Blue Sky.

HRP – Premier post réservé à Emily. |

Journée banale à Poudlard. Le ciel était noir, comme tous les matins d'hivers. Une brume lassante et un doux parfum de fleurs étaient présent en dehors du chateau. Les rares oiseaux restant chantaient déjà à vous en coupler le souffle. Sauf dans le cas présent. Ange dormait paisiblement dans son lit en baldaquin. Elle était toute enroulée autour de ses couvertures rouges, et ne semblait pas vouloir s'en défaire. Elle n'avait pas cours avant 11h, comme tous les sixième de sa maison ainsi que les Serpentard (avec qui elle avait un cours en commun). Ils étaient beaux ces matins. Où ton seul paysage est celui des rêves, des merveilles. Puis le moment arrive où le noir s'installe, la pénombre. Où le sang fait surfasse. Son père, ainsi que tous les autres. Pourquoi ces rêves devaient-ils tous se finir ainsi depuis sa mort ? N'importe quoi. Dans ces conditions elle n'allait pas rester seule ici à se prélasser sans se morfondre sur elle même. Elle poussa donc ses rideaux rouge bordeaux et sortit de ses draps, sans sourires. A quoi bon sourire à la vie si celle ci vous quitte un jour ? On ne donne pas la perle rare à l'enfant sans la lui reprendre. Point.

La Gryffondor se pencha vers son sac, d'où elle prit un de ses uniformes propres. Ce qu'ils pouvaient être moche, avec cette interdiction de modifications personnelles en plus... C'était rageant pour la future Styliste. Enfin bon, rien à faire. Elle retira son pyjama qui faisait trois fois sa taille (il était à son frère). Se retrouvant en sous vêtements, et enfila ses affaires les unes à la suite des autres. Elle prendra une douche ce soir, ouais, ce soir. Coup de peigne rapide, elle et ses cheveux le matin... C'était un vrai calvaire, rien que de l'imaginer. Pfff, envie de rire. Bref, coup de maquillage vite fait, c'était pas ça qu'il manquait. Et op, c'était partit, et sans sourire d'avantage, elle franchit le seuil de son dortoir. Silence. Personne. Bizarre. Mais elle n'y fit pas attention une seconde de plus, de toute façon, elle n'allait pas rêvasser des heures. Sortir. Sortir. Elle n'avait que ce verbe à la bouche. Arrivée au portrait, elle attendit que la Grosse Dame la voie pour pouvoir poursuivre.

Ange – Chocogrenouille ! Dit-elle rapidement.

Wow. Le mot de passe était tout aussi ridicule que l'autre. A vrai dire, ils sont tous comme ça chez les Griffons. Peut être que pour les autres maisons c'est pareil. Ange riait à peine elle imaginait un Serpentard dire des noms de bonbons ou gâterie superflue à une sorte de porte d'entrée. Hum. Rogue aurait un tempérament moins gamin et ne ferait pas subir ça à ses élèves, quoi que. Soupirs. Il n'y avait que quelques Serpentard qui traînaient au septième étage, énervant. Elle ne les connaissait ni d'Eve, ni d'Adam. Prenant rapidement les escaliers, la Gryffondor battu des pieds durant plusieurs minutes qui semblaient infinies. Ils étaient long, beaucoup trop long, et chiant à la longue à n'en faire qu'à leur tête. Sales Escaliers. 'Fin bon. Maintenant qu'elle les avaient franchis, elle s'en moquait pas mal. La Grande Salle vibra sous les yeux de l'anglaise. Elle s'y dirigea, calmement, et prit une place. Ses iris regardaient tous les plats présent sur la table. Ses jambes se crispèrent, son corps fut perturbés de chaleureux frissons. Oui, c'était Poudlard. Le matin, tout était si sublime. Si seulement Ange ne se réveillait pas à la dernière minutes et qu'elle n'avait - par conséquent - pas le temps d'avaler une miette. Misère. La jeune Hedley se servie une tranche de pain et étala dessus de la confiture de cerise, son parfum préféré. Gorgée de jeu d'orange. Perfect. Elle avait fini, manquait plus que le plus. Le must du must. La cigarette. Vous pourrez dire ce qui vous chante, la faire culpabiliser, lui écraser ses cigarettes, elle en aura rien à faire, et continuera à se tuer à petit feu. Sans doute qu'elle ne s'en rendait pas vraiment compte. Mais moquerie la plus totale du monde. Elle fumait, point.

Silence. La jeune adolescente prit la porte du Hall et se retrouva dehors. Un vent frais parcourra son corps qui était peu couvert. De nouveaux frisson se firent sentir. Mais l'envie de se vautrer dans l'herbe était beaucoup plus forte. Ses cheveux virevoltaient dans le vent. Ses cheveux châtain foncés. Un sourire était désormais présent sur ses lèvres. Faut dire que la déprim' c'est pas spécialement son truc. Elle avançait toujours, en silence, personne sur son chemin, même pas de faible créatures magique. Yeah. Ange partir s'asseoir dans son coin favori, où - presque - jamais personne ne se rendait. Ouais. Y a qu'elle. Enfin, c'est ce qu'elle pensait. Assise contre un arbre, elle lâcha un bâillement. Le lit aurait été plus appréciable que ce tronc boueux. Mais elle restait ici. Soupirs.

