Where all began

Cela faisait déjà un mois que l’on entendait parler plus que ça. Il importait encore plus aux yeux des étudiants que les redoutables examens conditionnant le passage en année supérieure. Plus attendu encore que l’arrivée imminente des vacances d’été. Vous l’aurez deviné, il s’agissait bien évidemment du bal de fin d’année. Les filles avaient déjà leur robe depuis trois semaines, leurs chaussures depuis deux et réfléchi à leur coiffure et à leur maquillage depuis des jours, mais il leur faudrait quand même quatre heures pour se préparer. Et les garçons rechignaient à l’idée de devoir danser depuis à peu près aussi longtemps que ce que les filles attendaient qu’ils les invitent. L’effervescence autour de cette soirée dansante touchait pratiquement tout le monde et le dortoir des filles de Gryffondor n’y échappait pas.

Quatre jeunes filles brunes en pyjama étaient étalées sur le tapis qui trônait au milieu de la pièce, piochant inlassablement dans un paquet de sucreries colorées. Le lendemain aurait lieu le fameux bal dont tout le monde parlait, et étant donné qu’elles n’étaient pas si différentes des préadolescentes de leur âge, il vint rapidement s’insinuer dans leur conversation, au grand damne de la plus âgée d’entre elle, qui n’avait pas vraiment l’air d’être ravie qu’on lui rebatte encore et toujours les oreilles avec cette histoire de bal.

Ça va être pire que de nettoyer des Véracrasses.
Dis Mo, tu serais pas en train d’exagérer légèrement ?
Pas du tout !
Fais pas ta mauvaise tête, je suis sûre que ça va être amusant.
Tu m’étonnes !
Pourquoi tu dis ça Ety ?
Oh pour rien... Quelque chose me dit que Mily ne va pas s’ennuyer...
Hein ?
Ohoh...
Moi je parie que la chose en question commence par un M et finit par arwin.
Regardez-la qui rougit notre Mily, si c’est pas meugnon...

* * *

FLASH BACK

Vas-y réessaie et essaie de te concentrer sur ce que tu veux obtenir.
Okay... Orchideus !

Un éclair coloré sortit de la baguette de Marwin et l’instant suivant, une belle orchidée blanche apparut sur le bureau en face de lui. Emily fronça les sourcils – et rougit, évidemment –, surprise qu’il change de fleur en cours d’exercice puis frappa dans ses mains de contentement et lui envoya un sourire étincelant.

J’étais sûre que tu réussirais !

Elle lui aurait limite sauté dans les bras si ça n’avait pas paru déplacé... ou si sa timidité ne l’en empêchait pas aussi, accessoirement. Non pas qu’elle soit particulièrement timide, mais étrangement, dès qu’elle se retrouvait devant Marwin, ses joues prenaient une teinte rosée et elle avait de drôles de papillons au fond du ventre.

C’était très bien, vraiment. Y’a vraiment pas de raison que tu échoues ton examen de sortilèges, tu t’en sors très bien. Bon ben... la leçon est terminée...

La leçon oui. Tout ça remontait à un certain jeudi d’Avril – le onze pour être précis – où, à la sortie d’un cours d’histoire, le jeune garçon lui avait demandé s’il pouvait lui emprunter ses notes pour rattraper les cours qu’il avait manqués. Comme il semblait avoir accumulé un énorme retard et avoir beaucoup de difficultés à suivre le rythme, Emily lui avait proposé son aide. Et depuis, ils se retrouvaient deux fois par semaine pour travailler. Emily appréciait particulièrement ces séances. C’était tellement gratifiant de voir une étincelle de compréhension briller dans ses yeux quand il avait un déclic. Ouais enfin... il y avait peut-être une autre raison... pas que peut-être d’ailleurs. La compagnie de Marwin était franchement agréable. Enfin... si on veut rester dans l’euphémisme. Parce que pour être tout à fait réaliste, il faudrait avouer qu’Emily comptait les jours (voire les heures) qui la séparaient de chaque leçon. Allez, plus que trois jours. Pardon ? Non, encore trois jours. Ils rangèrent leurs affaires et quittèrent la salle de classe vide. Le chemin jusqu’à la tour des Gryffondor fut étrangement silencieux. D’habitude, ils profitaient de ce moment pour parler de tout et de rien mais ce soir-là, ils n’étaient pas très bavards. Emily avait bien essayé d’engager la conversation à plusieurs reprises mais Marwin n’avait pas l’air très réceptif. Il semblait préoccupé par quelque chose qui l’empêchait d’entretenir la conversation. Ce n’est qu’une fois arrivés tout près de l’entrée de salle commune que voile fut levé.

