Lemon Tree

[HJ : Nan, l’est très bien le titre :)]

Dès lors que Tania avait accepté son ‘invitation’, Basile s’était montré des plus discrets. De toute façon même si il l’avait souhaité, il n’aurait pu en placer une ! Impossible de stopper l’interminable débit de sa camarade. Tout d’abord surprit, le garçon avait finit par s’y habituer.

Tandis qu’ils empruntaient le chemin le plus court pour rejoindre le parc, Basile lui observait le paysage qui s’offrait à ses yeux, écoutant pourtant attentivement Tania.
Cette dernière lui posait quelques questions, mais renchérissait sans lui laisser le temps d’y répondre. Il se demandait même si elle en attendait vraiment, et cette réflexion lui soutira un sourire amusé.
Bien qu’il fasse encore frais, le soleil renvoyait ses rayons pales avec une inhabituelle intensité. Ils étaient bientôt arrivés.
Alors qu’ils quittaient un chemin de terre pour rejoindre un coin plus reculé du parc, Tania lui exprima sa joie d’être ainsi conviée sous ‘son’ arbre. Il répondit à son sourire et ajouta un brin maladroit :

« Oh, tu sais c’est rien…C’est juste ..euh un arbre comme un autre… »

Remarquant alors ses coups d’œil répétés, il signala en montrant vaguement une zone en contre bas :

« On est plus très loin… »

Lorsqu’ils furent arrivés le Serdaigle posa son sac contre le tronc d’un imposant saule pleureur. De grande taille, c’était un bel arbre. Offrant une ombre considérable il ne permettait pourtant pas aux deux adolescents de profiter du soleil. La vue restait imprenable : Le lac de Poudlard s’étirait à quelques mètres de là, son voile scintillant produisant des milliers d’étincelles.
Prenant place sur l’herbe encore humide, il soupira d’aise. Il n’y avait vraiment qu’un seul endroit à l’école ou il pouvait se sentir aussi bien… Tournant sa tête en direction de Tania, il l’incita d’un mouvement de tête à venir le rejoindre.

« Voilà, c’est là que je viens un peu près à chaque fois que j’ai rien à faire….On est au calme et j’aime assez la vue…. »

Il remarqua la présence de quelques amas de neige éparpillés un plus loin. Combien de temps allait il se passer avant qu’il ne vienne à neiger de nouveau? A en juger le ciel menaçant qui grondait au dessus de leur tête, Basile pencherait pour quelques heures tout au plus.

« Et tu fais quoi toi quand tu t’ennuis ? J’espère que tu ne passes pas tout ton temps libre à faire tes recherches sur la magie noire… »

Ce sujet lui était venu presque spontanément, sans qu'il y fasse attention. Basile ne comprenait toujours pas Tania, et même si il était légitime de vouloir aider son frère, il devait sûrement exister un autre moyen pour aider Aaron … autre que de pratiquer cette magie occulte.
Attrapant dans sa paume une poignée de neige, cette dernière devint vite de l’eau glacée au fond de sa main.

Envie de partir par moments, on ne sait où. Ca devait arriver à tout le monde sans doute. La veille encore, Tania se disait qu'être quelqu'un d'autre qu'elle même ne devait pas être si mal. La jeune fille tourna la tête vers l'horizon du lac, là où une semaine auparavant, elle et sa migraine avaient trouvé un petit coin ensoleillé pour s'endormir et louper malencontreusement le cours de botanique. Là où lorsque Colin lui avait demandé pourquoi elle voulait absolumment cette fiole de Felix Felicis, elle lui avait répondu qu'elle souhaitait être quelqu'un d'autre. Enfin non, quelqu'un tout court. Puis étaient venus les élections des préfets. Rien n'avait changé en fait, peut être que sa confiance était légèrement remontée d'un cran.

Et puis il y avait des jours comme celui-ci, où on se sentait très bien comme on était, où on ne voulait pas être une autre personne. Oui on y était bien sous cet arbre. Un arbre comme un autre disait Basile. Plus que cela, c'était le lieu où ce dernier avait gentiement invité Tania, une marque de confiance qu'elle avait apprécié. Les deux camarades s'y assirent à son pied, peut être que pour une fois elle resterait silencieuse, par respect sans doute. Il n'y avait pas que les édifices religieux qui étaient sacrés, les jardins secrets l'étaient tout autant. L'herbe était encore humide, mais elle avait fait pire, comme rester sous une pluie tombant à verse à se taper la discution avec une Gryffondor délurée.

Cela aurait été peut être un peu gênant pour une personne autre que Tania de s'immiscer come ça dans l'intimité des gens qu'elle ne connaissait pas. Mais du fait de son caractère sociable la Serdaigle réussissait à baisser ces barrières conventionnelles que les gens s'évertuaient à garder. En bref elle aimait aller vers les autres, peu importait ce qu'on pouvait penser d'elle. Genoux repliés, bras tendus posés sur ceux-ci, la jeune fille fixa d'un air semi distrait les mains de Basile attrapant les poignées de fine neige, la transformant en eau. Les paumes rosissantes de celui-ci attestant de la froideur du liquide qu'il avait en mains.

|| Basile || Et tu fais quoi toi quand tu t’ennuis ? J’espère que tu ne passes pas tout ton temps libre à faire tes recherches sur la magie noire…

Tania sourit, le regard toujours perdu sur les mains de son camarade. Des recherches sur la magie noire, elle ne les avait qu'à peine commencés. Disons que pour le moment cela se résumait à de la lecture, des recherches de sorts appropriés, mais la raréfaction de tels bouquins au sein de l'école faisait que Tania ne pouvait aller bien loin. A moins de faire un tour dans la réserve.... Bonne idée d'ailleurs, elle aurait du y aller avant.

|| Tania || Pas pour le moment, faut que je passe à la réserve.