Wow. Il n'en restait plus que deux. Cigarettes. Arg. Elle espérait qu'il lui en restait toujours dans son sac. Espérance. Ou bien que Jesse lui en enverrait un de ces jours prochains. De toute façon, elle savait chez qui gratter. Ouai, tant qu'elle rembourse après. Donc, Ange en sortit une de son paquet, laissant la seconde solitaire. La clope de voeux. Yeah. Elle l'alluma, tranquille. Son regard fixé sur un paysage brumeux. Franchement ? En cet instant, la vie était belle, plus que belle. C'était le must du must. Tout ce qu'il y avait d'excitant. Une journée agréable. Manquait plus qu'un peu de compagnie.

Ange – Pouah. Ce que c'est bon de vivre ! Exclama-t-elle radieuse.

Ouai. Dit comme ça, en tirant une late en même temps, ça l'faisait pas. Si elle aimait vivre, elle n'avait pas qu'à se tuer à petit feu. Maligne chérie -_- . Mais, quand on prend une drogue, la descente est dure. Pauvre chou. Les nuages se dégageaient tous un par un, laissant un ciel bleu couvrir la brume. Great. De la fumée tout autour de son visage. Un buisson qui bouge ? Qui est là ? Wow.

Emily dormait profondément. Elle ne rêvait pas, ou du moins, elle ne se souviendrait pas qu’elle avait rêvé si tel était le cas. Elle était bien. Elle était heureuse. Pourquoi ? Elle n’en avait absolument aucune idée. Mais le fait qu’elle soit ancrée profondément dans un lourd sommeil indiquait qu’elle était heureuse. Et cette sensation de bonheur intense ne pouvait lui faire que du bien. Elle l’avait presque oubliée. Elle la redécouvrait peu à peu, à mesure que les minutes durant lesquelles elle dormait avançaient. Mais ça ne dura que très peu de temps. Doucement, son esprit s’éveilla, ses yeux s’ouvrirent, clignant difficilement pour s’habituer à la lumière. Mais le bonheur était toujours là. Quand les yeux d’Emily se furent habitués à la lumière du jour, elle regarda autour d’elle pour voir le décor de la salle commune. Elle avait passé la nuit à moitié allongée sur un canapé devant la cheminée. Quelque chose l’avait réveillée. Quelque chose qui avait bougé contre son dos. Quelqu’un. Emily se retourna doucement et entendit sa voix s’excuser de l’avoir réveillée. SA voix. Lui. Elle était là, entre ses bras, et tout avait l’air parfaitement normal. Il lui souriait comme avant, laissait ses doigts courir sur les bras d’Emily et la regardait sans cette image de douleur au fond des yeux. Tout allait bien. Mais ça n’allait pas. Ce n’était pas possible, elle s’en serait souvenue. Ce n’est pas le genre de choses que vous pouvez oublier avec quelques heures dans les bras de Morphée. Quand elle lui demanda ce qu’il se passait, il lui répondit par une autre question, à savoir de quoi elle parlait. Elle lui parla de leur dispute dans le train, de leurs étés respectifs, de l’alcool, des filles, mais il ne comprenait pas. Il s’offusquait même qu’elle ose l’accuser d’agissements pareils. Il y avait un problème. Elle n’avait pas pu tout inventer...

Les yeux d’Emily s’ouvrirent en grand et fixèrent le plafond. La sensation de bonheur qu’elle avait cru ressentir s’évanouit instantanément au moment où son rêve s’acheva. Et la douleur revint, plus lancinante que jamais. L’agitation régnait dans le dortoir. Emily tourna lentement la tête sur le côté pour voir que le lit à sa gauche était défait, et surtout que Morgane était debout avant elle. Froncement de sourcil. Etrange. Et avant même qu’elle ne puisse réagir, une tornade de cheveux d’ébène passa devant ses yeux et un baiser claqua sur sa joue. Frost lui expliqua vaguement qu’elle avait cours plus tôt qu’elle et qu’elle était déjà en retard. Les yeux d’Emily se dirigèrent alors vers son réveil, le temps qu’elle se remémore qu’elle n’avait pas cours avant onze heures du matin. La jeune australienne se redressa entre les couvertures et resta assise là quelques minutes. Soupir. Une nouvelle journée. Probablement aussi douloureuse que la veille. Et sans doute autant que le lendemain. Contrairement à ce que les gens qui n’ont jamais souffert disent, le temps n’atténuait pas la souffrance. On finit juste par y être habitué. Le quotidien, l’habitude, c’est ce qui vous fait perdre conscience de la rareté et de la pureté de la vie. Ça vous fait rentrer dans une monotonie dont vous ne voyez plus la fin. Et ça rend ce qui ponctuellement vous aurait paru dangereux, normal. Habituel. C’est ce qui fait que c’est tellement dangereux, à la base.

Comme d’habitude, Emily se leva, attrapa la boîte aborigène qu’elle cachait sous son lit, alla dans la salle d’eau et tourna la clef dans la serrure. Elle enleva le haut de son pyjama et ouvrit la boîte. Des insectes d’une couleur bleue s’en échappèrent et l’un d’eux vint planter son dard dans sa peau bronzée. Et pendant quelques minutes, Emily oublia. Elle ne ressentait plus rien. Et c’était bien. Ensuite, comme d’habitude, elle referma la boîte et retourna la cacher là où aucune de ses camarades ne se permettait de fouiller. Elle enfila ses vêtements de jogging et remonta sa chevelure noire en un chignon sommaire d’où s’échappaient quelques mèches rebelles. Et comme d’habitude, elle quitta le dortoir vide pour aller prendre son petit-déjeuner.

