[BIBLIOTHECAIRE] Wolf Lark

Un jeune homme patientait dans le hall de Poudlard. Les mains croisées dans le dos, il regardait avec intérêt les tableaux qui l’entouraient. Rien n’avait vraiment changé, depuis qu’il avait quitté le château, ses ASPICS en poche, déjà huit ans auparavant. De taille moyenne, de carrure pas vraiment impressionnante, il aurait pu recevoir sans peine l’adjectif de « banal ». Rien ne le distinguait d’un autre homme de son âge, c’est-à-dire vingt-cinq ans. Son jean aurait pu être porté par n’importe qui d’autre. Peut-être ce style légèrement rétro qui lui allait si bien accentuait son charme. Un tombeur, oui, il l’avait sans doute été, mais il ne s’en souvenait pas, et d’ailleurs, il s’en moquait comme de sa première paire de chaussettes. Il n’était pas un homme à femmes, malgré son petit nez et ses grands yeux sombres aux reflets aussi dorés que ceux qui parsemaient ses cheveux châtains et qui rendaient sa physionomie plutôt agréable. Mais, à bien y réfléchir, que faisait-il là ? Il avait fini ses études à Poudlard depuis longtemps. Et il n’avait aucune connaissance ici, aucun neveu, nièce, cousin, cousine, en tant que fils unique d’un fils unique. Alors ? Alors, pour l’instant, les cours n’étaient pas finis, ainsi que le lui indiqua sa montre qu’il venait de consulter. Il fallait encore attendre un peu pour avoir la réponse à cette question existentielle. En attendant, il passa une main songeuse sur son menton sur lequel commençait à poindre l’ombre d’une barbe naissante. Il n’avait pas pris la peine de se raser le matin même. Disons plutôt qu’il n’en avait pas eu le temps. Pour plusieurs raisons. Parce que s’il y avait une chose à savoir sur ce jeune homme, c’est qu’il était très soucieux d’être toujours irréprochable. Et se présenter comme ça, pas rasé… Il fallait vraiment des circonstances exceptionnelles pour qu’il ne le fasse pas. Il se fit une note à lui-même : penser à se raser d’urgence.

La sonnerie annonçant la fin des cours retentit soudain, suivie d’un grand bruit composé de raclements de chaises, de bruits de pas, de portes ouvertes à la volée, et bientôt, d’éclats de voix, de rires, d’insultes, de blagues… Le jeune homme sourit. Il se sentait de nouveau chez lui. Retrouver cet univers familier lui faisait le plus grand plaisir, et il regarda avec une pointe d’envie les élèves qui déboulèrent dans le hall. Plusieurs d’entre eux le remarquèrent, se demandant de façon très peu discrète ce qu’il faisait là et qui il était, sans compter quelques filles qui se mirent à glousser. Il leva les yeux au ciel, amusé. Décidément, ces adolescentes, il suffisait qu’elles voient un homme un peu plus âgé qu’elles et pas trop moche pour qu’elles se pâment. Calant ses mains dans ses poches arrière de jean, non sans avoir ouvert son manteau marron long auparavant, il se demanda s’il n’allait pas se payer le culot de leur demander où il pourrait trouver une personne responsable, genre un professeur, ou Rusard. Il eut une grimace. Non, Rusard, bof, finalement, vu le nombre de retenues dont il avait écopé quand il était élève, avec Aidan, Keridwen et Unity. Ah, WUKA… Il valait mieux quelqu’un qui l’avait à la bonne, genre…

« Wolf ? C’est vous Lark ?
- Professeur McGonagall !

Le jeune homme se retourna, un grand sourire aux lèvres, faisant face à la vieille dame qui avait été sa directrice de maison pendant sept longues années. Qui l’avait souvent sévèrement réprimandé, lui et ses complices, la bande infernale, pour leurs retenues à répétitions, leurs sorties nocturnes pratiquement quotidiennes, et leur effronterie finie envers les professeurs qu’ils n’aimaient pas. Comme Rogue, par exemple. Enfin, juste par exemple. Mais pour l’ex-Gryffondor, cette voix était aussi synonyme de félicitations pour ses résultats, de propositions pour l’avenir, de recommandations à la fin de sa scolarité, de tâches confiées pendant ses glorieuses années de préfet. Oui, comme quoi même un « jeune délinquant » pouvait devenir préfet. Mais Wolf ne correspondait pas à cette expression. Il avait toujours eu cette politesse, cette délicatesse, cette application dans son travail qui lui avait valu de si bonnes notes lors de sa scolarité. Il voyait encore le professeur Chourave se pâmer d’admiration devant sa plantation de mandragores, et lui, lui décochant un sourire charmeur, lui disant qu’il n’aurait jamais pu réussir sans un aussi bon professeur. Suivi bien évidemment d’un fard monumental de la prof et d’un fou rire avec Aidan, lequel lui avait donné un coup de coude en le prévenant qu’il allait être jaloux. Oui, c’était le pied, Poudlard. Il avait vraiment aimé cette école, tous ceux qui y étaient, étudier, rigoler… Ses années d’études, jamais il ne les oublierait. Et tout cela lui était revenu en pleine face, en entendant la voix de son professeur préféré. Il s’avança à sa rencontre, prenant la main qu’elle lui tendait en lui faisant un baisemain. Le professeur McGonagall ne se troubla pas, là où les autres femmes le faisaient. Elle était sans doute habituée aux manières de gentleman de ce louveteau, comme le surnommaient ses camarades.