Regard distrait encore, un ton sérieux qui n'evisageait aucune taquinerie, Tania s'y rendrait assurément. De nuit bien entendu. Le soir même peut-être, ou bien le lendemain. Pas terrible pour une préfète en effet, mais l'appât du titre, c'était pas son truc. Donner des retenues encore moins. Ce qui importait là dedans, c'était qu'elle avait reprit un peu de confiance en elle. La jeune fille reprit son regard pétillant, moins lointain, un sourire aux lèvres. Bon sang il faisait froid lorsqu'on ne bougeait pas.

|| Tania || Nan, quand je m'ennuie je fais des conneries dans le genre de tout à l'heure. Donc j'évite de m'ennuyer en général.

Nouveau sourire. Effectivement si on ne voulait pas voir Poudlard sans dessus dessous, mieux valait distraire la demoiselle. Puis elle voulut changer de sujet, s'éloigner très loin du thème de ces âneries là, de celle qu'elle allait faire en allant dans la réserve, de la magie noire, de son frère. Parler un peu plus du garçon à côté d'elle qui restait bien mystérieux. Les yeux de Tania se posèrent sur le sol en face d'elle, fixant les perles humides des brindilles d'herbe.

|| Tania || Basile ?

Mystérieux c'était le moins que l'on pouvait dire. Un jour, il avait évoqué un décès, celui d'une fille qu'il avait aimé, en pleine conversation avec Colin. Tania était là ce jour-ci, à faire son devoir de potions dans un coin. Mais étrangement, elle qui avait surpris la conversation au vol sans le faire exprès, était partie bien avant la fin. Parce qu'elle se sentait mal à l'aise d'apprendre quelque chose qu'elle n'aurait pas dû, parce que la perte d'un proche dont avait été victime Basile était le cauchemar de Tania. L'espace d'un instant, la jeune fille faillit lui poser une question ayant un rapport avec ce dont il avait parlé à la bibliothèque :"est-ce que tu l'aimes encore","est-ce que tu y penses souvent", ou encore "comment tu as fait pour continuer de vivre ? " Non finalement. Basile partageait déjà son coin bien à lui avec elle, c'était amplement suffisant. Et poser de telles questions n'était que le reflet de sa propre crainte qu'elle voulait zapper de sa mémoire : la mort possible de son grand frère. Les yeux de Tania brillaient d'une étrange hésitation, lorsque un sourire illumina son visage, elle passait à autre chose.

|| Tania || T'aimes pas le Quidditch ou c'est le Quidditch qui t'aime pas ?

Non mais c'était une question sérieuse, une petite taquinerie également mais elle voulait vraiment savoir. Tania ôta son bonnet et passa une main dans ses cheveux. A cet instant, seules ses mains étaient glacées.




[HJ désolée pour le retard ^^' ]

[HRP: C'est rien ]

Le silence que lui avait offert la jeune fille, Basile l’avait dégusté seconde après seconde. Il n’avait en effet pas pour habitude de beaucoup parler lorsqu’il se rendait en ces lieux. L’absence de compagnie en était la principale cause, mais n’était pas non plus la seule. Cet arbre était chargé de souvenirs, les siens. Qu’ils soient bons ou mauvais il les acceptait, bien que certains soient bien plus douloureux que d’autres –et par conséquent- bien plus difficiles à supporter.
Si Tania ne savait plus qui elle était, il en était de même pour le garçon. En réfléchissant, il n’avait jamais su. Car lorsqu’il se sentait être lui-même, l’image qui offrait de lui aux autres ne lui convenait pas. Et dès lors qu’il changeait d’attitude, il sentait que quelque chose n’allait pas, que ce n’était pas ainsi qu’il aurait du réagir encore une fois.
Pourquoi avait-il convié Tania sous son arbre ? Lui-même n’aurait su le dire. Car même si Colin se joignait volontiers à lui, les moments passés ici restaient moindres. Et pourtant le quatrième année était son meilleur ami. Ou non, rectification : son seul ami.
Basile jeta un œil à ses mains écarlates. Pourquoi ressentait il une pointe de regret ? Pour quelle raison serait-il les poings en cet instant ? Il s’était toujours contenté de ce qu’il avait auparavant, ne désirant pas d’avantage. Et aujourd’hui il se surprenait à attendre autre chose de lui-même.
Il en aurait même été en colère si c’était une première, mais depuis une certaine journée passée justement sous ce saule il fallait croire que cette situation lui arrivait fréquemment.
Alors pour oublier, pour chasser ces noires pensées de son esprit, il engagea la conversation.
Posant son regard sur la jeune fille, cette dernière semblait pensive. Elle comptait se rendre à la réserve. Basile hocha la tête. Bien sur, elle ne devait pas trouver grand-chose dans la bibliothèque. Ce genre de livres était proscrit des rayons scolaires cela ne faisait aucun doute. Mais une fois encore Tania comptait enfreindre le règlement, et risquer une fois de plus de se faire renvoyer.