La grande salle n’était pas pleine à craquer de gamins braillards prêts à tout pour remplir leurs estomacs affamés. La plupart d’entre eux était déjà en train de courir dans les couloirs pour arriver à l’heure à leurs cours. Jus de citrouille, tartines beurrées et thé à la cerise. Il lui restait encore deux heures et demie à tuer avant d’aller en cours. Tous ses devoirs étaient terminés, pour une fois. Jogging. Deux fois par semaine, Emily s’imposait d’aller courir une heure. Pas par pur masochisme ou pour des raisons stupides d’esthétique. Juste pour le plaisir de courir. Et pour la forme.

Emily quitta donc la table des Gryffondor et se dirigea vers la sortie de la grande salle, non sans avoir jeté un coup d’œil au plafond magique qui les surplombait. Ciel maussade. Rien d’étonnant à ça, premièrement parce que c’est l’hiver, deuxièmement parce que c’est le Royaume-Uni [et troisièmement... $$]. Mais il ferait sûrement froid. Il y aurait du vent. Les pensées de la Rouge et Or furent confirmées lorsqu’elle franchit la lourde porte qui gardait l’entrée du château. Instantanément, son corps se raidit et une bourrasque vint s’engouffrer dans le col de sa veste, la faisant frissonner. Comme d’habitude. Le ciel était aussi triste que celui qu’elle avait scruté cinq minutes auparavant dans la grande salle. Le même ciel. Un léger brouillard empêchait de voir très loin devant soi. Emily n’avait jamais aimé l’hiver. Beaucoup trop froid, pas assez coloré. On avait l’impression que la vie qui imprégnait la nature s’était envolée avec les feuilles mortes et les chutes de flocons blancs. C’était bien trop morne, ça manquait de gaieté. Mais malgré cette absence d’amour pour la saison, Emily se sentait en totale osmose avec elle.

La jeune fille entama sa course d’endurance à petites foulées. A chaque expiration, une fumée due au froid sortait d’entre ses lèvres et ses joues bronzées prirent rapidement une teinte rosée, tout comme le bout de son nez. Le vent venant fouetter son visage obligeait ses yeux à verser quelques larmes incontrôlables. Petit à petit, les nuages d’un gris menaçant s’éloignèrent, sans doute grâce au vent. Et le bleu du ciel fit enfin une petite apparition. Couleur. Enfin. On se serait cru dans un film en noir et blanc. Mais plus maintenant. Il ne manquait plus que le son.

Pouah. Ce que c’est bon de vivre !

Comme quoi, on trouve des gens heureux à Poudlard. Et c’est tant mieux pour eux. Ange Hedley. Cela faisait maintenant six ans qu’elle et Emily allaient au mêmes cours, partageaient la même salle commune. Et depuis quelques mois maintenant, Ange avait intégré l’équipe de Gryffondor. Et elles étaient maintenant coéquipières. Au même poste. Le meilleur poste. Batteuse. Mais Ange n’était pas seule. Accrochée à ses doigts comme un malheureux s’accroche à la vie, il y avait la pire ennemie d’Emily. ELLE. La cigarette.

Si tu aimes tant vivre, c’est pas ça qui va t’aider, au contraire.

- Je t'avais demandé de réserver pour avoir le premier post, mais si tu veux l'ouvrir à d'autres, ça ne me gène pas -

HRP – Désolé pour l'énorme retard. J'devais bosser pour les cours. |

Ne pas réfléchir au passé, juste au présent. Voir la vie en rose et éviter de broyer du noir. Ange vivait pour être joyeuse et découvrir ce monde et ces merveilles, c'était tout ce qui lui plaisait. Il était mort, mais la vie continuait, elle avait assez déprimé pour lui, et ça ne cesserait sûrement pas avant longtemps, mais elle savait une chose, une seule : Jamais il n'aurait souhaité la voir pleurer à cause de lui. C'est ça être père. La Gryffondor ferma donc les yeux, sentant le froid parcourir ses joues pâles, puis dans la mouvement, elle tira une taffe sur sa cigarette. Pourquoi avoir commencer cette drogue, si ce n'était pas pour se détruire ? Aucune idée. Ange ne le savait pas elle même. Elle était gamine, ne savait pas vraiment ce qu'était la vie. On pouvait lui dire toute les crasses de ce monde, elle ne réalisait pas vraiment. Alors, lorsqu'elle traînait toujours avec les potes de son frères, elle était habituée à cette fumé maussade. " T'en veux une ? " . A peine 13 ans et elle était contaminée. Jesse qui n'était qu'un adolescent aussi à cette époque ne pouvait pas répliquer. Il ne voyait pas le rôle du Grand frère ainsi. Dommage. Ça aurait put servir à quelque chose. La jeune fille donna deux coups distinct sur sa clope pour en faire tomber la cendre. Puis Blam. Une nouvelle venue.

Emily – Si tu aimes tant vivre, c’est pas ça qui va t’aider, au contraire.

Silence. La sixième année se tourna et aperçût une adolescente de son âge. Emily Jones. Durant toute leur scolarité elles avaient étudiés aux même cours sans vraiment trop s'adresser la parole. Elles se trouvaient toute les deux dans le même dortoir, et était coéquipière au Quidditch. Pourtant, elles n'avaient pas encore établis une réelle amitié. Sans doute que Ange était bien trop souvent fourrée auprès de Sky pour que ce soit le cas. Soupirs. La jeune adolescente était bien d'accord avec son interlocutrice lorsqu'elle parlait de la cigarette. Elle n'avait pas tort. C'était comme se suicider à petit feu. Mais quand on est accrocs à une drogue, il est difficile de s'en défaire. Et Ange le savait parfaitement. Combien de fois avait-elle essayé d'arrêter ? Des milliers. A chaque fois, elle se retrouvait toujours une cigarette à la bouche au final, succombant à la tentation. Comment arrêter alors que tout son entourage fume ainsi ? C'est à y rien comprendre. Comment un tel produit a pu exister. Pff. Silence.

