.

Son coeur et ses genoux s'étaient déjà trop emballés au cours des dernières minutes pour démarrer une fois encore. Ils stagnèrent au point mort, rendant une tremblote de tous les vents irréalisable. Il n'y eut plus d'autre choix : Chloe se dut d'avoir le désarroi tranquille. Dans un recoin de son esprit, des regards désolés revinrent, quelques mots attérés densèrent hors de sa mémoire, des bribes déjà-entendues s'élevèrent. "C'est des ca... cachets ?" "Si vous voulez, je connais un spécialiste qui..." "Une de mes nièces a déjà eu ce genre de problèmes. Elle...". Toutes ces situations embarrassantes et ces allusions pesantes... Les premières fois, la demoiselle avait eu du mal à en saisir le sens. Elle ne concevait pas que les gens puissent aller chercher si loin. Si ils savaient à quel point, ils tombaient à côté de la plaque. Mais que Chloe pouvait-elle y faire ? Se lever pour crier à la justice et à la vérité ? Non, mieux valait qu'ils marinent tous dans leur ignorance. Les souvenirs lui sautant à la gorge, la jeune fille émit un souffle. Exaspération ou mélancolie ? Elle n'en savait trop rien. Néanmoins, au fond, tout au fond, elle ne sentit pas grand chose. Emotions bannies et perceptions amenuies, ce fut le vide, le néant. Seule une pointe d'agacement perça au terme de quelques secondes. Ces fichues pillules, ces fichus crétins, ces fichues fausses idées, ces fichues attitudes mal placées...

"Personne. Le dis à personne."

Une pointe d'agacement uniquement ? Certes, si l'on omettait cette inquiétude latente. Toute légère, impalpable et transparente, hein. Mais présente tout de même. Et assez forte pour pousser notre jeune Haight à se mettre en marche, rattraper son camarade et le rattraper par le bras.

"Vraiment personne."

Chloe maintint la tête baissée et les yeux rivés vers le sol. Contrastant avec l'effervescence du hall, sa voix ne dépassait le murmure. Un peu plus, et on l'aurait aisément confondu avec une fillette prise en faute... ... ... Ainsi les derniers lambeaux de so orgueil se réduirent à néant. "Tu sais, ça t'aiderait d'en parler à ta maman. Elle pourrait t'aider, elle..." Un autre reflux de mémoire, ô joie.

"Quoique tu puisses croire de ce truc... tu n'y es pas."

Dans un nouveau souffle, Chloe s'octroya le luxe de cette phrase. A quoi rimaient ses mots ? Etait-ce une excuse, une justification ? Sûrement. De loin, très loin. Cependant, il y avait peu de chances que cela arrange la situation. Bien tenté, mais... Perdu ! Mais peu importait, la jeune fille s'éloignait déjà d'un pas lent et désorienté. La panique était trop éprouvante pour ce mmenu corps éreinté, Chloe angoisserait le landemain au saut du lit. Plus maintenant.