« Tu feras attention. »

Non ce n’était pas une question. Le sixième année lança un regard sérieux à sa camarade. Car on ne pouvait pas plaisanter de ces choses là, c’était bien trop conséquent. Aucun reproche dans le ton qu’il avait employé, ni même de la colère. Seulement il savait qu’il était facile de s’attirer des ennuis lorsqu’il s’agissait de vouloir aider une personne chère. Espérons juste que Tania le sache également…et qu’elle ne prenne pas trop de risques.
Car il avait un grand frère lui aussi. C’est pour cette raison qu’il savait exactement ce qu’il serait capable de faire pour lui venir en aide. Et c’était aussi parce qu’il avait cet aîné qu’il ne chercherait pas à empêcher Tania d’aider le sien. Il pouvait comprendre ses motivations mieux que quiconque. Sauf que Sean n’était pas un Craquemol, ce qui changeait tout…

« Nan, quand je m'ennuie je fais des conneries dans le genre de tout à l'heure. Donc j'évite de m'ennuyer en général. »

Basile eut un petit sourire triste. Après tout, Tania n’était pas aussi heureuse qu’elle semblait l’être. Il répondit après un instant de réflexion :

« Tu dois beaucoup t’ennuyer alors… »

Car même en ne côtoyant pas régulièrement la jeune fille, il lui arrivait souvent d’en apprendre beaucoup sur ses activités en dehors du scolaire. Et à son avis, des conneries elle en faisait bien assez. Donc oui, Tania devait beaucoup s’ennuyer. A quoi était-ce du, il n’en avait pas la moindre idée. Lui-même passait de longs moments à ne rien faire. Les autres élèves eux, se retrouvaient entre eux, faisaient un petit détour par la bibliothèque en groupe, riraient ensembles. Mais lui, que faisait il lorsqu’il n’avait pas cours ? Il travaillait, il restait avec Colin, il se montait la tête avec Hayden…et c’était un peu près tout. Ou non. Avant il écrivait de longues lettres à Callie. Avant. Un mot bien cruel à ses yeux.

« Basile ? »

Il s’arracha à la contemplation du sol pour de nouveau observer sans mot dire la jeune fille de sa maison. La question qui s’en suivit lui soutira un regard étonné. Mais c’était apparemment une question sérieuse à en jugée par l’expression de Tania.
Le Serdaigle réfléchit quelques instants, un léger sourire aux lèvres. C’était une question intéressante sans nul doute. Choisissant ses mots avec soin, il finit par répondre :

« Disons que je n’ai pas eu une très bonne expérience du balai déjà petit. » Sourire amusé collé sur ses lèvres il poursuivit : « Je t’ai dit que j’avais un grand frère, mais j’en ai aussi trois autres. Comme je suis le plus jeune, il était normal que étant petit je sois un peu le souffre douleur de mes aînés. Enfin, ça n’allait jamais plus loin que quelques blagues bien sûr. Et l’une d’entre elles consistait à me faire monter sur un balai à l’age de cinq ans…J’ai finis le voyage dans les buissons et après une telle chute j’ai toujours évité de m’approcher des balais. »

Il se revoyait près de onze ans auparavant, tout excité à l’idée de faire comme les grands joueurs de Quidditch. Mais ce n’était pas la seule raison. C’était juste la première.

« Sinon, on va dire que c’est un peu plus compliqué que ça … Je ne supporte pas toute cette frénésie qu’ont les gens à propos d’un simple sport… Puis je n’aime pas les joueurs de Quidditch… »

Ce qu’il voulait dire par là, c’était qu’il en avait assez de croiser tous ses élèves qui passaient leur temps à s’extasier devant les prouesses de simples joueurs, qui étaient la plupart du temps incapables de jouer convenablement. Oui il ne les aimait pas. Pire, il les haïssait tous autant qu’ils étaient….Qui a dit que Basile Crimson était jaloux ?

« Pourquoi tu me demandes ça ? » questionna-t-il sur une note plus joyeuse. « Ca te dérange tant que ça que je n’aime pas le Quidditch ? »

« Tu feras attention. »

- Oh, il y a bien des livres mordeurs mais en général j’arrive à les éviter, rétorqua-t-elle dans un sourire amusé avant de reprendre plus sérieusement : Nan je ferai attention ne t’en fais pas. J’ai pas envie de me faire renvoyer, et encore moins de faire perdre des points à Serdaigle.

L’ordre de ses priorités semblait curieux, mais à vrai dire, bien que Tania passait pour une casse-cou, elle avait tout de même le sens des responsabilités, disons vis-à-vis des autres. Faire payer sa Maison pour un acte personnel, elle trouvait cela inadmissible. Se faire renvoyer à la limite… Au moins elle serait loin de Ombrage. Combien de temps sera-t-elle encore là d’ailleurs celle là ? Tania sentit des frissons lui parcourir le dos, sans raisons vraiment apparentes. Le vieux crapaud rose était une despote, mais si l’on savait relativiser elle n’avait rien à voir avec Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom. Néanmoins, elle qui avait la liberté dans le sang, avait du mal à se faire à toutes ces règles strictes et idiotes. Peut-être même qu’elle interdirait le Quidditch, allez savoir..

La Serdaigle écouta avec attention les souvenirs de Basile. Effectivement de telles expériences ne poussaient pas à aimer ce sport, d’ailleurs elle comprenait même à présent pourquoi Basile était l’un des seuls à ne jamais se rendre à un match de l’école. En un sens, Tania ne pouvait pas le pousser à aimer ce sport, et d’ailleurs pourquoi focalisait-elle là-dessus? Peut être bien parce qu’en un sens, c’était une occasion pour tous de se réunir, de sortir un peu de ses bouquins, ou tout simplement parce que pour une fille qui avait toujours eu ça dans le sang, pour l’unique fois de sa vie, elle n’arrivait pas à comprendre l’opinion d’un autre. C’était surtout ce qu’il pouvait ressentir que Tania comprenait. Puis il renchérit de nouveau sur ce sport, « Je ne supporte pas toute cette frénésie qu’ont les gens à propos d’un simple sport… Puis je n’aime pas les joueurs de Quidditch… »