Ange – Je sais bien... Murmura-t-elle en silence, l'air songeuse.

Elle en avait vu des cancers. Des potes à son frère crever sous ses yeux. Succomber à cette merde. Car oui, on pouvait la classifier ainsi. Mais il fallait bien mourir de quelque chose, non ? Mais ce n'était pas vraiment la mort tant espéré et fière. Mais passons. Ange tira une nouvelle latte, puis recracha la fumé dans l'air, près de l'arbre, de façon à ce que Emily n'ai pas à sentir de trop près l'odeur. Car c'était bien vrai que c'était répugnant. Mais lorsqu'on y ait habitué, ça passe crème. Au contraire, on commence à l'apprécier. On l'appréciait tellement que ça en devenait écoeurant. Ange prit la dernière latte, et écrasa le mégot, au sol, à l'aide de ses chaussures en cuir. Elle prit sa baguette, et la pointa vers celui-ci.

Ange – Incendio

Feu. Le mégot s'enflamma pour ne devenir que cendre. C'était comme ça qu'on effaçait ses traces à Poudlard. Étant sorcière c'était assez simple de ne pas trop se faire repérer. Léger souffle, et tout était éparpiller sur la terre fertile. Sur cette terre ou pousseront plus tard de sublime fleur de toute les couleurs. Plus tard. Espérance.

Emily était dotée d’une aversion furieuse envers la cigarette. Elle n’en connaissait que trop bien les conséquences. Destruction. C’était tout ce qu’apportaient ces horreurs emplies de tabac. Destruction des poumons de celui qui les fume pour commencer. Œsophage irrité, bronches abimées, de la nicotine partout dans le corps. Tu tousses tout le temps à t’en arracher les poumons par la bouche. Un périmètre de sécurité autour de toi tellement ton haleine de chacal repousse les gens. L’odeur de tabac imprégnée dans les vêtements, les cheveux qui puent la clope, les traits tirés. Ensuite, destruction de la santé de ceux qui entourent le fumeur. Fumée qu’ils inhalent involontairement et qui vient de nicher dans leurs poumons, les embrumant de nicotine. Et enfin, le pire qui puisse arriver. Destruction de la vie. Dans tous les sens du terme. On meurt de la cigarette. Mais pleins d’autres choses peuvent s’éteindre à cause d’une simple clope. L’amitié. Quel rapport entre une cigarette et un sentiment aussi fort que l’amitié me direz-vous ? Demandez à Morgane. A se perdre dans son monde de fumeur, on ne voit pas le reste du monde s’effondrer autour de nous.

La cigarette, c’est une drogue. Une addiction. Ça vous rend dépendant. On ne peut plus s’en passer. C’est trop dur d’arrêter de fumer. Ça fait grossir. On est physiquement en manque. Il y a trop d’obstacles, c’est beaucoup trop difficile. Il n’y a pas de secret pour arrêter de fumer. Un seul mot : la volonté. Si t’es un Homme, tu te réveilles un matin, tu dis « je m’arrête », et tu t’arrêtes (que ferions-nous sans la comédie française ? merci Gad). Mais c’est plus facile à dire qu’à faire parait-il. C’est beaucoup plus évident quand on ne dépend de rien comme Emily. Ou du moins, comme elle croyait être.

Je sais bien.

Un murmure à peine audible. Ses yeux se perdaient dans le vide. Elle devait être en pleine réflexion. Emily savait très bien que ça ne servait absolument à rien de dire à un fumeur que fumer est mauvais pour la santé et que ça détruit tout ce que ça touche. Comme s’ils ne le savaient pas déjà. Mais elle ne pouvait s’empêcher de répéter encore et toujours aux gens ses sempiternelles mises en garde. Au cas où ce qu’elle disait aurait pu rentrer par une oreille et ne pas ressortir par l’autre. Au cas où ça les ferait réfléchir. Au cas où ça leur éviterait de gâcher leur vie et celle de ceux qui les entourent. Alors peut-être, « peut-être » que ça les ferait réagir. Peut-être qu’elle ne faisait pas ça pour rien. Peut-être qu’Ange avait entendu ce qu’elle lui avait dit et allait en mesurer les conséquences. Peut-être Emily avait-elle sauvé une vie aujourd’hui. Voire plus.

Mais pour l’instant, rien ne semblait traverser encore l’esprit embrumé par la nicotine d’Ange. C’était trop tôt. Elle continuait à inspirer cette fumée destructrice qui s’insinuait en elle, comme le mal prenant possession de l’âme de Faust dans l’œuvre éponyme de Goethe. Et elle recrachait ensuite cette fumée, non sans en laisser un souvenir au fin fond de ses poumons désabusés. Quand elle estima avoir terminé, elle laissa tomber le mégot sur la terre encore vierge de verdure et appuya son pied dessus pour l’écraser. A cette vision, Emily plissa le nez et fronça les sourcils. Signe de désapprobation. Laisser trainer des mégots partout par terre, non. Mais contrairement à la plupart des fumeurs, Ange respectait la nature. Elle ne le laissa pas sur le sol dans l’indifférence la plus totale mais y mit le feu. Disparition. C’était comme si elle n’avait jamais fumé cette cigarette. Sauf que ça ne marchait pas comme ça dans l’organisme.

Tu fumes beaucoup ?