- Je vois que vous n’avez pas changé, Lark, au moins dans vos manières, si ce n’est physiquement.
- Est-ce un reproche, Professeur ? demanda le jeune homme avec un sourire qui démentait son ton inquiet.
- Nullement, et vous le savez bien. Si tous mes élèves pouvaient vous ressembler…
- …Alors Rusard ne pourrait plus dormir la nuit !

Le professeur eut un sourire, ce qui était rare à une plaisanterie.

- Que nous vaut le plaisir de vous revoir entre ces murs, Lark?
- Vous n’êtes pas au courant ? J’ai reçu ce matin à mon réveil une lettre de Madame Pince, me disant son envie d’arrêter son épuisant travail pour aller s’établir en Irlande et prendre, je cite, « un repos bien mérité après tout ce que ces petits délinquants nous font subir, à moi et à mes livres adorés ». Et elle me priait de bien vouloir prendre sa relève. Alors, et bien me voici.
- Mais, vous ne deviez pas entrer au ministère ? Je croyais pourtant que le Ministère des Affaires étrangères se disputait votre adhésion avec celui des Mystères…
- C’est vrai. Mais ça me fatigue, toutes ces manœuvres… Et je voulais revoir Poudlard. Et la bibliothèque, vous le savez bien, a toujours été un de mes lieux préférés. Et je ne peux rien refuser à Madame Pince, en plus de cela !
- Bien … Bien, très bien même. Vous savez où se situe votre chambre ?
- Au fond du couloir du troisième étage, près de celles des autres professeurs, non ?
- Exactement. Vous venez d’arriver, donc ?
- Oui, cela m’a pris un certain temps, il fallait signifier que je n’étais plus intéressé par le Ministère… C’est pour ça que je suis en retard…
- Oh, ce n’était pas un reproche ! Mais vous n’avez pas dîné, donc, je suppose ? Vous venez manger un morceau ?
- J’aimerais faire un tour dans la bibliothèque, avant, si vous n’y voyez pas d’inconvénient…
- Aucun… Nous nous verrons plus tard au dîner.

Wolf eut un hochement de tête respectueux et se détourna du professeur McGonagall, se dirigeant vers les escaliers. Mais il fut coupé dans son élan :

- Lark !

Il se stoppa, se tournant de nouveau vers la vieille dame, qui lui sourit.

- Cela me fait plaisir de vous compter parmi nous à nouveau.
- Merci beaucoup, Madame. Le plaisir est partagé.

Un sourire plus tard, et il montait lestement les escaliers. Cela ne faisait pas si longtemps que ça qu’il était parti. Et pourtant, en montant ces marches, en se rendant compte que le professeur McGonagall venait de lui parler d’égal à égal, en voyant les élèves avec leurs uniformes, en superposant ses souvenirs à la réalité, il se rendit compte que cela faisait longtemps. Huit ans déjà. Il avait continué ses études, travaillant sur toutes les disciplines à la fois, dans une école privée en Suède. Il avait bien sûr gardé le contact avec ces amis de toujours, la petite bande de délinquants de Poudlard, les maraudeurs de temps modernes, sans carte, bien sûr. Il n’était rentré en Angleterre que depuis cette année. Il avait été embauché dans un bureau de justice magique, jusqu’à ce que ces messieurs du Ministère aient vent de son existence. Depuis, il avait sans cesse été sollicité, à qui un dîner, à qui une réception, chacun, chacune essayant de lui proposer du travail. Mais Wolf, même s’il semblait parfaitement à l’aise dans ce milieu d’artifice et de langue de bois, aspirait à autre chose. Il ne savait pas quoi, mais autre chose. Et ce fut quand il reçut la lettre de Madame Pince qu’il comprit ce qu’il lui fallait. Une petite vie tranquille, au milieu des livres, à aider les élèves dans leurs recherches, et à continuer lui-même à lire tous les livres de cette bibliothèque. Oui, parce que malgré les heures qu’il y avait passé à travailler, il ne les avait pas tous lus, il le savait. Peut-être pourrait-il même en profiter pour écrire un livre ! Tant de possibilités s’offraient à lui.