La jeune fille ne répondit pas dans l’immédiat, ses yeux glissant de Basile à l’horizon devant elle, réfléchissant à ses paroles. Une frénésie oui, mais cela aidait les gens à oublier. Oublier les temps sombres de Voldemort, ne plus y penser, se dire que la vie continue, et quoi de plus fabuleux que de se le convaincre en s’enivrant de sport populaire. Hypocrite oui, c’était vrai. Tania avait été joueuse de Quidditch avant d’abandonner son poste lorsqu’elle se rendit compte que sa passion prenait trop le dessus sur ses études, mais elle jouait parce que la sensation de liberté sur un balai était bien plus forte que celle procurée par une violation de règlements. Et pourtant il n’avait pas tord, pourquoi tant de frénésie pour un tas de joueurs sur balais volant derrière des balles ? Avec du recul, on pourrait apparenter la foule en délire à des moutons, prêts à suivre la norme. Tout le monde aimant le Quidditch, pourquoi untel ou untel ne devait-il pas l’aimer ?

- Ouais tu as raison.

Le regard vague et perdu sur l’horizon, Tania n’alla pas plus loin, mais le ton de sa voix démontrait bien qu’elle était en accord avec lui. Et en pensant à tout cela, peut être qu’elle devrait se calmer un peu, l’hyperactivité ça n’avait pas que du bon. Etrangement un souvenir lui revint en mémoire, un lointain souvenir, Tania devait avoir dans les six ans. Sa mère moldue l’avait poussée à aller voir un psychiatre, sans doute était-elle déjà hyperactive à l’époque. Puis elle se souvint d’une seule chose : cela venait d’un manque à combler, Tania ne tenait jamais en place pour se sentir toujours occupée. De quel manque parlait-elle, elle n’en n’avait aucune idée, encore aujourd’hui. Mouais… Tania haussa les épaules, elle n’aimait pas trop ces gens décrypteurs d’attitudes selon une science exacte.

- Quand j’étais petite, on me disait que j’étais hyperactive parce que je ressentais un manque. Va savoir de quoi. Mais je dois avouer que voler sur un balai à toute vitesse, ça te libère de beaucoup de choses, enfin pour ma part. Si tu veux un jour, on pourra se retrouver au stade pour aller jouer tranquillement.

T’as tout faux ma fille, il n’aime PAS le quidditch. Tania passa sa main sur sa nuque, un peu gênée de se sentir aussi insistante, mais finalement elle finit sur sa lancée :

- Mais juste comme ça… Je te promets que y aura aucun buissons

Tania lui sourit, espérant qu’il ne le prenne pas mal, surtout que c’était censé le mettre à l’aise.

Un étrange ordre des priorités. Oui, on pouvait dire ça comme ça. Mais Basile connaissait assez le naturel studieux de ses camarades pour ne pas en être étonné. Combien passaient des heures sinon des nuits entières à travailler dans le seul espoir d'être un jour reconnu de leur professeurs? Combien sacrifiaient jusqu'à leur vie sociale pour arriver à un tableau de notes irréprochables? Tania n'en faisait certes pas parti, mais elle avait pourtant tout d'une vraie Serdaigle et avec tout ce que ce titre comprenait: Un grand sens de l'honneur, et particulier de sa maison. 'Plutôt mourir que de faire honte aux Serdaigles' c'était le genre de phrase qu'il voyait parfaitement sortir de la bouche de certains. (Qui a dit que je visais cette bonne vieille Hardper?)
Enfin bref, Tania venait de lui assurer qu'elle ferait attention c'est donc qu'elle s'y tiendrait. Mais ce n'était pas particulièrement pour sa propre maison qu'il s'inquiétait, contrairement à ce qu'elle semblait croire.

Et pour ce qui était du Quidditch...Que dire. Les années avaient beau passer, et pourtant la haine qui habitait le garçon vis-à-vis de ce sport ne semblait vouloir le quitter. On pouvait même dire qu'elle se faisait de plus en plus présente et persistante au fil du temps. Et Hayden qui lui parlait d'intégrer l'équipe des Gryffondor! Comment expliquer à son crétin de cousin (qui serait capable de confondre sa bouteille de whisky avec sa batte) que ce genre de sport n'était absolument pas fait pour les irresponsables dans son genre! Quoi que...Un jeu de crétins, ça allait parfaitement bien à des personnes qui s'y rapportaient! Non, non, tu fais fausse route Basile! Il y a également des élèves tout ce qu'il y a de plus fréquentables qui pratiquent ce sport! Il n'y avait qu'à voir Tania pour ne citer qu'elle.

Soulagé qu'elle ne le prenne pas pour un rabat joie totalement incapable de s'amuser, il eut un sourire hésitant. Mais il n'eut pas à se justifier d'avantage, la Serdaigle reprenant de plus belle. Elle lui fit part de son hyperactivité, du en parti à un manque ou quelque chose du genre. Voler sur un balai lui permettait d'évacuer. Vu sous cet angle, il est vrai que ça paraissait plaisant...Ahh et voilà qu'il se vendait à l'ennemi! Non, il n'aimait pas le Quidditch un point c'est tout!
Une nouvelle fois Basile se demanda en quoi ce sport le dérangeait autant. Il avait donné quelques éléments de réponses à la jeune fille bien sûr, mais ce n'était pas tout. Ça ne pouvait pas être seulement dû à un malheureux accident produit dix ans auparavant!