Ça y était, elle commençait à se mêler de ce qui ne la regardait pas. Qu’est-ce que ça pouvait lui faire que ça lui prenne cinq ou quinze ans pour mourir ? Mort. Fumer tue. On lisait ça sur la plupart des paquets de cigarettes vendus dans le commerce moldu. Suicide. C’était un choix de continuer à fumer quand on savait que ça provoquait la mort. Choisir de mourir. C’était du suicide.

- J'ai fait ma militante anti-tabac. Je calmerai le jeu après ^^ -

HRP – Excuse pour le retard. J'ai récupéré le web intégralement hier, donc je peux reprendre une activité normale sur le fora à présent Wink

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La Cigarette. Ce doit être l'invention la plus pourrie, la plus ignoble, la plus traître qu'on ait pu inventer. Encore, on peut pardonner aux générations passé, car elles n'avaient pas été avertie des effets nocifs, etc, et que c'était un effet de mode, contrairement à aujourd'hui où cette dernière est renier de tous les cotés. La preuve, Emily ici présente. Mais malheureusement, c'est aussi la mode de nos jours pour les adolescent immature que de se tuer à petit feu, que de parler suicide à longueur de journée, de prendre des drogues, de se tailler les bras (je vous rassure, Ange n'est pas une adepte, bien au contraire, ça la répugnerait presque). Mais la cigarette. C'est comme un pécher capital. C'est un truc qui aurait jamais du être inventé. Et le pire, je dis bien le pire, c'est que l'état nous baise. Et que tout devait être prévus depuis le départ, en fait. La fumé des cendres montait en direction du ciel en brume, telle la toxicose des anges. Et Ange n'éprouvait rien, elle ne ressentait strictement rien, rien à par un goût dégueulasse qui parcourait ses gencives, sa langue, et des remontés lui donnant envie de tousser jusqu'à en vomir de dégoût. Pourquoi continuer dans ce cas, si c'était pour se pourrir ? Aucunes idées. Peut être que ça faisait tellement longtemps maintenant, qu'elle n 'y faisait même plus attention. Pire, c'était devenue une habitude, quelque chose de « normal » dans sa vie quotidienne. Elle avait même crée son emplois du temps, à peu près. La clope du matin, celle du midi, celle de l'après midi, 16h c'est mieux, et n'oublions pas celle du soir, et encore moins celles qui se trouvent entre toutes ces pauses.

Emily – Tu fumes beaucoup ?

Silence. Si fumer beaucoup consiste à épuiser un paquet en une journée, elle y était presque. Soit, elle fumait beaucoup moins à Poudlard que lorsqu'elle était en vacance, chez elle, ou bien même en sortie à Pré-au-Lard (quoi que, elle est souvent enfermée dans des magasins, ce qui résulte le fait qu'il lui est impossible de s'en griller plus de dix dans l'après midi). N'oublions certainement pas que c'est extrêmement cher, à cause de ces taxes de merde. Mais n'oublions pas aussi que c'est une sorcière, avec un frère sorcier qui a un permis de transplanage. Un frère tellement imbécile, que lorsqu'il était en dèche, il a même voler des cartouches dans un tabac ; sans se faire prendre. Un voleur, un moins que rien accroc d'une drogue totalement inutile. Car le corps peut vivre sans, il vivrait mieux sans la nicotine, sans le tabac, sans le gravier, sans toute les autres merdes qui s'y trouvent. Mais on aurait beau se raisonner, le lendemain, la clope est toujours au bec.

Ange – Fumer c'est déjà trop, donc oui.

Certainement. Mais on faisait avec. Et puis, même quand tu ne fumes pas, tu peux mourir de Tabagisme passif. Je ne connais pas les chiffes annuels, mais les victimes se trouvent partout. Parce qu'un tel leur fume sous le nez tous les jours, parce que la mère conduit toujours dans sa voiture une clope au bec, et que les trajets peuvent durer des heures, et que sur l'autoroute pas question d'ouvrir la fenêtre. Etc. Mais la cigarette, c'est quoi ? Est ce que ça prend vraiment une place importante dans le coeur de la personne ? Oui c'est physique aussi. Mais prenons un tout autre exemple. On va parler de l'amour, oui oui, toujours ce même sujet. Votre copain vous quitte, même si vous l'aimiez à la folie, que c'était votre drogue, etc. Est-ce que vous allez abuser de lui ? Non. Respect pour l'autre. N'est ce pas la même chose avec la cigarette ? Ouais pas les mêmes conséquences, mais le même fondement. Ange soupira, et se mit une mèche brune derrière ses oreilles troués de tous les cotés, dégageant piercing sur piercing. Bon trois sur chaque oreille, c'est pas la mort.

Puis une idée passagère lui vint à l'esprit.

Ange – Tu as eu une mauvaise expérience avec la cigarette ? demanda-t-elle, indiscrète.

Elle se mêlait de se qui ne la regardait peut être pas, mais maintenant qu'elle était lancé, elle n'allait certainement pas s'arrêter (il ne manquerait plus que ça). L'adolescente gratifia ses paroles d'un sourire discret, pas spécialement joyeux, normal vu le sujet de discutions.

[C’est très bien trois piercings sur chaque oreille, c’est magnifique Blue Sky. 11

]

Fumer c’est déjà trop donc oui.

Emily hocha silencieusement la tête, en signe d’approbation. On aurait presque dit qu’elle félicitait Ange d’avoir pris conscience des risques qu’elle prenait à chaque fois qu’elle allumait une cigarette. D’ailleurs on peut enlever le « presque » et le conditionnel. C’était exactement ce qu’elle faisait. Un peu comme quand McGonagall vous lance un regard fier quand vous répondez correctement à une de ses questions ou que vous avez enfin réussi à dépasser le stade du A en devoir. C’était déjà bien qu’elle se soit rendue compte que ce n’était pas bon pour elle. Morgane avait mis tellement de temps avant d’ouvrir les yeux que pour Emily, ça semblait exceptionnel qu’Ange réagisse aussi vite. Mais si elle savait que c’était mauvais pour elle, si elle trouvait que fumer était stupide et dangereux, pourquoi continuait-elle ? Pourquoi se détruire si on a envie de vivre ?

