De l'électricité dans l'air

Comme chaque samedi matin, Basile s’était rendu au parc, seul. Il avait parfois (pour ne pas dire souvent) besoin d’un peu de calme après avoir passé une semaine épuisante. Car a force de côtoyer ses camarades 24 heures sur 24, il arrivait bien vite qu’il en fasse une overdose !
Il avait du à de nombreuses reprises se contrôler pour ne pas répondre sèchement à quelques questions qu’on avait le malheur de lui poser, et c’était à peine si il avait levé les yeux de son travail ces sept derniers jours !
Oui, un peu de repos et de solitude ne pouvait lui faire que du bien !
Après avoir petit déjeuné, ses jambes avaient machinalement trouvé le chemin de son arbre favori, celui sous lequel il passait tous ses samedis matin.

Il ne faisait certes pas très beau, mais ce n’était pas quelques nuages menaçants qui allaient mettre un terme à son rendez vous habituel ! Il avait cette fois ci prit soin d’emporter un pull aux couleurs de sa maison, et un livre à la main continuait de marcher parmi les quelques élèves présents dans le parc.
Il passa près d’un groupe de jeunes filles Serpentard, dont le gloussement avait don de lui filer l’urticaire. Seulement, bien trop occupé à regarder le sol d’un air sombre, il ne remarqua pas qu’il fonçait droit dans l’une d’entre elle.
La bousculant légèrement, il eut pour seule excuse un regard assassin. Si il y avait bien une chose qu’il détestait au plus haut point (hormis le Quidditch bien sur), c’était les Serpentard. On pouvait bien dire qu’il était mal de généraliser, allez donc dire ça à Basile !
La jeune fille en question, il se rappelait vaguement de son nom, Mee…ou Ree enfin un truc du genre.
Son arbre était quant à lui juste à côte. Il eut un soupir exaspéré. Avec ces pimbêches de Serpentard il n’allait même pas pouvoir lire tranquillement ! A moins qu’elles ne décident de partir…

Ouvrant son livre, il sentit une présence toute proche. Levant un sourcil, il n’accorda aucun regard à la dénommée Lee. Il se contenta de décréter à haute voix, d’un ton purement provocateur :

« Tu me gâches l’ombre. »

Qui pouvait aussi signifier : « bouge toi tu me gènes » ou bien « La j’essaie de lire t’es de trop ». Bien sur, l’absence de soleil supposait qu’il y avait de l’ombre sur la quasi-totalité du parc….mais qu’elle osait seulement dire que ses propos étaient absurdes !

C'était samedi matin. Le temps n'était n'y beau, ni mauvais. Quelques nuages gris camouflaient le soleil, mais ça ne dérangeait pas Lee. Rien ne la dérangeait de toute façon. Sauf ces Serpentards qui l'avaient suivies dehors, à son grand malheur. Elle devait les endurées chaque jour, elle n'avait pas le droit de prendre un congé? Oh bien sûre, quelques-unes de ces filles étaient ses amies. Enfin, amies est un bien grand mot. Disons plutôt que c'était des connaissances avec qui elle s'entendait relativement bien.

Bref, passons. Aujourd'hui, elle était sortie dans le parc. Il faisait frais, et le vent faisait virevolter ses cheveux noirs. Alors qu'elle marchait tranquillement dans le parc, elle avait entendue des gloussements insuportables, et lorsqu'elle s'étaient retournée, elle avait eu la désagréable surprise de voir que ses compagnes de dortoir l'avaient suivie. Ok, Lee n'allait pas très bien ces temps-ci, mais elles ne devaient pas s'inquiéter. Ce n'était pas leur problème, à cette bande de glousseuses. Alors qu'elle s'apprêtait à leur demander ce qu'elles faisaient avec elle, elle se fit percuté trèèès violemment par un jeune homme. Elle croisa son regard assassin et elle le lui rendit, avec un petit sourire arrogant en prime. Elle le regarda ensuite s'asseoir près d'un arbre, juste à côté, et ouvrir un livre qui semblait totalement palpitant...

« Tu me gâches l’ombre. »

Lee haussa un sourcil. Le ton provocateur et arrogant du jeune homme ne lui faisait nullement peur. Elle lui répondit, du tac au tac.

-Va voir ailleurs si j'y suis! Y'a de l'ombre pratiquement partout, va te trouver un autre arbre où tu pourras t'adonner à tes activités d'intello de Serdaigle tiens! Je n'ai pas l'intention de bouger de là!