« Chacun trouve sa manière de décompresser. Toi c'est le Quidditch. Pour ma part ce sont d'autres activités. »

D'autres activités oui. Mais genre quoi? S'allonger sous son arbre sans rien faire? Ça ne lui paraissait pas vraiment concluant comme activité. Oh et puis il ne savait plus! Pourquoi se monter la tête pour ce genre de choses? Il avait sûrement des loisirs particuliers, juste il n'arrivait tout simplement pas à s'en rappeler là dans l'instant présent. Il aimait bien lire. Mouaif, pas super non plus comme moyen de décompresser. Et pourquoi ne pas admettre tout simplement qu'il n'avait toujours pas trouvé le moyen de libérer le surplus de stress et de tensions?

« Si tu veux un jour, on pourra se retrouver au stade pour aller jouer tranquillement. »

Basile se raidit légèrement. Pour le coup on pouvait dire qu'il ne s'y attendait absolument pas. Embarrassé, il tripota nerveusement sa cravate avant de répondre, définitivement mal à l'aise:

« Je ne sais pas Tania. Je ne suis pas vraiment sûr d'être vraiment doué pour les acrobaties aériennes ...D'un côté ta proposition est vraiment sympa alors je ne dis pas non, mais je veux juste y réfléchir un peu. »

Il allait ajouter autre chose, mais un léger bruit provenant de derrière eux attira son attention. C'était Colin, qui était à deux pas d'eux. Visiblement heureux de voir le quatrième année, Basile décréta d'un ton joyeux, pourtant un peu surprit:

« Colin? Tu n'as pas cours à cette heure ci? » Puis supposant qu'il devait paraître étrange au garçon de le voir ainsi accompagné,il ajouta: « Tania est venue me tenir un peu compagnie, tu n'as cas nous rejoindre.... »

Son regard croisa alors celui de son camarade. Il semblait pour le moins troublé, et ne bougeait pas d'un pouce. Ignorant totalement le tourment dont Colin était frappé, Basile pensa tout d'abord à un malaise de sa part . Prudemment, il demanda après une brève hésitation:

« Dis moi, tu es sûr que ça va? »

Mieux valait peut-être arrêter les frais ici avant qu'elle ne se sente passer pour une fille lourde, à laquelle on aurait envie de hurler à la figure "Je t'ai dit que non!" Bon d'accord, cela était peut être exagéré mais il était vrai que l'un des défauts de Tania était de pousser ses proches à ne jamais abandonner. Et ce qui était une bonne attention à la base devenait vite lassant. De plus elle commençait à faire rentrer dans sa petite tête de Quidditch addict qu'il y avait bel et bien des personnes qui n'aimaient pas ce sport, et qui avaient leurs raisons. Tania n'insistait donc pas, pour ne pas se montrer agaçante, mais aussi parce qu'elle comprenait Basile. La moindre des choses était d'accepter son point de vue . De plus il n'avait pas complètement répondu par la négative quant à sa proposition, ce qui demeurait sans doute pour lui un réel effort. Tania hocha donc la tête, accompagnée d'un large sourire et d'un "d'accord" joyeux.

La jeune fille leva les yeux au ciel, posant sa tête contre l'arbre, évitant tout de même la brusquerie pour ne pas que sa maladresse trouve moyen de la lui faire cogner littéralement contre le tronc. Un soupir s'échappa de ses lèvres, tandis qu'elle partait dans ses pensées. Être à Poudlard avait bien sûr ses avantages, pratiquer la magie tous les jours, se balader avec ses amis qu'on ne voyait guère pendant les grandes vacances. Puis d'un autre côté, l'autorité montante de Ombrage commençait à taper sur les nerfs d'un bon nombre d'élèves, dont certains n'hésitaient pas à dire "de toutes façons mes parents me sortent de cette école dès que possible", tandis que d'autres arboraient des "au moins l'école est entre de bonnes mains". Bref, tant que cela ne devenait pas un clivage interne à l'école, et que les élèves ne se mettaient pas encore à se taper dessus, on n'avait encore trop rien à craindre. Puis soudain, une question des plus inattendues :

- Colin ? Tu n'as pas cours à cette heure-ci ?

La première réaction de Tania fut de se tourner vers Basile, et de se poser une question stupide du genre "mais à qui il parle"? N'ayant ni entendu, ni aperçut Colin, la Serdaigle suivit le regard de son camarade, ses yeux tombant alors d'un air surpris sur ce dernier.

- Colin ?

Immédiatement, les mots qui faillirent sortir des lèvres de Tania furent en premier lieu "je vais peut être vous laisser tous les deux" Son hésitation se lisait sur son visage. Mais elle ne pouvait l'éviter éternellement, ni même partir ainsi alors que visiblement leur ami ne se sentait pas bien.

- J'ai croisé Basile dans les couloirs, il m'a permis d'échapper à Rusard, et... le sourire affiché sur son visage s'effaça lorsqu'elle prit conscience que l'heure n'était pas au bavardage de cette trempe. Aussi d'un air qu'elle voulait détaché, Tania rajouta : Oui joint toi à nous, ça fait longtemps qu'on ne s'est pas vus en plus...

Pour sûr, elle qui l'évitait quotidiennement... elle n'aurait pas pu sortir autre chose non ? Tania soupira. Ce qu'elle pouvait se détester par moments...

Sans mot dire, Basile baladait son regard de Colin à Tania, puis de Tania à Colin. Il voyait que quelque chose se passait sans qu'il en sache pour autant la provenance!Une atmosphère lourde et pesante venait de s'installer et lui se retrouvait prit entre deux feux. Et de se retrouver dans l'ignorance, c'était bien une chose dont le Serdaigle avait horreur! Colin vient bientôt s'asseoir près d'eux, ne témoignant pourtant la moindre envie, comme si il se sentait de trop. Pourtant c'était lui qui l'accompagnait le plus souvent à son arbre, il devait donc par conséquent n'éprouver la moindre gène a se trouver ici. Mais il semblait au contraire troublé, presque nauséeux. Tania manifestait elle aussi des signes d'embrassement. Il n'en fallu pas d'avantage au garçon pour découvrir qu'il s'était passé quelque chose dont il n'avait pas été tenu au courant. Quelque chose qui devait concerner à la fois Tania et Colin.