Ça sert à rien de continuer alors...

Cette remarque lui était venue spontanément, dans un murmure, sans qu’elle n’en contrôle la sortie. Mais après tout, elle savait qu’elle avait raison. Ça ne servait à rien de continuer à noircir ses poumons, à vomir ses tripes à chaque toux, à étouffer dans un monde de fumée, si on était parfaitement conscient que l’on n’en voulait plus. Alors pourquoi ? Peut-être qu’elle avait ses raisons. Mais il n’y avait aucune raison qui justifiait ce suicide, cette auto-flagellation. Rien ne justifiait de se faire du mal comme ça. Hein Em ? Quoi ? Non non, je vois pas de quoi tu parles... On y croit [pas]. Bref, laissons tomber le combat intérieur en Emily dont elle ne se rendait même pas compte tellement sa conscience était minimisée par le Billywig à l’intérieur de sa tête. Ça n’a rien de très intéressant pour le moment.

Tu as eu une mauvaise expérience avec la cigarette ?

Emily se laissa tomber sur le sol vierge, s’adossant à son tour contre l’arbre, à côté d’Ange. Elle ferma les yeux un instant, le temps de réfléchir à la question. Si elle avait eu une mauvaise expérience ? C’était le cas de le dire. Quatre ans et demi d’amitié brisés par ces foutues clopes. Et par le comportement qu’elles avaient donné à Morgane. Une amitié à jamais affaiblie, bien que renaissante, tout ça parce que Morgane avait perdu pied et avait préféré se renfermer dans la cigarette plutôt que dans Emily. Tout ça était maintenant terminé, certes, mais cette expérience marquerait à jamais Emily et laissait une cicatrice sur leur amitié qui ne disparaitrait sans doute jamais. Les six mois où Emily avait perdu sa meilleure amie sans penser qu’elle lui revienne un jour. Et ça lui avait fait indirectement perdre Marwin. Très indirectement, mais quand même. Un véritable Enfer. Et tout ça à cause de quoi ? D’un peu de tabac, quelques horreurs supplémentaires, le tout roulé en un mini-cylindre qui ne ferait même pas peur à un Véracrasse et qui pourtant terrorisait Emily.

On peut dire ça oui...

Une pause. Un instant pour déglutir, pour respirer l’air frais, pour apprécier le vent glacé de Janvier qui venait lui fouetter le visage. Elle ouvrit alors les yeux sur ce ciel maintenant si bleu et la lumière du soleil vint lui brûler les yeux. Juste un instant pour trouver ses mots...

Je me suis engueulée avec des gens qui comptaient beaucoup pour moi.

Et ma vie a été complètement détruite. Mais ça elle ne le rajouta pas. C’était déjà beaucoup trop dur à accepter, alors le dire... ça l’aurait rendu bien trop réel. Elle préféra donc se taire. Tournant la tête vers Ange, elle posa ses yeux sur elle.

Et sinon, ça te dit une petite danse du soleil ?

[Ne prends pas en compte le dernier dialogue, c'est Lélé qui m'a demandé si j'étais cap de le mettre mais ça fait pas partie du RP ^^]

HRP – No soucis =). Et désolée pour le retard Wink

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Une envie irrésistible. Ange venait à peine d'éteindre sa cigarette, qu'elle ressentait l'envie d'en rallumer une seconde, mais elle s'y résigna. Il ne fallait pas pousser à bout ce corps humains, et puis, elle avait un minimum de respect, et vu que Emily était là, elle n'allait pas commencer à tout casser avec une clope. De plus, une de plus une de moins, qu'est ce que ça change ? Elle soupira, puis se tripota une nouvelle fois les cheveux, quand elle n'avait pas sa dose, et se retrouvait dans l'impossibilité d'en allumer une, elle ne pouvait s'empêcher de fourrer ses doigts dans sa chevelure couleur ébène. Respirant de l'air frais, Hedley sentait le vent se mouvoir avec son corps, bien que le soleil était toujours haut dans le ciel, il n'y avait pas un air étouffant, loin de là. Et c'était ce climat qu'on trouvait très agréable. Les feuilles de l'arbre où Ange était assise fouettaient ses épaules dénudées sans aucune douleur, juste un contact éphémère.

Emily – Ça sert à rien de continuer alors...

Elle l'avait dit dans un murmure à peine audible, mais la Gryffondor l'avait entendue. Il était vrai que... Ca ne servait à rien, à rien du tout que de continuer quelque chose d'aussi néfaste. A vrai dire, Ange ne s'était pas réellement posée la question avant ce jour là, elle trouvait cela tellement normal. Avant, lorsqu'elle était « non-fumeuse », elle se répugnait à la vue de ceux qui fumaient, elles les prenaient presque pour des délinquants, des personnes... pas normale. Mais en fait, ils sont humains, eux aussi, et peuvent faire des erreurs, ou bien se laisser prendre dans un piège, un piège dont on ne peut s'enfuir sans une volonté du tonnerre. Hedley n'avait pas ça. Ce n'était pas de l'amour qu'elle éprouvait pour ce goût dégueulasse, ce n'était pas de la haine, c'était... indescriptible. Elle ne pouvait s'imaginer un monde sans.