Euh... je peux te poser une question ?
Bien sûr.
Tu... tu vas avec quelqu'un au bal ?

Les joues d’Emily s’empourprèrent instantanément. Il lui demandait si elle avait été invitée par quelqu'un. Ce qui signifiait, en toute logique, qu’il voulait lui proposer d’aller au bal avec lui. A elle. Lui, Marwin Wyrven, voulait l’inviter elle, Emily Jones, à aller au bal. C’était... Hey, ressaisis-toi ma grande, y’a quelqu'un en face qui attend que tu lui répondes.

Non...
Ah... euh... tu... enfin ça te plairait d'y aller... avec... moi ?

Okay, Em, respire. C’est pas le moment de nous faire un malaise. Si ça lui plairait d’aller au bal avec lui ? Plaire n’était pas un mot suffisamment fort. C’était trop beau, elle devait rêver. Ça serait mentir que de dire qu’elle n’avait pas souhaité, ni même imaginé cet instant. Mais le vivre... c’était carrément mieux. Les papillons qui habitaient son ventre étaient en pleine rave-party (et dansaient la tecktonick) au fin fond de son estomac. Elle essaya malgré tout de prendre un air décontracté, ce qui, à ses yeux, échoua lamentablement.

Oui... Ça me ferait très plaisir...

Les traits du visage de Marwin se décrispèrent alors et ses lèvres s’étirèrent en un sourire radieux, qui déclencha un nouveau rougissement chez Emily. Il avait l’air réellement content qu’elle accepte.

Alors on dit... 20h30 dans le hall ?
C’est parfait.

FIN DU FLASH BACK

* * *

Le grand soir. Quand Emily monta dans le dortoir rejoindre ses camarades pour se préparer, Ety se battait déjà férocement avec sa coiffure et Yuna tirait la langue à son reflet dans le miroir. Quant à Morgane, elle était avachie sur son lit, toujours dans son jean, en train de bouder. Elle pensait peut-être qu’elle allait finir par sécher la soirée, mais c’était sans compter sur les trois autres qui la trainèrent jusqu’à sa robe qu’elle enfila en râlant par simple esprit de contradiction. Emily s’enferma dans la salle de bain et sortit sa boîte de Billywigs sauta sous une douche glacée. Levant la tête pour accueillir l’eau fraîche, elle réfléchit sur son état d’esprit. Stressée, elle l’était. Défier n’importe quelle gamine de douze ans qui s’apprête à passer la soirée avec le garçon le plus beau et le plus adorable de son année de ne pas être stressée. Si vous en trouvez une, je veux bien arrêter le nutella. Et God sait combien ça serait cruel. Son cœur battait la chamade, rien que de penser que dans peu de temps, elle serait en bas, dans la Grande salle, avec lui. Et pourtant, elle avait furieusement envie d’y être, justement, en bas avec lui. Tout se passerait bien. Il n’y avait aucune raison pour que ça se passe mal. N’est-ce pas ?

Malgré l’angoisse et l’impatience qui lui déchiraient le ventre, elle réussit à s’amuser avec les autres et profiter de ce moment si particulier que constituait la préparation. Entre la bataille d’oreillers qui fit rage au beau milieu des robes soigneusement repassées et la demi-heure qu’elles passèrent à essayer de dompter la crinière de Morgane, qui hurlait pour qu’on foute la paix à ses cheveux, Emily eut le temps d’enfiler sa robe de soirée, blanche et sans artifices, de tirer ses cheveux en un chignon compliqué dont quelques mèches rebelles ressortaient pour retomber en boucles autour de son visage, et de se maquiller très sobrement. Enfin, elle vaporisa très légèrement sa nuque de parfum, passa ses chaussures et... elle fut prête.

Les quatre jeunes filles se séparèrent à ce moment-là. Eterna retrouva Pierrick dans la salle commune, Tim attendait Yuna devant le portrait de la Grosse Dame et Morgane prétexta avoir oublié quelque chose pour pouvoir être en retard à la soirée. Emily ne chercha même pas à l’engueuler. Plus le moment se rapprochait et plus le monde autour d’elle devait flou et sans réel intérêt. Les six étages défilèrent rapidement et avant qu’elle n’ait le temps de s’en rendre compte, elle était déjà en train de descendre le grand escalier...