Il leur lança alors un drôle de regard, mi-curieux mi-furieux d'être ainsi mit à l'écart bien qu'il finit par le détourner pour observer le lac.
Après tout ça ne le concernait sans doute pas, se disait il l'air passablement vexé. Puis Colin débuta une excuse qui ne pouvait que lui appartenir, arrachant un sourire presque malgré lui à un Basile qui se voulait en colère. Non, impossible d'en vouloir au quatrième année. Alors autant reconnaître ses torts et arrêter de bouder comme un idiot. Seulement 'reconnaître ses torts' ne figurait pas parmi la liste des qualités de Basile. Alors pour ne pas non plus afficher un mécontentement, il tourna son visage en direction de son camarade et affirma dans une grimace qui aurait du être un sourire:

« Ouais, je comprends que tu doives travailler... »

Tania quand à elle, semblait vouloir coûte que coûte se justifier pour sa présence. Basile haussa un sourcil. Elle avait peut que Colin s'imagine des choses ou quoi? Ce n'était pas parce qu'ils se trouvaient tous les deux seuls en fin de journée près du lac sous un arbre qu'il pouvait y avoir quoi que ce soit entre eux! Vu sous cet angle, le serdaigle du pourtant bien admettre que ça pouvait porter à confusion...mais même si ça avait été le cas, en quoi cela pouvait concerner Colin? Il n'y avait aucune raison pour qu'il éprouve de la jalousie non? N'était ce pas lui qui lui avait d'ailleurs proposer de rencontrer la prefete? Alors pourquoi affichait il cette tête de chien battu après les avoir découvert en train de discuter?
Non vraiment il n'y comprenait rien!

Reportant son attention sur son ami, il remarqua alors que ce dernier se tordait nerveusement les doigts, incapable de détacher ses yeux du sol humide. Basile commença alors à s'impatienter. D'un ton qu'il voulait léger il demanda:

« Et on peut savoir ce qu'il se passe? Ou c'est tout à fait normal si vous tirez une tête pareil!? »

Il remarqua avec horreur qu'une pointe de reproche se percevait dans sa voix. Il ne voulait pourtant pas paraître malpoli ou même agressif, d'autant plus avec des personnes qu'il appreçiait.

* Mais-qu'est-ce-que-je-fout-là-moi ? *
* Ce que tu fout là, je vais te le dire moi monsieur. Tu te prend la tête pour une fille alors que tu ferais mieux d'aller travailler. Sans travail, pas de maitrise et sans maitrise, des accidents. Tu veux d'une autre Alana sur les bras ? *
* C'était un accident! COMPRIS!*
* C'est bien ce que je dis *

Que c'était dur à vivre comme expérience. Et si en plus Basile y mettait du sien alors là on allait friser la catastrophe. Bien évidemment il n'était pas bête et il avait bien compris qu'il se passait quelque chose mais plutôt que d'essayer de contourner le problème, il fonçait droit dedans. Oh et puis Colin n'avait pas à se plaindre, n'était-ce pas cette droiture qu'il avait toujours dit apprécié chez son ami.

« Et on peut savoir ce qu'il se passe? Ou c'est tout à fait normal si vous tirez une tête pareil!? »

Oui droit dans le mur, c'était bien ça. Bon il fallait se sortir de ce problème et vite. Il était hors de question que Basile soit mélé à ça. Strictement hors de question. Le problème serait traité avec Tania plus tard. En attendant, Colin allait laissé Basile vivre sa vie, même si celà incluait Tania. Après tout c'était lui qui les avaient interrompus alors il n'avait qu'à s'éclipser. Il lui fallait une excuse. Et vite...Et puis soudain, le flash, celà faisait un mois environ que Basile demandait à Colin de lui passer son livre sur les goules du nord. Bien que Colin ne l'eu pas encore analysé en totalité, il se dit que c'était la solution idéale, et tandis qu'il s'apprétait à s'excuser auprès de son ami, lui assurant qu'il aurait une réponse précise plus tard, il fut devancé par Tania :

- Oh tu sais les filles... L'humeur ça va ça vient hein...

* Non mais tu l'entend...*
* J'ai entendu...*
* A croire qu'il ne s'est rien passé...*
* J'ai entendu...*
* On dirait bien qu'elle ne ressent pas les même choses que toi...*
* J'AI ENTENDU...*
*T'ennerves pas petit gars, c'est toit qui l'a voulu après tout cette vie là*

Mais Colin s'avait que sa conscience avait raison. En quelques instants, il venait de ressentir la jalousie, l'amertume, le mal être, la colère... Ce baiser, peut être l'avait-il donné sur un coup de tête mais les sentiments qui avaient suivis eux ne l'était àpremière vue pas. Oui il était jaloux et en colère suite à ce que venait de dire Tania.