Les trois ou quatre autres filles de sa maison éclatèrent d'un rire hypocrite et elle leur lança un regard mauvais. Celles-ci déguerpirent aussitôt, et Lee jeta un coup d'oeil dédaigneux au jeune homme. Question de provocation, elle s'assit juste à côté. Évidemment, elle avait eu l'intention de partir de là, mais maintenant qu'il y avait quelque chose d'interessant, elle n'allait pas s'en priver. Lee fouilla dans sa mémoire pour se rappeler du nom du Serdaigle...Basile, c'est ça. Basile quelque chose. Un nom qui n'était pas digne d'interêt...Ironiquement, elle lui déclara:

-Ça l'air drôlement passionnant ton bouquin dis donc! Ça parle de quoi? Du petit chaperon rouge. Elle aurait dû se faire manger toute crue par le loup d'après moi...

La jeune femme prenait plaisir à l'énerver. En fait, puisque rien n'allait dans sa vie en ce moment, elle ne pouvait qu'être désagréable...avec tout le monde, Serpentard compris. Elle haussa à nouveau un sourcil et replia ses jambes contre elle, les entourant ensuite de ses bras fins.

-Ma compagnie te dérange peut-êre?

Elle se doutait bien de la réponse...

Hop hop hop Stop ! C’était quoi cette fille exactement?
Prenant enfin la peine de se lever les yeux de son livre, il fronça les sourcils aux dires de la jeune fille. Il rêvait ou elle venait de lui demander de partir ? C’était plutôt à elle de se retirer oui ! Il y avait tout un tas d’autres arbres pour elle si elle le désirait, alors qu’elle ne vienne pas lui rebattre les oreilles !
Bon, point positif : Ses amies semblaient ne pas vouloir s’attarder. Point négatif : ce n’était pas son intention à elle.
Soupirant à l’outrance, il croisa pour la première fois le regard de sa camarde de classe. Par la même occasion son nom lui revenait tiens. Lee. Lee la petite crâneuse de Serpentard ! Oui parce qu’une Serpentard ne pouvait être que crâneuse.
Cette dernière lui annonçait qu’elle ne comptait pas bouger d’un poil, et pour le lui prouver elle ne trouva rien de mieux que de s’asseoir près de lui.

« Et là je suis sensé t’obéir et gentiment me retirer ? Ce serait trop facile tu ne penses pas ? »

Puis sans attendre de réponse, il fit mine de reporter son attention sur son livre. Il avait espéré par la même occasion que la jeune fille le laisse enfin tranquille, mais quelque chose lui disait qu’il allait bien vite être déçu. Et il le fut car Lee semblait vouloir poursuivre la conversation.
Elle parlait de son livre. Sans lever les yeux de son bouquin, il grommela entre ses dents :

« Tiens, je ne savais pas que les Serpentard connaissaient l’existence même des livres…On en apprend tous les jours ! »

Puis, lorsque Lee lui parla du petit chaperon rouge, il désigna d’un mouvement sec la couverture du livre. On pouvait y lire : « Sorcellerie du Moyen âge. Mémoires de Phillipus Frand ». Un livre qu’il avait emprunté à la bibliothèque quelques jours plus tôt, et qu’il trouvait des plus passionnant. L’auteur relatait les différents crimes commis contre les sorciers de l’époque, avec un point de vue des moldus en prime.
Basile indiqua à sa voisine d’un ton railleur :

« Bien plus évolué que le petit chaperon rouge si tu veux mon avis…Mais attends voir, tu voudrais peut être que je te lises ce qu’il y a de marqué, non ? Puisque apparemment tu as quelques difficultés pour ce qui est de lire. »

Puis il secoua la tête, affichant une mine faussement ennuyée. Si Lee voulait jouer à ce jeu, elle bien vite se rendre compte qu’il était aussi fort qu’elle. Et à sa dernière question, ce fut avec le plus grand des sourires qu’il y répondit (avec ironie) :

« Si peu ! je suis fou de joie de te voir à côté de moi ! C’est vrai quoi, je ne rêvais que de ça ! Jour et nuit, et c’est peu dire ! »

Au final, était-ce la réponse qu’elle attendait ?

« Et au fait j’y pense! Tu n’as pas autre chose à faire ? Je sais pas moi, genre rejoindre ce qui te sert d'amies ? Ca doit être affreusement ennuyeux de parler à un intello de Serdaigle intello non?"