Enfin, il arriva à la porte. Il s’arrêta un moment, une main sur le battant, l’autre sur la poignée. Son front se posa sur le bois, et il ferma les yeux un instant. Il n’y croyait pas, à la chance phénoménale qu’il avait. Il avait vraiment une veine de pendu. Pourtant, beaucoup allaient jacasser dans son dos. Abandonner le Ministère, et une place de qualité dont il n’avait que l’embarras du choix pour se consacrer à une bibliothèque… Oui, évidemment, cela allait faire des vagues. Mais il s’en moquait, il n’avait de comptes à rendre à personne, et il n’avait jamais rien demandé. Il n’en voulait pas, de toutes ces places, il n’était pas fait pour ça. Ou si, sûrement, mais rien à faire. Il deviendrait ce qu’il voudrait. Et il n’avait que vingt-cinq ans après tout ! Il avait encore toute sa vie devant lui. Et si ce qu’il voulait, c’était ça, et bien qu’il en soit ainsi ! Il se reprit, se redressa, et, retenant sa respiration, il ouvrit la porte.

Entrant, il la laissa ouverte derrière lui. Et un sourire heureux se peignit sur ses lèvres. Il était chez lui. Toutes ces étagères, tous ces livres … Tout était exactement comme dans ses souvenirs. Les armoires en bois sombre, les couvertures colorées des volumes, les chaises et les tables… Celle au coin de la fenêtre, là, il y avait passé tant d’heures ! C’était son coin préféré quand il venait. Un frisson le parcourut. C’était tellement bizarre de se dire que tout cela était sous sa responsabilité à partir de maintenant… Vite, il se dirigea vers la table qui l’avait vu tant de fois étudier, en baver… Une fois assis, il se sentit mieux, comme…comme retrouvant un vieil ami. Il regarda encore un moment autour de lui, avant de se prendre la tête dans les mains, posant ses coudes sur la table. Il se sentait bien, mais extrêmement fatigué, après sa matinée à parcourir les bureaux du ministère pour décliner toutes les offres qui lui avaient été faites. Il fallait qu’il dorme, pour être demain ici à la première heure. Visiblement, Pince était partie juste après sa lettre, ou même avant. Et donc la bibliothèque était fermée depuis lors. Voir avant même, étant donné que l’ex-bibliothécaire lui avait dit qu’on ne pouvait plus envoyer de courrier de Poudlard. Là était un point préoccupant.

Le louveteau sortit une lettre soigneusement pliée de sa poche de manteau, et la déplia, avant de la reparcourir. Apparemment, cette femme du ministère, Ombrage, avait tout révolutionné ici. Il faudrait qu’il en parle plus avec le professeur McGonagall ; Quoi qu’il aurait sans doute l’honneur et l’avantage d’avoir un entretien avec elle, en tant que nouveau membre du personnel… Chouette !

- Euh… Excusez-moi… Monsieur ?

Wolf releva la tête, son regard tombant sur une fille d’environ quinze ans, de Serdaigle, comme l’indiquait son blason. Il eut un sourire et se leva :

- Oui ? Je peux te renseigner ?
- Euh, c’est-à-dire que… j’ai un devoir de potions, et Madame Pince m’avait dit de demander à son remplaçant ... Est-ce que c’est vous ?
- Oui, je m’appelle Lark, Wolf Lark. Sur quoi porte ton devoir ?
- L’influence des phases de la Lune sur la préparation des potions.
- Ah, je vois. Je vais pouvoir t’aider. On a un excellent livre là-dessus. Et si tu as besoin n’hésite pas à demander.

Il se détourna, disparaissant un moment parmi les rayonnages et en ressortant avec un gros volume recouvert de cuir vert, qu’il tendit à la jeune fille. Le repas pourrait attendre un peu. Il n’était pas pressé, après tout…




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Bienvenue sur Poudlard Fantastique* cher Wolf

Et bien, je trouve votre candidature... comment dire... hum... très bien.
Et puisque les autres n'auront aucune objection à faire, (j'y veillerai personnellement) je vous attribue dès maintenant vos droits et vous confie les clés de la biliothèque.

Oh merci beaucoup, gracieuse demoiselle ... je me plais déjà ici ...