* Tu as raison...*
* Waouh, c'est moi qui gagne. Je prend le controle de la bécane*

- Non mais tu t'entends ? L'humeur ça va et ça vient. C'est comme les amis c'est ça ? On s'en sert et on les ignore dès qu'ils ne servents plus ? Tu veux savoir ce qu'il y a Basile, je vais te le dire : il y a que miss McLean voulait voler du Félix Félicis et comme une bonne truffe je l'y ai aidé. Rusard nous a poursuivi et pour ne pas nous faire prendre je l'ai embrassé pour faire croire qu'on était juste là pour ne pas se faire voir. Le problème c'est que depuis je n'ai plus de nouvelle...fini...nada...niet. Bref je viens de me rendre compte que j'aurais mieux fait d'en prendre moi du Félix Félicis le jour ou nous nous sommes rencontré elle et moi. Peut être que celà m'aurait évité pas mal de désagrément car oui Tania j'ai ressentis quelque chose d'étrange durant cette embrassade et je viens seulement de m'en rendre compte. Enfin voilà tout est dit. Je viens de péter un cable comme dirait l'autre. Maintenant juste un conseil Basile : Si tu tiens à la revoir avant mathusalem, évite de l'embrasser.

Et sur ces derniers mots, Colin s'enfuit en courant en direction du chateau où il en était sur, il trouverait bien un passage secret que ni Basile ni Tania ne connaissait et où il pourrait repenser aux conséquences de son acte.

* Mais qu'est-ce que tu as fait ? *
* Je t'ai remis dans le droit chemin. PLus d'amis, plus de problèmes...Et vive les études ah ah ah!!! *

L'agacement qu'il avait approuvé; la pointe de jalousie d'être ainsi mis à l'écart avait finalement cédé sa place à une grande tristesse. Parce que Basile, peu de temps après s'être promis de faire des efforts venait à présent de tout foutre en l'air sous prétexte de ne pas être au courant d'une histoire qui ne le concernait sûrement pas. Mais ce qui l'embêtait d'autant plus, c'est qu'il n'éprouvait aucun regrets. Seulement un espèce d'abattement comme il n'en avait pas souvent eu. N'arriverait il donc jamais à s'occuper de ses propres affaires sans se sentir ignorant et ignoré?

Pourtant, et à sa grande surprise, ses deux camarades ne semblaient pas avoir été agacé par sa question. Ce qui ne signifiait pas pour autant qu'ils semblaient enchantés de devoir y répondre.
Le regard fuyant de Tania en disait long sur son état d'esprit qui semblait bien loin d'une simple histoire 'd'humeurs féminines'. Elle avait l'air si peu convaincue de ce qu'elle venait de dire que Basile ne prit pas vraiment la peine de lui faire remarquer qu'il ne la croyait absolument pas. Il soupira, s'apprêtant alors a se retirer, histoire de mettre un terme à cet espèce d'atmosphère pesante. Si on ne voulait rien lui dire alors tant pis, il n'allait pas insister d'avantage. Il n'avait en aucun cas la tête à ça.
Puis Colin explosa.

Sous le coup de la surprise, Basile ne pu détacher ses deux yeux gris du visage de son camarade. De son vivant, le Serdaigle n'avait jamais vu son ami se déchaîner de cette manière. Colin était en effet quelqu'un d'assez joyeux en temps normal qui n'avait pas pour habitude de s'emporter. Puis tandis qu'il lui rapportait les quelques événements qui s'étaient produits, tout sembla enfin s'éclairer. Si Colin avait été aussi choqué de le voir en compagnie de Tania, c'était bien parce qu'il croyait qu'il y avait quelque chose entre eux. Si il n'avait rien prononcé, c'était parce qu'il ne savait pas comment réagir après avoir été ignoré pendant ces quelques semaines. Basile se demandait comment avait il pu ne pas s'apercevoir de l'étrange attitude de son ami. En y repensant bien, il était vrai que depuis quelques jours, Colin semblait comme ailleurs.
Basile s'en voulu alors terriblement de l'avoir remarqué plus tôt. Pire, il sentait alors de trop sous cet arbre qu'il considérait pourtant comme le sien. Entendre le quatrième déclarer à voix haute ce qu'il éprouvait pour Tania, quelques mots qui n'auraient du être entendus que par cette dernière le gênait atrocement.
Puis sans prévenir, sous le coup de la colère, le garçon prit ses affaires avant de décamper laissant ses deux compagnons seuls.
Un long silence s'en suivit. Puis Basile détacha son regard du sol pour croiser le regard de Tania. Il décréta après quelques instants de réflexion:

« Je pense que je vais rentrer ... »

Il ne voulait pas vraiment parlé à Tania de ce qu'il venait de se produire, et supposait qu'il en serait de même pour elle. Alors valait mieux faire comme si de rien n'était et attendre que les choses se tassent un peu. Il aurait tout de temps de toucher deux mots à Colin, même si c'étaient les derniers qu'il aurait à prononcer pour essayer de rétablir leur amitié.
Se levant doucement, le visage fermé il ne tarda pas à ajouter à l'intention de sa camarade:

« Toi aussi tu devrais rentrer Tania... Il fait un peu froid, ce serait bête que tu tombes malade... »

Puis dans un dernier sourire qu'il voulait réconfortant, ses jambes prirent avec lenteur le chemin de sa tour, et en particulier de son dortoir qui ne semblait attendre que lui.

Elle baissa la tête, ferma les yeux, souhaitant que tout cela ne soit qu’un cauchemar. Juste un mauvais rêve, une échappatoire quoi. Que ce soit une situation toute simple d’où elle pouvait fuir, sans avoir à mêler Basile à tout cela.