« Et là je suis sensé t’obéir et gentiment me retirer ? Ce serait trop facile tu ne penses pas ? »

Lee leva les yeux aux ciel. Bien sûr que ce serait trop facile s'il faisait ce qu'elle voulait. Mais en fait, le jeune femme ne voulait pas vraiment qu'il fasse ce qu'elle voulait...Elle le regarda regarder son livre et lui répondit, avec une gentillesse doublé d'ironie:

-Évidemment que ce serait trop facile. Et puisque tu me sembles pas très facile à vivre, ce ne serait pas ton style de m'écouter n'est-ce pas?

Elle eu un petit sourire sarcastique, puis, la conversation dériva sur le livre que le jeune et charmant Basile lisait. Lee haussa à nouveau un sourcil lorsqu'il grommela qu'il ne savait pas que les Serpentards conaisssaient l'existence des livres, elle lui répondit du tact au tac, d'un ton tranchant:

-Bien sûr que oui, on connait les livres. Y'a pas juste les Serdaigle qui ont le droit de lire non? Il n'est pas écrit votre nom sur les bouquins!

Lee croisa les bras et un à nouveau ce petit sourire sarcastique agaçant. Puis, il lui montra la couverture du livre, et Lee eut juste le temps de lire le titre: « Sorcellerie du Moyen âge. Mémoires de Phillipus Frand ». Un livre qu'elle avait déjà lu. Elle décida de jouer le jeu concernant sa difficulté à lire lorsque Basile lui proposa de lire ce qui était écrit pour elle.

-Oui, s'il te plaît! Tu vois, je n'ai pas l'intelligence des Serdaigle pour être capable de lire ce livre... « Sorcellerie du Moyen âge. Mémoires de Phillipus Frand ». Un très bon livre d'après moi, mais il aurait dû le faire pour notre époque, il aurait pu raconter le décès de ma mère...

Elle avait dit cette dernière phrase d'un ton dure et froid, dans un élan de colère. Si elle avait réfléchi avant de parler, elle n'aurait pas dit ça. Surtout pas. Ce n'était pas le problème du Serdaigle, en ce qui concernait sa vie privé. Malheureusement, elle venait de lui faire part d'un de ses problèmes. Puis, Basile lui répondit avec une ironie évidente qu'il était ravi de la voir près de lui, et Lee eu un charmant petit sourire hypocrite.

-Je le savais! Ma compagnie ne peut t'apporter que du bonheur!

Et elle ajouta en marmonnant:

-Et un mal de tête aussi...

Puis, il lui demanda si elle n'avait pas autre chose à faire. Rejoindre ses "amies" Serpentard? Plutôt mourir tiens. Ennuyant de parler avec un intello de Serdaigle? Pas tellement.

-J'aimerais mieux me pendre plutôt que d'avoir affaire à ses harpies sans scrupules. Quant à parler à un intello de Serdaigle, non, ça ne m'ennuie pas. Tu n'es pas le premier Serdaigle que je rencontre. La discution avec Cho avait été très interessante...

Elle se remémora leur rencontre à la volière. Elles avaient été à deux doigts de faire amie-amie, mais quelques différents les avaient séparées...plus que brutalement...

-D'ailleurs, je préfère de loin énerver un Serdaigle plutôt que d'aller affronter les élèves de ma maison qui ne m'attendent que pour soit me faire des reproches, soit prendre soin de moi comme le ferait une mère...

Elle se tut, perdue dans ses pensées. C'état quoi son idée de dévoiler sa vie à un Serdaigle qu'elle ne conaissait pas...ou à peine. C'était quoi son idée de lui dire, façon camouflée, que rien n'allait dans sa vie? Elle avait encore parler trop vite, comme toujours.

Combien de temps allait encore durer cette joute verbale, Basile n’en avait pas la moindre idée. Toujours est il qu’il avait trouvé quelque chose à faire de presque aussi plaisant que de lire son livre ! Fidèle aux membres de sa maison, Lee ne semblait pas vouloir se laisser faire. Heureusement d’ailleurs, si il avait été le seul à parlé il se serait bien vite ennuyé. Pas facile à vivre disait elle ? Oh, si elle savait !