Trainspotting – As-tu déjà... était éprise de quelque chose, ou bien de quelqu'un. A un tel point dont tu ne peux pas t'en passer ? Où un monde sans lui, sans elle, était inimaginable ? Où tout devenait noir sans ? Comme si c'était ton seul refuge... Je crois que c'est de ça, dont sont épris tous les fumeurs.

Puis elle se tut. Elle se rendit compte après coup, qu'elle n'avait dit qu'un ramassis de conneries (c'était bien le mot). Comme d'habitude, elle n'avait pas réfléchie avant de parler, elle avait laisser ressortir ses pensées avant toute chose, pensant qu'à chaque fois ce serait constructif. Mais... Au moins, peut être que Emily pourrait un minimum la comprendre dans ce cas là ? Puis aussi comprendre les autres fumeurs. Ca serait aussi un bon point, bien qu'elle ne soit pas en faute. C'est l'être humain qui l'est, effectivement trop naïf pour tout ce qui l'entoure. Nous sommes tous épris d'un monde de consommation, de mode en tout genre. Et les erreurs, on les enchaînes, mais après ? Combien le remarque ? Combien agissent ? Très peu. Et Ange fait partit de ceux qui ne bouge pas de leur place dans certains cas. Car la cigarette est un lourd pécher dont elle ne peut malheureusement pas se séparer. Dommage, elle devrait. En même temps, elle ne se voit pas à la retraite, à soixante dix ans, une canne à la main, des rides lui recouvrant tout le visage, avec une voix super lente, des maladies en tout genre, etc. Non, en fait, elle se voit mieux mourir à cinquante ans d'un cancer du poumon plutôt que de vivre tout ça. Tout ce dont elle a peur, c'est la vie en elle même. La vie qui avance trop vite. Mais elle ne peut se l'avouer elle même.

Trainspotting – Tu as eu une mauvaise expérience avec la cigarette ? demanda-t-elle, indiscrète.

Il y avait un début à tout. Elle se mêlait de ce qui ne la regardait pas... Mais cette conversation en était devenue très intrigante. Ange s'y investissait d'elle même, sans réellement en prendre conscience. Puis, elle en avait envie, en même temps. Et puis si Emily ne voulait pas en parler, elle pourrait le dire d'elle même, Hedley n'aurait pas été vexée. Loin de là, il en faudrait plus, beaucoup plus. Son interlocutrice se laissa tomber à coté d'elle, comme pour prendre une pause. Un court silence régna, où elle devait être plongée dans ses pensées... Finalement, si c'était pour ressasser des mauvais souvenirs, Ange aurait mieux fait de se taire, elle a horreur de faire du mal aux gens, mais malgré elle, c'est souvent le cas.

Emily – On peut dire ça oui...

Alors, son comportement était sans doute fondé. Quand on hait quelque chose à un tel point que cela en devient une « obsession », une haine incomparable, il devait y avoir une raison. Quelque chose qui fait que... Ce n'est pas humain que d'abuser d'une telle chose. De toute façon, la cigarette rend aveugle, et ne laisse pas place à la raison. Dommage. Emily laissa son corps se faire parcourir par le vent frais de Janvier, Ange fit de même, puis elle reprit :

Emily – Je me suis engueulée avec des gens qui comptaient beaucoup pour moi.

Silence. Ange se recroquevilla sur elle même à l'entente de cette phrase. Regardant Emily avec une expression... une expression indéfinissable. Ca ne lui était jamais arrivé. Et elle espérait de tout coeur que cela n'arriverait pas... Car, une amie perdue à cause d'une cigarette... C'est... Inconcevable. Si Sky pétait une crise à cause de ça, la menaçant de partir, etc, Ange ferait son possible, son maximum, même si ce serait en vain, pour au moins se limiter. Car un monde sans Sky ne peut exister. Hedley se mordilla la lèvre, puis reprit une position normale, en lâchant un bref soupir.

Trainspotting – Je... Je suis désolée. Silence. Enfin... J'espère que ça c'est arrangé.

Ca ne devait certainement pas être un bon souvenir à ressasser. Certainement pas, en fait. Et elle s'en voulait pour tout, car c'était dans sa nature que de s'inquiéter pour un rien tout le temps. Sauf que là, ce n'était pas rien.

Elle était perdue. Il était dur, en cet instant précis de qualifier son état d’esprit. C’est pour cela que « perdue » est le mot qui convient le mieux. Un mélange de divers sentiments la submergeait et la surpassait. Elle se sentait apaisée d’avoir retrouvé Morgane mais elle se détestait d’avoir perdu ces six mois, que dis-je, ces trois ans d’amitié à cause de la cigarette (qui n’était en fait que la représentation matérielle de la dépression de son amie). Et elle souffrait des conséquences que cette amitié lésée avait eues sur le reste de sa vie. A l’égard d’Ange, elle ressentait tout d’abord une étrange sensation de colère. Elle lui en voulait d’être aussi suicidaire, de ne pas se rendre compte qu’elle pouvait faire du mal aux autres à cause de son addiction, d’être aussi ignorante. Et puis aussi, d’une certaine façon, de la pitié. Elle la plaignait. D’être dépendante de la cigarette, de ne pas pouvoir penser à autre chose qu’à sa clope, de ne se sentir bien qu’avec un Billywig sur le bras... non, une clope au bec. Confusion. Oulah, qui a trafiqué le jus de citrouille ? Elle venait de comparer la situation d’Ange, c'est-à-dire une situation de dépendance totale à la sienne qui n’avait rien à voir... Ah ? Tu es sûre ? Bien sûr, elle ne dépendait pas des Billywigs, ce n’était pas comparable... Si tu le dis...