* Ouais t’as raison, fuit ma fille, tu sais faire que ça. Et va pas t’étonner si tu te sens pas prête à être préfète, Miss Je-fuis-mes-responsabilités . *

Secouant la tête afin d’en faire sortir les terribles mots de sa conscience, Tania leva brièvement les yeux vers Basile, estimant peut-être qu’il allait comprendre. Ouais mais non. En premier lieu, les sentiments des filles étaient toujours tellement complexes et changeant, et en plus de cela elles pensaient toujours que leurs camarades masculins devaient -et avaient le devoir- de comprendre ce qu’elles ressentaient en un regard. Ses doigts s’enfoncèrent dans la terre gelée afin de contenir sa frustration, mais se détendirent soudain lorsque la voix de Colin s’éleva.

-Non mais tu t'entends ? L'humeur ça va et ça vient. C'est comme les amis c'est ça ? On s'en sert et on les ignore dès qu'ils ne servents plus ?

Sur ces paroles, Tania se retourna vivement en direction de Colin, offusquée sur le moment. Mais la colère ne tarda pas à montrer le bout de son nez, et elle ce fut comme des éclairs qui sortaient de son regard soudain glacial.

- QUOI ?

- Tu veux savoir ce qu'il y a Basile, je vais te le dire : il y a que miss McLean voulait voler du Félix Félicis et comme une bonne truffe je l'y ai aidé

- Je t’ai pas forcé que je sache !

Mais il ne l’écoutait pas, malgré ses efforts de lui couper la parole. Les premiers mots de Colin firent enfin effet, la blessant fortement. Néanmoins la colère prenait le dessus, interdisant tout sentiment de tristesse de la submerger sur le moment.

-Rusard nous a poursuivi et pour ne pas nous faire prendre je l'ai embrassé pour faire croire qu'on était juste là pour ne pas se faire voir. Le problème c'est que depuis je n'ai plus de nouvelle...fini...nada...niet.

- J’suis en face de toi là, non ?

Bon d’accord, c’était de la mauvaise foi. La jeune fille croisa les bras, tourna la tête de fureur vers le château, fulminante. La colère était là, lui prenant au ventre, lui nouant l’estomac, lui serrant le cœur qui lui conjurait presque de balancer quelque chose, n’importe quoi du moment que cela pouvait la libérer. Mais rien ne vint.

- Bref je viens de me rendre compte que j'aurais mieux fait d'en prendre moi du Félix Félicis le jour ou nous nous sommes rencontré elle et moi.

Son souffle se coupa soudain, la colère retomba, et ce fut au tour de Dame Tristesse de la prendre assaut sans crier gare. Tania ne bougea pas, toujours prostrée dans son attitude colérique, les bras croisés. Néanmoins, ce furent des larmes qui vinrent couler sur ses joues en silence, sans vouloir les montrer. Elle qui ne pleurer pas souvent devant les autres, préférait faire celle qui demeurait furieuse que de montrer ses larmes. Tania eut du mal à déglutir, tentant à nouveau de rétorquer, mais aucun son ne sortit. La jeune fille serra les dents, pour étrangler ses sanglots, ses ongles se plantant avec force dans ses bras pâles.

- Peut être que celà m'aurait évité pas mal de désagrément car oui Tania j'ai ressentis quelque chose d'étrange durant cette embrassade et je viens seulement de m'en rendre compte.

Ah ouais… Alors pourquoi avait-il sorti cette phrase assassine juste avant ? La tête toujours tournée dans la direction opposée, elle haussa les épaules, histoire de donner l’illusion d’une Tania peu atteinte par les propos blessants de Colin, car aucun mot ne voulait sortir.


-Enfin voilà tout est dit. Je viens de péter un cable comme dirait l'autre. Maintenant juste un conseil Basile : Si tu tiens à la revoir avant mathusalem, évite de l'embrasser.


« Evite de l’embrasser » Etrangement, cela la fit penser à quelque chose d’un peu plus sombre. Le baiser des Détraqueurs. Ca donnait un peu cette image après tout. Et là, sa seule envie fut de partir sans un mot, sans même se retourner afin de ne pas montrer ses larmes dont elle avait honte. Ses ongles s’enfoncèrent un peu plus profondément dans sa peau, et tandis qu’elle esquissait un geste pour se lever, Colin la devança et partit. Tania tourna la tête droit devant elle, afin de ne pas voir la silhouette de se dernier partir vers le château, et essuya au passage les larmes coulant sur ses joues dans un dernier sanglot silencieux. La jeune fille se pinça les lèvres, puis esquissa un léger sourire pour faire bonne figure devant Basile.

-Désolée… J’suis désolée… Te retrouver comme ça….entre les deux…

Les mots avaient du mal à sortir, et Tania dut faire un effort considérable pour prendre la parole. Bon sang ce qu’elle avait honte. Honte d’elle , de son attitude, d’avoir mêlé Basile à tout ça. Finalement, mieux valait éviter de reprendre contact avec Colin pendant un moment, histoire que les choses se calment un peu. En attendant, Tania devait éviter de noyer son chagrin dans n’importe quoi, chose peu évidente. Puis elle se rendit compte qu’elle tremblotait. Elle se sentait… Pitoyable.

« Je pense que je vais rentrer ...»

Elle finit par hocher la tête sans un mot, ses excuses n'étaient pas assez. Dans le fond, Tania se sentit soudain atrocement seule. Comme Colin et Basile sans doute, mais sur le moment elle n'en tint pas compte.

« Toi aussi tu devrais rentrer Tania... Il fait un peu froid, ce serait bête que tu tombes malade... »

- Oui.

Il partit à son tour. Jugeant que c'était indécent de rester dans un endroit qui n'était pas à proprement parler le sien, Tania se leva au bout de quelques minutes, bien qu'elle n'en avait pas la volonté. Et plutôt que de s'en retourner au château, de peur peut être de les croiser à nouveau, elle se dirigea vers le lac. Le truc maintenant c'était carrément d'éviter la salle commune. Bon courage.