« T’as tout bon ! C’était pas bien dur à deviner en même temps ! »

Quand au monopole du livre par les Serdaigles, c’était un peu près ça. La plupart des bons élèves se trouvaient dans cette maison, même si il arrivait bien sur que d’autres élèves très brillants comptent parmi les rangs des autres maisons. Faisant passer son livre d’une main à l’autre, il répondit sur le ton de la conversation :

« Va donc voir à la bibliothèque tu risques d’être surprise ! Sur la liste, tu compteras une grande majorité de Serdaigles. Ensuite viendra Poufsouffle et Gryffondor.. par contre… » Il marqua une pause avant d’ajouter d’un ton impétueux : « Par contre les membres de ta maison ne semblent pas plus que cela intéressés ! C’est bien dommage, on se demande après pourquoi vous avez tant de mal à gagner la coupe des quatre maison! »

-Oui, s'il te plaît! Tu vois, je n'ai pas l'intelligence des Serdaigle pour être capable de lire ce livre. S’exclamait elle.

La coupant presque aussi, il entonna d’un ton tranchant :

« Je sais. Sinon je ne te l’aurais pas demandé… »

Puis il lui envoya son livre (sans la prévenir bien entendu), décrétant au passage :

« Tiens moi ça j’ai froid. »

Puis il fouilla dans son sac quelques instants avant d’en ressortir un pull bleu azure. L’enfilant, il repensa à Eterna Wyrven. Ce qu’il s’était passé près du lac, c’était pas si loin d’où il se trouvait en y réfléchissant. D’ici il pouvait même voir l’endroit ou il avait passé sa journée, le souvenir douloureux de sa Callie qui ne semblait alors pas vouloir le quitter….
Lee parlait du décès de sa mère. Basile cru bon de ne rien dire. Il était mesquin mais pas méchant. Il n’était pas du genre à se moquer du malheur des autres, surtout lorsqu’il s’agissait de la perte d’un être cher.

« Harpies sans scrupules ? Ce n’est pas moi qui vais te contredire, mais es-tu sure d’être une vraie Sependtard ? Si en plus vous êtes même pas capables de vous entendre entre vous… »

La jeune fille cita ensuite Cho Chang, une élève de septième année. Basile l’a connaissait bien sur. Mais à chaque fois que les deux jeunes s’étaient croisés, la conversation avait vite virée à la catastrophe. Bref, tout ça pour dire que le garçon n’appréciait pas beaucoup l’asiatique qui le lui rendait bien.
Par contre voilà qui était embêtant : La sixième année semblait soudain abattue. Basile s’agita nerveusement. Il ne comptait pas la consoler, et ne désirait non plus pas être au courant. Reprenant le livre qu’il lui avait momentanément confié, il déclara :

« Lee Hyorie n’aimerait elle donc pas qu’on s’occupe d’elle ? »

Lee la trouvait la conversation particulièrement étrange. Mais bon, elle-même était étrange, alors on ne pouvait pas espérer quelque chose de différent avec elle...

« T’as tout bon ! C’était pas bien dur à deviner en même temps ! »

*Peut-être que je suis plus intelligente que tu ne le penses!* Lee se retint de dire ce commentaire, qu’elle pensa toutefois avec une légère froideur. Mais bon, elle ne pouvait pas espérer que le Serdaigle lui tende les bras grand ouverts, prêt à l’accueillir avec la gentillesse de…de quelqu’un de gentil. Elle s’apprêtait à répliquer lorsque Crimson la devança avec un long discours discriminatoire envers les Serpentards.

« Va donc voir à la bibliothèque tu risques d’être surprise ! Sur la liste, tu compteras une grande majorité de Serdaigles. Ensuite viendra Poufsouffle et Gryffondor... Par contre… Par contre les membres de ta maison ne semblent pas plus que cela intéressés ! C’est bien dommage, on se demande après pourquoi vous avez tant de mal à gagner la coupe des quatre maisons! »

Lee lui jeta un regard menaçant et retint à nouveau une réplique mal placée. En fait, elle se serrait les poings pour ne pas lui collée une gifle… bien placée. Comment il osait dire de telles choses sur des élèves qu’il ne connaissait même pas? Oui, certains étaient plutôt arrogants, prétentieux, ou tout simplement insupportables, mais d’autres n’avaient pas vécu une enfance très facile…et c’était le cas de la jeune femme Serpentard. Après avoir prit une grande respiration, elle lui balança à la figure :

-Excuse-moi, mais les Serpentards préfèrent les choses pratiques, de toute façon, et puis, contrairement à ce que tu penses, nous avons gagné de nombreuses fois la coupe dans le passé…et nous ne sommes pas aussi lèches bottes que vous! Nous n’avons pas besoin de tout savoir pour nous bâtir un avenir. Maintenant, si ça te pose un problème que les Serpentards ne lisent pas suffisamment, ne vas pas me dire ça à moi puisqu’un de mes passe-temps est la lecture!