As-tu déjà... été éprise de quelque chose, ou bien de quelqu'un. A un tel point dont tu ne peux pas t'en passer ? Où un monde sans lui, sans elle, était inimaginable ? Où tout devenait noir sans ? Comme si c'était ton seul refuge... Je crois que c'est de ça, dont sont épris tous les fumeurs.

Instantanément, son esprit vint retrouver les Billywigs. Son seul refuge. Son seul remède. Son seul soulagement. Ce qui lui permettait d’avancer. Ce qui lui faisait supporter la douleur. Ce qui l’empêchait de sombrer. Serait-elle dépendante d’eux finalement ? Pourrait-elle vivre sans ? Finalement, elle ne valait donc pas mieux que tous ces fumeurs qu’elles critiquaient et dont elle disait qu’ils étaient trop faibles pour pouvoir vivre sans se raccrocher à quelque chose d’aussi futile qu’une cigarette. Mais comme un dernier cri désespéré, les paroles d’Ange résonnèrent dans sa tête une nouvelle fois. Non. Elle n’était pas éprise des Billywigs. Elle ne ressentait aucun sentiment d’affection pour eux. Ils étaient juste là pour la faire planer, oublier. Rien de plus. Aucun autre attachement. Non c’était différent, ce n’était pas une addiction. Du moins, c’est ce qu’elle pensait, car d’un point de vue strictement objectif (c'est-à-dire pas du point de vue d’Emily), elle ressentait une certaine affection, comme de la reconnaissance, pour ceux qui lui enlevaient sa douleur ; mais elle ne le savait pas, ne s'en rendait pas compte.

Mais elle aimait Morgane. Plus que n’importe quel être humain sur cette planète. Sa meilleure amie. Et elle ne pouvait, et ne pourrait sûrement jamais, se passer d’elle. Ces années où elle se sentait la perdre avaient été tellement difficiles. Et les six mois où elle avait décidé que leur amitié avait pris fin avaient été le pire des Enfers. Vivre sans Morgane, c’était comme arrêter de bouger, de respirer, de ressentir, devenir aveugle, sourde, muette, absente, seule, mourir, se perdre. Alors oui, elle comprenait ce dont Ange parlait, elle s’en voulait même d’avoir pensé aux Billywigs avant d’avoir pensé à Morgane.

Emily ne répondit pas à Ange. Son silence en disait bien plus que si elle avait parlé. De toute façon, qui n’avait pas aimé déjà quelqu'un de cette façon-là ? Si je réponds « Blackheart » ça va être qualifié d’acharnement donc je m’abstiendrai.

Le dos collé contre cet arbre, Jones ressassait le passé, revoyant comme des flash-back leur vie d’avant. Morgane rentrant trempée de la tête aux pieds, sa première clope au bec, le regard vide. Morgane riant à gorge déployée de sa propre blague vaseuse, une cigarette à la main, et se mettant à tousser, s’étouffant presque, puis tirant une nouvelle taffe comme si de rien n’était. Morgane, allongée dans un lit de l’infirmerie après avoir fait un malaise et tendant déjà une main vers son paquet de clopes. Morgane face à elle dans un compartiment du Poudlard Express lui tendant une cigarette avec un air malicieux et ce « Cap » au bout des lèvres et elle, l’attrapant. Morgane, assise par terre, à quelques dizaines de mètres de l’endroit où elle se trouvait à présent, laissant sa clope échapper d’entre ses doigts, et elle refusant de la pardonner pour ne pas avoir été l’amie dont elle avait besoin. Dire que tout ça ne tenait qu’en une cigarette.

Son regard avait trouvé celui d’Ange et elle crut y déceler une sorte de peur. Plutôt de l’angoisse, ou de l’appréhension. La crainte de vivre ça. Quoi de plus terrible que de perdre sa meilleure amie et de se sentir impuissante face à ça ? Je vous donne la réponse : rien. Emily avait vécu beaucoup de choses émotionnellement parlant ces derniers temps, elle avait eu mal bien plus d’une fois, mais je peux vous assurer que le fait de perdre Morgane avait été la pire des souffrances. Pire que tout.

Je... Je suis désolée. Enfin... J'espère que ça s'est arrangé.

Un léger sourire se dessina enfin sur les lèvres d’Emily. Elle resta silencieuse un moment, retournant à nouveau dans le passé, mais plus récent cette fois-ci, se revoyant étreindre son amie après qu’elles se soient juré une amitié que cette fois, elles promettaient éternelle.

Oui... Oui ça s’est arrangé.

Elle marqua une pause. En réfléchissant un peu plus à la situation, en se détachant de son aversion pour la cigarette et en essayant de prendre une position un peu plus neutre, elle avait l’air d’une dictatrice, condamnant Ange à l’échafaud sous prétexte qu’elle avait la clope en horreur. Elle ne valait pas mieux qu’Ombrage, placée sous cet angle. Se permettant de la juger alors qu’elle ne savait rien d’elle. Après tout, elles se croisaient peut-être depuis six ans, mais elles ne se connaissaient pas vraiment, elles n’avaient jamais pris le temps de s’intéresser l’une à l’autre. Elle savait de la vie d’Ange autant qu’on sait de la vie d’un camarade de classe. Mais ça s’arrêtait là. Alors comment se permettait-elle d’émettre une opinion ? Par simple générosité, aussi étrange que cela puisse paraître.

Tu sais, je ne voulais pas te juger. C’est juste que j’ai vécu l’enfer à cause de ça et je ne souhaite à personne, vraiment personne, de vivre ça.