Elle avait failli rajouter «pauvre idiot» à la fin de sa phrase, dans un élan de frustration, mais elle réussit à tenir sa langue….de justesse. Crimson lui balança son livre et, d’un réflexe, elle l’attrapa au vol, juste après qu’il lui fasse clairement comprendre qu’il la pensait carrément analphabète. Un peu plus et elle le lui jetait par la tête, son foutu livre. Il se prenait pour qui? Le roi des intellos? Ou le roi des crâneurs peut-être? Elle était l’une des plus intelligente de sa classe, et elle pourrait avoir un brillant avenir, si seulement elle s’intéressait à ses études. Mais ces temps-ci, ce n’était pas vraiment sa principale préoccupation.

« Tiens moi ça j’ai froid. »

-Hey, j’suis pas ton elfe de maison ok?

Elle garda toutefois le livre, tournant les pages une à une, relisant ses passages préférés, jetant parfois des petits coups d’œil vers Crimson qui enfilait un chandail. La conversation changea de ton...

« Harpies sans scrupules ? Ce n’est pas moi qui vais te contredire, mais es-tu sure d’être une vraie Serpentard ? Si en plus vous êtes même pas capables de vous entendre entre vous… »

Lee releva brusquement la tête. Il n’avait tout de même pas oser dire qu’elle n’avait pas sa place à Serpentard!? Elle planta son regard sombre dans celui de Crimson et lui dit, d’un ton sans réplique :

-En effet, ce n’est pas toi qui vas me contredire. Et oui, je suis une vraie Serpentard. Seulement, elles ne sont pas comme moi. Et je déteste faire amie-amie avec des pros du gloussement sarcastique. Nous sommes parfaitement capable de se côtoyer, mais j’ai besoin de prendre congé d’elle aussi! Toi aussi d’ailleurs! Tu n’es pas toujours avec tes compagnons Serdaigle, ce n’est pas parce que tu ne t’entends pas bien avec eux!

Lee se renfrogna. Elle aurait pu continuer pendant des heures, mais elle estima bon de s’arrêter là. Elle détourna le regard et fixa les feuilles d’un hêtre, un peu plus loin, qui se balançaient au gré du vent. Après avoir repris le livre, il prit la parole...

« Lee Hyorie n’aimerait elle donc pas qu’on s’occupe d’elle ? »

Ladite Lee resta immobile un instant. Que devait-elle répondre à ça? Elle n’en savait trop rien. Finalement, elle tourna la tête à nouveau et fixa les yeux de Crimson sans ciller.

-À toi de me le dire Crimson…Moi-même je ne sais pas. Oui et non en même temps. J’aimerais avoir une vie normale tu vois? Avec une mère aimante, un père affectueux, rire et m’amuser avec mes amis chaque jour. Mais je suis bien comme ça, indépendante et libre. Je peux faire tout ce que je veux, mon père s’en fiche. Royalement.

Lee eu un petit rire lorsqu’elle se rendit compte de ce qu’elle disait.

-Mais pourquoi je te raconte ça, à toi?

Contrairement à la jeune Serpentard qui lui faisait face, Basile prenait grand soin à masquer son mécontentement…Derrière le plus beau de ses sourires ; celui qui avait don d’agacer certains.
Ses petites remarques, sa manière si particulière de montrer sa fierté d’appartenir aux Serdaigles, et toutes ses mimiques ne semblaient pas vraiment au goût de Lee. Et rien ne pouvait lui faire d’avantage plaisir que de voir une Serpentard défendre avec fougue sa maison ! Elle qui se prenait tout d’abord à son jeu, n’était apparemment plus prête à continuer. Car il les voyait bien ces regards outrées qu’elle lui lançait à la dérobée, aveugle serait d’ailleurs celui à qui ils échapperaient.
Pourtant, lui ne comptait pas s’en tenir là. Elle avait décidé de lui pourrir la vie ? Et bien dans ce cas elle n’avait que ce qu’elle mérite.

Aussi lorsqu’elle fit son éloge passionnée sur sa merveilleuse maison, Basile eut pour seule réponse qu’un petit sourire goguenard qu’il assortit d’un « Si tu le dis » des plus provocateurs.
En tout cas elle n’avait pas l’air de comprendre ses intentions. Décréter que les Serpentards étaient incapables de lire n’était qu’un prétexte pour s’en prendre à cette maison. Apparemment il n’avait pas besoin de plus pour insupporter sa collègue puisqu’elle se voyait contrainte de se défendre, expliquant que la lecture était pour elle un passe temps.

« Exception qui échappe à la règle ! » rétorqua-il, aplatissant par pur reflexe ses cheveux après avoir enfilé son pull.

Après avoir fait remarqué qu’elle n’était pas son elfe de maison, Lee se plongea dans une lecture accélérée du livre qu’il venait de lui envoyer en pleine figure. Haussant un sourcil, le Serdaigle se demanda vaguement si elle y comprenait quelque chose. Dire qu’il doutait des capacités des Serpentards serait un euphémisme. La haine qui leur portait n’était non plus pas toute nouvelle, la raison étant simple :
Lors de sa première année à Poudlard, Basile était déjà très renfermé, sérieux et obsédé par ses études. Il n’avait qu’un objectif en entrant à Poudlard, réussir. Ses objectifs étaient toujours les même, bien que son gout pour le respect des règles se soit légèrement tari…La crise d’adolescence comme on disait. Toujours est-il qu’à onze ans, le garçon n’avait rien de cette assurance qu’il pouvait déployer devant ses camarades. Il se laissait au contraire très facilement marcher sur les pieds, lui valant par la même occasion quelques problèmes. En particulier avec un Serpentard de quatrième année. Tortionnaire, il prenait malin plaisir à persécuter les plus jeunes, dont Basile. A force de subir méchancetés et coups bas, le Serdaigle en avait finit par détester toute personne susceptible d’avoir un lien avec son bourreau, autrement dit tous ceux de sa maison.

Reprenant son livre d’un geste sec, il décréta d’un ton comparable :

« Désolé mais si tu désires tant que ça lire ce bouquin, faudra tout d’abord attendre que je finisse de le lire. »

La réaction de la jeune fille fut comparable à la sienne, lorsqu’il assura qu’elle n’avait pas sa place à Serpentard. C’était Fanch, un garçon de Gryffondor qu’il lui avait tenu pareil discours dans la salle des armures. Sauf que dans son cas, il n’avait pas cherché à paraître vexant comme Basile cherchait à l’être. Il avait juste fait remarquer que le sixième année n’était pas assez sérieux pour appartenir à juste titre à la maison bleue.

« Différente d’elles ? Et qu’est-ce qui te ferait dire ça exactement ? Je trouve ça bien prétentieux, de prétendre être différente a un groupe de personnes…Si tu restes avec elles, c’est bien que tu as certaines affinités, certains points communs. Et si c’est par pure charité que tu acceptes de rester avec elles, je trouve ça bien lâche de ta part. »

Si il n’était pas avec ses camarades, c’est parce que à cette heure de la journée il n’avait personne avec qui rester. Sans amis ? Non. Les peu de camarades à qui il acceptait de confier son amitié n’étaient pas disponibles. Et Basile n’était pas de ceux qui acceptait de rester en compagnie de personnes pour qui il n’avait aucune considération…Sauf lorsqu’il y était contraint comme actuellement avec Lee.
Il pouvait tout aussi bien la laisser seule, et rejoindre sa salle commune pour trouver la paix dont il semblait tant réclamer, seulement le jeune homme était quelqu’un de très têtu. Et il avait décidé que si une personne était de trop sous cet arbre, et bien qu’il ne s’agissait en aucun cas de lui-même.

Sa dernière question eut son effet voulu : Lee ne semblait pas trouver de mots pour y répondre. Enfin c’est tout d’abord ce que cru le Serdaigle, lorsqu’il croisa le regard appuyé de la jeune fille. Sa première pensée fut : *Mais pourquoi est-ce qu’elle me raconte ça à moi ?* bientôt reprit par la Serpentard.

« Ce n’est pas moi qui pourrait répondre à ta question. Tout comme savoir si tu aurais besoin que l’on prenne soin de toi ou pas. C’est à toi d’en décider, car moi je n’en ai aucune idée. Tu te rappelles que je ne te connais pas ? » demanda il d’un regard dur.

Ce n’était pas tous les jours qu’on venait rompre sa calme solitude pour pouvoir déballer sa vie comme Lee le faisait. Il était donc normal pour le garçon d’avoir du mal à savoir comment réagir face à pareille situation.